On ne peut pas, on ne devrait pas, enregistrer sans réagir les campagnes antipolicières qui aggravent chaque jour un peu plus la réalité de l'insécurité qui monte dans le pays. La neutralité, entre l'ordre et le désordre, entre le bien et le mal, la fausse objectivité, ça suffit.
Au lendemain d'une intervention télévisée présidentielle sur le mode chèvre-chou, il est donc nécessaire d'oser défendre les forces de l'ordre. Associé au pouvoir sous le quinquennat Hollande et président lui-même depuis 6 ans, Macron nous a certes tous habitués à ses annonces sans lendemain et sans colonne vertébrale. Ce 24 juillet, une fois encore, outre un numéro d'une autosatisfaction dont il ne détient pas le monopole mais dont il garde le record, il est revenu à sa marque de fabrique du "en même temps".
Il se réclame ainsi de "l'ordre, l'ordre, l'ordre" sans hélas oser soutenir clairement les serviteurs de l'État sans lesquels il ne saurait être maintenu. Contradiction absolue.
Dans son entretien au "Parisien libéré", publié la veille 23 juillet, le directeur général de la Police nationale Frédéric Veaux avait affirmé un point qui paraît essentiel : "De façon générale, je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail". S'il y a faute il doit y avoir sanction, personne ne saurait le contester : c'est le rôle de l'autorité judiciaire de l'établir et d'en juger.
La revendication ponctuelle dont Frédéric Veaux se fait le porte-parole s'appelle l'habeas corpus. Cette règle de la non-détention en l'absence d'un jugement est applicable en Angleterre à tout un chacun. Il semble bien que ce serait le moindre soutien auquel devraient avoir droit les forces de l'ordre. On rappelle en effet qu'il s'agit des catégories de professionnels les plus contrôlées de notre pays et que les dirigeants de l'État les envoient au casse-pipe face à des voyous souvent lourdement armés et qui bénéficient, eux, de trop d'indulgence.
Il est donc heureux que le directeur général de la police nationale, soutenu en cela par le préfet de police M. Nuñez, n'a pas laissé aux syndicats le monopole de la protestation : c'est bien la Police en tant que corps constitué, et pas seulement tel ou tel syndicat, qui, étant attaquée, fait comprendre que trop c'est trop, laissant la gauche hurler, car si les chiens aboient la caravane passe. Si des policiers ont commis une faute ce sera à la justice d'en juger, mais non à Mediapart ou au syndicat de la Magistrature, et ils doivent pouvoir comparaître en prévenus libres : la détention préventive, aujourd'hui appelée "provisoire", ne se justifie : qu'à titre exceptionnel ; qu'en raison des nécessités de l'instruction ou à titre de mesure de sûreté ; et lorsque les obligations du contrôle judiciaire ou de l'assignation à résidence avec surveillance électronique sont considérées comme insuffisantes par la justice. Or, non, les fonctionnaires de la BAC n'avaient pas vocation à s'enfuir au Paraguay ou en Afrique du nord...
Faute de quoi, et nous y sommes, on entre dans la rubrique journalistique inacceptable, dans la rhétorique aussi insupportable que mensongère, des prétendues "violences policières" mises sur un pied d'égalité avec les réelles violations de la Loi auxquelles les forces de l'ordre ne font que répondre de façon légitime, dans une situation dont tout le monde en France, et à l'Étranger, a pu mesurer la gravité. Cela s'appelle le monopole de la violence légitime.
Que faut-il faire en effet quand des voyous entreprennent de brûler des voitures par centaines ? Leur faire comprendre qu'ils ne sont vraiment pas gentils ? Les menacer en cas de récidive d'être privés de dessert ?
Il existe un Code pénal qui sanctionne les incendies volontaires, Article 322-6, version en vigueur depuis le 10 mars 2004 : "La destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui par l'effet d'une substance explosive, d'un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes est punie de dix ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende." On peut d'ailleurs regretter que les règles françaises actuelles n'en attribuent pas la compétence aux cours criminelles ou mieux encore aux cours d'assises, composées de jurés populaires : on verrait alors ce qu'en pense le peuple français, au nom duquel les jugements sont rendus.
Le ministère de l'Intérieur a en effet pu recenser dans la semaine qui a suivi le 27 juin, la bagatelle de 2 508 bâtiments publics et privés incendiés ou dégradés, parmi lesquels 273 appartiennent aux forces de l’ordre nationales, à la gendarmerie ou à la police municipale ; des milliers de contenus illicites ont dû être retirés des réseaux sociaux ; 900 kg de mortiers d’artifice saisis en Ile-de-France, 492 kg d’engins pyrotechniques non déclarés ont été confisqués dans un magasin d’artifice d’Aubervilliers ; on a compté 23 878 feux de voies publiques, dont des feux de poubelles ; 12 031 incendies de véhicules ; 105 incendies ou dégradations de mairies ; 168 attaques d’écoles ; 17 atteintes aux élus. (Chiffrages repris par le direct du "Monde" en date du 5 juillet)
Doit-on s'étonner ou s'indigner si au milieu de cet embrasement, des policiers de Marseille s'en sont pris à tel ou tel émeutier, si tous ces affrontements dont pu donner lieu à une dizaine de saisies de l'IGPN ou si des militaires de Lorient ont jugé bon de prêtre main-forte aux forces de l'ordre ? Il me semble encore permis de poser la question n'en déplaise à M. Mélenchon, et probablement aussi à Mme Borne.
