Sous le titre "Le Livre noir de Vladimir Poutine" paraissait en novembre 2022 aux éditions Perrin et Robert Laffont, un très solide recueil rassemblé par Galia Ackerman et Stéphane Courtois. Ce véritable réquisitoire porte ainsi la marque d'un des plus importants historiens français du communisme, sur lequel il travaille et publie depuis 40 ans. En 1982, issu de la gauche il fondait, avec Annie Kriegel la revue "Communisme". Entre 1992 et 1994, il ira travailler à Moscou sur les archives du Komintern, qui venaient d'être ouvertes. Personne n'oublie en effet le rôle qu'a joué, non seulement en France, mais dans de nombreux pays, la parution, en 1997, de son Livre Noir du communisme.
C'est à l'instar de cet ouvrage de référence que le nouveau volume se présente comme le fruit, lui aussi, d'un travail pluriel.
Sur 452 pages, il comporte 40 pages de notes, suivies d'un indispensable index. Après avoir pris connaissance des 21 chapitres constitutifs de ce très riche dossier, on lira utilement, en fin de volume, les 6 denses et dernières pages, 397 à 402. Elles entendent répondre à la question fondamentale "Où va la Russie ?".
Cette conclusion, est traitée sous la signature conjointe de Galia Ackerman. Celle-ci, russe de naissance et de culture, ayant quitté l'URSS en 1973, naturalisée française depuis 1984, on peut saluer son courageux, lucide et constant engagement pour la Liberté. Elle dirige aujourd'hui le site de référence Desk-Russie https://desk-russie.eu laquelle qui se propose de "décrypter l'actualité russe rien que pour vous".
Citons, parmi les autres contributeurs du livre plus particulièrement connus du public français, présentés par plusieurs notices biographiques : Antoine Arjakovsky, Yves Hamant, Nicolas Tenzer, Françoise Thom et Cécile Vaissié. À leurs côtés figurent des natifs de l'ancienne Union soviétique, comme le Géorgien Thorniké Gordadzé, le Caucasien Maïrbeck Vatachagaev ou les Ukrainiennes Irina Dmytrychyn et Mykola Riabtchouk.
Mentionnons spécialement un chapitre clef, œuvre d'Andreï Kozovoï. Lui-même né à Moscou en 1975, il est le fils d'un poète et traducteur russe, lequel fut prisonnier politique, puis exilé de Russie en 1981. Le fils, maître de conférences à l'université de Lille, y enseigne aujourd'hui la langue et la littérature russes, on lui doit plusieurs importants ouvrages consacrés à la Russie.
Sous le titre "Tchékiste un jour tchékiste toujours", ces pages, 78 à 93, nous rappellent la permanence des services spéciaux de cet empire dictatorial impuni. Fondé en décembre 1917 par Lénine ils seront appelés successivement Guépéou, NKVD, MVD, KGB, et aujourd'hui FSB, dont Poutine prendra la direction avant d'exercer constitutionnellement le pouvoir exécutif, d'abord comme premier ministre de Boris Eltsine, puis comme chef de l'État.
La continuité des "organes", ainsi qu'on les appelle à Moscou, ne concerne pas seulement leur personnel et le siège de leur commandement, place Loubianka. En ce lieu sinistre, de nombreux opposants et dirigeants tombés en disgrâce furent torturés, mais aussi l'esprit de leur fonctionnement. Le système répressif, à peine interrompu à la chute de l'URSS, hélas vite rétabli au tournant du siècle, a été fondé au départ pour défendre les vainqueurs du coup d'État bolchevik du 6 novembre 1917, que l'on appelle pompeusement "révolution d'Octobre". Il devint très vite, sous la direction de l'impitoyable fanatique Dzerjinski, le bras armé du régime dont "Lénine inventeur du totalitarisme " [titre d'un livre publié par Stéphane Courtois chez Perrin en 2018] dira dès 1920 "tout bon communiste doit être un bon tchékiste". On notera au besoin que le culte de la police secrète moscovite remonte au régime impérial, aux "opritchniki" qu'avaient inventés Ivan le Terrible au XVIe siècle, ou à l'Okhrana tsariste apparue en 1883, après l'assassinat, en mars 1881, d'Alexandre II. Mais, avec le XXe siècle le système s'est perfectionnée au point de formater ce qu'on appelle l'Homo sovieticus. Au gré même des réalités lugubres du Goulag, immortalisées par Alexandre Soljenitsyne, et notamment de la Kolyma, décrite par Varlam Chalamov, se forgea l'alliage mélangeant la mentalité, comme le code, des criminels et les réseaux de pouvoir, ce que l'on appelle les "siloviki".
Lénine, en effet, ne prenait pas seulement son inspiration dans les écrits de Engels, véritable théoricien de la violence dans l'Histoire. Il se référait aussi à son compatriote Netchaïev.
À juste titre, Stéphane Courtois, cite, page 29, un extrait de son Catéchisme du révolutionnaire, écrit en 1869, où l'on pouvait lire :
"Le révolutionnaire est un homme perdu d'avance. Il n'a pas d'intérêts particuliers, d'affaires privées, de sentiments, d'attaches personnelles, de propriété, il n'a même pas de nom. Tout en lui est absorbé par un seul intérêt à l'exclusion de tout autre, par une seule pensée, par une passion - la Révolution. Au fond de son être, non seulement en paroles, mais en actes, il a rompu tout lien avec l'ordre public et avec le monde civilisé tout entier, avec toutes les lois, convenances, conventions sociales et règles morales de ce monde. Le révolutionnaire en est un ennemi implacable et il ne continue à y vivre que pour le détruire plus sûrement."
