Ce 8 décembre le glorieux Darmanin ironisait encore, sur France info : "Vous voyez des parlementaires LR voter une motion sur l’immigration avec les Verts et LFI ?". Bonne question, n'est-ce pas. Colossale finesse. La magouille macronienne marche ainsi depuis 2017, cependant que la France s'effondre.
Eh bien patatras.
Trois jours plus tard, et pour la première fois la machinerie régimiste s'est trouvée enrayée. Une motion préalable de rejet était adoptée, à une courte majorité certes, 270 voix contre 265.
Mis en minorité Darmanin ose déclarer qu'en désavouant son projet "on a joué contre la France et qu'on a perdu du temps pour protéger les Français". Piètre commentaire, attitude de mauvais perdant, de la part de ce personnage coutumier de la boursoufflure.
Point décisif : LR et le RN ont uni leurs voix. Pour la première fois depuis quelque 25 ans, depuis la crise des élections régionales de 1998, les droites convergent concrètement dans la volonté de durcir la politique migratoire. Grâce au texte du Sénat, un plateforme commune concrète a vu le jour, au-delà des manifestations d'une exaspération et d'une inquiétude largement partagées dans l'opinion réelle du pays.
En a-t-on fini avec cette "droite la plus suicidaire du monde", pour reprendre le titre de ma brochure d'alors (que l'on peut encore commander pour 10 euros franco de port, publicité de bon goût pour les Editions du Trident) ?
Ce ne serait pas trop tôt, mais ne chantons pas victoire encore.
Restera par exemple une autre question, que ne tranchent toujours pas les droites, celle du travail immigré clandestin. Rebaptisé pudiquement métiers en tension, ce qui ne veut rien dire dans un pays comptant entre 5 et 6 millions de chômeurs, on ne sait plus, il est clairement protégé par certaines fédérations patronales.
Reste aussi au-delà des textes de lois eux-mêmes, une fois passées les barrières illégitimes de conventions internationales périmées, de la justice gauchisante franco-française, le problème de leur application et celui de l'exécution de certaines décisions de pure apparence comme les prétendues obligations de quitter le territoire.
L'ensemble de la situation française traduit enfin l'échec de la formule "en même temps", par laquelle on feint de pouvoir gouverner notre pays en jouant tantôt sur une forme de démagogie droitière, tantôt symétriquement par des concessions au système immigrationniste.
La gauche elle aussi, de Mathilde Panot au parti communiste, se félicite de ce rejet, et se frotte les mains en pensant qu'il n'y aura tout simplement pas de loi nouvelle.
L'Huma imprime ainsi : "C’est la première fois qu’une telle motion est adoptée depuis que le dispositif existe, depuis 2019. (...) La loi a fait les frais d’une alliance de circonstances pour des raisons diverses et parfois opposées, la gauche dénonçant un texte xénophobe et inhumain, faisant l’amalgame entre immigration et criminalité, etc."
La coalition présidentielle minoritaire plaide toujours pour un "texte équilibré".
La droite paraît sans doute en position de force et cherche à isoler politiquement son transfuge Darmanin, dont Ciotti faisait remarquer ce 12 décembre sur Europe N°1 : "cet été, il voulait être président de la République et à l'automne, il voulait remplacer la première ministre" (...) "Comment discuter avec quelqu’un qui nous insulte en permanence ? Je suis ouvert à la discussion sur la suite de ce texte, mais je le ferai avec la Première ministre." Le même Eric Ciotti estime sur le fond, à juste titre, que le projet de loi "lançait un message de pseudo-fermeté, mais [que] c’était un texte qui allait vers plus de régularisation pour l’immigration clandestine, ce qui était insupportable".
Ayant repoussé l'offre de démission du ministre de l'Intérieur, le chef de l'État, quant à lui, a réuni son gouvernement. Il a donc choisi, pensant sortir de l'impasse, la voie feutrée, risquée, procédurière, d'une Commission paritaire, qui sera composée de 7 sénateurs et de 7 députés.
