L'intervention télévisée du chef de l'État, ce 17 avril, ne dépare pas la série. Collection désormais interminable, la liste s'allonge de ces prestations essentiellement creuses. Or, Emmanuel Macron prétend encore faire perdre leur temps aux drogués du petit écran. Continuellement depuis 2017, l'audimat baisse. Tendance fâcheuse pour les régies publicitaires elle reflète la lassitude des citoyens. Par centaines de milliers, ils s'étaient engouffrés dans le prétendu "grand débat", ouvert en janvier 2019, supposé répondre à la crise des gilets jaunes de l'année 2018. On n'y reprendra plus les Français.
À partir de 1959 les formules pittoresques du roman de Raymond Queneau "Zazie dans le Métro" firent fureur pendant quelques années. Elles avaient pour cadre, déjà, une grève de 48 heures du métro parisien. Un peu démodées, ses phrases revenaient dans toutes les circonstances, quoique souvent éloignées de la bienséance et du bon goût.
L'une d'entre elles va "comme un gant bien fait à une main bien faite" au digne successeur de Giscard d'Estaing : "tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire".
Plus personne en effet ne s'intéresse au fond de son propos. Tout le monde sait qu'il dit et qu'il ne fait pas. Il "se donne cent jours", annonce-t-il. Voilà un bon calendrier qui le conduit, sans nul doute, au Bal des Pompiers du 14 juillet. Grand bien lui fasse, par conséquent, mais quand il se rendra à Bruxelles il faudra qu'il évite la morne plaine de Waterloo...
N'en déplaise à nos radioteurs hexagonaux et autres commentateurs agréés, il y a fort peu de chance qu'il convienne de focaliser non plus notre attention sur la journée du 14 avril. Le pouvoir lui-même souhaiterait, certes, que l'on retienne et que l'on entérine la décision chèvre-chou, on disait autrefois nègre-blanc, du Conseil constitutionnel parisien. Ce non-événement, parfaitement prévisible, était assuré par des non-juristes. Il visait seulement à légitimer une non-réforme, dans le seul but de complaire aux financiers.
On entendait rassurer les prêteurs internationaux auprès desquels Bercy va placer de nouveaux emprunts. Telle aura été la seule fonction de la dernière séquence. L'État central parisien va donc encore pouvoir, pour quelque temps encore, faire du "social" et du "subventionnaire" à crédit et feindre, en même temps, de payer les échéances et les intérêts de ses vieilles dettes.
À leur manière les réponses de gauche et les agitations d'extrême gauche s'efforçant de condamner, de façon absurde le "mépris" dont les technocrates traitent l'opinion populaire rendent une forme de service paradoxal à la Macronie
Dans son éditorial de Causeur en date de ce 18 avril, Elisabeth Lévy parle d'une infantilisation généralisée. "On s’en fiche,écrit-elle, que le président nous aime ou nous considère ! La seule chose qui compte – et qui personnellement m’inquiète d’ailleurs – c’est son projet pour la France. Chirac nous aimait, il était éminemment sympathique, et pourtant il n’a rien fait."Elle n'a hélas pas tort. Que dire dès lors de la campagne d'Attac de concerts de casseroles dans plus de 300 villes, réitérant à leur manière dérisoire, un rituel de la tragédie algérienne ?
Sur le fond de la politique macronienne, c'est bien son incapacité à agir, et à se coordonner sérieusement, avec les autres nations et les autres dirigeants européens qui doit nous préoccuper.
Accompagne-t-il ou est-il accompagné de la présidente de la Commission européenne quand il se rend à Pékin. La question reste entière si la réponse importe peu.
Toujours est-il qu'il est parvenu, grâce à ses déclarations désinvoltes :
1° tout en contredisant la seule fermeté à laquelle Xi Jinping soit sensible, celle qui menace ses exportations dans les 27 pays constituant, pour lui, un marché essentiel et la source de sa puissance financière mondiale ;
2° à froisser inutilement le partenaire américain aux côtés duquel paraît-il Paris est engagé dans le soutien aux combattants ukrainiens de la liberté ;
3° à ne rien obtenir de la Chine communiste dont le ministre de la Défense Li Shangfu, en visite à Moscou, affichait ce 18 avril sa "détermination"à renforcer la coopération avec l'armée russe ;
4° à renforcer, enfin, les Européens dans la déploration de la dérision parisienne.