Et de préconiser, très logiquement, si l'on ose dire : "Nous devons nous unir au monde hardi des brigands, les seuls et authentiques révolutionnaires en Russie."A cet égard, le terroriste et bandit caucasien surnommé "Koba", qui deviendra Staline, se montra le meilleur des disciples.
Le triste constat des auteurs de ce Livre Noir fait apparaître que, de Staline en Poutine, ceci a perduré, s'est renforcé, et s'est emparé du pouvoir et des rentes tirées des ressources minières, pétrolières et gazières. À cet égard, il ne manque peut-être à cette analyse que le complément du regard des économistes car un tel régime ruine le pays dont il stérilise les richesses, – à commencer par la principale car nous devrions savoir depuis Jean Bodin (1529-1596) qu'il "n'est de richesses que d'hommes".
Forgeant ce que l'on appela l'Homo sovieticus,l'oppression a détruit l'homme russe, au pays qui fut jadis celui des poètes et des musiciens, des spirituels, des princes et des savants que l'on aime, aujourd'hui encore, à énumérer.
Or, l'histoire ne s'arrête pas là. Les débuts du jeune Poutine sont rappelés, page 86 : jeune stagiaire du KGB, il revient à Moscou au sein de la Cinquième Direction générale, plus spécialement chargée de "lutter contre les diversions idéologiques ennemies", en clair pourchasser et persécuter les opposants. La suite est plus connue.
Un premier parti politique, officiellement non-communiste est créé en mars 1990, téléguidé par les "organes" du pouvoir : le parti nominalement "libéral-démocrate", mais qui n'est en réalité ni libéral, ni démocrate. Il est dirigé par Vladimir Jirinovski, qui obtiendra 23 % des voix aux élections de 1993. Rallié plus tard à Poutine, le personnage devait disparaître en 2022. Françoise Thom, spécialiste bien connue du "monde russe", consacre le chapitre 5 à la "Création de l'Homo post-sovieticus, l'ingénierie des âmes sous Poutine". Elle souligne le rôle de ce quasi bouffon sinistre aux propos aussi écœurants que provocateurs. Elle note, page 96, que "tous les grands propagandistes du poutinisme à son apogée – Evgueni Kisselev, Vladimir Soloviev, Olga Skabaïeva, Margarita Simonian – sont sortis du manteau de Jirinovski."
Le point central de la nouvelle ligne idéologique officielle est passé au crible par Galia Ackerman, pages 391 à 395, dans son dernier chapitre "une société pseudo-conservatrice qui marche à reculons". Elle analyse notamment, page 394, la conférence du "vojd" au club Valdaï en octobre 2021. Elle démontre la récupération particulièrement falsificatrice de la pensée de Nicolas Berdiaeff (1874-1948) dont il ose se réclamer. Elle rappelle les mises en garde de ce philosophe chrétien dès 1904. Nous ajouterons ici que l'auteur, en 1933, du livre "Esprit et liberté" [texte qu'on peut librement télécharger] s'attachait, ce qu'il rappellera dans un article datant de 1936, à l'idée selon laquelle "La Liberté n’est pas un droit mais une obligation". Impossible pour un dictateur de s'en revendiquer.
En particulier, une des composantes de ce discours s'acharne à réécrire l'histoire. Le chapitre 18, aux pages 319 et 345, est ainsi consacré à cette entreprise qualifiée "d'orwellienne" par Stéphane Courtois, portant singulièrement sur la seconde guerre mondiale. Celle-ci se voit rebaptisée à Moscou mythiquement "grande guerre patriotique" (page 330). L'URSS dirigée par Staline est présentée comme ayant vaincu à elle seule, ce que le vocabulaire et la propagande soviétique ont toujours appelé pudiquement "le fascisme". Cette étrange et révélatrice litote était reprise par Poutine lui-même dans un texte signé de lui publié dans Le Figaro du 7 mai 2005. Cette version mensongère fait évidemment l'impasse sur la période 1939-1941, où Staline et Hitler étaient alliés, et où le parti communiste français dénonçait en De Gaulle un "agent de la City", etc.
On conclut donc, page 394, sur l'absence de perspective offerte à ce malheureux peuple, prisonnier de la glorification du mensonge stalinien, par un régime reposant ainsi sur des fondements inexistants.
Quel que soit le despote, à Moscou comme ailleurs, le despotisme oriental se révèle toujours l'ennemi de son propre pays.
JG Malliarakis
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Il y a quand-même 150 millions de personnes qui s'accommodent de ce despotisme. Les résultats sont moins mauvais qu'au temps du communisme. Ne devrait-on pas laisser la Russie vivre dans son modèle conservateur, qui est peut- être hypocrite chez les dirigeants mais sincère chez les gens ordinaires ? Ce régime peut s'adoucir avec le temps et se policer. La république française aussi est assise sur des fondements atroces. Le peuple français n'en a pas moins vécu depuis deux siècles en produisant de belles et grandes choses. Oui il faudrait abattre la république. Mais c'est aux Français de le faire. Pareil pour les Russes et les Chinois. Et ça prendra du temps, des générations. Laissons le temps faire son œuvre. Pourquoi appeler à un régime change, forcément violent? Je plaide résolument pour la non-ingérence dans les affaires intérieures de tous les pays, en particulier les grandes puissances nucléaires.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 09 mar 2023 à 13:29
"moi, je préfère être avec un despote chrétien plutôt qu'avec un détraqué LGBTQ+"........(les valeurs ne sont pas les mêmes !!)
Rédigé par : Camille | jeudi 09 mar 2023 à 13:57
"Nous devons nous unir au monde hardi des brigands, les seuls et authentiques révolutionnaires en Russie".
