Parti, fin 2019, de la ville de Wuhan, le Covid-19 avait de bonnes raisons de mériter l'appellation de virus chinois. Le gouvernement de Pékin a cependant tout fait pour exonérer cette métropole, et se dédouaner lui-même, de cette localisation jugée pénalisante.
On n'a jamais entendu dire pourtant que le tourisme en Espagne ait jamais souffert de l'appellation de grippe espagnole. Celle-ci désigna en 1918 à l'épidémie mondiale qui endeuilla pourtant des millions de foyers. On estime le nombre de ses victimes autour de 50 millions de morts, peut-être jusqu'à 100 millions, soit 2,5 à 5 % de l'humanité, entre 4 à 20 % des malades. Or, elle s'était propagée à partir de premiers cas répertoriés en France et aux États-Unis... et non dans la péninsule ibérique.
Il est vrai cependant que la malheureuse Espagne, neutre durant la Première Guerre mondiale, fut le seul pays à publier librement les informations relatives à cette épidémie.
Il n'en a pas été de même un siècle plus tard dans l'Empire du Milieu.
En janvier 2020 la ville d'où était partie le nouveau fléau est située au centre du pays, sur les rives du Yang Tsé, l'une des trois principales artères fluviales du Globe.
La cité fut mise en quarantaine par son propre gouvernement. Cette agglomération de plus de 8 millions d'habitants fut dès lors traitée littéralement en pestiférée sur ordre de Pékin.
Tout justifiait par conséquent que les pays occidentaux, et plus encore les voisins non-communistes étiquettent le virus comme ils commencèrent à le faire, au début, en l'attribuant à Wuhan ou à la Chine elle-même.
Aujourd'hui sur la sellette, pour des motifs bien très différents, Donald Trump n’avait donc, à l'époque, peut-être pas entièrement tort en pointant les responsabilités de la Chine communiste dans la pandémie.
Quand le 18 mars, le président américain, peu coutumier il est vrai de la litote diplomatique, ose appeler la maladie Virus chinois, les bons esprits du New York Times s'étranglent. Toujours prompts à répercuter les préoccupations de Pékin, ils y voient la trace du racisme et de la xénophobie [cf. article Trump Defends Using ‘Chinese Virus’ Label, Ignoring Growing Criticism par Katie Rogers, Lara Jakes et Ana Swanson le 18 mars 2020].
Entretemps pourtant on avait pu découvrir le courage et le calvaire du « martyr du coronavirus ». Nous reprenons ici le qualificatif du Monde appliqué au docteur Li Wenliang. [cf. éditorial du Monde en date du 7 février : Le docteur Li Wenliang, martyr du coronavirus qui ébranle le système chinois]. Interpellé le 1er janvier pour « propagation de fausses rumeurs », ce perspicace et courageux médecin de Wuhan décédera le 7 février.
Son crime à lui ? Fin décembre, il était intervenu en ligne sur un forum de discussion, alertant ses collègues à propos d'une nouvelle forme de SRAS, sigle médical désignant le Syndrome Respiratoire Aigu Sévère lequel avait émergé quelque 20 ans plus tôt, fin 2002 en Chine, où il avait occasionné 774 décès et avait rapidement diffusé dans 30 pays.
Sept autres praticiens et scientifiques avaient partagé avec le docteur Li l'observation de la menace sanitaire. Ces chercheurs en maladies infectieuses furent arrêtés. On les réduisit au silence parce qu'ils s'étaient inquiétés avec le Dr Li de la fréquence, sur les réseaux sociaux spécialisés des termes tels que feidian, nom chinois du coronavirus, essoufflement, dyspnée et diarrhée. Les pics et les incursions anormales de tous ces mots-clés indiquaient assez clairement que le virus avait commencé à circuler.
On a évoqué à ce sujet de nombreuses hypothèses, plus ou moins complotistes il est vrai, impliquant le régime de Pékin dans cette propagation. Le régime s'employa lui-même à faire circuler les hypothèses les plus incontrôlables.
À l'époque, en fait, le pouvoir bureaucratique pensait surtout à faire taire le corps médical. Il ne fallait surtout pas inquiéter les Chinois à la veille du Nouvel An lunaire. Cette date d'origine traditionnelle, variable selon les années, entre fin janvier et mi février, est marquée, dans l'Empire du Milieu comme dans les communautés de la diaspora et dans de nombreux pays d'Asie, par des festivités familiales ou joyeuses, par des repas, des jeux de mah-jong, des distributions d’étrennes, des allumage de pétards, etc. De tels regroupements communautaires représentent évidemment un risque rêvé de contagion mais les bureaucrates de Pékin étaient incapables de mesurer un tel développement. Or, ce Nouvel an chinois brassait en 2018 quelque 385 millions de personnes, en croissance constante, à titre de comparaison le pèlerinage chiite de l'Achoura en Irak n'en déplaçait que 20 millions, celui de La Mecque en 2017 que 2 millions : le Nouvel An lunaire chinois représente le plus important foyer de contamination du monde, et il tend à se répandre parmi toutes les communautés rattachées à Pékin.
Le vrai crime de la bureaucratie totalitaire régnante fut son refus de freiner cette migration immense, la plus massive du globe, et qui permet au régime communiste d'encadrer la diaspora.
Le service diplomatique de l’Union européenne s'est par exemple trouvé contraint en 2020 de différer la publication d'un rapport à ce sujet. Le document se proposait d'analyser les opérations d’influence menées autour de l’épidémie de Covid-19. Bouclé le 20 avril, il devait être rendu le 21 ou le 22, et ne l'a été que le 24. Ce délai s’explique par des manœuvres, et même des menaces exercées par des agents de Pékin qui avaient eu connaissance de sa teneur et avaient osé dire que : « si le rapport est tel que décrit et qu’il est publié aujourd’hui, cela sera très mauvais pour la coopération ».
Dirigée par l'Éthiopien prochinois Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’OMS, Organisation mondiale de la santé, joua le même jeu.
L'hystérie du régime communiste s'employait en effet à dissimuler sa propre incapacité. C'est la principale efficacité de cette dictature. On ne doit jamais l'oublier.
JG Malliarakis
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