Ce 24 février à Paris s'ouvrira donc le 60e Salon de l'agriculture. À la veille de l'événement, les pouvoirs publics ont tout lieu de s'inquiéter de la manière dont y seront reçus les ministres et le chef de l'État. Pendant quelques heures a circulé l'information d'une invitation présidentielle ubuesque et provocatrice. Macron organiserait un prétendu grand débat entre les syndicats agricoles et le réseau écolo extrémiste des Soulèvements de la Terre, dénoncé quelques semaines plus tôt comme éco terroriste par le ministre de l'Intérieur. Cette séquence en dit long, une fois encore, sur l'outrecuidance du régime. Le scandaleux discours du Panthéon, glorifiant l'idéal communiste 48 heures plus tôt, méritait sans doute cette confirmation.
Les annonces gouvernementales avaient permis de mettre un terme aux blocages routiers de janvier. Mais elles n'avaient accordé, au bout du compte qu'un répit à nos dirigeants, auxquels une échéance était indiquée. Visité l'an dernier par 600 000 professionnels et surtout des amoureux du monde rural, le Salon offre en effet chaque année une occasion rêvée de prendre le pouls d'une opinion, essentiellement favorable à la paysannerie française.
Prenant une fois encore leurs interlocuteurs pour des imbéciles, nos gouvernants et technocrates ont cru pouvoir se contenter de leurs habituelles paroles sans tenir compte de la centaine de vraies revendications formulées au début de la crise. Les quelques vagues promesses n'ayant été pratiquement suivies d'aucun effet, on ne doit seulement s'étonner de la bienveillance polie dont bénéficient encore les pouvoirs publics auprès des organisations sérieuses que, pourtant, ils bafouent.
Au départ, ceux des mécontents décidés à perturber les visites officielles pouvaient paraître se limiter à quelque 200 activistes surveillés à ce titre par les services de Gérald Darmanin.
Or, on ne doit pas perdre vue que, de leur côté les écolos extrémistes et les prétendus défenseurs de la cause animale semblent eux aussi décidés à poursuivre leurs exploits stupides et scandaleux. Les protéiformes Soulèvements de la Terre, même s'ils ont échappé à la dissolution n'ont pas besoin de s'impliquer formellement. Les provocations ont commencé par une aspersion de soupe contre la Joconde, au Musée du Louvre ce 28 janvier suivie d'une action des microcéphales de Riposte alimentaire contre Le printemps de Claude Monet, exposé au Musée des Beaux-Arts de Lyon, et qu'il va falloir restaurer.
L'impunité de ces actes de vandalisme sous prétexte qu'ils sont commis par des gamins ne peut évidemment qu'inciter leurs inspirateurs à continuer. Dans le cas précis elle a eu pour effet de provoquer dès le 11 février la fermeture des salles du Musée présentant les œuvres impressionnistes.
Le discours lamentable des éco-extrémistes mérite qu'on s'y attarde brièvement. Ils réclament ainsi "l’intégration de l’alimentation dans le régime général de la sécurité sociale". Faut-il les prendre au mot, examiner le contenu proprement communiste d'un tel programme ? Faut-il s'attarder à leur soupir de bobos urbains : "Ce printemps sera le seul qui nous restera si nous ne réagissons pas. Que vont peindre nos futurs artistes ? À quoi rêverons-nous s'il n'y a plus de printemps ?" ont scandé les deux misérables minettes militantes du collectif devant le tableau.
Le plus extraordinaire, dans l'imbécillité, est ici incarné par le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet qui tout en prétendant apporter son "soutien aux équipes, contraintes de fermer une partie du musée" ose affirmer que "face à l’urgence climatique, l’angoisse est légitime ; nous y répondons par une action résolue". Autrement dit, sur le fond, il donne raison aux inspirateurs de cette action.
Tout cela semble bel et bien destiné à développer un contre-feu dans l'opinion citadine pour déjouer les sympathies que quelque 80 % des Français ont éprouvées en faveur des défenseurs de la ruralité, pendant la crise des tracteurs. Le vandalisme climatique contre la peinture impressionniste ou contre la Joconde est absolument injustifiable et devrait être sanctionné. Là aussi, la complicité et la responsabilité des familles et des inspirateurs devraient être invoquées s'agissant de mineurs. Mais on doute que la moindre sanction intervienne.
Or, il y a évidemment bien plus.
La question agricole est au centre la lutte contre les désastres étatistes de la technocratie et de son économie administrée.
Si la France a perdu 2 millions d'exploitations agricoles en 50 ans, si les paysans ne comptent plus que pour 1,5 % de la population contre 7 % en 1980 et 30 % en 1930 cela résulte de plusieurs types de raisons. L'idéologie de syndicats représentatifs des gros intérêts céréaliers mais aussi le déclin de l'esprit d'entreprise et le statut du fermage mériteraient qu'on s'y arrête.
Le résultat global est simple : la France, autrefois exportatrice de produits agricoles est devenue importatrice, alors même que son industrie n'a cessé de péricliter.
JG Malliarakis
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