Il s'agissait, pour les technocrates de Bercy de calmer les préoccupations des marchés financiers, sans le concours desquels ils ne pourraient ni boucler le budget, ni payer les pensions. Sur ce dernier point on remarquera par exemple la précision de François Bayrou, qui ne passe pas vraiment pour un opposant radical :
"Mon regret, a rappelé le haut-commissaire au Plan, le 12 mars, dans l’émission du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, c’est qu’on ne donne pas les vrais chiffres retraites aux Français. On parle d’une dizaine de milliards dans 10 ans. La vérité c’est que l’État paye chaque année entre 30 et 40 milliards pour équilibrer le système. Et en empruntant”.
Cette chronique ne cesse de répéter cela depuis des mois. Ajoutons que, relativement au système de retraites, votre chroniqueur préconise lui-même depuis quelque 30 ans une réforme de liberté et d'épargne professionnelle que réclama pendant 15 ans le CDCA.
Mais il paraît cocasse de voir la NUPES, la gauche, les écolos zadistes et l'extrême gauche, attelage pourtant minoritaire dans le pays, crier, face à une procédure constitutionnelle, au déni de démocratie.
Il est vrai que cette inquiétude pour la démocratie est partagée par l'agence Xinhua, Chine nouvelle. Son édition française est sans doute très peu lue dans l'Hexagone. Elle n'en propage pas moins ses mots d'ordre et ses désinformations dans les pays francophones.
Or, au moment où deux grands leaders de la démocratie aux spécificités orientales se rencontraient à Moscou, ce 20 mars, Xinhua publiait trois textes destinés sans doute à remettre en perspective, et à relativiser, le clivage entre les régimes démocratiques, version occidentale, et les régimes autoritaires de l'Orient.
- "La Chine et la Russie donnent l'exemple de relations entre grands pays dans la nouvelle ère" le 20 mars à 00 h 43.
- Un kilométrique : "Texte intégral de la tribune signée de Xi Jinping dans les médias russes" le 20 mars à 15 h 17.
- Mais aussi : "Le ministère chinois des Affaires étrangères publie un rapport sur l'état de la démocratie aux États-Unis en 2022" le 20 mars à 14 h 22.
Une équipe compétente conduit en effet ce pays vers son bonheur sans faille. Certes ce "Comité permanent" du bureau politique du Parti communiste chinois peut paraître numériquement restreint. Il compte 7 membres, tous masculins, habillés de noir et portant la même cravate. Une telle instance, assurément collégiale, dirige la "république populaire de Chine" depuis sa fondation en 1949.
Toute communauté requiert un chef, énonçaient jadis les Principes de la Communauté. Ainsi, à la tête du comité permanent du PCC, se trouve naturellement Xi Jinping.
Ce 10 mars à Pékin on apprenait, sans trop de surprise la réélection de l'intéressé, à l'unanimité des députés, à la présidence de son immense État. Son troisième mandat de 5 ans rompt avec une tradition introduite en 1978 par Deng Xiaoping, limitant à deux fois 5 ans l'exercice de cette fonction. Ce coup de force, légalisé par une révision de la Constitution est sans précédent.
Il paraît de bon ton de parler du "dirigeant chinois le plus puissant depuis Mao Zedong", ce que diffusait l'article de "l'Opinion" 10 mars 2023 à 07 h 24, sur la base d'une dépêche Reuters.
En réalité, par le passé, Mao avait effectivement dirigé le parti, en tant que secrétaire général à partir de 1943, époque où il succède officiellement à Zhang Wentian. Et, en fait il dirigea le pays, à partir de 1949, jusqu'à sa mort en 1976. Mais il ne fut constitutionnellement chef de l'État que de 1954 à 1959. Du fait des désastres économiques, il fut même relégué, réduit à son rôle prophétique, de 1960 au coup d'État militaire de 1966, que nous avons la naïveté de croire "révolution culturelle", lancé par Lin Biao alors ministre de la Défense.
Xi n'est donc pas "le plus puissant depuis Mao", il est politiquement plus autoritaire encore que le Grand Timonier en son temps. Et l'icône géante de Mao n'a jamais été ôtée de l'entrée de la Cité interdite.
Après une phase de reconstruction économique entreprise en 1978, celle des "Quatre modernisations" sous la direction de Deng Xiaoping, est venu, lentement mais sûrement, le temps du retour au stalinisme. La démocratie totale rêvée par Rousseau, tentée par Robespierre, esquissée en URSS, c'est en effet la manifestation unanime de la volonté du peuple, conduit par un parti unique. Logique n'est-ce pas ? Ceux qui ont cru à un régime pluriel dans l'Empire du Milieu, tel le secrétaire général Zhao Ziyang écarté en 1989, qui entendait dialoguer avec les étudiants occidentalisés de la place Tian Anmen et les ouvriers égarés dans les faubourgs de Pékin, ont été balayés : pas de cinquième modernisation.
