Dois-je le souligner : le prétendu débat sur la prétendue réforme des droits à pensions de vieillesse se présente comme un cafouillage inaudible. D'une telle cacophonie n'émergent que quelques rares propos sensés. Ils sont immédiatement couverts par les considérations les plus désordonnées. Ce n'est pas un débat c'est une assemblée générale gauchiste.
Dans cette folle confrontation, cerise sur le gâteau, nos chères bureaucraties syndicales menacent de bloquer le pays. Elles peuvent en effet y prétendre, compte tenu des incertitudes et reculades gouvernementales. Les paris sont ouverts.
Cette absurdité généralisée évoque terriblement l'idée de Darwin : "L'ignorance engendre la confiance plus souvent que la connaissance" enrichie par Bertrand Russell qui déplore : "C'est l'une des choses malheureuses de notre époque que ceux qui sont confiants soient stupides, et ceux qui ont de l'imagination ou de la compréhension sont pleins de doute et d'indécision."
Depuis 1999 deux psychologues ont ainsi pu bâtir un terrifiant modèle qui porte désormais leur nom "l'effet Dunning-Kruger". Celui-ci s'énonce de la façon suivante : "Les personnes ayant un faible niveau de compétence tirent des conclusions erronées et prennent de mauvaises décisions, mais ne sont pas capables de réaliser leurs erreurs en raison de leur faible niveau de compétence." La dictature massive des incompétents s'aggrave car : "la personne incompétente tend à surestimer son niveau de compétence ; elle ne parvient pas à reconnaître la compétence de ceux qui la possèdent véritablement ; et elle ne parvient pas à se rendre compte de son degré d’incompétence."
Sans doute, tout cela n'est pas nouveau : "Moi, Hécatée le Milésien, je dis ces choses et j’écris comme elles me paraissent car, à mon avis, les propos des Hellènes sont nombreux et ridicules". Ce constat présocratique remonte à quelque 500 ans avant Jésus-Christ.
Certes, ce 11 janvier sur Cnews, au hasard d'une écoute véritablement impossible, on a pu entendre Véronique Jacquier, chroniqueuse catholique souvent pertinente de la station, faire, ô rare moment de bonheur, le seul petit aparté de bon sens que j'ai pu capter [il s'en est sûrement dit d'autres, ici ou là, je n'ai pas eu la chance de les entendre] sur le double défaut des projets législatifs de Mme Borne :
- aucune part n'est faite au nécessaire développement de la capitalisation, c'est-à-dire de l'épargne, et par conséquent de la liberté ;
- aucune réhabilitation de la politique familiale de l'après-guerre, ni aucune autre formule ne sont envisagées pour redresser la démographie française en France.
Sur ce second point ajoutons que la réponse de nos technocrates semble hélas donner raison à Renaud Camus et Éric Zemmour quand ils osent parler, horresco referens, de "grand remplacement".
Les immigrés payeront-il la retraite des gens qui n'ont pas élevé d'enfants ? Les cotisations des sans-papiers régularisés suffiront-elles à boucher le trou de plus de 30 milliards des régimes spéciaux et des "cotisations fictives" de la fonction publique ? Questions sans réponse, bien évidemment. On ne les posera pas.
À vrai dire l'auteur de cette chronique, s'agissant du débat sur "les" retraites éprouve le sentiment d'avoir "déjà donné", plus exactement d'avoir consacré presque en vain quelque 15 ans de travail au service du combat des travailleurs indépendants.
Brisé au début des années 2000, par une répression impitoyable et par un très efficace mur du silence et de la diffamation, le CDCA, aujourd'hui oublié, entendait défendre toutes les catégories corporatives non-salariées, agriculteurs comme professionnels de santé, commerçants ou artisans. Il ne m'en est resté, – outre heureusement quelques rares amis, et beaucoup d'ennemis, – deux petits livres, l'un épuisé "Lettre ouverte aux futurs retraités", l'autre un peu dépassé "Livre noir des retraites", où je théorisais la supériorité du libre choix pour les professionnels, point de vue que je ne renie certainement pas.
Mais au-delà de ce combat, qui prolongeait certes les révoltes antérieures, menées elles-mêmes un peu à l'aveuglette au sein des classes moyennes depuis les années 1950, la liberté sociale que nous revendiquions aurait pu, aurait dû, bénéficier à l'ensemble du pays, à commencer par ceux que la "sécurité sociale" prétend défendre, et qu'en réalité elle écrase, et que le droit au salaire direct aurait protégé de la spoliation étatiste : les Français qui veulent travailler.
