Ce 28 octobre, Le Figaro titrait en première page : « Michel Barnier contraint de reporter le vote sur le budget ».
Le caractère catastrophique de cette situation semble échapper à la plupart de nos 577 députés, divisés en 11 partis, supposés représentants du peuple.
La cacophonie, et les surenchères démagogiques ont atteint un niveau sans précédent du moins sous la cinquième république, dont le texte semblait jusqu’ici nous avoir préservés depuis 65 ans. On imagine même maintenant recourir à des articles oubliés de la constitution, comme l’article 47 qui dispose, en son troisième alinéa, que « si le Parlement ne s'est pas prononcé dans un délai de 70 jours, les dispositions du projet peuvent être mises en vigueur par ordonnance. » Entretemps, on se sera écharpé au Palais-Bourbon sur le financement de la sécurité sociale.
Mais au stade où nous en sommes, le « petit peu de justice fiscale » concédé du bout des lèvres par le Premier, ministre théoriquement catalogué à droite est devenu un budget « NFP- Compatible », comportant un supplément d’impôts de 60 milliards.
Le Dr Philippe Juvin, élu des Hauts-de-Seine, a eu le 25 octobre le mot juste en disant : « Ce n'est plus une loi de finances mais une entreprise de démolition. »
Si nos observateurs agréés connaissaient tant soit peu l’Histoire de France, ils se souviendraient de périodes comparables : les derniers mois de la quatrième république, par exemple, ou ceux du directoire. Ceci pour nous en tenir à l’ère républicaine. La période qui va des journées de juin 1848 à décembre 1851 n’est pas non plus sans rapprochements possibles. Faut-il soupirer et dire « hélas », si de nos jours, nul Lamartine n’est là pour inspirer une réforme constitutionnelle ; et si les professionnels du coup d’État ne disposent en réserve, d’aucun chef de la France libre retiré en Haute-Marne, d’aucun général victorieux de retour d’Italie ou d’Égypte, ni même d’aucun neveu conspirateur, carbonaro et saint-simonien.
Autre comparaison que nul n’osera formuler : le discours de Mirabeau dénonçant en octobre 1789 la perspective de « la banqueroute, la hideuse banqueroute ». Cette crainte, alors compréhensible, permettra à Talleyrand de faire mettre en route, au sein de la Constituante, la mainmise de l’État sur les biens des communautés religieuses qui seront revendus aux fameux « acquéreurs de biens nationaux ». Ce fut l’une des décisions les plus graves, aux conséquences multiples les plus pernicieuses, de l’Histoire de notre pays, acte de naissance des fameuses « dynasties bourgeoises ».
Dans sa chronique du matin sur Europe N°1, toujours pertinente, Alexis Brezet dénonçait ce spectacle parlementaire et le qualifiait d’accablant. Il compare assez justement la situation de la France à celle de la Grèce en 2009. Le scénario peut presque paraître identique, les socialistes grecs du PASOK, à l’école parisienne, dénigraient eux-mêmes la comptabilité de leur propre pays, dans le but de disqualifier la droite : les créanciers internationaux en ont alors tiré les conclusions que l’on sait.
Or, dans les cénacles politiques français, on se tire dans les pattes de la même et funeste manière, y compris au sein des partis eux-mêmes : ainsi le groupe dit central compte deux chefs manifestement rivaux, les anciens premiers ministre Mme Borne et Gabriel Attal. Et cela se retrouve clairement aussi au parti socialiste comme dans l’extrême gauche etc.
Mme Yaël Braun-Pivet, présidente macronienne de l'Assemblée, émet à cet égard un vœu pieux : « Ma faveur va dans un parti qui fonctionne, qui produit des idées, qui remobilise les citoyens et qui nous donne une perspective (...) Je veux un parti qui avance, uni. » « Donc ce que j'espère - et je les invite à le faire - c'est de réussir à se mettre d'accord pour qu'il n'y ait pas de guerre fratricide qui serait très négative par rapport aux objectifs que je viens de donner ».
À vrai dire, le parti présidentiel comptait il y a 7 ans 400 000 adhérents, aux cotisations gratuites. Depuis il n’en compterait plus, En Marche s’étant transformé en Renaissance, que 8 000.
On ne s’étonnera donc pas que les agences de notation fassent grise mine, mettant le pays sous perspective négative. Ceci veut dire que, dans le meilleur des cas, les investisseurs internationaux factureront de plus en plus cher leurs concours.
Et « en même temps » pour employer une formule bien connue du président Macron, on apprend ce matin que l’évaluation du déficit des comptes publics pour 2024, prévu jusqu’ici à hauteur de 6,1 % du PIB devrait se trouver légèrement plus haut, à 6,2 %. L’ancien gouvernement prévoyait 5,1 %...
La démolition est bel et bien en marche : qui donc l'arrêtera ?
JG Malliarakis
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Mais en plus, SM Emmanuel attribue 100 M€ au Liban, dont il est probable que 90% atterriront dans les poches du Hezbollah. Lamentable spectacle. Notre pays est en vois de décomposition.
Rédigé par : Brun Daniel | lundi 28 oct 2024 à 15:06
Tout ce spectacle lamentable démontre que nos professionnels de la politique (dont la majorité n'ont jamais travaillé sont totalement coupés des réalités. Attal, au piteux passage éclair à Matignon, ne rêve que de reconquérir son maroquin, ou peut-être même l'Élysée, et Barnier déclare au Figaro qu'il va transformer la France dans les cinq ans à venir alors qu'au mieux (quasiment improbable) il ne gouvernerait que jusqu'en avril 2027, soit deux ans et demi. Il n'est pas interdit de rêver, mais quand on conduit un pays il vaut mieux ouvrir les yeux pour éviter le platane. Malheureusement l'histoire récente démontre le contraire
Rédigé par : Laurent Worms | lundi 28 oct 2024 à 19:50
Le sacro-saint modèle "social" hérité du CNR et constitutionnalisé dès l'article 1 n'est plus à la portée des moyens dégagés par l'État omnipotent qui vit sur sa propre banqueroute (c'est ça la dette).
La réforme de fond est impossible puisque tout le tissu socio-politique du pays est fait d'intérêts catégoriels en chaîne et trame, et provient de récompenses accordées aux vainqueurs de chaque élection.
Taxer, imposer, taxer enclanchera l'effet Laffer et ne résoudra rien jusqu'au mois de novembre 2025.
Aucun redressement national n'est possible avec le personnel politique porté aux responsabilités. M. Barnier, auréolé de sa difficile victoire sur les Anglais, en est la triste certitude !
Un apparatchik comme un autre ; pas un de ceux que citait M. Malliarakis.
Rédigé par : Kardaillac | vendredi 01 nov 2024 à 18:14