Une personnalité centrale de ce chemin de rétablissement de la centralisation et de l'étatisme à outrance, mérite à cet égard d'être mieux connue. Il s'agit de Wang Huning, élu, ce 10 mars, parmi les sept sages du "Comité permanent". Tête pensante du régime, cette éminence grise du Parti en contrôle l'idéologie. C'est à sa plume que l'on doit le glissement rédactionnel des 25 dernières années, les "Trois Représentativités" de l'apparatchik Jiang Zemin, apparues en 2002 dans les statuts du PCC lors du 16e congrès, les "Perspectives scientifiques sur le développement" mises en avant par Hu Jintao à partir de 2003, nettement formatées par la lecture de Engels, et enfin ce "Rêve chinois" labélisé comme "pensée de Xi Jinping", secrétaire général depuis 2012. Une caractéristique commune à tous ces rêves tend toujours à éradiquer toutes les religions, définitivement considérées depuis Karl Marx comme autant d'opium du peuple, qu'il s'agisse du bouddhisme, de l'islam ou pire encore du christianisme, instrument de l'impérialisme mondial.
Seuls des esprits féodalistes et réactionnaires pourraient tenir ce songe pour un cauchemar... Heureusement, sur les quelque 3 000 députés que comptait en 2013 la 14e Assemblée populaire nationale, aucun n'a imaginé remettre en cause la voie de la raison.
À la lumière d'une continuité, et illustrée par la si brillante politique de confinement généralisée des populations pour lutter contre le COVID, comment, au pays de Descartes, ne pas louer, envier et imiter un tel modèle démocratique ?
JG Malliarakis
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Sur la continuité du stalinisme, de ses méthodes et de ses objectifs, de Mao Tsé-toung à Xi Jinping, qu'on me permette de recommander ma contribution à "La Terreur rouge". Ce livre comprend : • Terreur rouge et théorie révolutionnaire par JG Malliarakis : les bases doctrinales de la dictature de l'appareil du Parti, au nom du Prolétariat. Lénine, disciple de Karl Marx et de Engels, est l'héritier de la Terreur jacobine.
• Terreur rouge, pratique révolutionnaire par Charles Culbert : logique du système, matrice du totalitarisme au XXe siècle • Les Documents Tchernov : publiés dès 1922, il faudra hélas 50 ans pour que l'on en prenne la mesure, en 1974 avec l'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne...
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Le rejet de la démocratie par les parti dictatoriaux, des jacobains au Parti Communiste chinois est une fois de plus illustré dans l'hexagone hier soir, par les propose de Mélanchon qui ne reconnaissant pas le rejet de ma motion de censure pourtant franche (9 voix).
Quand une décision prise par un vote démocratique ne leur plait pas, alors ces personnes crient à la trahison de la "démocratie". Leur totalitarisme de pensé l'est bien plus. C'est évident.
Rédigé par : Laurent Worms | mardi 21 mar 2023 à 09:16
Le christianisme, et principalement dans sa version évangélique financée par les Etats-Unis, est bien un cheval de Troie de l'Occident (entendons, de ses élites cosmopolites), partout où il tente de prendre pied. Le devoir des dirigeants politiques de l'ex-Tiers-Monde, et de la Chine, devrait être de le contrer dans toute la mesure du possible.
Encore devraient-ils s'interroger sur les raisons qui poussent certains des leurs à se tourner vers ce qui, pour eux, est un exotisme universaliste. Ils ne le font pas, parce qu'ils devraient reconsidérer leurs fondements idéologiques.
La répression contre les religions indigènes et/ou nationales, dont le Falun Gong et le bouddhisme (notamment lamaïste), le Dao, et autres voies de sagesse, s'explique par des conceptions dans la droite ligne des premiers Bolcheviques.
Rédigé par : Jegou | mardi 21 mar 2023 à 15:53
Monsieur Malliarakis, je n'ai pas trouvé vos contributions à la cause commune de la Démocratie dans les périodiques chinois que vous mentionnez. Aurais-je mal lu votre article ?
Rédigé par : Tang-Fé-Dong-pa | mardi 21 mar 2023 à 16:02
Là pour le coup, cher Jegou, je ne suis pas du tout d'accord avec vous.
Je vous avais dit récemment que vous me sembliez avoir une tendance "nouvelle droite". Vous l'aviez démenti. Pourtant votre anti-christianisme est typique de la nouvelle droite, avec votre ethnicisme völkisch, qui n'est pas un nationalisme.
Vous faites quasimnent un appel à la persécution des chrétiens en Chine. C'est affreux. Vous pouvez d'ailleurs être rassuré, ils sont persécutés, même si on me dit que maintenant ça s'est amélioré.