Dans sa biographie sur Napoléon, Bell David (Napoleon: A Concise
Biography,Oxford University Press) explique que le mot Mafia est d'origine anglaise. Il s'agissait de brigands siciliens et napolitains que les anglais aidaient pour chasser par la guérilla les troupes d'occupations napoléoniennes (mais ils s'attaquaient également aux nobles de la région). La jonction entre banditisme et guérilla " ne daterait donc pas du XXè. siècle. Une idée qui a perduré. Souvenons nous que les maoïtes de la Gauche prolétarienne voyaient dans les délinquants des révolutionnaires potentiels car en marge de la société. Mal leur a pris, une grande parti ont été ds indicateurs de la police.
Rédigé par : Laurent Worms | jeudi 09 mar 2023 à 14:50
Poutine veut récupérer un province perdue, l'Ukraine russophone. Où est le problème ? Nous avons sacrifié un million de Français pour reprendre l'Alsace qui était bien moins française que l'Ukraine russophone, alors nous sommes mal placé pour critiquer la Russie.
Petite réponse
"Le" problème, que cette chronique ne traite pas, est d'abord que cette "province" a été reconnue indépendante... Et il y en a bien d'autres.
Rédigé par : Julien d'Aubigné | jeudi 09 mar 2023 à 16:23
@Camille
1. Poutine n'est pas "un despote chrétien". Despote oriental - et voyou - il l'est, certainement. Chrétien? il a fait son catéchisme au KGB, il l'est encore encore moins que ne l'était Ivan le Terrible, que comme Staline il admire.
Je vous renvoie sur ce dernier point à la chronique publiée sur ce blog en 2008 :
"Saint Philippe de Moscou face à Ivan le Terrible".... Sur la tradition de résistance de l'Église orthodoxe face à l'Etat
https://www.insolent.fr/2008/10/081005.html
et à celle de 2005 sur la Géorgie.
2. Je vois mal d'où vous semblez tenir que ses adversaires seraient des "détraqués LGBT" ?
Rédigé par : Emile Koch | jeudi 09 mar 2023 à 16:53
L’analyse de l’historien Stéphane Courtois est aussi une visibilité orientée. Poutine est un produit de sa formation, au KGB en particulier, certes, cela n’en fait pas un néo-stalinien. Il a progressé en politique depuis 1990 et la chute de l’URSS. Il a rendu sa fierté à un peuple russe qui sortait d’un long calvaires collectiviste, c'est son principal mérite. L’affaire ukrainienne n’est qu’un écran de fumée instrumentalisé par Washington dans un but mercantile, culturel et géopolitique. Vouloir donner des leçons de démocratie à la Russie d’aujourd'hui en ne la voyant qu’une continuité de l’Union Soviétique est une erreur que l’on risque de payer cher.
Rédigé par : Guillaume d’Aram | jeudi 09 mar 2023 à 19:49
Dans l'appareil d'Etat soviétique la russification a repris le dessus dans les années 1920, une fois le régime affermi. Peu avant 1930 elle fut érigée en pratique, au nom de l'internationalisme prolétarien, assortie d'une politique migratoire forcenée ('slijanie' : "fusion" des nationalités). "Internationalisme ou russification ?", interrogeait déjà Ivan Dziuba il y a près de cinquante ans. C'est pour cela qu'Albert Razin s'est immolé par le feu en septembre 2019. Mais on n'en parle pas.
Le russe est d'usage courant en Ukraine, ce qui n'empêche pas les Ukrainiens comme peuple d'exister. La fable moscovite d'une Ukraine "russe" est un mot d'ordre impérialiste qui ne convainc que ceux qui veulent croire à la propagande du Kremlin.
Mais les Ukrainiens, qu'ils parlent le russe, l'ukrainien ou le surjyk (un mélange des deux), n'ont pas accueilli les "chasseurs de Nazis" avec des fleurs (comme les Finlandais en 39, les Hongrois en 56, les Tchèques en 68...) : ils sont vraiment ingrats. Le "monde russe" qui leur est tombé dessus ne représente pas la Russie que notre culture européenne (et pas mal d'illusions) nous faisaient, nous font, aimer.
L'avenir de la Russie n'est pas plus assuré en tant qu'Etat que celui de n'importe quelle grosse puissance. Mieux vaut souhaiter au peuple russe, et aux autres peuples de la pseudo-fédération, de survivre.
Ils le pourront s'ils arrivent à se dégager de la tyrannie moscovite. Mais c'est mal parti puisque Poutine et les siens puisent leurs soutiens et leurs soldats dans cette Russie rurale, résignée, qui est maintenant à l'agonie (en trente ans le système mis en place par Eltsine et les mentors de Poutine a épuisé le pays).
Le grand nom de Vladimir Eidelstein, dit Jirinovsky, s'impose comme référence dans le cadre de la kleptocratie russe actuelle.
L'angle d'attaque du Kremlin vers les Droites dites populistes ou nationales est simple : "Nous défendons les valeurs traditionnelles, le christianisme, la famille, etc." Rideau de fumée, village Potemkine, qui ne résiste pas à la situation morale de l'actuelle Russie. En direction de l'ex-Tiers-Monde les arguments sont différents, et bien adaptés à leurs cibles (la pratique est ancienne et bien rodée). L'actuel régime dure, et durera longtemps jusqu'à épuisement des troupes.
Le dépit et l'impuissance de certains Occidentaux devant la décadence de leur pays et la culture "woke" les mènera à soutenir n'importe quelle figure d'opposant international mythisée. Xi le Chinois n'est pas idéal, parce qu'il n'est ni blanc ni chrétien. Mais le couple Poutine-Kirill, c'est pain béni. Comment peut-on se laisser prendre à la propagande de Moscou ? Complaisance, ignorance ou dépit : C'est toujours mieux 'ailleurs'.
