Les racines des campagnes "Black Lives Matters" aux États-Unis ou "justice pour Naël" en France sont tout sauf nouvelles. Leurs soutiens internationaux, de l'ONU à la Turquie en passant par Alger, ne doivent pas nous surprendre. On ne doit pas confondre à cet égard les violences des émeutes elles-mêmes, essentiellement destinées à des contrôles de territoires et de points de trafic de drogue, d'une part, et l'amplification névrotique de leur impact(1)⇓
L'anticolonialisme germanopratin de la guerre d'Algérie ou l'antiracisme nord-américain sont devenus historiquement des composantes de la bien-pensance, au même titre que bien d'autres récits mémoriels falsificateurs. Toutes ces vagues idéologiques, beaucoup plus puissantes que les mouvements de racaille proprement dits, contribuent puissamment à détruire les pays occidentaux en désarmant psychologiquement leurs fragiles couches dirigeantes.
En 1920, au congrès de Bakou, organisé par le Komintern, il fut posé comme une évidence stratégique que les disciples de Lénine devaient s'adjoindre les forces du "nationalisme musulman", quitte à s'allier aux pires des obscurantismes. Votre chroniqueur s'étant efforcé, à l'époque du centenaire de ce "premier congrès des peuples de l'orient", de mettre en lumière cette cynique alliance entre "La Faucille et le Croissant", il en observe, sans plaisir mais sans surprise, la mise en œuvre et les développements actuelle.(2)⇓
En 1955, à la conférence de Bandoeng cette conjonction prit la forme du "tiers-mondisme". Ce nouveau bloc antioccidental permit pour la première fois à la Chine communiste de s'affirmer comme puissance mondiale. Ce fut alors la réussite de Zhou En Lai, ministre des Affaires étrangères de Mao Tsé-toung. Il était épaulé à l'époque par le président indonésien Soekarno, hôte de la conférence et dont la formule politique se réclamait du "na-sa-kom" : alliance du nationalisme, de l'islamisme et du communisme. En 1967, après 22 ans de dictature, son régime fut balayé. Celui des communistes à Pékin a survécu.
Or, il est devenu aujourd'hui non seulement le continuateur d'un stalinisme réaffirmé depuis 2012 par Xi Jinping, mais également la principale puissance financière mondiale, créancière de quelque 165 États. Tirant lui-même sa force de l'exploitation quasi esclavagiste sans frein d'une main-d’œuvre privée de tous droits sociaux, cette hyperpuissance n'hésite pas à attiser les tensions de nos sociétés libres.
Toute sa propagande repose sur le mensonge, et d'abord sur celui consistant à accuser les Occidentaux d'être responsables de l'abaissement historique et de la dégénérescence de la dynastie mandchoue au cours de XIXe siècle.
Retenons ici quelques grandes lignes véridiques qui contredisent totalement le discours culpabilisateur mensonger de "l'humiliation de la Chine" par les puissances étrangères.
Dans ses "Mémoires", un livre de souvenirs, pieusement recueillis par Agnès Snewdley, publié en 1969 en France [par notre Imprimerie Nationale !] sous le titre "La Longue marche", le maréchal Chu Teh reconnaît [page 101] que "les Qing étaient faibles, totalement impuissants et tyranniques envers le peuple" alors même que : "à partir de 1900, il [le plan pacifique d'Alfred Hippisley] fut considéré comme la base même de la politique américaine et comme le moyen de maintenir l'intégrité territoriale de la Chine". Ce ne sont pas, à la vérité, les méchants "diables étrangers"mais les dirigeants du pays qui portent la responsabilité de son humiliation.
Contre cette dynastie certes étrangère, rétrograde et finissante diverses insurrections s’étaient vainement dressées, dès la fin XVIIIe siècle, au sortir du règne glorieux mais trop long de Qianlong (1711-1799) notamment dans les provinces "hakka" du sud-ouest. Advient plus tard de 1851 à 1864, la révolte des Taïping : cette secte messianique prétendait instituer une Grande paix céleste. Cela engendra sans doute entre 25 et 30 millions de morts. Du fait des diverses révoltes de l'époque, la population de la Chine serait passée d'un total de 410 millions d'habitants en 1851, au début de la révolte des Taiping, à 350 millions seulement en 1873. Pour finir, ce furent 47 ans, de 1864 à 1911, de régence rétrograde de l'ex-concubine Impératrice douairière Cixi qui achevèrent de ruiner l'Empire du milieu.
C'est en particulier au lendemain de la défaite de l'Empire mandchou face au Japon en 1895, que le rejet de réformes pourtant nécessaires, triompha à la cour de Pékin... sans que les Occidentaux y fussent pour quoi que ce soit. En 1898, un court moment de sursaut réformateur conduisit le jeune empereur Guangxu à s'inspirer du modèle adopté par le Japon depuis 1868 : après avoir inspiré 130 réformes en 103 jours, son inspirateur Kang Youwei parvint à se réfugier au Japon, alors que ses six principaux collaborateurs furent massacrés.
Non l'Occident n'est aucunement responsable de cette longue décadence. Et si l'Union soviétique stalinienne a introduit dans ce malheureux pays, à partir de 1921, les formules liberticides et destructrices du marxisme-léninisme, continuées par Mao Tsé-toung qui s'empara du pouvoir en 1949 et s'y accrocha jusqu'en 1976, les pays occidentaux ne peuvent être accusés que d'une chose : celle de ne pas l'avoir assez combattu.
La victimisation du tiers-monde ne repose que sur des mythes : ceux qui les propagent doivent cesser de mentir.