JG Malliarakis
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Pourquoi n'y a-t-il pas en France la liberté de choisir entre la retraite d'état et une cotisation volontaire dans des fonds de pensions, avec le montant que l'on désire? Rétorquer que ces fonds de pensions privés peuvent faire faillite et un argument faux, alors l'État Français qui en est au bord ne vaut pas mieux.
Rédigé par : Laurent Worms | vendredi 13 jan 2023 à 09:40
À noter que les sujets de la capitalisation et de la natalité sont intimement liés. En effet, même inconsciemment, on peut se dire que si l'état s'occupe de nos vieux jours, nous n'avons pas besoin faire des enfants en prévision de notre vieillesse. Tout le contraire des Africains qui, n'ayant pas de protection sociale, se disent que sur leurs 7 ou 8 enfants, il y en aura bien 1 ou 2 qui les prendront en charge à leur grand âge...
Un hommage doit aussi être rendu à Claude Reichman qui toute sa vie a lutté, hélas en vain, pour la liberté de la protection sociale.
Rédigé par : Richard HANLET | vendredi 13 jan 2023 à 13:29
Cher Jean-Gilles,
Ce sujet est passionant et vous êtes un expert.
Pourriez-vous, à l'usage des non-spécialistes et des non-français comme moi, nous instruire un peu plus sur le concept des retraites telles que les envisageait votre CDCA, et qui "entendait défendre toutes les catégories corporatives non-salariées, agriculteurs comme professionnels de santé, commerçants ou artisans", en mettant en exergue la "supériorité du libre choix pour les professionnels".
Cela m'intéresserait vraiment de comprendre cela.
D'autre part, pourriez-vous nous expliquer ce qui motivait l'opposition implacable du système à vos propositions? N'aurait-il pas été bien inspiré, au contraire d'en tenir compte, pour le bien commun? Pourquoi n'en voulait-il à aucun prix?
Enfin, pouvez-vous nous dire quels sont les véritables objectifs du gouvernement Macron, à part la volonté de paupérisation générale et celle de confier l'épargne forcée du peuple français à Black Rock et aux autres institutions financières qui ont mis Macron là où il est.
Personnellement, je ne vois pas d'autres raisons à cette politique, qui promet de mettre la France dans une situation insurrectionnelle, et ce d'autant plus certainement que les choix désastreux du gouvernement français vont plomber l'économie française pour la prochaine génération et conduisent, dans l'immédiat, à une récession profonde, ce qui ne saurait manquer de causer des troubles sociaux.
Je fais allusion aux choix dictés par l'Union Eropéenne et par l'Allemagne: indexer le prix de l'électricité sur celui du gaz, renoncer au nucléaire, sous prétexte d'écologie) ; ainsi quà ceux dictés par Washington (ce qui revient d'ailleurs au même que l'Union Européenne, qui n'est qu'un protectorat US, et que l'OTAN, qui est l'instrument de ce protectorat): se priver du gaz russe et mener en co-belligérance une guerre antirusse impossible à gagner, ce qui conduira immanquablement au déclassement définitif de l'Europe dans la compétition mondiale, pour ralentir un peu le déclin des USA.
Rédigé par : Helveticus | vendredi 13 jan 2023 à 15:13
Les propos de bons sens de Véronique JACQUIER rejoignent l'étude de l'institut Molinari qui souligne que l'impasse financière du régime par répartition est la conséquence de la dégradation du ratio cotisants/retraités. La solution est effectivement d'introduire une part de capitalisation collective , au moins 1/3 et renouer avec une politique nataliste (voir notamment l'article récent de David LISNARD dans le Figaro)
Rédigé par : René GROUMAN | vendredi 13 jan 2023 à 16:10
Merci de ce bon point de vue !
Rédigé par : CedricW | vendredi 13 jan 2023 à 16:22
J-G M. s'est en effet battu depuis longtemps, par l'écrit et le verbe (radiophonique), contre la mainmise de l'Etat sur le fruit du travail.
Bravo pour l'illustration : à gauche, le réaliste, à droite, "le meilleur d'entre eux".
Rappel : c'est V. Poutine et son entourage russe et néo-stalinien qui ont ouvert une guerre ukrainienne néo-impérialiste.
Rédigé par : Henriot | samedi 14 jan 2023 à 00:45