Les historiens du futur ne retiendront peut-être pas la période de 40 années qui nous séparent de l'élection de Mitterrand le 10 mai 1981, comme nécessairement significative. En effet, à moins d'événements majeurs, toujours imprévisibles, le calendrier constitutionnel nous renvoie en 2022, et rien ne permet de considérer qu'a priori cette échéance soit programmée pour se révéler celle du redressement français.
En revanche, il n'est que trop clair que, même par rapport à l'époque du funeste Giscard, lequel augmenta, par exemple, de 7 points en 7 ans la part des prélèvements obligatoires dans la production nationale, les 14 années de présidence Mitterrand auront été marquées par un règne généralisé du mensonge et du gaspillage, que n'ont su corriger après lui ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande, ni aujourd'hui Macron. Plus de 25 ans après son départ, la descente aux enfers n'a pas cessé de suivre sa courbe consternante.
Quand ils arrivent au pouvoir les socialistes sortent de 23 ans d'opposition. Leurs alliés communistes comptent 4 ministres, pour la première fois depuis 1947. Les deux premières années du gouvernement Mauroy verront s'accumuler les mesures démagogiques les plus catastrophiques issues des 110 propositions du programme présidentiel.
Dès 1981, les allocations de toute sorte : logement, familiales ou en faveur des adultes handicapés sont augmentées de 20 à 25 % ; en octobre, on tente de bloquer les prix pour 6 mois, la peine de mort est abolie ; et en décembre est institué l'impôt dit sur les grandes fortunes. Cette équipe ne tombera qu'en 1984.
En janvier 1982, est imposée la semaine de 39 heures qui sera aggravée à 35 heures par Martine Aubry, 20 ans plus tard ; en février les grandes entreprises sont étatisées ; en mars, l'âge de la retraite passe de 65 à 60 ans.
Tout cela entraîne un affaiblissement de l'économie française, désormais totalement déséquilibrée par rapport à celle de nos voisins, dans le contexte qui conduira au traité de Maastricht. L'idée absurde de diminuer le temps de travail était conçue comme une façon de diminuer le chômage : il augmenta, très vite etc.
Or, depuis lors, aucun gouvernement n'a eu ni la force ni le courage de corriger vraiment toutes ces erreurs. Et la France n'a cessé de s'enfoncer sur la scène internationale.
Si l'on considère les nationalisations de l'ère Mauroy, si on prend en compte l'instrumentalisation de SOS Racisme, si on observe le nombre d'institutions que les socialistes se sont acharnées à détruire, à salir et à dénigrer, on ne peut que se demander comment le pays a bien pu survivre à ce monopole idéologique de la gauche la plus décadentielle du monde.
Depuis 40 ans, nous avons connu une continuité frappante, marquée par l'impunité des dirigeants, la consanguinité des élites et le développement d'un capitalisme de connivence donnant une dimension, inégalée depuis Thermidor, à ce que Beau de Loménie appelle l'économie accaparée. Remarquons par exemple que le praticien des nationalisations de 1982 sous le gouvernement Mauroy n'était autre que l'homme auquel Sarkozy, une fois élu en 2007, confia la confection de la liste des 316 réformes présentées pour indispensables au gré de la commission Attali. Et quelques années plus tard c'est son jeune secrétaire général, Emmanuel Macron, qui devient ministre des Finances de Hollande puis prend la place de ce dernier.
Certains bons esprits voudraient qu'on ne s'attarde pas à la dimension morale et familiale de tous ces personnages. Le refrain bien connu nous serine : "Nous ne sommes pas aux États-Unis que diable ! Nous entendons respecter la vie privée !"et nous croyons bien faire en renvoyant aux précédents dynastiques des Valois ou de la cour de Versailles, sans parler de Buonaparte. Le roi le plus moral de l'Histoire de France se trouve être celui auquel les révolutionnaires ont coupé la tête : mais précisément, n'est-ce pas un point faible de ce pays ?
Or, Mitterrand a dépassé tous les excès de ses prédécesseurs, par la pratique du mensonge dans sa propre famille. Ne croyons pas que l'affaire de sa double vie, qui donna naissance à la jeune Mazarine, ne relève que de la chronique mondaine : elle a permis à la présidente, outrageusement trompée, d'imposer ses conditions et de développer sans retenue ses activités gauchistes.
Celles-ci furent tout sauf anecdotiques elles-mêmes, puisque, sympathisante des révolutionnaires marxistes du monde entier elle patronna France Terre d'Asile au bénéfice de tous les guérilleros, castristes et autres barbudos sud-américains, de tous les terroristes Brigades rouges en Italie, 17 novembre en Grèce, zapatistes au Mexique, etc.
On ne peut pas laisser passer cet anniversaire sans rappeler tout cela.
JG Malliarakis
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Apostilles
Mitterrand a institué le "Mensonge" en valeur d'état.
Même Nixon n'a pas pu aller aussi loin que lui dans l'affaire du Watergate. Les institutions démocratiques américaines l'ont empêché.
En France cela peut se faire, depuis la présidence Socialiste, en toute impunité.
Rédigé par : Laurent Worms | lundi 10 mai 2021 à 09:55
Cher JGM, commentaire complet pour remettre les choses à l'endroit sur la période Mitterand et la traine de délitement jusqu'à ce jour. Imposture du vieux fourbe, faiseur d'illusions, et tous "ses" gens sont encore en place pour notre malheur. Emouvant témoignage de Serge Moati ce matin du RND, faiseur de la campagne de 1974, dans une prochaine chronique il faudra analyser comment on peut collaborer et célébrer cette époque.