Le site 'Desk Russie' est trop souvent l'écho des opinions de l'Otan et des Etas-Unis. On y trouve cependant de bons renseignements (un article sur dix en moyenne), par exemple https://desk-russie.eu/2023/01/28/la-guerre-de-succession.html
Certes la Russie ne se réduit pas au communisme. Certains, à Washington et ailleurs, ont des intérêts financiers et des espérances minières à défendre. Françoise Thom aurait tout intérêt à sonder la culture de l'Occident moderne avec le même soin qu'elle met à élucider le cas russe.
Voyons d'abord l'intérêt d'une Europe qui est forcée à se réveiller, que cela lui plaise ou non, par des faits qui se passent chez elle. (Par "Europe", je ne pense pas à l'"Union européenne".)
Rédigé par : Jegou | vendredi 10 mar 2023 à 15:22
Bon, tous ces gens n'aiment pas la Russie ni la Chine, qui ne leur ont rien fait et ne nous menacent pas. Ils n'acceptent pas que ces deux grands peuples aient pour défendre leurs droits un état nationaliste autoritaire et soient des grandes puissances.
En revanche, ils se prosternent servilement devant l'Amérique, porteuse d'une forme de civilisation inférieure, décadente, métissée, marxiste culturelle, tenue en mains impitoyablement par des élites juives violemment antichrétiennes qui depuis mai 1968 abuse de sa position de suzeraineté en Europe pour broyer systématiquement tout ce qui reste de civilisation européenne et chrétienne.
Ces gens ne voient-ils pas que cette Amérique là est fondamentalement leur pire ennemie? JGM ne peut-il pas se rappeler que les Cohn-Bendit et les Geismar contre lesquels il se battait au quartier latin en mai 68 tiennent aujourd'hui la puissance américaine (Blinken & Co) qui veut pousser le monde dans l'Armageddon ?
Si ce blog est représentatif des natios français, alors impossible de comprendre les natios français. Visiblement ce sont des gens qui travaillent pour leurs ennemis, en se battant contre eux-mêmes.
Rédigé par : Helveticus | vendredi 10 mar 2023 à 21:10
@Helveticus Vous dites que la Russie et la Chine "ne nous ont rien fait"
[Sans même parler de la seconde guerre mondiale, où l'URSS fut d'abord l'alliée de Hitler jusqu'à la décision unilatérale en 1941 de celui-ci d'attaquer l'URSS,] celle-ci, puis la Russie fut comme la Chine, dans tous les conflits l'ennemie de la France, de son armée et de son influence : en Indochine, en Corée, en Algérie et aujourd'hui encore en Afrique. Un patriote français ne saurait sans trahir s'aligner sur ces deux empires...
Rédigé par : Emile Koch | dimanche 12 mar 2023 à 22:27
Je ne parlais pas de l'URSS.
Rédigé par : Helveticus | lundi 13 mar 2023 à 14:44
La Russie actuelle repose sur une idéologie très proche de celle de l'URSS, portée par un appareil d'Etat tout aussi négateur des peuples qu'il y a cinquante ans (et même pire, au vu de sa politique des nationalités qui ne laisse plus subsister que des 'rossianye', russophones de toutes origines).
La domination mondiale des Anglo-Saxons, maintenant des Etats-Unis, est sans doute ce qui reste d'une puissance d'origine européenne en déclin.
Mais il n'y a aucune raison, et aucun gain, à soutenir l'expansion russe actuelle. Bien au contraire, l'invasion russe vient rappeler que les peuples n'existent pas seulement en tant que personnes historiques mais aussi en tant que fait de nature et de culture. La conception russe (ou française...), de l'Etat, est profondément viciée : elle dissout la notion de peuple (communauté ethnique, si diminuée fût-elle) et la remplace par l'idéal de son instrument l'Etat-nation, travesti en raison ultime, autour d'un peuple central prédestiné. Ca pouvait fonctionner quand des empires propageaient une civilisation bien accueillie par leurs fédérés. Ce n'est plus le cas.
Les idéologues russes ont commencé par proclamer que les Ukrainiens n'existaient pas (sinon comme "nazis"). Mais quand une construction totalitaire s'effondre, les peuples subsistent, et c'est cela qui ne plaît pas aux anciennes puissances en déclin et aux groupes qui en profitent.
Que des acteurs de toute nature tentent d'en profiter, rien de plus normal, et l'on ne choisit pas toujours ses amis.
La sinistre farce poutinienne, avec sa rhétorique mensongère, ne ressuscitera pas la Russie. Les Ukrainiens ont une petite chance de survivre comme peuple, et sont un exemple pour les autres, ceux qui ne se satisfont pas des divers visages du mondialisme appliqué. Poutine a réveillé l'Ukraine.
Occuper et achever de russifier l'Ukraine, ce qui est bien le plan moscovite, n'entamera pas d'un cheveu la domination des USA et de la Chine, ni n'empêchera la propagation des maladies sociales occidentales.
Il y a bien une pathologie mondiale, qui a pris plusieurs visages historiques, dont les religions universalistes ne furent pas les moindres facilitateurs, et dont le léninisme fut le plus sanglant. Le monde occidental repose aussi sur des présupposés, et nous sommes en droit d'en refuser de nombreux aspects, comme nous ne pouvons ignorer que cette idéologie a des agents.
Mais ici, chez nous en Europe, dans notre unité de civilisation si mal en point, nous pouvons au moins remettre en avant des notions interdites depuis environ 80 ans : l'ethno-patriotisme (si on peut risquer ce mot) et la concorde des peuples apparentés. Ce n'est pas ce que propose la Russie.
