Le XXe congrès du parti communiste qui s'est ouvert à Pékin ce 16 octobre, donne lieu, sans surprise, à côté de quelques éclairages recevables, une fois de plus au déferlement des poncifs habituels.
La consultation des comptes rendus de l'agence Xinhua devrait pourtant suffire à convaincre d'une réalité profonde de ce système. Il s'incarne aujourd'hui en un homme, c'est-à-dire depuis 10 ans, en la personne du secrétaire général du Parti, nommé le 15 novembre 2012. Xi Jinping était devenu le même jour président de la commission militaire centrale, puis, en 2013, officiellement chef de l'État.
Or, ce 22 octobre ceux qui douteraient de sa qualité de dictateur auront pu apprendre l'éviction manu militari du seul contestataire l'ancien président Hu Jintao, cependant que 4 autres anciens parmi les 7 membres du Comité permanent qui dirige le pays disparaissaient discrètement. Parmi eux le premier ministre Li Keqiang, supposé plus favorable à l'économie libérale.
Une première continuité caractérise en effet ce mode de gouvernement. Cela ne saurait échapper à quiconque : le pouvoir repose sur un homme. Il peut certes être balayé comme le fut le malheureux Liu Shaoqi, renversé dans la folie de la révolution culturelle à partir de 1966. Mais, en l'occurence, sauf incident de parcours de cette nature, Xi est en train de consolider son propre exercice du pouvoir pour un quinquennat supplémentaire, contrevenant à la règle statutaire qui fonctionnait depuis la mort de Mao et limitait son mandat dans le temps, y compris par une limite d'âge théorique de 68 ans, aujourd'hui dépassée par Xi. Il vise manifestement, tel Bokassa, la présidence à vie.
On pourrait sans doute passer au crible la hiérarchie des titres qui furent successivement attribués : au fondateur du régime Mao Tsé-toung ; puis au réformateur de l'économie Deng Xiaoping ; et enfin à leur successeur actuel. Dans tous les cas, la détention du pouvoir militaire reste en effet la clef de leur pouvoir personnel et deux crises majeures l'ont prouvé :
- La révolution culturelle, entre 1966 et 1976, ou plus précisément la contre-révolution pseudo-culturelle. Elle ne fut pas autre chose qu'un coup d'État militaire rétablissant le pouvoir de Mao, cantonné en raison de ses échecs économiques dans un rôle "prophétique". Ce rétablissement fut déclenché en premier lieu avec le soutien du ministre de la Défense, le maréchal Lin Biao, compilateur du Petit Livre rouge...
- De même en juin 1989 la décision de tirer sur les manifestants de la place Tian Anmen fut prise par Deng Xiaoping. Or, celui-ci n'appartenait même pas au Bureau politique du parti. Il convoqua cependant à son domicile le Politburo et lui imposa une ligne répressive, ce qui aboutit à l'éviction du secrétaire général en titre Zhao Ziyang, probablement le seul vrai réformateur. Deng dictait sa loi en sa qualité de président de la Commission militaire.
Depuis l'entrée à Pékin en octobre 1949 de Mao et du maréchal Zhu De, cette structure de gouvernement n'a jamais été démentie : Mao a bien pu dire que "le parti commande aux fusils", c'est bien l'armée qui dans ce régime communiste conserve le dernier mot.
On remarquera au besoin aussi que le même président Mao affirmait poétiquement que "la femme est la moitié du Ciel". Or, non seulement ses quatre épouses [officielles] : Luo Yixiu, un mariage arrangé à peine sortie l'enfance (1907-1910), Yang Kaihui militante communiste (1920-1930), He Zizhen, combattante exemplaire qui participa à la Longue Marche, mais qu'il répudia après qu'elle lui eut donné six enfants (1930-1937) et enfin l'ancienne actrice Jiang Qing (1939-1976) partagèrent surtout la moitié de l'Enfer. Mais bien plus, tout particulièrement la dernière, Jiang Qing, égérie de la révolution culturelle était considérée comme la femme la plus haïe de Chine. Veuve abusive du Grand Timonier elle sera liquidée en 1976, peu de temps après la mort de Mao et la courte dictature de la fameuse Bande des Quatre. Depuis lors, tout en représentant, paraît-il, la moitié du Ciel les femmes ne se comptent pas pour la moitié du bureau politique de ce parti qui revendique hautement l'égalité des sexes, mais qui reste composé de mâles jaunes.
