L’un des moments les plus symboliquement significatifs de ces derniers jours aura vu l’union de la gauche autour de la candidature du stalinien Chassaigne à la présidence de l’Assemblée nationale. Obtenant 207 voix au 3e tour contre 220 à la sortante Yaël Braun-Pivet, réélue de justesse.
Cette séquence Chassaigne mériterait de marquer les esprits. Notons d’abord que les quatre groupes de gauche comptent respectivement 72 pour La France insoumise, 17 gauche démocratique et républicaine, groupe servant de cache-sexe aux 9 communistes, mais aussi 38 écologistes et 66 socialistes, soit en tout 193 députés. Or, dès le premier tour, le candidat communiste, représentant d’un parti qui pesait à hauteur de 2,36 % le 9 juin aux élections européennes, faisait le plein des voix, obtenant 200 voix, passant même à 207 au troisième tour.
Les commentateurs et observateurs agréés, pendant plusieurs jours n’ont pas tari d’éloge, pour un personnage qui avait dirigé, par exemple, pendant longtemps le groupe des parlementaires français sympathisants de la Corée du Nord…
En 1955, concluant son livre magistral L'Opium des intellectuels, Raymond Aron nous prévenait ainsi : « Le parti communiste peut disparaître, la culture communiste est résiliente ».
Tout le monde aujourd'hui semble avoir oublié les crimes, impunis, du communisme.
Nous voici presque revenus à l’année 1946, où Maurice Thorez pesait quand même 26 % des électeurs en faveur du PCF. Il tenta et faillit presque, lui aussi, devenir président de l’Assemblée, obtenant 249 voix. Quelques jours plus tard, le bombardement de Haïphong allait déclencher tragiquement la guerre d’Indochine…
En espérant que les événements de Nouvelle-Calédonie, eux aussi attisés par les mêmes puissances, ne conduiront pas au même scénario, on ne peut qu’enregistrer ce retour à la Quatrième république.
Le 4 juillet, dans le Telegraph, l’universitaire anglais Robert Tombs, professeur émérite de Cambridge, où il enseignait l’histoire de France, voyait juste. Selon lui, la Cinquième république pourrait « ne pas survivre à la fin de semaine », c’est-à-dire au second tour de l’élection législative. (1)
La semaine écoulée, point d’orgue de deux campagnes électorales aussi mouvementées que révélatrices, a manifestement confirmé ce pressentiment et cette analyse. Désormais maîtresse d’un jeu stérile, l’assemblée est clairement ingouvernable. Même son règlement sera impossible à appliquer. La constitution de 1958, à bout de souffle, avait permis l’élection en 2017 puis la réélection en 2022, d’une manière de liquidateur ultime, achevant le long déclin des institutions, et du pays, qui a suivi, comme inexorablement, la disparition de Georges Pompidou en 1969. Le désastreux épisode présidentiel, que nous vivons depuis 7 ans, donne ainsi raison au proverbe turc que nous évoquions pour illustrer une récente chronique « Quand un clown emménage dans un palais, il ne devient pas roi. C'est le palais qui devient cirque. » (2)
Les Français viennent donc de voter pour leurs représentants au Parlement européen puis pour l’Assemblée nationale. Ils se sont prononcés sans aucune équivoque en faveur de moins d’insécurité, moins d’écologisme destructeur, moins de laxisme migratoire. Sur ces trois terrains on retrouve clairement une poussée analogue dans les 27 pays de l’Union européenne. Or, par un tour de passe-passe difficilement croyable, il leur est proposé, outre la reconduction des équipes sortantes, l’aggravation ou la confirmation de leurs orientations antérieures.
Parmi les gouvernements européens, le seul vraiment conforté par les électeurs, celui de Giorgia Meloni en Italie est tenu à l'écart par la commission reconduite. Telle semble la seule victoire possible pour une Macronie restauratrice de la Quatrième république.
JG Malliarakis
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Apostilles
(1) cf. France’s Fifth Republic may not survive the week
https://www.telegraph.co.uk/news/2024/07/04/frances-fifth-republic-may-not-survive-the-week/
(2) cf. L’Insolent du 4 juillet Collusion gaucho macroniste
https://www.insolent.fr/2024/07/collusion-gaucho-macroniste.html
Quel spectacle pitoyable que l'élection de la présidente de l'Assemblée et ce qui s'en suivit, avec l'éviction du R.N. de tous les postes de responsabilité. Un détail, ce parti rassemble, hors coalition le plus grand nombre de députés. Un triste spectacle de magouilles électorales. Mais, braves gens, nous pouvons respirer. Ouf!!. Coquerel garde son poste aux finances. On ne se sépare pas d'un si bon élément et si compétent. Compétent, mais pas vraiment dans les finances. Il milita pour la libération du terroriste criminel (voir photos souvenirs sur internet)Georges Ibrahim Abdallah, un brave homme. Un bref regard sur sa fiche Wikipedia est éclairante: En 1987, il est condamné à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l'assassinat de diplomates israéliens et américains à Paris.