Le peuple ukrainien est un exemple, comme les "petites" nationalités baltiques.
Puisse la tragédie actuelle réveiller les idées de peuple, de libération nationale et d'identité, et surtout aider à constituer le continuum européen, même si l'idéologie imposée est installée chez des Européens anesthésiés (depuis 1945 au moins).
La Chine ne m'a rien fait de mal et je ne la réduit pas aux idéaux d'un Lénine, bien que Mao ait parfaitement capté la recette, ce qui a constitué son billet d'entrée dans le monde techno-industriel dit développé.
La Russie agresse un peuple européen, là est toute la différence.
(Pour ma part, je ne suis pas un "natio français".)
Rédigé par : Jegou | lundi 13 mar 2023 à 20:47
@Jegou
J'ai bien compris que vous n'êtes pas nationaliste. Vous êtes un européiste identitaire völkisch.
Je n'ai rien contre ça, ce que je vous reproche c'est que vous êtes un allié objectif du protectorat yankee qui nous détruit méthodiquement depuis qu'en 1918 il a pris pied chez nous. Et depuis 1968 il a réussi à nous ronger jusque dans les moëlles comme un cancer. Nous sommes aliénés en profondeur par cette domination.
Je vais vous faire une confidence. En 1981 j'ai fait mon école d'officier dans l'armée suisse. Le général Jaruselki avait proclamé l'état de guerre en Pologne. Nous vivions dans l'idée que l'URSS pouvait à tout moment déclencher une opération contre l'Europe occidentale. Ca ne s'est pas produit, mais le colonel commandant d'école nous faisait une théorie tous les matins sur ce sujet, et nous étions prêts à nous battre. Bien sûr s'il avait fallu, nous l'aurions fait. Peut-être que la Suisse avec son armée de 600'000 hommes mobilisables en moins d'une semaine, et ses fortifications, aurait été un des seuls pays à opposer une résistance sérieuse. Mais j'en avais parlé avec un des chefs de notre armée et il m'avait dit: "ce serait l'occupation".
Avec le recul, je pense que c'est très regrettable que cela ne se soit pas produit. Et vous feriez bien d'y réfléchir car nous aurions une Europe blanche, il n'y aurait pas eu ce changement de peuple et le wokisme nous aurait été épargné.
Bien sûr l'occupation soviétique aurait été désagréable. Elle aurait cependant été bénéfique car elle aurait réveillé l'âme des peuples européens, forcés de s'affirmer pour se défendre. Ils auraient retrouvé leurs traditions, qui sont actuellement parasités par la subculture US multiculturelle gauchiste délétère. L'Europe serait renée avant que son intégrité ethnique n'ait disparu, et de toute façon le communisme aurait disparu comme en Russie.
Nous vivrions aujourd'hui dans une ambiance idéologique comparable à celle dans laquelle vivent nos amis européens de l'est Polonais, Hongrois, Tchéques, qui nous démontrent que la longue occupation soviétique ne les a pas tués, contrairement à ce qu'a fait avec nous l'occupation yankee en Europe de l'ouest.
Nous serions encore européens alors qu'actuellement nous ne le sommes plus. Nous sommes devenus créoles. Devoir se défendre contre le communisme réel nous aurait réappris à être nous-mêmes. Le fond de l'air serait populiste antigauche.
Au lieu de ça, nous avons continué à vivre dans la torpeur du libéralisme progresiste sous la domination d'une puissance ennemie (les USA) beaucoup plus dangereuse pour nous que ne l'était l'URSS de 1981, car le poulpe yankee nous exténue et nous tue lentement en nous faisant croire que nous sommes libres, il nous ronge de l'intérieur et dissout notre substance. Le vrai communisme aujourd'hui c'est le marxisme culturel, qui nous vient aujourd'hui des campus américains.
Il ne reste bientôt plus rien de nos peuples européens et de leur civilisation chrétienne alors que la Russie a encore un peuple ethniquement homogène et elle est redevenue chrétienne, on ne peut pas le nier.
Rédigé par : Helveticus | mardi 14 mar 2023 à 15:40
Petite réponse Vous dites "Je préfère ne rentrer dans aucune case." Vous avez bien raison. Bienvenue au club.
@ Helveticus, et tous
Je préfère ne rentrer dans aucune case.
L'objectivité ne dépend que de l'objecteur.
L'étatisme a ses avantages, tout dépend ce que sert l'Etat. Le nationalisme recouvre toute sorte d'attitudes et n'est pas à répudier en soi. Mais les mots sont usés, avec leur contenu.
Si nous avions pu nous éviter les quarante années qui ont tué l'Europe (1914-1954), que n'aurions-nous préféré à la place ! L'anarchie, ou un pacifisme massif ? Ou une conclusion militaire rapide en quelques semaines ?
Quant à savoir ce que serait devenue l'Europe sous administration soviétique, on peut rêver, mais les USA nous auraient récupérés à la petite cuillère. Et si le grand Staline avait vécu quelques années de plus, je n'ose entrevoir notre bonheur.
Les Soviets avaient étudié en détail les conditions d'invasion de l'Europe occidentale. La Suisse était le gros morceau, le plus difficile, et ils ne s'y seraient pas frottés.
Vos constatations sur l'état de l'Europe sont très justes, et sont trop souvent refusées ou tues par les analystes occidentaux. A quoi bon défendre une civilisation européenne si l'on néglige ses fondements ethno-culturels et anthropologiques, qui la déterminent depuis plusieurs dizaines de millénaires ? Il y a là-dessus un tabou français et mondial, qui a effectivement des gardiens et des propagandistes.
