Lutter contre les Frères musulmans... contre leur infiltration spécifique... contre leur doctrine de séparation civique entre la oumma, communauté islamique sunnite mondiale, et nos nations européennes, ... de tels combats semblent présents à l'esprit de certains de nos dirigeants politiques, du moins désormais en France.
C'est à ce titre que se réunissait ce 21 mai à l'Élysée une instance de format insolite : le conseil de Défense. On n'avait guère entendu parler depuis la crise du Covid de ce comité restreint qui est pourtant appelé à se réunir de manière hebdomadaire depuis l'attentat de Nice du 14 juillet 2016, au nom de la lutte contre la menace terroriste.
Ce conseil au format particulier rassemble le président de la république, le Premier ministre, le ministre de la Défense, le ministre de l'Intérieur, le ministre chargé de l'Économie, le ministre chargé du Budget, le ministre des Affaires Étrangères, ainsi que les ministres concernés par les sujets prévus à l’ordre du jour... car, dérive particulière remontant à 2009, sous la présidence Sarkozy, de telles réunions peuvent être consacrées à des problématiques particulières, des Conseils de défense écologique ou des Conseils de défense sanitaire.
La réunion est documentée par le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale qui transmet les informations indispensables, le chef de l'État pouvant convier toute personnalité compétente. Sachant, par ailleurs, que les participants sont tenus au secret-défense, le pouvoir du monarque y devient presque absolu.
Si dans son livre-manifeste Ne rien céder, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau appelle à un réarmement intellectuel et politique face à l’islamisme, les propos présidentiels vont largement en sens contraire.
Pas question, en Macronie, de heurter en quoi que ce soit les convictions prêtées à nos concitoyens de confession musulmane. Pensent-ils que, sur une monture fantastique appelée Bouraq, Mahomet (570-632) fut transporté dans un voyage nocturne entre la Mecque et Jérusalem, ce qui légitime la revendication islamiste sur la Palestine, il sera réputé islamophobe de mettre en doute cette croyance. N'est-elle pas attestée par les hadiths authentiques de Boukhari (810-870) et Mouslim (821-875) ?
En 2020 déjà, on annonçait que, d'après un document en date du 27 novembre, 76 mosquées se trouvaient « dans le collimateur de l’État ». Elles allaient être particulièrement surveillées et contrôlées, 18 devant même être visées par des actions immédiates. Bigre...
Cinq années se sont écoulées, et le nouveau rapport, sur 73 pages, fait état pratiquement de la multiplication au moins par 2 en 5 ans. Le nombre de mosquées problématiques est passé de 76 à 139, et le critère retenu n'est plus celui du salafisme traditionaliste mais de l'appartenance à une mouvance clairement conquérante, les Frères Musulmans. Cette secte hybride, est apparue il y a bientôt un siècle dans la ville d'Ismaïlia, centre administratif du canal de Suez à 130 km du Caire. Les 6 premiers adeptes réunis en 1927 autour de l'instituteur Hassan el-Bannah ont fait souche dans tout le monde islamique. Leur descendance militante inspire un modèle politique, dominant aussi bien au Qatar qu'en Turquie. En Égypte, son pays d'origine, elle s'est vue par trois fois combattue comme terroriste. Son fondateur, tué par la police en 1949, a été considéré comme un martyr ; ses membres furent impliqués dans l'assassinat de Sadate en 1981 ; le printemps arabe de 2011 leur permit de renverser Moubarak et, après avoir brièvement exercé le pouvoir en 2012-2013 sous le calamiteux Morsi, ils ont été mis hors la loi par Sissi.
En France, tête de pont de leur volonté de s'emparer de l'Europe, le processus s'est considérablement développé depuis 2017 sous les deux présidences Macron. Le rapport des services de renseignement, déclassifié à l'occasion du conseil du Défense, recense leurs mosquées identifiées comme autant de centres d’influence idéologique. Il observe aussi 280 structures associatives, liées à des réseaux internationaux, des écoles privées, des fonds en provenance de pays soutenant l’islamisme politique comme la Turquie ou le Qatar. Il dénombre enfin 91 000 pratiquants chaque vendredi et quelques centaines de militants.
Encore qu'il soit bien tard, tout cela semble à l'heure actuelle quand même éradicable, à condition que le pouvoir le veuille.
Le paradoxe est que, malgré un agenda parfaitement repérable et traçable, on continue en haut lieu à ménager la chèvre et le chou, sans doute parce que le Qatar finance le football parisien ou que la Turquie reste théoriquement candidate à l'Union européenne et membre de la CEDH qui la condamne régulièrement sans l'exclure.
