Depuis 2017 le gouvernement de la France était devenu un sujet de moquerie pour un nombre de plus en plus grand d’observateurs internationaux, et de préoccupation pour la plupart de nos partenaires européens. La dissolution de l’Assemblée nationale, ce 9 juin, au soir même d’une déroute électorale de la liste se réclamant de la Macronie et à quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques n’a fait que renforcer cette double impression.
Un proverbe turc me semble illustrer cette situation : « Quand un clown emménage dans un palais, il ne devient pas roi. C'est le palais qui devient cirque. »
Mais à l'heure où votre chroniqueur commençait l'écriture de ces lignes on ne connaissait encore ni le nombre, ni l'état définitif des désistements et des triangulaires, dans les quelques 300 circonscriptions où le premier tour laissait potentiellement en lice 3, voire 4, compétiteurs. On ne mesurait pas non plus, pas seulement l’impression mais le constat d’immoralité qui allait se dégager des accords d’appareil entre les macroniens et les partis de gauche. Que de telles combinaisons se drapent dans de prétendus grands principes républicains, ne peut qu’ajouter au malaise des électeurs. Quand le vice se déguise en vertu, l’immoralité ne peut que prendre son essor.
Jordan Bardella semble donc bien indulgent, qui dénonce une alliance « un peu contre-nature » entre Mélenchon et Macron. « Un peu » contre-nature seulement ? Quand Edouard Philippe chef de file du groupe Horizon, l’espoir des ralliés du centre-droit, maire du Havre, ville si longtemps disputée entre gaullistes et staliniens, appelle à voter pour le parti communiste, on ne se trouve pas en présence d’une « alliance un peu contre-nature » mais bel et bien d’une trahison… à moins, peut-être que ce jeune leader de la droite veuille nous amener, par l’effet de style d’une telle litote, à considérer que Mélenchon, cela rime, quoique pauvrement, avec Macron.
Au lendemain du conseil des ministres du 26 juin, une odeur caractéristique des fins de règne et des testaments ministériels à commencer à alerter l’opinion. Une nouvelle fournée de 31 mesures individuelles de promotion, nommant in extremis des obligés du pouvoir, venait compléter une trentaine d’autres échelonnées sur les conseils des 12 et 19 juin. Au point que Marine Le Pen allait parler d’un coup d’État administratif, comme si par anticipation le chef l’État pouvait imaginer contrarier la volonté des électeurs.
Les rats, dit-on quittent les navires en perdition. Et rien n’interdit de penser qu’en l’occurrence la fraternité centriste recase ses amis.
Or, elle profite en même temps de la circonstance, confirmant ainsi la collusion gaucho-macronienne, pour frapper lâchement, et soulignons-le : illégalement ses adversaires
Le même conseil des ministres du 26 juin, généreux pour ses camarades de la haute fonction publique, avait également prononcé, sur proposition du ministre de l’intérieur Darmanin un certain nombre de dissolutions.
Parmi ces mesures répressives une seule fut vraiment médiatisée. Or, elle relève sinon d’un éclat de rire du moins d’un haussement d’épaule, puisqu’elle vise le GUD, simple étiquette sans la moindre structure juridique d'association. Ce sigle est apparu à la faculté d’Assas il y a 56 ans de cela. Depuis 1968 elle a été reprise de décennie en décennie par les plus hardis des étudiants de droite, sans aucune autre continuité que l’anticommunisme et la « défense du Droit ». On ignore à ce jour si un tel « groupement de fait » aurait jamais compté dans ses rangs un président, un secrétaire et un trésorier.
Cette concession aux soi-disant antifascistes opérée le 26 juin n’est sans doute pas étrangère au soutien invraisemblable du Front Populaire, LFI comprise, au ministre de l’Intérieur sortant, le candidat Darmanin.
Mais la collusion ne s’arrête pas là : le pouvoir macronien a également dissous des associations constituées essentiellement légalistes, comme « Les Remparts » lyonnais, qui luttent dans leur ville contre les violations de la loi et de l’ordre par les gauchistes et les éco-extrémistes municipaux.