Les origines de ces maux ne sont pas dans l'idée de libre entreprise mais dans une mystique dont nous faisons les frais. Les libéraux y verront une perversion des idées de responsabilité, une confiscation de la liberté d'expression. Toujours est-il que le protectorat américain imposé à l'Europe dès 1917 a évolué. La mondialisation, suite logique de l'expansion coloniale, est une réalité systémique. L'Occident comme déclin.
La Russie n'est pas plus chrétienne que l'ex-France profonde depuis que le téléviseur a pris la place de l'icône dans les maisons paysannes. L'orthodoxie y était déjà bien malade en 1905. Le Patriarcat de Moscou est inféodé au système (les popes-KGB de naguère ! ce sont les mêmes aujourd'hui). Sans renier la validité et l'utilité d'une religion nationale, ce genre d'instrument de domination ne me dit rien qui vaille. Il est faux.
Le décalage entre les deux Europe, est et ouest, est réel, et les Ukrainiens ont conservé des réflexes que nous n'avons plus. Dans l'URSS des années 1960 le peuple croyait encore aux valeurs proclamées par le régime (respect des anciens, des femmes, des mères, civisme), malgré tout, comme chez nous subsistaient les vieux réflexes cassés par les technocrates, l'exode rural, etc. Ce temps n'est plus. L'évolution de la société russe en trente ans est aussi catastrophique que celle de l'Occident en cinquante ans.
Dénationalisation, égoïsmes, fuite devant les responsabilités, tyrannie des Organes, ploutocratie militarisée (ce sont des tendances très anciennes en Russie).
Si la Russie était d'une quelconque utilité pour contrer l'actuel mondialisme, il faudrait sans doute la soutenir. Or, elle n'a rien à proposer pour contrer les tendances actuelles qui mènent le monde, sinon par propagande.
Tout au plus elle aura servi à relancer l'interventionnisme US. Reconstituer une nouvelle URSS repeinte en Russie fantasmée, cela ne peut pas marcher. Il faut autre chose que les justifications à géométrie variable du Kremlin.
Les étiquettes politiques auront de moins en moins de valeur. L'Occident (et les USA qui sont à certains points de vue plus respectueux de la liberté d'expression que l'Europe de l'Ouest), la Chine, La Russie, sont comme des trains lancés à pleine vitesse sur des voies convergentes.
Nous assistons à l'implosion / généralisation d'un monde né au XVIIe siècle et qui se trouve devant ses contradictions. Ce qui incite à poser des questions qui ne se ramènent pas à l'alternative despotisme / liberté.
Bon, en attendant, je vais réécouter l'Opritchnik de Tchaïkovsky. Un peu de sincérité dans un monde de mensonges.
Rédigé par : Jegou | mercredi 15 mar 2023 à 15:54
Merci pour le compliment sur la défense nationale suisse au temps de ma jeunesse. Malgré tout ce général n'avait dit que: "ce serait l'occupation". Même en Suisse. Mais c'est vrai que le général russe qui aurait reçu la mission d'envahir la Suisse aurait eu affaire à forte partie. Hélas aujourd'hui il ne reste plus grand chose de cette extraordinaire force militaire d'un petit pays, ni de la neutralité. Nos autorités se permettent de prendre des sanctions contre la Russie mais il n'y a plus d'armée pour tenir le choc contre les Russes s'ils décidaient d'occuper l'Europe occidentale en entier, ce dont ils ont la capacité s'ils mobilisent le ban et l'arrière ban. L'OTAN a pesé de tout son poids pour contraindre la Suisse a adopter un "Concept Armée 21" qui fait de nos mimi troupes, non plus une force de défense territoriale crédible du pays, mais une troupe supplétive de L'OTAN. Je n'ai pas de mots pour dire mon mépris des gens qui ont consenti à se prostituer ainsi et démanteler notre armée. Et ce gouvernement qui chez vous est dans la belligérance caractérisée en Ukraine, alors que la France n'a pas de soldats ni de munitions, ce sont des traîtres.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 16 mar 2023 à 10:33
Ceci me paraît le plus important. On n'entre pas en guerre contre une vraie grande puissance quand on n'a pas d'armée. Au reste, vos réflexions culturelles d'esprit nouvelle droite sont très intéressantes. Mais elles ne me convainquent pas. La Russie, elle, est dans le réalisme politique, économique, militaire. C'est ce qui manque chez nous.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 16 mar 2023 à 10:38
L'esprit "nouvelle droite", non : je n'ai jamais cru à l'axe Paris-Berlin-Moscou", tant les intérêts de ces trois pôles étaient divergents.
Le monde communiste comme conservatoire des valeurs, alors encadrées par un régime totalitaire ? Ce n'aurait été qu'une façade. Pourquoi pas un anachronisme dans le sens inverse : l'Europe centrale et orientale, et la Russie, débarrassées des Soviétiques par les Alliés en 1945 ? La suite aussi eût été intéressante. Mais une fois éliminé le général Patton, et le pacte de Yalta renouvelé à Nuremberg, le conflit Est/Ouest continuera sur les marges. On ne refait pas l'histoire.
La stratégie doit être adaptée : le fiasco russe contre le Japon en 1905, le brutal repli français en 1914, la débâcle de juin 1940, l'effondrement du front central soviétique en 1940, etc., tout cela a eu des causes politiques et a suivi des habitudes invétérées. Aussi bien, d'ailleurs, que quelques échecs américains.
On m'avait toujours vanté l'adaptation de l'aviation militaire helvétique aux conditions géographiques contraignantes du pays.
L'évolution de la Suisse est assez triste. Des intérêts puissants se mêlent. Rappelons que les activités financières (bancaires) de la Confédération ne contribuent que pour une part somme toute assez modeste à la prospérité (passée ?) de ce pays.