Les Frères musulmans ont inventé le concept paralysant d'« islamophobie ». Il impose à nos gouvernants comme à nos médias d'accepter que soit ainsi étiqueté le meurtre d’Aboubakar Cissé par un gitan de Bosnie car il s'est déroulé dans une mosquée, quand personne ne parle d'un racisme anti tourangeau pour un crime commis en Indre-et-Loire... Idem du lamento présidentiel dans « l'affaire Nahel » etc.
Le « réarmement intellectuel et politique » souhaité par le ministre de l'Intérieur face à l’islamisme supposerait que l'on puisse riposter sans faillir au défi de cet adversaire dont « l’objectif n’est pas de renverser l’État, mais de le transformer de l’intérieur, en imposant progressivement des normes », stratégie assumée des Frères musulmans.
En 1928, Hassan-Banna annonçait ainsi : "« Nous, les Frères musulmans, sommes comme un immense hall dans lequel n’importe quel musulman peut entrer par n’importe quelle porte pour partager ce qu’il souhaite. Rechercherait-il le soufisme, il le trouverait. Rechercherait-il la compréhension de la jurisprudence islamique, il la trouverait. Rechercherait-il du sport et du scoutisme, cela est ici. Rechercherait-il le combat et la lutte armée, il les trouverait. (…) Vous êtes venus à nous avec la préoccupation pour la "nation" ».
Cette "nation", c'est la "oumma" islamique, ce n'est pas la nôtre.
Il est temps d'en tirer vraiment les conséquences.
JG Malliarakis
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Ne pas laisser entrer les diviseurs. Primo. Secundo : idem.
Rédigé par : minvielle | mercredi 21 mai 2025 à 17:42
Pour ajouter au portrait, Macron prévoit en de reconnaitre l'État Palestinien, pays dont, à l'heure actuelle, on ne connait ni les frontières ni sa direction étatique: L'autorité palestinienne de Mahmoud Abbas ou les terroristes du Hamas, ou les deux? Rappelons que les expressions politiques des palestiniens ont toujours été des organisations terroristes, jamais politique et encore moins démocratique.
Rédigé par : Laurent Worms | mercredi 21 mai 2025 à 17:52
C'est quand même incroyable. On oublie l'essentiel à savoir que ce sont les "occidentaux" (au sens très large du terme) qui ont tout fait pour abattre les régimes laïcs dans les pays arabes (Irak, Libye, Syrie) ainsi que les organisations laïques palestiniennes, le tout au profit de partisans de théocraties musulmanes.
Nous avions dénoncé cela à l'époque et nous avions vu juste.
Rien n'a changé. M. Macron a reçu en grandes pompes le nouveau chef d'Etat syrien, à l'inverse il appelait à la chute de son prédécesseur baasiste (donc laïc).
Rédigé par : RR | mercredi 21 mai 2025 à 17:53
Les Frères musulmans sont à ce jour interdits dans des pays conquis de longue date par l'islam : Égypte, Arabie saoudite, Jordanie, etc.
Faudra-t-il que ce qu'il reste de notre Europe chrétienne et laïque soit à son tour conquise pour que l'on interdise ce mouvement subversif ?
Notre laïcité n'a pas la force de s'opposer à une orthopraxie influente, intelligente, sécessionniste et fondamentalement incompatible avec nos "valeurs".
Notre Chrétienté, pourrait-elle se ressaisir ?
Si nous voulons que notre civilisation survive, cette question exige en France - et si possible dans toute l'Europe - une réponse claire, forte, urgente. C'est crucial!
Rédigé par : Alain Charoy | mercredi 21 mai 2025 à 18:09
La dernière citation est en arabe à l'origine, "oumma". J'ignore pourquoi les traducteurs ont choisi "nation", alors que "oumma" est passé dans la langue française et a un sens bien défini.
Petite réponse
C'est une immense question, en effet. Merci à vous de la souligner. "Traduttore, tradittore".
Quand Gilles Kepel traduit le discours d'Erdogan à Sainte-Sophie [prononcé en turc où les deux mots cohabitent] il commet la même approximation.
Rédigé par : Lina Mürr-Nehmé | jeudi 22 mai 2025 à 10:44
Encore une "utopie universaliste. On connaît les dégâts de ce genre de passe-temps!
Rédigé par : minvielle | samedi 24 mai 2025 à 16:28