La préoccupation militaire demeure centrale dans le gouvernement actuel de Xi : alors que le peuple chinois dispose aujourd'hui, dans un classement international par ordre de prospérité des individus, du 82ème revenu par habitant, l'énorme produit national de 1,4 milliard d'habitants est investie par le régime de plus en plus dans des budgets colossaux en faveur de son armée, de sa marine militaire, et de son industrie de défense. Cela fait une puissance énorme et redoutable de ce pays que personne n'envisage certes d'attaquer – mais qui constitue une menace redoutée par tous ses voisins, Japonais ou Vietnamiens, Indiens comme Coréens.
Un autre voisin, menacé lui aussi, malgré les protestations d'amitié sans limite, non suivies d'effets concrets, faut-il le rappeler, est évidemment la Russie, ainsi que les républiques d'Asie centrale autrefois soviétique, et notamment l'immense Kazakhstan.
De même les possessions françaises de l'océan Pacifique, faiblement défendues par des moyens militaires dramatiquement insuffisants, et tous les petits pays surendettés ont tout à craindre, dans les années à venir de cette continuité impérialiste de ce régime, quels que soient, bien entendu, ses discours hypocrites sur la souveraineté des États et l'intangibilité des frontières.
La nature politico-militaire de ce pouvoir reste ainsi une donnée fondamentale du communisme chinois. Il incarne en cela le projet du stalinisme dont il n'a jamais cessé de porter le flambeau.
JG Malliarakis
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Tout régime communiste repose sur l'armée et est souvent contrôlé par elle. L'image de Kim Jong-un ne se déplaçant qu'entouré de hauts gradés, donne l'impression d'une liberté surveillée.
Mas les dictatures se dotent souvent de structures para militaires qui doublent l'arme et la police régulière. Les SS sous le régime nazi, les gardiens de la Révolution en Iran ou encore, peut-être, le récent développement des Wagner en Russie.
Rédigé par : Laurent Worms | dimanche 23 oct 2022 à 15:54
Je dois bien admettre qu'il y a quelque chose d'inquiètant et même odieux dans ce pouvoir totalitaire bureaucratique mesquin, qui ne promeut que des inconditionnels du leader, comme ce maire de Shanghai qui a appliqué de manière obtuse une politique zéro covid insensée, et qui humilie publiquement un ancien président blanchi sous le harnois. Mais il faudrait quand-même se rappeler qu'on parle d'un état souverain et d'une grande puissance mondiale. Il serait dérisoire et irresponsable de prétendre s'immiscer dans ses affaires intérieures (relations avec la province de Taïwan incluses), donc ne le faison pas. En revanche, pourquoi ne s'intéresserait-on pas, au moins intellectuellement, aux idées de l'intellectuel du régime Wang Huning ?
Que ce pouvoir soit militarisé, c'est un donné dont on n'a qu'à prendre acte. Il est certain que les dirigeants chinois ne pouvaient, quant à eux, faire autrement que prendre acte du fait qu'il n'y a aucune chance pour que l'impérialisme yankee accepte de négocier un modus vivendi intelligent dans l'intérêt de la paix du monde. Par conséquent, le conflit est inévitable, la Chine en tire les conséquences, et c'est la faute de l'Amérique, non de la Chine. C'est sans doute là la cause de cette militarisation. De fait, la Chine se prépare pour la guerre, et elle a raison car la guerre lui a été déclarée par Oncle Sam. Elle n'a pas le choix.
Enfin, si le gouvernement chinois est composé surtout de mâles jaunes, qu'y a-t-il à redire là dessus ? Ne tombons pas dans le féminisme woke pro diversité.
Rédigé par : Realpolitik (Helveticus) | dimanche 23 oct 2022 à 18:48
@Helveticus. Le gouvernement chinois n'est pas composé "surtout" de mâles jaunes, mais UNIQUEMENT. Outre le comité permanent de 7 membres, c'est la totalité des 25 membres du comite central qui est exclusivement masculin. Le silence de nos "féministes" m'impressionne. Comme pour l'islamo-gauchisme les slogans "woke" fonctionnent sens unique contre les Occidentaux.
Rédigé par : Emile Koch | lundi 24 oct 2022 à 04:32
Hahaha, vous êtes impayable, Helveticus. Toujours à militer pour notre soumission aux tyrans étrangers. Russie, Chine, tout fait ventre.
Donc il ne faudrait surtout pas "s'immiscer dans les affaires intérieures" de la Chine, autrement dit : nous n'avons pas le droit de défendre la liberté de Taïwan. Ni de fermer les Instituts Confucius en France, fer de lance de la subversion et de l'espionnage chinois.