Rédigé par : Jegou | jeudi 16 mar 2023 à 16:27
Le seul avantage d'une hégémonie soviétique en Europe aurait été d'empêcher la mort de la race blanche, qui est en train d'être tuée par la volonté du pouvoir US, ou disons, de ses commanditaires.
L'URSS était une création d'une certaine minorité internationale qui voulait punir l'empire tsariste de n'avoir pas permis la mainmise d'une certaine forme de finance en Russie, comme l'avaient permis les Bourbons de Paris et de Naples, sous la Restauration, le Royaume Uni, l'Autriche des Habsbourg et l'Allemagne des Hohenzollern. Le traité de Francfort en 1871 faisait suite aux entretiens de Bismarck et Jules Favre au château de Ferrières. L'indemnité de 5 milliards de francs or a été payée par la république française à Gershom Bleichröder, le banquier de Bismarck, un homme des Rothschild comme Macron. La guerre russo japonaise a été financée par Jacob Schiff et par la famille Warburg pour porter un coup à la Russie. La défaite russe dans cette guerre là a causé un ébranlement dont Alexandre Helphand, dit Parvus, car il était énorme (voir son portrait dans Lénine à Zurich de Soljenitsine), avait cru réussir une révolution communiste en 1905 à la faveur de ces évènements. Ca a échoué mais en 1917 Parvus Helphand a fait rebelotte avec le wagon plombé de Lénine, après avoir négocié avec le grand état major allemand, et là ils ont fait le trou.
Pendant la durée du système communiste en Russie, le système fonctionnait de la manière suivante: toutes les affaires entre l'est et l'ouest passaient par des gens comme Armand Hammer, représentant le pouvoir qui avait créé l'URSS. 75% des bénéfices étaient pour eux, et 25% restaient comme pourboire à la nomenklatoura soviétique, qui s'en contentait.
Malgré cette soumission, selon des modalités différentes à celles qui nous éltaient appliquées, au même pouvoir qui nous opprime ici, le pouvoir de l'URSS n'a jamais eu l'idée d'ouvrir les vannes de l'immigration pour transformer les peuples de leur empire en une population de type brésilien ou mauritanien, comme ça s'est fait à l'ouest du rideau de fer. Ils ont commis d'autres horreurs, des déportations de populations à l'intérieur de leur empire, mais ils n'ont jamais voulu exterminer la race blanche par métissage comme cela s'est fait et s'accélère chez nous.
Dans les années 1980, les décideurs ont jugé qu'ils gagneraient plus en liquidant l'échafaudage soviétique, qu'ils avaient créé 70 ans plus tôt, et en ouvrant tout grand le pays aux pillards. Donc on a fait tomber le mur de Berlin. On a vu ensuite en Russie qui étaient les prédateurs.
Poutine est arrivé comme représentant d'un pouvoir brutal, détenteur d'un savoir limité et expéditif, et a fait comprendre aux vautours comme Khodorkovski, Abramovitch, Gouzinski & Cie, qu'ils ne pourraient pas tout accaparer et qu'il faudrait partager. Bien sûr ces ¨siloviki" sont des kleptocrates, qui servent leurs propres intérêts, mais grâce à la puissance du KGB ils ont pu s'imposer et depuis ils sont une élite, prédatrice certes, qui mène néanmoins une politique dans l'intérêt national, qui se définit toujours et partout comme l'intérêt de la classe dominante. Mais le peuple y a trouvé son compte car ils ont fait une politique économique intelligente. Et ils ont fait le choix de refuser l'évolution post moderne woke. Comment le leur reprocher?
Les intérêts dont Khodorkovski était le repésentant ont été chassés. C'est la raison de la guerre des néo cons contre la Russie.
J'ai regardé un peu le blog Desk Russia. C'est grotesque. Ca fait penser à la propagande anti allemande au temps de 14-18 quand les journaux français racontaient que le Kaiser prenait tous les matin un bol de sang de bébé français à son petit déjeûner. Je ne comprends pas que des gens intelligents puissent prendre au sérieux une telle propagande.
JGM a raison de parler de despotisme moscovite et de pointer la continuité historique très ancienne de ces méthodes. Mais que voudrait-il? Se mêler de dicter aux Russes ce qu'ils doivent faire? Faire revenir les Parvus Helphand au pouvoir en Russie? L'alternative est là, pas ailleurs. Si le plan des néocons qui ont déclenché cette guerre en 2014 triomphait, et si la Russie était "démocratisée" c'est à dire impitoyablement démembrée et livrée à nouveau au pillage, il n'y aurait absolument pas cette floraison völkisch dont vous rêvez avec toutes ces nations qui s'émanciperaient gaîment. Il y aurait simplement l'immigration de masse en Russie, en Ukraine, au Kazahhstan, en Ousbekistan, etc., comme ici, le remplacement de peuple, ainsi que le mariage gay et la misère, la saleté et les rats dans les rues de Moscou, Kiev, Tachkent, Almaty, etc., comme à Paris, la paupérisation générale comme en France.
Oui, le pouvoir russe est un despotisme, mais pour le peuple russe et même pour les républiques vassales de cet empire, ça vaut mieux que la démocratie au sens de domination du mondialisme décadent comme l'entendent Biden et Blinken.
Patton n'a pas prévalu parce que certains à Washington avaient intérêt, à l'époque, à maintenir la répartition 75% 25% expliquée plus haut. Patton pensait comme vous. C'est pourquoi il n'avait aucune chance d'être écouté par le pouvoir US, sous contrôle de qui nous savons.