JG Malliarakis
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Apostilles
- On lira à ce sujet le remarquable article du criminologue Xavier Raufer publié le 10 juillet dans Atlantico "Armes, insurrections, bandes criminelles : mythes, fantasmes et mensonges post-émeutes" qu'on peut découvrir sur le site "Je suis français".⇑
- cf. "La Faucille et le Croissant" par JG Malliarakis, disponible sur le site des Editions du Trident⇑
Bravo pour ces éclaircissements.Décidément la désinformation et le mensonge sont omniprésents.Heureusement certains savent que la Vérité n'est pas un vain mot.
Rédigé par : Vincent Tanazacq | mercredi 12 juil 2023 à 22:39
excellent papier Jean Gilles.
Un plaisir de te lire
Amities
Françoise
Rédigé par : Françoise MONESTIER | jeudi 13 juil 2023 à 06:33
Vous avez raison de dire que la décadence de la dynastie Qing était la première cause du déclin de la Chine au XIXe siècle. C'est vrai aussi que la dynastie mandchoue, ressentie comme étrangère, était haïe par les Hans, spécialement à cause du fait que cette dynastie imposait aux Chinois ethniques le port d'une natte en signe de soumission. C'est vrai aussi que la douairière Tseuxi était une femme primitive, rétrograde, obtuse, qui a commis des erreurs très graves comme de faire torturer des diplomates britanniques et français. Elle avait cette circonstance atténuante pour ces fautes, qu'elle n'avait pas d'éducation et qu'au point de décadence où en était son empire, elle n'avait quasiment pas d'autres moyens d'action à sa disposition. Mais de là à affirmer que les Chinois, si fiers de se considérer depuis toujours comme le centre du monde, une énorme puissance qui n'avait jamais eu besoin d'alliés et auquel tous les états étrangers devaient payer tribut, n'ont pas ressenti comme une humiliation insupportable et une honte à laver à tout prix, les traités inégaux, le sac du palais d'été, dont tous les trésors ont été pillés (plus d'un million d'objets d'art volés, les belles pièces prises par les étrangers, le reste pillé par les locaux, comme si on vidait le musée du Louvre de tout son contenu), la guerre de l'opium, la lacération du territoire en lambeaux, pour créer des concessions à Schanghai, Tsingdao et Hong Kong dont la souveraineté dût être cédée aux étrangers, l'écrasement des boxers, une tentative désespérée de résister aux étrangers qui se partageaient le pays, etc. Je ne peux pas comprendre comment vous pouvez ignorer la réalité d'un traumatisme national qui n'a rien à voir avec de la propagande communiste, même si, bien entendu, le parti communiste, qui est aussi nationaliste, ne s'est pas privé de jouer cette carte du ressentiment dans sa propagande. Bien sûr que cela reste comne une douleur cuisante, une humiliation et une honte tout à la fois, dans la chair de tout Chinois et toute Chinoise, du peuple comme de l'élite. Bien sûr que cela cela motive la politique de puissance actuelle, et une certaine volonté de revanche, indéniable. C'est une réalité que tout diplomate ou responsable de politique étrangère doit prendre en considération dans son attitude envers la Chine. Comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs ? Il suffit de se remémorer à quel point la défaite de 1870 et la perte de l'Alsace et de la Lorraine ont été ressentis comme des humiliations pour la France.
Rédigé par : Helveticus, ami de la Chine | samedi 15 juil 2023 à 00:54
Je ne voudrais pas que mon commentaire soit interprèteé comme un rejet de beaucoup de choses très justes que vous dites dans cet article, très érudit comme toujours.
Nous pourrions peut-etre tomber d'accord en disant que le sentiment - très réel - d'humiliation et de honte que les Chinois ont ressenti au XIXe siècle était dû autant à la décadence de l'état impérial qu'à la manière brutale, sans scrupules, désinvolte, arrogante, rapace et avide avec laquelle les puissances européennes ont exploité cette faiblesse.
P. S. Je dois faire un rectificatif car ma femme m'a fait une scène de ménage après que je lui aie lu mon commentaire où je disais que l'impératrice Tseuxi n'avait pas d'éducation. Elle s'est fâchée tout rouge et m'a fait remarquer qu'au contraire Tseuxi avait une éducation (chinoise) très soignée, ce qui se voit dans la qualité exceptionnelle de sa calligraphie. Dont acte.
Rédigé par : Helveticus | samedi 15 juil 2023 à 01:14
Enfin, vous avez raison de dire que la diplomatie chinoise exploite le ressentiment anti-colonialiste, anti-occidental qui existe dans le tiers monde. Ceci dit, n'est-ce pas de bonne guerre et de bonne politique, de leur point de vue? D'autre part, la France, l'Angleterre, l'occident en général n'ont ils pas laissé des raisons au ressentiment qui existe contre eux dans leurs anciennes colonies ? Ce qui permet aux Chinois et aux Russes de prendre leur place. Certes les Français ont construit des routes, des ponts, des dispensaires. Mais c'étaient tout de nene des occupants. Aucun peuple ne souffre avec plaisir une occupation étrangère fûsse-t-elle bénéfique. La France de Jules Ferry à violé la dignité de peuples qui avaient leurs cultures, au nom des idées des Lumières. C'était arrogant. La mème arrogance progressiste se retrouve dans les leçons de morale de Macron en Afrique. Les Africains en ont soupé. C'est donc la faute des nmuvais dirigeants français, comme Macron, si les Africains sont fâchés avec la France, un pays qu'au fond ils respectent.
Rédigé par : Helveticus | samedi 15 juil 2023 à 01:30
Au XVIIIe siècle les Lumières européennes ("joséphines" en Autriche) étaient pragmatiques. En France, elles étaient, et demeurent, messianiques.
Rédigé par : Jegou | mercredi 19 juil 2023 à 19:47