Ce 14 janvier 2025, le Premier ministre s'est livré à un exercice rhétorique dont il disait en privé : « Tout ça est dans ma tête depuis 2007 ». C'est dire d'emblée le décalage entre l'urgence des questions concrètes à résoudre et l'intemporalité des principes généraux énoncés devant l'Assemblée nationale. Ceux qui attendaient de lui un programme d'inaction n'ont pas été déçus. Tout au long des 90 minutes de lecture d'un texte de 49 pages, on pouvait comprendre l'état de faiblesse dans lequel nous a plongé depuis 7 ans la Macronie finissante.
Une fois de plus, le décalage entre les vœux pieux et l'immobilisme prévisible faisait sursauter. On dit de l'enfer qu'il est pavé de bonnes intentions. Notre excellent catho béarnais, disciple revendiqué de Marc Sangnier, n'en manque pas. Sans doute s'est-il efforcé de les exprimer dans le talent littéraire qu'on lui connaît. Son admiration pour le Vert Galant, réconciliateur des Français du XVIe siècle, ne se dément point. Nous serions prêts à la partager, hormis un point de détail tout de même : Henri IV guerroyait à cheval et considérait les Commentaires de Monluc comme le bréviaire du Soldat. (1)
Beaucoup de choses se jugeront à l'international, à l'aune des capitulations renouvelées d'un pays qui se révèle de plus en plus comme l'homme malade de l'Occident, le maillon faible.
Le 8 janvier le gouvernement italien arrachait la journaliste Cecilia Sala aux griffes des mollahs iraniens qui la détenait depuis le 19 décembre. Pour cette réussite exemplaire la petite militante nationaliste qui gouverne à Rome depuis 2022 reçoit les remerciements de son opposition, ce que même La Repubblica est obligée de reconnaître. Depuis les élections européennes de juin 2024, le gouvernement italien apparaît comme le plus solide des 27. Même ses comptes publics, assainis pour la première fois depuis quelque 20 ans, inspirent désormais confiance aux investisseurs.
La comparaison avec la France paraît donc édifiante.
Combien de temps encore Boualem Sansal restera-t-il l'otage des Barbaresques qui le détiennent depuis le 16 novembre au mépris du Droit ?
Il est certes loin le temps où la France de Charles X répondait au soufflet du dey Hussein par le débarquement à Sidi Ferruch et la prise d'Alger. C'était l'époque oubliée de la Restauration : aujourd'hui nous sommes en république que diable ! Et nous ne sommes pas encore sortis de la Macronie.
Les déclarations de Jean-Noël Barrot ministre en charge de nos capitulations internationales nous laissaient comprendre encore le 10 janvier qu'il n'usera pas des « leviers que nous pourrions activer », c'est l'expression qu'il utilise, si « les Algériens continuent cette posture d’escalade ». Or ces leviers sont multiples, beaucoup plus nombreux que ceux de l'Italie à l'encontre de l'Iran. Aucune riposte concrète n'a été exercée, ni face à la détention de Boualem Sansal, ni face au refus de récupérer leurs ressortissants provocateurs qui appellent à la violence et au meurtre, ni face aux injures constantes...
Très remonté contre Elon Musk, et contre ce qu'il appelait ce 10 janvier « le retour de la loi du plus fort », il a donc choisi de se montrer au nombre des plus faibles
Ce technocrate est présenté pour un économiste. Il est en effet passé par la fameuse École Economique de Paris, dont le premier directeur n'était autre que l'inévitable Thomas Piketty. Précédemment chargé des affaires européennes en tant que ministre délégué il a été "propulsé dans le nouveau gouvernement à la tête du Quai d'Orsay. Son nouveau titre de « Ministre de l'Europe » (?) et des Affaires étrangères l'a ainsi amené à escorter le 3 janvier la pimpante Annalena Baerbock dans le déplacement franco-allemand en Syrie dont les détails protocolaires ont fait jaser.
C'est par lui que pourraient, et devraient désormais passer, sans la nécessité d'aucun contreseing présidentiel, les mesures techniques de riposte aux outrages quotidiens que subit notre pays de la part de l'arrogante nomenklatura dictatoriale au pouvoir en Algérie.