Rédigé par : Bernard Leveel | lundi 10 mai 2021 à 10:14
Intéressante remarque sur le mensonge, qui est d'ailleurs au coeur du socialisme.
La fondation de Danielle Mitterrand n'est-elle pas France Libertés ? France Terre d'Asile me paraît exclusivement immigrationniste.
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 10 mai 2021 à 13:42
Excellent résumé. Rajoutons la reconnaissance du putch des généraux soviétiques de 1991, l'opposition à l'indépendance de la Lithuanie, l'affaire Farewell où il balancera notre informateur qui sera exécuté par le KGB, etc...
Rédigé par : Françoise de Savigny | lundi 10 mai 2021 à 19:49
"La gauche décadentielle", jolie trouvaille.
A part ça l'adultère du président Mitterrand ne me semble pas le crime le plus grave qu'on puisse lui reprocher. Disons qu'il y a eu beaucoup de précédents du temps de la monarchie... Et je ne suis pas d'accord non plus avec ceux qui lui reprochent que sa deuxième famille ait bénéficié d'une protection policière aux frais de l'état donc à nos frais. A partir du moment qu'un chef d'état a un enfant naturel et une concubine, qu'il chérit, il est bien naturel qu'on prenne les précautions nécessaires pour empêcher un enlèvement toujours possible qui aurait évidemment des conséquences très graves.
Disons que si Mitterrand avait gouverné dans l'esprit maurrassien pétainiste qui était celui de sa jeunesse, on lui aurait volontiers pardonné d'entretenir tout un harem.
Petite réponse
Le point abordé dans mon petit texte, est que Danielle Mitterrand qui, elle, était une vraie gauchiste, a pu négocier en contrepartie de la fiction du couple présidentiel, une liberté d'action totale en faveur de tous ses amis barbudos.
Rédigé par : Helveticus | mardi 18 mai 2021 à 15:27
Merci pour la petite réponse.
Effectivement, vu sous cet angle...
Je ne voudrais pas prendre la défense de Mitterrand, mais disons que l'aspect peut-être le plus curieux de sa personnalité, était un goût de l'intrigue à l'excès, et une sorte de jouissance des contradictions les plus scabreuses.
Il y avait aussi un bon côté de la chose. Par exemple il y a beaucoup de gens très compromis dans la collaboration, la cagoule, Vichy, et beaucoup d'antisémites fieffés, qui ont été repêchés par Mitterrand, alors même qu'il avait Jacques Attali dans son bureau et Laurent Fabius comme juif de cour et qu'il pactisait avec les communistes. Il aimait ces doubles, triples, quadruples jeux, dont il retirait toujours un avantage.
Il a vraiment protégé les vichystes toute sa vie. Il faut lui reconnaître ce mérite. Bernard Faÿ racontait de manière désopilante dans une lettre, que j'ai lue, à un correspondant suisse que j'ai très bien connu, comment il avait comparu devant un tribunal sous la IVe république et avait été gracié sur ordre de Mitterrand garde des sceaux. Et il s'amusait des mimiques navrées du président, obligé d'obéir à contrecoeur.
Mitterrand pensait sans doute que les frasques de sa Danielle avec ces pieds nickelés barbudos ne portaient pas à conséquence et qu'il avait les épaules assez larges pour assumer ça. En plus, évidemment ça l'arrangeait car ainsi elle lui foutait une paix royale.
Je ne prends pas sa défense. Mais disons qu'à tout prendre je préfère encore les frasques de Mitterrand et sa gauchiste Danielle, à celles de Macron, sa Brigitte qui lui sert d'alibi, son Benalla, sa Mimi Marchand, etc.
Nous autres Suisses considérons ces choses d'un oeil goguenard. Nous pensons que les Français sont incorrigibles, tous pareils. Nous les connaissons bien, depuis le temps qu'ils mettent leur argent chez nous ça fait au moins depuis Louis XIV, et nous ne les prenons pas au sérieux. Ce sont des inconséquents, des beaux parleurs... des Français.
J'ai eu un employé, un comptable, qui avait été dans une société financière où se trouvait le compte de la fille naturelle qui porte le nom d'un cardinal. Cette société a fini par faire faillite parce que le patron était un escroc qui a détourné tout l'argent. C'est pourquoi mon comptable avait perdu son boulot. Je pense que la rejetonne n'a jamais su que son papa lui avait préparé une (grosse) poire pour la soif à découvrir après sa mort. Et je crois les récits que m'a faits mon comptable.
Je n'oublierai jamais ces messieurs matuvus à une terrasse genevoise, sans doute des dirigeants d'ELF, parlant très fort de leurs affaires de pétrole en Angola, en donnant tous les noms et tous les détails. Ils parlaient le plus fort possible pour être bien sûrs que tout le monde entende.
Mitterrand était à l'image de ces élites françaises là, mais beaucoup plus intelligents que les autres, un roué sans scrupules qui a poussé le genre à son point de perfection. Au moins, il avait de l'esprit.
Je pourrais vous en raconter de belles aussi sur Mitterrand et l'Afrique, y compris des aspects occultes et inattendus, et Chirac ce n'était pas différent... Le pire, en matière financière, c'était Sarkozy... quand je pense qu'il a eu le culot de faire des discours contre le secret bancaire... lui!
Rédigé par : gnome | vendredi 21 mai 2021 à 00:24