Tout ça d'un seul coup. Quel exploit !
JG Malliarakis
Pour recevoir les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
[email protected]
Triste président marketing. Le coup du 14 juillet, est un pétard mouillé. Et ces 100 jours me font penser a ceux de Napoléon. Que peut il promettre à la teted'un pays suendetté: que les phrases creuses rabachées depuis des lustres.Par exemple quel président aurait il pas promis depuis cinquante ans qu'il va s'attaquer à l'insécurité ? On peut tous les citer.
.
Rédigé par : Laurent worms | mercredi 19 avr 2023 à 06:42
Nous pensions qu'avec Hollande nous avions touché le fond du trou mais nous nous trompions! Depuis de Gaulle, pourtant parfois blâmable, chaque Président de la République française fut pire que le précédent, tant en politique qu'en comportement personnel.
Jusqu'où irons-nous ?
Rédigé par : Alain Charoy | mercredi 19 avr 2023 à 07:08
Croyez-vous vraiment que les marchés financiers seront rassurés par cette réformette ? Je ne vois pas en quoi elle rendra la France plus solvable.
Petite réponse : Je ne "crois" pas, je ne sais pas si les marchés financiers (qui se trompent plus souvent qu'ils ne le disent : souvenez-vous du Brexit...) seront rassurés. Je dis simplement qu'elle a été conçue, après l'échec de la première tentative, pour les rassurer.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 20 avr 2023 à 00:44
Répéter aussi : "C'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule", mantra simple et agissant qu'on devrait enseigner conjointement aux plus distingués "Faites semblant de croire et vous croirez" et bien sûr "... C'est même à ça qu'on les reconnaît".
Qui dira le charme envoûtant d'un beau discours télévisé ?
J'en parlais justement l'autre jour avec Victor Hugo, à propos de Waterloo.
Comme moi, il préfère Pierre Dac.
Rédigé par : reynier | vendredi 21 avr 2023 à 00:36
Il me semble que ce pauvre garçon va perdre sur tous les tableaux:
a) Vous avez raison: c'est certain qu'il voulait cette réformette pour que les bailleurs de fonds continuent à prêter ; mais
b) les bailleurs de fonds ne sont pas idiots. Ils savent faire leurs calculs et voient bien que pour le budget de l'état il n'y a aucune différence même avec cette réformette. C'est kif kif. Donc, vont-ils continuer à prêter? pas sûr.
Et comme en plus Macron a vraiment causé un rejet total, non pas tant de cette réforme mais de sa personne (son mode de vie, son arrogance, son autisme, sa négation de la culture française, sa vision du monde progressiste libérale woke).
La France est partie pour un mai 68 numéro à l'envers, c'est à dire anti libéral.
Ca va briser les reins à l'èconomie française qui n'avait pas besoin de ça.
En plus, en étant co-belligérant dans une guerre contre la Russie contraire à l'intérêt national, le pouvoir français, esclave de l'OTAN et sans souverainté, a choisi de mettre à genoux son économie, car le but de guerre de l'hégémon, qui a échoué à battre économiquement la Russie, est de détruire au moins les économies européennes en faisant durer la guerre. Et les états esclaves comme la France ont accepté ce suicide exigé par leur maître.
C'est déjà la misère pour 8 millions de pauvres, il n'y a plus aucune perspective ni aucune chance de redressement. Les gens sont dans le désespoir. Ils n'ont plus rien à perdre. Les entreprises doivent fermer faute de gaz, à cause du sabotage de North-Stream sur ordre de l'OTAN. Les finances sont au bout du rouleau à cause du quoi qu'il en coûte. Bref l'impasse. Personnellement je vois un soulèvement populaire massif et même violent, qui cette fois va tout emporter.
