Au terme de l'interminable et chaotique bataille autour de sa pseudo-réforme des retraites, le chef de l'État a enfourché un nouveau cheval. Il nous parle désormais de la réindustrialisation de l'Hexagone.
Depuis 2017, la Macronie s'est illustrée par une propension inégalée jusqu'ici à la communication creuse. On prétend même à ce sujet que les langues tant ukrainienne que russe se sont ainsi enrichies du verbe "macronner". Tu macronnes veut dire : "je dis et je ne fais pas". On sait que Pasqua résumait déjà la doctrine gouvernementale par une formule, qui fit florès : "les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent". On connaît un peu moins le dicton russe "une parole à un moujik n'engage à rien". Quand on recensait naguère sur le site de l'Élysée le nombre de sujets que le président Chirac qualifiait de "priorités", on dépassait allègrement les 200… Le mot est passé de mode, la pratique s'est simplement renouvelée sous le règne du en même temps.
Tout cela aura puissamment contribué à dévaloriser, dans notre pays, ce qu'on appelle la "parole publique".
En mai le prêche de la nouvelle croisade, essentiellement verbale comme d'habitude, s'est donc engouffré dans le concept de réindustrialisation.
Or, on doit aussi considérer une autre dimension, intrinsèque à l'idéologie française et aux barrières par lesquelles l'engoncement administratif de notre technobureaucratie paralyse, en France, l'investissement industriel, le dynamisme entrepreneurial et par conséquent l'industrie tout court.
Non seulement on imagine une industrie sans industriels mais une législation et une réglementation redondantes, sectaires et destructrices s'emploient à persécuter l'activité des grands et petits chefs d'entreprise.
Il n'est que d'observer les [nombreuses] réussites françaises à l'Étranger pour comprendre le poids mortifères des obstacles hexagonaux. Même notre bon vieux secteur ferroviaire parvient à exporter ses technologies alors que la SNCF croule sous le poids de ses besoins en subventions.
À entendre le discours des macroniens, et notamment celui du ministre de l'Économie et des Finances, cet inégalable Bruno Le Maire que la Corée du Nord nous envie, le développement de l'activité serait par nature impulsé par l'État… alors que l'étatisme hexagonal a précisément pour effet de la bloquer.
L'absence de fonds de pensions français se traduit par une pénurie dramatique de ces capitaux privés sans lesquels, n'en déplaise à nos chers marxisants pseudo-économistes foisonnant au sein des cercles dirigeants, l'entreprise innovante ne peut pas prendre son essor.
À l'épargne, à son libre choix et à sa légitime rémunération, la France officielle persiste à préférer la redistribution et le fiscalisme.
Le taux de prélèvements obligatoires français est supérieur de 6,9 points à celui de la zone euro et de 7,6 points à celui de l'Allemagne. Ce taux de 47 % est calculé sans tenir compte ni du déficit des comptes publics, ni du recours à l'endettement.
Le site officiel Subventions.fr précise ainsi que "L'aide à la ré industrialisation finance entre 30 et 60 % des dépenses d'investissements éligibles". En février 2022 on cataloguait déjà 782 projets subventionnés.
Or, en dehors de la Française des Jeux, on n'a jamais vu l'État réussir dans la gestion de ses entreprises, ni même dans la vente de son patrimoine immobilier
On imagine aisément, ou plutôt : on peut constater quotidiennement, la perte de substance que ces interventions administratives, ces choix politiciens, ces gaspillages arbitraires entraînent, pour le malheur du pays… et, le plus souvent, pour le bonheur des concurrents et des acquéreurs étrangers.
JG Malliarakis
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"la Macronie"
Terme imposé par les politologues et journaleux du Système. On n'est pas obligé de l'employer.
"(...) une législation et une réglementation redondantes, sectaires et destructrices s'emploient à persécuter l'activité des grands et petits chefs d'entreprise."
Les petits surtout; les grands s'en sortent parfaitement et ne sont pas à plaindre.
Pour le reste, rien à redire: Tout est dit.
Rappel de lecture: "Pour une libération fiscale" (J.-G. Malliarakis). Disponible en commande sur ce blog.
Rédigé par : RR | lundi 19 juin 2023 à 02:23
Aux facteurs mentionnés ci dessus, il faut également ajouter que pour acheter la paix sociale, les grandes entreprises ont donné trop d'avantages sociaux aux syndicats puis les réformes de Mitterrand, dont la retraite à 60 ans suivies celle de Jospin avec ses 35h. Aujourd'hui la France a une main d'œuvre hors de prix et souvent sous qualifiée. À cela il faut également mentionner l'absence d'agressivité commerciale et la frilosité en terme de modernisation de nombreuses entreprises dès les années 70.
Rédigé par : Laurent Worms | lundi 19 juin 2023 à 09:26
"idéologie française". Oui. Et qui n'a pas commencé en 1789, mais bien avant.
Rédigé par : Jégou | lundi 19 juin 2023 à 22:59