L’immorale coalition gaucho-macroniste peut donc empêcher, si elle l’emporte ce 7 juillet, la formation dès cette année d’un gouvernement de bloc national. Elle coûtera en revanche très cher au pays. Elle risque fort de nous faire revenir à la soi-disant « troisième force » des années 1950. Nous reverrions alors ces gouvernements de première faiblesse qui se succédèrent alors, de 1946 à 1956 sur une durée moyenne de 200 jours. Il faudrait dès lors que nos compatriotes aient vraiment la mémoire courte pour leur pardonner pareil retour à la Quatrième république.
JG Malliarakis
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Je crains fort également que cette fois ci la cinquième république soit enterrée, que l'on revienne aux partages réguliers des bonnes soupes ministérielles. Une paralysie de la France où il sera impossible d'y faire des réformes de structure, de diminuer le nombre de fonctionnaires, une dégradation des comptes publics, etc, etc. Une possibilité d'ici 2027: les finances du pays risquent d'être mises sous tutelle, vu une aggravation prévisible des dépenses de l'État due à la place qu'occuperait la gauche dans en cas de "coalition" made in Quatrième république.
Rédigé par : Laurent Worms | jeudi 04 juil 2024 à 16:46
Voila le vrai danger, caché :
Deux graphiques indiquent un krach obligataire imminent en France : la France s’est autant endettée en 7 ans qu’entre 1945 et 2004 :
Depuis 2017, le gouvernement actuel s’est presque autant endetté que le Général de Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et Jacques Chirac réunis !
Rien que cette année en 2024, le gouvernement a dû contracter 200 milliards de dette auprès de plusieurs créanciers…
Et cela a une répercussion immédiate sur notre économie et le budget de l’État.
Car depuis 2022, le coût de la dette augmente 2 fois plus vite que les recettes de l’État
Le budget alloué au remboursement de la dette dépasse désormais celui du Ministère de l’Éducation nationale…
Petite réponse : c'est tout à fait clair. Or, ni la campagne européenne, ni la suivante n'ont évoqué ce problème central. Seul le RN y a fait allusion en annonçant un audit des comptes publics, préalable à tout programme de redressement.
Rédigé par : Jean-Pierre MICHEL | jeudi 04 juil 2024 à 17:02
1. "Parmi ces mesures répressives une seule fut vraiment médiatisée. Or, elle relève sinon d’un éclat de rire du moins d’un haussement d’épaule, puisqu’elle vise le GUD, simple étiquette sans la moindre structure association juridique. Ce sigle est apparu à la faculté d’Assas il y a 56 ans de cela. Depuis 1968 elle a été reprise de décennie en décennie par les plus hardis des étudiants de droite, sans aucune autre continuité que l’anticommunisme et la « défense du Droit »."
Une pensée pour notre regretté Charles-Henri Varaut.
2. Toujours à propos du GUD: C'était en 1983-1984, j'étais à Jussieu (fac de Sciences, pas question pour moi de faire du Droit, matière qui ne m'a jamais intéressé), je voulais y monter une section GUD mais on m'en a dissuadé. Je me suis donc contenté de faire circuler "sous le manteau" telles des revues cochon des tracts et même des journaux du PFN dont le GUD était à l'époque au sein du Front de la jeunesse la branche étudiante. On ne pouvait guère faire plus si ce n'est ce que je faisais aussi de temps à autre: décorer les tables de croix celtiques signées PFN, GUD, FJ. Mais comme dans toutes les facs, il faut le préciser, seule une minorité d'étudiants était active politiquement et ce quelque soit la tendance. L'événement "politique" de l'année fut incontestablement l'incident survenu entre une étudiante palestinienne et un chargé d'ED de confession mosaïque. Ce dernier un peu irresponsable membre d'un club de tir avait cru intelligent d'exhiber son arme certes non chargée devant l'étudiante en question. L'UNEF avait tenté de récupérer l'affaire mais l'étudiante avait préféré contacter ...l'OLP (une organisation nettement plus imposante que l'UNEF, la Ligue ou encore le GUD et avec laquelle il ne valait mieux pas avoir d'ennui). L'affaire s'est bien terminée, car comprenant le choc qu'il avait provoqué par inconscience, le chargé d'ED s'est excusé auprès de l'étudiante, clôturant l'affaire.