Je vois arriver la réalisation de la prophétie de Pie XII. Je pensais que ça serait déjà le cas au moment des gilets jaunes, mais Macron a fait tirer sur le peuple. Ca s'est calmé, mais cette fois est la bonne. Il peut numéroter ses abattis. Il devra encore faire tirer sur le peuple, il le fera, mais cette fois le peuple ne se calmera pas. Ca va juste déchaïner la violence jusqu'au moment ou Macron se sauvera en hélicoptère.
"Après une période de dix années de prospérité et de prestige retrouvés, la France, que nous aimons paternellement, retournera à ses jeux politiques favoris, à ses obsessions destructrices. Une succession de gouvernements faibles, laxistes, démagogues, laisseront se désagréger le sentiment national et les valeurs élémentaires. Une réaction brutale des forces vives et populaires du pays mettra fin à cette déliquescence voulue par certains, tolérée par d'autres. Pour ne pas sombrer la France changera de régime sans douceur." Les prophéties du pape Pie XII, Paris, Trédaniel, 1988
Pie XII a bien dit changement de régime, pas de gouvernement. Ce sont des évènements révolutionnaires qui viennent.
Reste à savoir qui sera capable de saisir le pouvoir quand il sera dans le caniveau. En France, c'est déjà de facto l'armée qui tient la machine. Que va-t-elle faire?
Malheureusement je ne vois pas de Monk, ni de Jeanne d'Arc qui pourrait sauver la patrie. Mais il y a quelqu'un qui doit se frotter les mains, c'est Poutine. En voyant un pays de l'OTAN mis hors jeu.
Le plan en Ukraine était de provoquer un soulèvement populaire en Russie pour chasser Poutine. Ca va être l'effet inverse avec un soulèvement anti Macron et la chute du domino français dans le système atlantiste.
Bravo Macron, c'est du beau travail.
Rédigé par : Helveticus | vendredi 21 avr 2023 à 18:56
Les avertissements du pape Pie XII sont à ranger dans le tiroir des généralités creuses par lesquelles les institutions en déclin veulent faire croire à leur infaillibilité.
Les Français ne se soulèveront (si l'on admet qu'ils en sont capables) que pour retomber dans leurs habitudes invétérées. Oui, la chute va continuer.
Quant au plan de Poutine, il est marqué lui aussi du sceau du génie : entretenir, quoi qu'il en coûte, par des biais néo-staliniens une société brejnévienne amorphe, il fallait oser.
Il n'y a personne.
Rédigé par : Reynier | samedi 22 avr 2023 à 13:34
Je suis quelque peu surpris de lire ici ou là des choses étonnantes: "Chirac nous aimait" (j'avais le tort de siroter mon café à ce moment-là, j'en ai foutu partout). Bon, c'est de l'inénarrable E. Lévy, donc ça relativise le propos. Mais surtout, je constate que tout le monde fait comme si Macreux était une créature autonome, indépendante, libre de ses choix, avec un plan personnel et une volonté de l'accomplir. Vous plaisantez, ou quoi? Par comparaison Giscard, qu'on cite ici, était arrivé au pouvoir par sa propre volonté, avec un projet à lui (un projet à la con, mais à lui), et il a agi à peu près librement (son orgueil démesuré aurait d'ailleurs refusé tout Diktat, d'où qu'il vienne). Il n'y a aucun élément de comparaison avec l'autre fantoche. J'ajoute que Giscard - je n'ai jamais voté VGE - était tout de même une intelligence supérieure et que sa culture était immense, tout le monde en convenait. Foutriquet a un QI de moule et croit que Villeurbanne est dans la banlieue de Lille. Où est le rapport??
Rédigé par : Guy | lundi 24 avr 2023 à 07:57
Quand on voit que (selon le FMI) l'économie russe est en croissance et continuera à l'étre dans les prochaines années malgré les sanctions, alors que l'Europe occidentale est en récession, on croit rêver en lisant que la Russie serait une "société brejnévienne amorphe".
Rédigé par : Helveticus | lundi 24 avr 2023 à 16:09
https://www.letemps.ch/economie/constatant-une-impasse-politique-lagence-fitch-abaisse-note-france
Voici la preuve que la réforme des retraites est un échec, si son but était de maintenir la note de crédit de la France.
Rédigé par : Helveticus | samedi 29 avr 2023 à 17:38