On doit certes se féliciter que « la folle hypothèse de la suspension de la réforme des retraites » ait pu être déjouée par l'annonce d'une procédure habile. Reste la situation contre laquelle l’éditorial de Gaëtan de Capèle mettait en garde dans Le Figaro le 13 janvier. En effet : « avec ses 6,1 % de déficit et sa dette de 3300 milliards, la France, qui doit emprunter plus de 300 milliards sur les marchés en 2025, n’a d’autre choix que de restaurer ses finances. Pour prix de son laxisme, elle paie aujourd’hui 3,5 % d’intérêt contre 2,9 % en décembre… Les marchés financiers aussi ont leurs lignes rouges. »
On peut aussi sourire quand Le Monde s'inquiète sur son site, dès 20h44 le 14 janvier parce que « François Bayrou fait l’impasse sur les enjeux climatiques et environnementaux ». À la bonne heure !, penseront sans doute tous ceux qu'exaspèrent les délires écolos...
En vérité la vraie ligne rouge a été franchie depuis longtemps par la Macronie : c'est celle de l'abaissement, du discrédit, de la tiers-mondisation et du déclassement de ce pays et de son peuple. Le redressement s'impose d'urgence, le temps des galanteries est révolu. L'humiliation du choix de la faiblesse doit cesser.
JG Malliarakis
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Note : les Parisiens, et quelques autres, confondant Béarn et Gascogne, rappelons leur ceci : « Oncques grand capitaine, écrivait le Pousse-rapière, chef des armées catholiques et royales, fussent toujours de Gasco[u]gne ». Nous sommes, avec le maire de Pau, assez loin de son modèle. La distance ferroviaire entre Auch et Pau n'est que de 133 km, mais la durée du voyage par la SNCF subventionnaire est de 3 heures et 23 minutes. L'une des liaisons les plus lentes de l'Hexagone.
Le gros handicap de la France dans les affaires du monde est de s'en croire le phare, alors que M. Macron a remplacé la lentille de Fresnel par une lampe à huile.
Rédigé par : Kardaillac | jeudi 16 jan 2025 à 10:08
Dans sa dernière émission avec Cohn-Bendit, Luc Ferry fit remarquer que pour Bayrou "L'important pour lui est de rester le plus longtemps sur le cheval". C'est son rêve attendu depuis tant d'année. Donc pour durer, ne rien faire. Son attitude sur les retraites en est une illustration parfaite: ou les partenaires sociaux font une bonne proposition et la loi sera modifiée, ou elle demeurera en la demeure. Mais un pays qui n'avance pas, recule. La France n'est plus un moteur de l'Europe, mais le cheval malade sur lequel le premier ministre désire chevaucher le plus longtemps possible.
Rédigé par : Laurent Worms | jeudi 16 jan 2025 à 10:20
Précision: l'ancienne vicomté de Béarn est un fragment de l'ancienne Vasconie, territoire roman de substrat aquitanien. Les Béarnais sont, comme les Armagnacais, les Bazadais ou les Bigourdans, un rameau des Gascons, un ensemble ethno-culturel souvent noyé sous l'appellation "Sud-Ouest" et démembré entre des régions artificielles.
Quand à un éventuel sursaut salvateur, d'où pourrait-il venir ?
Nou sabi pas.
Rédigé par : Jab | jeudi 16 jan 2025 à 16:15
Comment rester efficace si le capitaine du navire ordonne en permanence des coups de barre, selon ce qui lui semble pertinent sur l'instant?
Tous les vents semblent mauvais au navigateur qui ne sait pas où aller.
Notre "Mozart de la finance" est un capitaine déboussolé qui nous mène droit au naufrage.
Bien sûr, les médias historiques sont fautifs, mais n'en serions-nous pas aussi un peu responsables ?
Rédigé par : Alain Charoy | jeudi 16 jan 2025 à 19:40
"Son attitude sur les retraites en est une illustration parfaite", à laquelle s'ajoute la conservation des 3 jours de carence pour les fonctionnaires et le retour à l'"open bar" pour les élèves qui ont raté le certificat d'études... Clairement, immobilisme est en marche !
Rédigé par : Andy Vaujambon | vendredi 17 jan 2025 à 15:43
Honnêtement que peut on espérer de positif de M. Bayrou de plus sous une république présidée par M. Macron ?
La réponse est simple: Rigoureusement rien.
Rédigé par : RR | vendredi 17 jan 2025 à 16:52