À la vérité, et nous y reviendrons d'ici là, ce sont les élections européennes qui trancheront. Elles ne pourront être esquivées par le pouvoir parisien, et verront dans la plupart de nos 27 pays, la question migratoire au cœur du débat. Les partis favorables à des politiques plus restrictives ont, sur ce terrain, le vent en poupe dans les sondages comme dans les scrutins récents.
Emmanuel Macron a donc eu grand tort de repousser la proposition d'un référendum : elle se concrétisera sans lui, et contre lui, par un vote sanction en juin 2024.
JG Malliarakis
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Le pire n'est jamais certain.
Certes, nous avions la droite la plus bête du monde, elle qui refusait depuis Mitterrand une alliance des droites.
Mais par chance nous avons aussi la gauche la plus incohérente du monde, elle qui se félicite de son auto-destruction.
Certes, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Mais le diable porte pierre.
Finalement, merci au wokisme.
Certes, il sera pénible de redresser notre France.
Mais par chance les peuples européens sont mûrs pour gifler la Commission européenne.
Gardons espoir.
Rédigé par : Alain Charoy | mardi 12 déc 2023 à 17:42
Excellent papier .... comme d'habitude.
Amitiés
Françoise Monestier
Rédigé par : Monestier | mardi 12 déc 2023 à 17:51
Un des problèmes fondamentaux de l'immigration en Europe est que depuis plusieurs décennies elle n'est plus le fait de pays voisins comme l' Italie ou l' Espagne partageant notre culture, notre civilisation, fréquentaient les mêmes lieux de cultes d'où des échanges de traditions et de cultures fructueux à l'image, par exemple, de la cuisine italienne aujourd'hui incontournable dans l'hexagone. Aujourd'hui l'immigration est issue de cultures totalement différentes, aux traditions souvent incompatibles avec les nôtres dans de nombreux domaines, de pays qui sont loin d'avoir atteint le Siècle des lumières. De plus en son sein figure l'islamisme, religion qui se veut destructrice de celles des "mécréants" et qui trouve depuis vingt ans environ un écho grandissant, spécialement chez les jeunes en déshérence.
Le problème de l'immigration devient parti lié avec une lutte implacable contre l'islamisme.
Rédigé par : Laurent Worms | mardi 12 déc 2023 à 19:26
Le carcan qui nous entrave est particulièrement solide.
La charte des droits fondamentaux de l'UE, qui a la même valeur juridique que les traités depuis la ratification du traité de Lisbonne, dispose, dans son préambule, que la Charte réaffirme les droits qui résultent notamment .... de la Convention européenne des droits de l'homme ainsi que de la jurisprudence de la CJUE et de la CEDH. Elle énumère aussi un certain nombre de droits et libertés dont le droit au respect de la vie privée et familiale, déjà invoqué en 1978 par le Conseil d'Etat, sur le fondement de la Déclaration de 1789
, pour annuler le décret restreignant le droit au regroupement familial.
Or si une loi référendaire sur l'immigration ne peut être contrôlée par le Conseil constitutionnel, sa valeur juridique est inférieure à celle du traité.
Petite réponse
Merci de ce commentaire utile, dont je prends connaissance au moment de poster ma nouvelle chronique...
Rédigé par : rené grouman | jeudi 14 déc 2023 à 16:21
Tentative de meurtre dans un établissement scolaire:
https://www.sudinfo.be/id763781/article/2023-12-21/le-gouter-de-noel-tourne-au-drame-dans-une-classe-de-3e-une-enseignante
On ne me fera pas croire qu'un élève de 3e ignore les effets possiblement mortels dus à l'ingestion d'un détergent.
Cette éternelle "culture de l'excuse" notamment lorsque cela concerne des criminels mineurs doit disparaitre si nous voulons vivre en sécurité.
Rédigé par : RR | jeudi 21 déc 2023 à 11:53