Elle couvait depuis des mois. Elle a éclaté en Ariège, où se déroulait ce 2 avril le deuxième tour d'une élection partielle. La sanction est sans appel.
Il faudra sans doute quelque temps, et peut-être une ou deux confirmations de ces sondages à balles réelles que constituent les scrutins de ce type, pour enterrer vraiment l'alliance entre la gauche et l'extrême gauche, mais un avertissement indiscutable est inscrit dans le résultat des urnes.
Que s'est-il passé, dans ce département de la France profonde, où, déjà en 2022, a été élu, à Foix, un député socialiste dissident Laurent Panifous. Hostile à la coalition NUPES, celui-ci s'est vu contraint de siéger dans le petit groupe "LIOT" – Liberté, indépendants, outre-mer et territoires – parce que la direction du parti socialiste sous la conduite d'Olivier Faure s'aligne sur Mélenchon.
Le 26 mars, au premier tour, Bénédicte Taurine, la candidate La France insoumise étiquetée NUPES, députée sortante apparue en 2017 était certes arrivée en tête avec 31 % des voix. Elle était talonnée par Martine Froger, socialiste dissidente, avec 27 % des suffrages, mais aussi par Jean-Marc Garnier candidat du Rassemblement national qui recueillait 25 %. Mais la leçon sans doute la plus remarquable de cette journée électorale fut d'abord l'effondrement de la candidate macronienne étiquetée "Renaissance" (sic), laquelle avait perdu 9 points en 9 mois depuis les législatives de 2022, passant, en nombre absolu, de 6 200 voix à 2 300.
Apparemment l'interview présidentielle dans "Pif le chien", création du parti communiste, n'avait pas suffi à sauver sa popularité dans cette vieille terre de gauche. Vraiment, tout fout le camp.
En vue du tour suivant, les dirigeants du PS ont dès lors entrepris d'imposer à leur fidèle militante, une directrice d'association d'insertion âgée de 62 ans, une consigne de désistement. L'obéissance à celle-ci aurait conduit à un affrontement binaire NUPES-RN.
Or, ceci a été refusé par les opposants socialistes de la NUPES, et d'abord par le numéro deux du PS, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, qui n'a cessé d'affirmerune position soutenue par la présidente de la région Occitanie, Carole Delga pour qui "la candidature de Martine Froger était juste ; elle correspondait à nos valeurs", – point de vue de la députée, elle aussi PS, du Tarn voisin, Valérie Rabault, qui appelle à ce que la nouvelle élue soit accueillie au sein de son groupe.
Il fallait éviter un duel Nupes-RN. "Jamais les voix de Martine Froger ne se seraient reportées sur la candidate LFI" soulignait Nicolas Mayer-Rossignol.
Et c'est là le deuxième enseignement quant à l'évolution de l'opinion populaire de gauche vis-à-vis de la NUPES et surtout de Jean-Luc Mélenchon.
Le 11 mars, le premier secrétaire Olivier Faure avait cependant fait voter par le bureau national le soutien du Parti à la candidate LFI. Et le 21 mars, sur France Info, il faisait encore semblant de s’interroger sur "la candidature de Martine Froger l’otage de la majorité ?", manière jésuitique de l'en accuser.
L'examen détaillé des voix suggère au contraire que les voix de celle-ci au second tour, 11 800 au total, par rapport aux 5 700 du premier tour ne sont pas venues des macroniens, mais surtout de l'apport à 70 ou 80 % des 5 400 électeurs RN et des 600 zémmouriens, sans parler des abstentionnistes, premier parti de France. Cette hypothèse paraît arithmétiquement convaincante mais on la sait insupportable au politiquement correct. D'autant plus que la réserve de voix de Bénédicte Taurine se limite aux 400 voix Lutte ouvrière.
Certes on a assisté à l'autocongratulation gratuite de quelques représentants de la Macronie, tel Olivier Dussopt qui martelait le 19 février, sur Radio J, que les députés LFI au parlement avaient "donné la pire image d’eux-mêmes" – à juste titre, sans doute : mais qui écoute ce personnage en dehors des lecteurs de "Têtu" ?
En réalité, le rejet de La France insoumise, de son chef fondateur et, accessoirement, de son emblématique représentante locale, va bien au-delà. C'est devenu en fait une clef de l'explication du comportement des électeurs.
Les états-majors de la gauche l'ignorent de moins en moins. Avant même de connaître la décision que prendront la direction du parti socialiste, des radicaux de gauche et autres laïcards du grand orient en vue de la présidentielle de 2027, les écologistes font déjà pression pour présenter une liste distincte aux élections européennes de 2024.
Le chef de LFI, qui a encouragé ses troupes à pratiquer l’obstruction et l’agitation à l’Assemblée nationale, est ainsi parvenu à indisposer les syndicats
Si la gauche veut gagner en 2027, elle sait qu'elle doit prendre ses distances avec le camarade Mélenchon.
JG Malliarakis
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Il y a quand même de temps en temps des infos qui font du bien !
Rédigé par : Kindy Moconsent | mardi 04 avr 2023 à 01:28
Grand merci au camarade Mélanchon de dire ce qu'il faut pour faire exploser la gauche ; il est en passe de réussir. Encore un petit effort et nous verrons se désagréger la gauche la plus bête au monde. Le diable porte pierre.
De l'autre côté de l'échiquier, il suffirait que Marine et Éric s'entendent pour inverser la malédiction électorale qui plombe la France depuis tant de décennies. Les laïcards n'y pourraient rien.
Rédigé par : Alain Charoy | mardi 04 avr 2023 à 06:11
Sur l'évolution de l'électorat, les commentaires des lecteurs de La Dépêche vous donnent raison :
https://www.ladepeche.fr/2023/04/02/resultats-de-lelection-legislative-en-ariege-martine-froger-remporte-le-scrutin-avec-60-des-voix-contre-40-pour-benedicte-taurine-11107284.php
Cette Gauche divisée trouvera-t-elle pour 2027 un candidat d'union du calibre de François Mitterrand ?
Il faudra scruter alors qui fait les candidatures, et suivant quels clivages (déclarés ou souterrains).
Quand à Macron, qui le remplacera, et surtout quand?
Rédigé par : Jégou | mardi 04 avr 2023 à 14:51
En effet "la police tue" cela est dévastateur même à gauche. Mais regardons froidement les choses. 1/ qui a le lead dans cette affaire? C'est la gauche qui telle un caillou qui roule dans la rivière se reconstitue pour gagner.2/ qui ne dit rien, qui même soutient les syndicats marxistes dont les membres dans ce département et les avoisinants vont faire le plein d'essence et de cigarettes en Espagne sans vergogne alors que la retraite y est à 67 ans? une constellation de personnes dites ou soi-disant de droite qui si par hasard elles arrivaient au pouvoir plongeraient le pays dans une crise financière.
Moralité cette élection n'est pas favorable aux réformes en France mais simplement le signe que la gogoche Mayer Rossignol est en train de relayer le Macronisme.
Rédigé par : Guy-André Pelouze | mercredi 05 avr 2023 à 08:13
Pour que le PS soit au deuxième tour en 2027, encore faudrait-il qu'un candidat crédible soit trouvé. Pour le moment, plus facile de trouver une aiguille dans une meule de foin.
Rédigé par : Laurent Worms | mercredi 05 avr 2023 à 11:35