Parfaite description en effet du GUD.
Ce n'est pas un hasard s'il n'a pu s'imposer réellement qu'à Assas. Cela est dû d'une part à la sociologie des étudiants (bourgeoisie traditionnelle plutôt conservatrice peu réceptive c'est le moins qu'on puisse dire au communisme révolutionnaire que prônait la Ligue) et d'autre part au fait même que le Droit est une matière disons d'ordre.
Rédigé par : RR | jeudi 04 juil 2024 à 22:18
Les accords d'appareils échevelés font à l'opinion la parfaite démonstration que la classe politique en cour est d'essence prébendière - elle va à la gamelle - et tout motif fait ventre, surtout les "valeurs républicaines" que personne ne saurait citer, qui les démarquerait de valeurs humanistes d'acception générale.
Du brouhaha politicien préélectoral peut sortir n'importe quoi sauf le chaos qui est sûr. Ce sont les juillettistes qui sauveront la république, par défaut !
Après ? On paiera !
Rédigé par : Kardaillac | vendredi 05 juil 2024 à 10:14
Mon quadrisaïeul était rat sur le Titanic. il a pu se sauver in extremis en nageant vers une chaloupe féministe. Mon grand-père était rat aux Grands Moulins de Paris entre 1940 et 1947, grâce à quoi nous ne sommes pas morts de faim (ma grand-tante ma raconté que nous rongions des tikets de rationnement), Papa était Rat Noir à Assas. Mais moi, je vais quitter Paris à cause de la qualité de l'eau : les égouts ne sont plus ce qu'ils étaient. Surtout si Mme Hidalgo y ajoute ses bactéries.
Rédigé par : Maguérite Durat | vendredi 05 juil 2024 à 13:46
Mélencron, Machon, Méchant loup, et Machine truc bidule chouette, la foire d'empoigne et la cacophonie, mais le barde est là, et les gaulois aiment la musique qui ronfle! Tout sauf l'éternelle télé mac!
Rédigé par : minvielle | vendredi 05 juil 2024 à 20:54
Je retrouve ceci dans mes notes :
Dès le dix-septième siècle on relève, parallèle au renforcement de la centralisation, la gravité d’une crise sociale dans laquelle Montesquieu reconnaître une « corruption du principe de la monarchie » : « La monarchie se perd lorsqu’un prince croit qu’il montre plus sa puissance en changeant l’ordre des choses qu’en les suivant ; lorsqu’il ôte les fonctions naturelles des uns pour les donner arbitrairement à d’autres, et lorsqu’il est plus amoureux de ses fantaisies que de ses volontés. La monarchie se perd, lorsque le prince, rapportant tout uniquement à lui, appelle l’État à sa capitale, la capitale à sa cour, et la cour à sa seule personne. Enfin elle se perd, lorsqu’un prince méconnaît son autorité, sa situation, l’amour de ses peuples ; et lorsqu’il ne sent pas bien qu’un monarque doit se juger en sûreté, comme un despote doit se croire en péril. Le principe de la monarchie se corrompt lorsque les premières dignités sont les marques de la première servitude, lorsqu’on ôte aux grands le respect des peuples, et qu’on les rend de vils instruments du pouvoir arbitraire. Il se corrompt encore plus, lorsque l’honneur a été mis en contradiction avec les honneurs et que l’on peut être à la fois couvert d’infamie et de dignité. » (Esprit des lois, livre VIII, 6-7).
Tout y est, non ?
Rédigé par : Jégou | samedi 06 juil 2024 à 18:31