Un scénario turc

On a appris, en fin de matinée, ce 31 mars à Paris que « Marine Le Pen est condamnée à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate ». Le 19 mars à Istanbul un processus analogue a conduit le pouvoir turc à emprisonner la maire de la principale ville du pays et à l’exclure de la compétition électorale en annulant, avec plus de 30 ans de rétroactivité ses diplômes universitaires. Les différences techniques des deux procédures passionneront sans doute les juristes et si en Turquie dès les jours suivants plus de 15 millions d’électeurs kémalistes ont désigné l’inéligible comme leur candidat préféré ; si plus de 2,2 millions de manifestants ont défilé pendant une semaine dans les rues ; nous ne savons pas quelle sera la réaction des sympathisants français de Marine Le Pen.

On croit savoir, ou plutôt on a entendu, dès le départ, que son parti refuse de se réinvestir d’emblée dans un plan B, lequel à vrai dire saute aux yeux. Elle manifestait sur TF1, au soir de cette décision judiciaire, que le premier ministre lui-même juge troublante, sa détermination : elle en dénoncera jusqu'au bout les incohérences juridiques.

Les réactions se multiplient dans le monde entier. Au sein même du Parlement Européen, dont pourtant ce sont les pratiques administratives dont nos magistrats semblent gestionnaires, c'est l'eurodéputé français Julien Sanchez qui se faisait dans la soirée le porte-parole de la protestation. « Malgré la tentative de censure du Président de séance, j’évoquai, écrit-il, au European Parliament l’atteinte grave à l’Etat de droit en France suite à la peine d’inéligibilité avec exécution provisoire infligée à Marine Le Pen au mépris du respect du double degré de juridiction. Nos idées montent et les ennemis de la démocratie ne pourront rien y changer. »

Première ministre italienne, ayant obtenu dans son pays le meilleur résultat électoral aux européennes de 2024, Giorgia Meloni considère que la condamnation de Marine Le Pen prive « des millions de citoyens de représentation ». Elle déclare au Messaggero : « je pense que personne n’ayant à cœur la démocratie ne peut se réjouir d’une sentence qui frappe le leader d’un grand parti et prive des millions de citoyens de représentation », a-t-elle poursuivi.

De l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, qui dénonce cette « persécution » contre Marine Le Pen, jusqu'à la porte-parole du département d’Etat à Washington, Tammy Bruce, ce sont bien la plupart des responsables des grands pays qui s'indignent devant la dérive autoritaire et intolérante du régime politique français. Les grands médias nous désinforment quand ils ne mettent en exergue que les gouvernements étrangers qui, combattant la France et le monde occidental, naturellement, ricanent. Oui Mme Bruce au nom du département d’Etat, affirme avec raison que « nous devons faire plus dans l’Occident pour défendre les valeurs démocratiques ».

Faire plus face à un tel scénario turc ? Les manifestations populaires et pacifiques dans toutes les villes de Turquie nous donnent, sans violence, et en dépit des arrestations massives décrétées par Erdogan, la voie de la riposte légale et constitutionnelle des citoyens.

Jordan Bardella parle d'une « tyrannie judiciaire ». L'hymne national français saura répondre à ce scénario turc.

JG Malliarakis  
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Comments

[Rédigé par : Claude]

Je suppose qu'il fallait lire dans la phrase :que le premier ministre juge lui-même troublante...sa condamnation.Pour le reste que dire si ce n'est qu'en 2005 on nous promettait que voter OUI à la constitution de l'Union Européenne ferait faire un pas significatif à la démocratie en Europe.....dixit l'actuel premier ministre, qui nous expliquait même que la ratification du traité permettrait l'harmonisation de la date de l'ouverture de la chasse aux oiseaux migrateurs entre le Nord et le Sud de l'Europe ( propos tenus lors d'un débat télévisé durant la campagne référendaire sur le TCE ). Il semble bien que la promesse soit en cours de concrétisation,la cible en ayant été redéfinie semble-t-il.

[Rédigé par : Laurent Worms]

Il semblerait que la juge qui a condamnée Marine le Pen serait une admiratrice d'Eva Joly. Un bel exemple de looseuse professionnelle qui avant de disparaitre dans les poubelles de l'histoire suite à ses échecs électoraux, à fait pas mal de dégâts pendant son activité judiciaire. L'élève semble aussi bête que sa patronne. En En empêchant Marine le Pen de se présenter aux prochaines échéances électorales dans les cinq prochaines années elle déclenche gratuitement une tempête politique. Cette même sanction réduite, par exemple,à un an,aurait eu le même effet politique ravageur pour la candidate du R.N. sans faire autant de vagues. Les français auraient pu prendre leur décisions en leur âme et conscience.
Une juge qui s'est trompée d'époque. Elle aurait fait merveille du temps des jacobins ou dans les années 30,en URSS. Elle devrait regretter l'époque de la guillotine ou du goulag.

[Rédigé par : RR]

Cette condamnation de Marine Le Pen est légitime. La loi doit être respectée par tous et notamment par ceux qui ont la prétention de nous diriger. Je le dirai pour n'importe quelle personnalité politique.
Enfin peine de prison ferme ne signifie pas obligatoirement détention (bracelet électronique en substitution de l'incarcération).
La loi est sans pitié pour nous autres Français de tous les jours, il n'y a pas de raison que les politiciens professionnels fassent exception.

[Rédigé par : RR]

Je ne crois pas par ailleurs à un "coup politique" de la part des juges. Marine Le Pen qui a complètement vidé le Front national devenu Rassemblement "national" de ses fondamentaux (comme avait d'ailleurs commencé à le faire il faut bien le dire son père [campagne présidentielle de 2007 voire avant]) est très utile au Système. Son arrivée au Pouvoir décrédibiliserait toute conception quelque peu nationaliste car le malheur veut qu'elle passe aux yeux d'une majorité de Français (favorables ou hostiles) comme porteuse de ces thèses.
Il est souhaitable que cette personne disparaisse du paysage politique. La tromperie Le Pen n'a que trop duré.