Il est également soupçonné d'avoir joué un rôle dans l'assassinat en 1976 de Francis Meloy, ambassadeur des États-Unis au Liban2.
Pour faire pression pour sa libération, le Comité de soutien avec les prisonniers politiques arabes du Proche-Orient organise plusieurs attentats à la bombe, faisant 13 morts et 250 blessés en France3,4. Un diplomate français est aussi kidnappé en Libye.
Rédigé par : Laurent Worms | lundi 22 juil 2024 à 08:29
Même si l'Assemblée nationale est souveraine en dernier ressort d'ordre et pour compte le "peuple" - concept gazeux s'il en fut - le logiciel constitutionnel n'est pas parlementariste et 66 ans de pratique et dévoiements l'ont transformée en cirque Pinder. La classe politique est d'essence gauloise et réticente au compromis qui n'est que la trahison de ses propres slogans, "idées" serait un bien grand mot !
L'algèbre combinatoire récente coupe encore plus l'institution du corps électoral qui est à son origine, mais qui finalement n'en désigne pas les meneurs.
L'antiparlementarisme rampant bien français a devant lui un boulevard. Ils l'auront cherché.
Rédigé par : Kardaillac | lundi 22 juil 2024 à 11:16
Encore une fois, je vous cite : Nier les faits par idéologie est du fanatisme. Nous y sommes encore. Aucune excuse. La Vème n'est plus adaptée à la situation, dépendante des oukases européistes, pour ne pas dire plus. Manon Aubry serrant chaleurement Leyen en dit long sur la souplesse de leurs postures et la taille de leurs prétentions. Rappelons que le complice du criminel encoure la même peine.
Rédigé par : minvielle | lundi 22 juil 2024 à 17:14
J'ai cru à la cinquième république et je m'en repend.
Alors qu'elle agonise, ne serait-il pas temps de (re)penser sérieusement retour du Roi ?
Rédigé par : René Grouman | lundi 22 juil 2024 à 19:59
Les communistes existent parce que les travailleurs sont honteusement exploités par un certain patronat ce que bien sûr la droite - celle qui a le torchon Le Figaro comme quotidien de référence - ose nier.
En tout cas, on notera que les reniements successifs de Marine Le Pen de tous les fondamentaux du Front national (déjà entamés par son père qui n'était pas Pierre Sidos) n'ont pas empêché le barrage "républicain".
Rédigé par : RR | lundi 22 juil 2024 à 20:10
@RR
Le "barrage républicain" ressemble plus à un syndicat de copropriétaires qu'à une digue morale.
Rédigé par : Kardaillac | mardi 23 juil 2024 à 12:47
Si l'on relit les écrits de Maurras et de ses proches (Léon Daudet, Jacques Bainville…) la même analyse de la "démocratouille" parlementariste a été formulée dans d'autres contextes, avant même la IVe République. Et que penser du "Système" de Bruxelles, entre des mains étrangères ?
Rédigé par : Michel Bergès | mardi 23 juil 2024 à 14:59
@Michel Bergès,
Aussi brillantes que furent les synthèses de l'Action française, il n'en est jamais rien sorti.
Ecole de pensée, conservatoire, le mouvement arrêté sur place est stérile. Pas d'argent, pas de Suisses, pas de masse, pas de poids !
Rédigé par : Kardaillac | mercredi 24 juil 2024 à 10:11
Le petit patronat français est satisfait de recevoir une main-d'oeuvre à bas coût. Les grosses entreprises aussi (abattoirs de bétail, de volailles, etc.) : personnel turc ou subsaharien ; force de travail non revendicative. Cela pèse cependant sur l'impôt et la vie économique en général.
La question sociale se double de tensions "culturelles" (euphémisme).
Bref, les têtes de l'Etat et de l'administration, depuis plusieurs décennies, suivent une logique comptable mais aussi, et de plus en plus, idéologique.
Est-ce amendable ? Paraphrasons : "Comment feraient-ils en quelques mois ce qu'ils n'ont pas su ou voulu faire en cinquante ans ?"
L'égoïsme social se paye très cher. Et ce sont toujours les mêmes qui payent.
Rédigé par : Jégou | mercredi 24 juil 2024 à 13:02
@ Kardaillac
En effet. Ce n'est pas pour rien qu'une importante scission eut lieu en 1971 donnant naissance à la NAF (Nouvelle Action française) devenue finalement la NAR (Nouvelle Action royaliste). Leurs auteurs avaient bien compris la stérilité du mouvement (Restauration nationale, héritière directe de l'AF d'avant guerre) puis après mûres réflexions que l'idée monarchiste telle que la concevait Maurras était dans la France contemporaine complètement utopique.
Rédigé par : RR | mercredi 24 juil 2024 à 14:25