Doit-on être dupe de la manière dont le calme est revenu ? Macron dans son entretien télévisé, confectionné depuis Nouméa, se félicite de la durée des émeutes, qu'il juge modérée. Peut-on continuer ainsi à faire semblant d'ignorer le rôle du trafic de drogue et des grands frères, consolidés dans le marquage de leurs territoires, perdus PAR la république ?
JG Malliarakis
Pour recevoir les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
[email protected]
Non, personne ne doit être au-dessus de la loi. Si la détention préventive est décidée par le juge, c'est qu'il y a une raison valable. Ce n'est pas parce que l'on porte un uniforme que l'on peut tout se permettre. On a vu les abus contre les Gilets jaunes. Disposer du monopole de la violence légitime ne signifie pas avoir le droit de taper sur quelqu'un sans raison valable.
Il est évident que beaucoup de policiers nationaux se croient tout permis, c'est beaucoup moins le cas pour les gendarmes qui généralement ont une conduite irréprochable.
"Il existe un Code pénal qui sanctionne les incendies volontaires, Article 322-6, version en vigueur depuis le 10 mars 2004 : "La destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui par l'effet d'une substance explosive, d'un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes est punie de dix ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende.""
Appliquons déjà cette loi existante sur les personnes interpellées en flagrant délit et ça stoppera certainement beaucoup de vocations.
Rédigé par : RR | mardi 25 juil 2023 à 01:47
Une fois de plus le courageux anonyme qui signe RR n'a pas lu le texte qu'il commente : la loi est la même pour tout le monde, du moins sur le papier et JGM ne le conteste pas.
La "préventive" devenue "détention provisoire" est une disposition particulière à la France, contraire à l'habeas corpus anglo-saxon et ne doit s'appliquer que dans des cas précis qui ne correspondent pas à celui des policiers "mis en examen". On les détient, dans la situation de Marseille, une fois encore pour "faire un exemple"... un exemple de collusion discrète entre le pouvoir d'État et celui des petits malfrats qui quadrillent les cités. C'est manifestement la conclusion pertinente de cette chronique d'humeur. Je crains que l'on ne mesure pas à Paris la crise policière dans tout l'Hexagone, et le discrédit de la France en Europe.
Rédigé par : Emile Koch | mardi 25 juil 2023 à 07:14
Il me semble que l'incarcération des policiers est une mesure démagogique et sans efficacité pour tenter de calmer les émeutiers pillards.Tout semble indiquer que les récentes violences ont pris fins sur les consignes des caïds de la drogue qui voyaient d'un mauvais œil une présence policière prolongée dans les quartiers qu'ils contrôlent: "business is business". On voit donc qui fait la loi!.
Rédigé par : Laurent Worms | mardi 25 juil 2023 à 08:34
Et si l'Etat était tourné d'abord contre les citoyens "de souche" ? Vilaine pensée, mais pas absurde au vu de qui nous gouverne et de qui nous dirige.
Le quadrillage du "territoire" par la ventilation des allogènes (cette "armée de réserve du Capital") fait plutôt penser à une nouvelle occupation.
Rédigé par : Reynier | mardi 25 juil 2023 à 15:55
@ Emile Koch
Pour information si je signe RR sur ce forum, Jean-Gilles Malliarakis connait mon nom complet et même mon visage et ce depuis le début des années 80.
"La "préventive" devenue "détention provisoire" est une disposition particulière à la France, contraire à l'habeas corpus anglo-saxon et ne doit s'appliquer que dans des cas précis qui ne correspondent pas à celui des policiers "mis en examen"."
Je doute que vous ayez connaissance en précision du contenu du dossier étant donné que seuls le juge, l'avocat de l'accusé et bien sûr l'accusé lui-même l'ont. Par conséquent ce que vous affirmez, c'est votre opinion et rien d'autre.
Je vous rappelle enfin que nous ne sommes pas ici sur un forum mais sur un site où l'auteur des éditoriaux accepte les commentaires les concernant. Par conséquent ceux qui donnent leur opinion n'ont pas à être discourtois avec les autres quand bien même ils sont d'un avis différent.
Rédigé par : RR | mardi 25 juil 2023 à 17:13
@ Reynier
"Et si l'Etat était tourné d'abord contre les citoyens "de souche" ? Vilaine pensée, mais pas absurde au vu de qui nous gouverne et de qui nous dirige."
On pourrait évoquer la répression des Gilets jaunes; combien de blessés et par qui ?
Rédigé par : RR | mardi 25 juil 2023 à 17:20