Sans qu'il l'ait sans doute désiré dans ces termes, la dissolution insensée de l'Assemblée Nationale décidée ce 9 juin par Emmanuel Macron a clarifié l'espace politique français. Il a divisé en trois blocs, difficilement conciliables.
La gauche, la droite et le centre se sont ainsi trouvés recomposés.
I. De gré ou de force, l'extrême gauche, le parti socialiste ou le mouvement, sectaire et dictatorial, de Mélenchon, cette prétendue France insoumise ont dû se fondre dans un accord électoral. Ses adversaires auront beau le qualifier d'immoral, contre-nature, complaisant avec l'antisémitisme d'une partie des musulmans. Jusqu'au 5 juillet, date du second tour, cette alliance crée une dynamique assurément inquiétante.
Si elle dépasse, en nombre de suffrages et en pourcentages additionnés, les scores du scrutin européen, elle risque fort de s'imposer pour les années à venir, plus encore auprès des boutiquiers de l'opposition, qu'au sein du gouvernement catastrophique qu'elle nous promet.
II. L'espace central dessine paradoxalement de nouveaux contours. Depuis 2022, il ne s'appelait plus majorité que par un abus de langage. Ni le premier tour du scrutin présidentiel en effet, ni le résultat des élections législatives, ni la vie quotidienne de l'Assemblée nationale n'avaient cessé d'en faire une minorité gouvernementale, à la merci d'une motion de censure toujours imminente.
Au sein de cet ensemble disparate cohabitent déjà : le groupe Horizons créé par Édouard Philippe ; le vieux Modem de François Bayrou ; et, désormais ceux qu'on appelle les chapeaux à plumes issus des rangs sarkozystes LR, notamment les deux groupes parlementaires de ce parti, classé jusqu'ici à droite.
Ce centre nouvellement défini se voit rejoint par ceux qu'effraie la perspective d'un changement de politique. On notera que tous condamnent de façon plus ou moins explicite la décision, inexpiable à leurs yeux, prise par le chef de l'État.
III. La troisième force constituait au soir des élections européennes la masse la plus importante comparée aux deux autres tendances, ayant obtenu quelque 40 % des voix. À l'issue la nouvelle campagne, de plus courte durée, toutes tendances confondues ses élus siégeront à la droite de l'hémicycle. Opposée frontalement aux forces de gauche, on ne saurait donc lui récuser l'appellation de droite, malgré qu'elle en ait, dans certaines de ses composantes puisque celles-ci s'affirment désireuses de s'étendre aux patriotes de gauche.
Quel que soit l'impact des abstentionnistes du dernier scrutin, le score de ce bloc semble durablement significatif d'une évolution notable de l'opinion. En particulier, l'électorat ouvrier a cessé depuis longtemps, pour exprimer son mécontentement, de donner sa confiance au parti communiste. Dès les élections législatives de 1997, elles aussi follement anticipées, cette tendance méritait d'être remarquée. Les forces socialo-communistes alors victorieuses après que Jacques Chirac, stupidement conseillé en cela par Alain Juppé son premier ministre et par son pompeux collaborateur Dominique de Villepin, ait procédé à une dissolution.
On put constater cependant que, non seulement les grèves des professions médicales avaient constitué le fer de lance d'un mécontentement profond mais que, globalement, au sein de l'électorat de gauche les masses des fonctionnaires et des personnels à statut l'emportait désormais sur celles des ouvriers salariés du privé, et des travailleurs indépendants.
Petit à petit, depuis quelque 30 ans, ce glissement vers la droite s'est opéré en réaction contre l'immigration incontrôlée et la montée de l'insécurité, ces deux phénomènes étant ressentis, et justement dénoncés comme étroitement liés. Les discours artificiels, automatiques et bien pensants, faussement lénifiants et politiquement corrects tentent vainement de les dissocier. Or, loin de convaincre les mécontents, ils n'ont fait que les exaspérer un peu plus et renforcer un sentiment de dépossession et de révolte dans les classes moyennes.
Tel paraît le sens et la légitimité du troisième bloc, conduisant à l'union des droites.
JG Malliarakis
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Il sera intéressant, au second tour de ces élections législatives de voir l'effet repoussoir de la France Insoumise (nom qui serait impossible en Suisse, où ne ne peut être insoumis à son pays, un ami dixit)par rapport au bloc des droites. Y aura-t- il un mouvement plus fort contre cet axe des gauches où le PS et les écologistes se feront manger par les troupes de Mélanchon, parti de combat néo-bolchévique ou contre l'axe LR/Ciotti-R.N. et débris de Reconquête derrière Marion maréchal. cela donnera une indication du vrais visage politique de la France.
Rédigé par : Laurent Worms | samedi 22 juin 2024 à 10:18
1/ "malgré qu'elle en ait, dans certaines de ses composantes puisque celles-ci s'affirment désireuses de s'étendre aux patriotes de gauche."
Oups, bien qu'elle en ait...
2/ Les trois blocs ne sont pas de la même solidité. Car les liens sont faibles au centre et à gauche où la dynamique des rentes est très supérieure au partage des idées. Elle est plus structurels à droite pour la première fois.
3/ Le principal danger me semble-t-il est une majorité introuvable car elle ouvrirait une nouvelle combinazione du PR et surtout la paralysie du pays entre la rue en feu et un déficit en roue libre.
Petite réponse: "Oups, bien qu'elle en ait." Non! "malgré qu'elle en ait" est parfaitement correct. Consultez au besoin "Le Bon usage" de Grevisse. Sur le reste nous sommes d'accord et je vous remercie de vos commentaires.
Rédigé par : Guy-André Pelouze | samedi 22 juin 2024 à 11:50