L'un après l'autre tous les partis ont démarré ces jours-ci leur campagne en vue des élections européennes du 9 juin.
Dans l'Hexagone, la plupart développent, pour le moment, des tactiques, des stratégies, des discours et des programmes essentiellement franco-français. Quand ils prononcent le mot Europe, c'est pour évoquer les institutions de l'Union européenne, telles qu'elles fonctionnent actuellement. On a très peu entendu parler ces derniers jours du seul représentant français au sein de la Commission, le déplorable Thierry Breton.
Certes les raisonnements micro-partisans persistent à ronronner. Ainsi, Raphaël Glucksmann, qui nous avait habitué à mieux vient-il de réinventer, au nom du parti socialiste, la doctrine de l'union de la gauche, alors même que le bloc de la NUPES et de LFI, auquel il fait concurrence, se fissure. Le PCF dirigé par Fabien Roussel persiste de son côté à faire cavalier seul. Péniblement les écolos rament pour étouffer, dans leurs rangs, les désagréables découvertes autour de leur chef de file Julien Bayou.
On ignore évidemment combien tout cela pèsera, à 90 jours, dans les urnes.
Mais de toute évidence, pour l'heure la question principale n'est pas celle du score individuel de chacun des petits partis mais plutôt celle du degré d'effondrement du bloc présidentiel que par antiphrase on persiste à appeler, dans la langue des médias, la « majorité ».
Les sondages se trompent et nous trompent souvent 3 mois avant le vote, sachant par exemple que la grande masse des électeurs ne se déterminent qu'au dernier moment. Comment un partisan de l'union des droites peut-il vraiment choisir de façon radicale, dès maintenant, entre les listes qui lui sont proposées, actuellement au nombre de trois ?
En revanche il est parfaitement clair que la liste de la citoyenne Valérie Hayer, personnalité inconnue du grand public et qui mérite de le rester, part avec un très fort handicap. Interviouvée fort poliment, ce 19 mars par Sonia Mabrouck sur Europe n°1 elle a vraiment délivré le message qui, si elle persiste dans cette voie, peut lui assurer la plus complète défaite.
Il me semble quelque peu ironique de dire avec Alexis Brézet du Figaro, quoique la formule paraisse plaisante, qu'un désastre de la liste gouvernementale serait imputé à Gabriel Attal, cependant qu'un succès, très éventuel, serait crédité à Emmanuel Macron.
Le président de la république en effet a choisi, jusqu'ici, de centrer sa campagne sur le soutien à l'Ukraine. Sur ce terrain non seulement il ne convainc qu'une petite partie des Français, mais précisément aussi on peut lui objecter sans difficulté qu'il n'a tenu aucun de ses engagements. Comme l'Enfant grec de Victor Hugo le gouvernement de Kiev demande "de la poudre et des balles".
Or, les promesses françaises n'ont été tenues qu'à 30 %.
Le 18 mars le général Christophe Gomart rappelait les faits à ce chef constitutionnel des armées que personne à ce jour n'a photographié en uniforme. Il répond à l'idée présidentielle d’un éventuel envoi de troupes au sol en Ukraine. Voici ce qu'observe l'ancien commandant du 13e Régiment de dragons parachutistes (2003-2005), plus tard Commandement des opérations spéciales (2011-2013), et enfin Directeur du renseignement militaire (2013-2017): "On a toujours les moyens d’envoyer des troupes en Ukraine, mais elles ne tiendront pas longtemps... Au vu du stock de munitions et du matériel qui existe dans l’armée française, ce ne serait que pour quelques jours". Et de souligner l’importance de l’envoi des munitions promises : "Si on ne fournit pas de munitions aux Ukrainiens, je pense que Vladimir Poutine pourra arriver à ses fins."
Or, en fait, ce n'est pas sur ce sujet que se jouera probablement l'élection : ce sera plutôt sur l'insécurité, sur les cartels de la drogue et sur l'immigration incontrôlée.
Sur ce terrain on notera que la France macronienne s'est encore abstenue de participer à l'accord euro-égyptien scellé le 17 mars au Caire pour juguler le trafic de faux réfugiés.
Ce jour-là, les chefs de gouvernements de l'Europe méditerranéenne étaient présents, notamment Giorgia Meloni, mais aussi les premiers ministres grec et chypriote. Ils étaient soutenus par les dirigeants de l'Union européenne, le premier ministre belge, la présidente de la Commission et le chancelier autrichien. Aucun ministre parisien ne s'était déplacé.
JG Malliarakis
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