En même temps, il y a tout un jeu politique compliqué entre le Vatican et le gouvernement chinois. Le pape François semble assez désireux de s'entendre avec les autorités chinoises et de négocier un accord. C'est même ce qu'on lui reproche. Il y a notamment ce cardinal Zen, très respecté, à Hong Kong, pro démocratie, qui reproche à François d'être trop naïf, et, à force de chercher l'entente d'être prêt à tout lâcher au gouvernement chinois. Personnellement je ne suis pas d'accord avec ce cardinal, car je ne vois pas pourquoi le christianisme devrait être pro démocratie.Le christianisme, tel que je le conçois, n'a rien de démocratique, ni de progressiste ni rien de commun avec les idées de la révolution, ni unversalistes humanistes.
Hong Kong appartient à la souveraineté chinoise. C'est évident. Et je conseillerais au cardinal Zen de le reconnaître. Il devrait plutôt prêcher sur le thème : rendez à César ce qui est à César, et à Mon Père ce qui est à Mon Père. C'est ça la ligne juste et c'est cela qui sera respecté et permettra au cardinal de protéger ses brebis. César en Chine s'appelle Xi Jinping, qui a le mandat du ciel et représente de manière légitime le pouvoir de l'état auquel il faut se soumettre. Moyennant quoi le cardinal pourra lui dire. Puisque je reconnais votre autorité sur les corps, reconnaissez la mienne sur les âmes. Je représente les croyants chrétiens et je vous demande de respecter leurs droits.
Les droits que le cardinal doit défendre pour ses ouailles, ce ne sont pas les droits démocratiques. C'est le droit de pratiquer leur religion librement et sans interférence, précisément, de César. C'est ça que signifie, ou alors je n'ai rien compris, la phrase qu'on trouve dans Marc 12,17, Matthieu 22,21 et Luc 20,25.
Les problèmes de la négotiation d'un concordat avec un état comme celui actuel de la Chine sont extrêmement difficiles. La pierre d'achoppement sera évidemment la question de la nomination des évêques. On ne saurait blâmer le Saint Père de chercher un accord, mais ce sera très difficile.
Je ne comprends pas pourquoi vous avez tant d'affection pour le Falun Gong. Je suis peut-être mal informé, mais ce n'est pas du tout une authentique religion chinoise traditionnelle. C'est une commanuaté qui a peut-être des vraies racines en Chine, mais pour le moment c'est dommage qu'elle soit instrumentalisée par la CIA pour déstabiliser la Chine.
Les boudhistes ne sont pas du tout persécutés. J'en connais beaucoup.
Le problème du Tibet est très difficile. Sauf erreur dans l'ancienne Chine, la répartition des rôles était la suivante. L'empereur avait l'autorité temporelle, qui était reconnue par les lamas et le dalaï lama, et le dalaï lama avait une autorité spirituelle, au Tibet, qui était econnue par l'empereur. Ce système n'a pas pu être maintenu après l'installation de la 2ème république, pour plusieurs raisons. Les dalaï lamas n'ont pas reconnu le nouvel état, je crois. Le nouvel état n'a pas voulu reconnaître une quelconque autorité au dalaï lama, qui a donc du s'exiler.
Le régime actuel explique que le lamaïsme était une domination féodale archaïque très cruelle, avec des conditions de vie horribles pour les serfs, etc. Je ne connais pas bien la question. Mais je pense que cela ne nous concerne pas beaucoup, ni moi, ni vous.
Rédigé par : Helveticus | mardi 21 mar 2023 à 23:28
Cher Helveticus
Je ne suis pas "anti-chrétien", ne serait-ce que par la rôle de religion nationale et fédérative assumé par le christianisme à plusieurs périodes cruciales de notre histoire. Le catholicisme, pour les Français, c'était leur religion, et son état actuel n'a rien de réjouissant.
La droite, vieille ou nouvelle, réactionnaire ou libérale, n'a rien à voir là-dedans (attention à ne pas se laisser prendre au piège des mots et des étiquettes). Je n'appelle donc pas à la persécution des chrétiens en Chine, ce qui serait odieux (et ridicule !). Mais je constate que l'expansion des Eglises chrétiennes est une voie d'occidentalisation et, in fine, de mondialisation.
Que le Vatican, et d'autres, poursuivent une politique conforme à la 'Mission visible de la Pentecôte', c'est son devoir. Je ne vois pas la nécessité de convertir toutes les nations, même au prix d'"inculturations" réussies.
Le monde ex-européen s'efface aujourd'hui avec ses institutions, dont les Eglises, qui ne me semblent pas jouer un rôle protecteur dans leur agonie.
Mais dans un monde censé "mondialisé" (curieuse altération de la valeur première), il est instructif de comparer les expériences humaines. Choisir, c'est autre chose...
Rédigé par : Jegou | mercredi 22 mar 2023 à 13:59