L'alternative réelle est telle que je la présente. Il n'y a pas d'autre option. Ici nous sommes sous occupation US. Je ne suis pas d'accord pour que cette occupation soit étendue jusqu'à Kiev et Moscou, pour qu'on parachève la mise à mort définitive de notre civilisation déjà moribonde en raison du wokisme, de la contre culture US, de l'école de Francfort etc. Laissons donc les Russes à leur despotisme, c'est leur culture et leur tradition.
Cessons l'effusion de sang en pure perte en Ukraine, car c'est du massacre, il n'y a aucune chance pour que l'OTAN gagne cette guerre. Et écoutons les suggestions intelligentes de la Chine qui demande une nouvelle architecture de sécurité en Europe, c'est à dire un recul de cette OTAN qui nous étrangle et ruine nos économies. Retrouvons la prospérité économique grâce à une symbiose gagnant gagnant avec la Russie et son gaz bon marché.
Il me semble que toute personne qui a été anti gauchiste en 1968 doit souhaiter comme moi une défaite stratégique de l'OTAN, car c'est l'OTAN qui verrouille cette domination gauchiste.
Ensuite, quand nous n'aurons plus le genou de l'OTAN sur la poitrine, qui nous empêche de respirer, nous pourrons réarmer, tenter de faire revivre nos peuples, ou ce qu'il en reste, et nous pourrons nous faire respecter des Russes en tant qu'européens, non en tant qu'esclaves de l'Amérique, elle-même sous influence.
A ce moment là si vous tenez à protéger les Baltes et les Polonais vous pourrez le faire. Pour le moment, ce que je vois, c'est que la Pologne qui avait un gouvernement conservateur, et qui tentait de se protéger contre l'imposition par la voie juridictionnelle de la dissolution totale de la famille, en reprenant l'influence sur son système judiciaire, s'est couchée sur ce point et a accepté la primauté des décisions de la CEJ. Ca veut dire que par haine de la Russie, le PiS a accepté d'ouvrir les vannes à un processus qui en 20 ans, inexorablement, va dissoudre la société polonaise jusqu'à qu'elle se retrouve au même point de décadence que la société française. Et la Pologne devra accepter aussi l'immigration et le métissage.
Et ce que vous pouvez convenir avec moi que tout ce que je vous parle ne sont que des constats factuels?
Rédigé par : Helveticus | jeudi 16 mar 2023 à 19:48
...ce dont je vous parle, pardon.
Rédigé par : Helveticus | jeudi 16 mar 2023 à 19:50
Il y a bien sûr beaucoup de vrai dans ce que vous écrivez (généalogie du mondialisme idéologique : mais il faudrait commencer haut et surtout, par-delà les fatalités, établir 'qui donne le sens'). Je me suis dit que l'intervention de Poutine arrivait à point pour relancer la machine occidentale, dont les effets mortifères sont évidents, ou devraient l'être.
Desk Russie : un article sur quinze me paraît bon, voire très bon, mais pour les autres, trop d'apriorismes otanesques sans recul. Mais il y a d'autres sites d'information, et je ne crois pas que la Russie échappe aux évolutions qui frappent l'Occident.
L'évolution est convergente, malgré les différences de régime et de géographie.
Le problème sous-jacent est le suivant : comment la civilisation, ou la culture, technico-scientiste qui s'est mondialisée aux XIXe et XXe siècles évoluera-t-elle dans un contexte défavorable à ses peuples porteurs (démographie, économie, etc.) ?
Je ne rêve pas : cet avenir est sombre, mais s'il faut des bouées de sauvetage pour nous y accrocher, la Russie ne nous en propose aucune.
Que les Russes se gouvernent donc comme ils le veulent (ou comme leurs despotes le veulent), soit, malgré la morale abstraite et universelle qui nous serine que ce n'est pas bien. Mais nous avons une solidarité avec cet "anneau boréen" (de qui est cette expression, je ne sais plus) qui constitue 'notre monde'.
Alors, qu'ils ne débordent pas de leur société. Le contraire de l'erreur n'est pas la vérité.
Réponses à tout cela dans dix, vingt, ou cent ans.
Là, il nous faudrait reparler de la Chine. Qui aurait pensé il y a seulement quarante ans que la Chine de Pékin prendrait en main de vastes territoires africains ?
Rédigé par : Jegou | vendredi 17 mar 2023 à 11:54
Peut-être que la Russie n'est pas une bouée de secours pour nous.
(Pourquoi le serait-elle ? Elle n'a à se soucier que de SON intérêt à elle.)
Mais le pouvoir de L'EUROTAN est un boulet qui nous plombé et nous envoie par le fond.
On se trompe d'ennemi.
Rédigé par : Helveticus | vendredi 17 mar 2023 à 19:48
Concernant la Chine, je n'aurais qu'une chose à dire.
Il est très clair maintenant que les USA préparent une guerre contre la Chine. C'est la politique des néocons, bien entendu, une fois de plus.
Mëme Brzezinski avait compris, dans son article testament : Towards a global realignment, qu'il n'y avait aucune chance de maintenir la puissance mondiale US si on ne s'arrangeait pas avec la Chine et si on ne s'assurait pas qu'elle soit découplée de la Russie. Maintenant Biden et Blinken ont réussi à pousser la Russie dans les bras de la Chine, et réciproquement.
Les têtes folles à Washington sont juste un peu ennuyées d'être distraites par le conflit en Ukraine qui leur fait perdre du temps dans leur planification principale, consistant à apporter la démocratie en Chine, comme toujours par une pluie de bombes.
On voit là la signature la plus parfaite de l'infériorité congénitale, mentale, de la puissance yankee qui n'a aucune des qualités nécessaires à une puissance qui prétend à un rôle impérial.
Ils n'ont pas pu battre le Vietnam, et ils veulent faire la guerre à la Chine !
Rédigé par : Helveticus | samedi 18 mar 2023 à 20:18