En revanche, nous devrions "nous intéresser aux idées de l'intellectuel du régime, Wang Huning", autrement dit accepter l'ingérence du communisme chinois dans nos affaires intérieures à nous.
"Il faudrait quand même se rappeler qu'on parle d'un Etat souverain et d'une grande puissance mondiale", dites-vous, ce qui sous-entend que la force prime le droit, et que nous devons laisser la Chine dénier à ses voisins leur qualité d'Etats souverains, et ne pas réagir lorsqu'elle annexe illégalement des îles en mer de Chine.
De même, "que ce pouvoir soit militarisé, c'est un donné dont on n'a qu'à prendre acte". En revanche, les Etats-Unis n'ont pas le droit de s'opposer au viol du droit international par la Chine, puisque "la guerre lui a été déclarée par l'Oncle Sam" (on aimerait avoir le lieu, la date et le texte de cette "déclaration").
Vraiment, vous nous prenez pour des jambons. Votre deux poids, deux mesures est gros comme un camion.
Tout ce que je me demande, c'est si vous êtes payé par Evgueni Prigojine et par ses homologues chinois, ou si vous faites ça bénévolement.
Je vous signale aussi que votre nouveau pseudonyme, Realpolitik, est une très mauvaise idée. Du moins si vous voulez dissimuler votre qualité d'agent de subversion russo-chinois.
En effet, la vision dite "réaliste" des relations internationales, c'est l'idéologie par laquelle la Russie prétend imposer le viol du droit international par la force, au profit de ses propres intérêts.
Sous prétexte de "réalisme". Ce qui est stupide : toutes les doctrines de politique étrangère sont réalistes, par définition.
C'est ce qui ressort d'un article récent de Timofei Bordachev, l'un des dirigeants du club de Valdaï, membre de la direction de l'Ecole des hautes études économiques de Moscou :
https://profile.ru/politics/pochemu-v-rossii-ljubyat-realistskuju-shkolu-mezhdunarodnyh-otnoshenij-1149560/
Il y a deux écoles principales dans les relations internationales, prétend-il : l'école libérale, et l'école réaliste.
L'école libérale serait convaincue que la nature humaine et les relations internationales peuvent être améliorées, pourvu que les conditions adéquates soient instaurées. Elle serait marquée par la recherche du bien commun, par des considérations morales et par l'importance accordée aux organisations internationales.
L'école réaliste, elle, est convaincue que "l'homme, de par sa nature même, est agressif et égoïste, qu'il recherche le pouvoir et qu'il en sera toujours ainsi" (on notera la projection manifeste : la mentalité poutiniste ne peut pas imaginer que d'autres n'aient pas ses vices). Elle pense aussi que "la nature des relations entre les Etats est immuable".
Cet article, remarquablement confus et contradictoire, est bourré des mensonges les plus outrageants qui soient. Des mensonges de type communiste, ou poutiniste, consistant à affirmer avec un aplomb parfait l'inverse de ce que tout le monde peut constater.
Par exemple, on y apprend que "la Russie apprécie le réalisme, parce qu'il exige que l'usage de la force reste modéré. La Russie refuse les guerres totales destinées à éradiquer l'ennemi." On y apprend aussi que la Russie défend "la liberté pour chacun de choisir sa propre voie et ses propres valeurs", rejette "le nationalisme agressif" et tient "la vie humaine pour la valeur la plus précieuse".
Tout cela, en effet, est absolument évident dans la façon dont la Russie se comporte en Ukraine en ce moment...
Bordachev, dans son éloge du prétendu "réalisme", a cette phrase absolument charmante : "Tous les voisins de la Russie entretiennent d'excellentes relations avec nous. Du moins, ceux qui se conduisent rationnellement, c'est à dire qui n'ont pas une politique suicidaire."
Voilà : le "réalisme" à la russe, c'est le chantage ouvert, non dissimulé. Soit vous vous soumettez intégralement à nous, soit nous vous tuerons, tous tant que vous êtes. Mais "chacun peut choisir ses propres valeurs", hein...
Les Occidentaux devraient se garder de se réclamer d'une conception "réaliste" des relations internationales. C'est un nom de code pour la soumission à la Russie, à la Chine et à tous les tyrans de la terre.
De même que, durant la Guerre froide, se réclamer du "Mouvement de la paix" signifiait que l'on était un larbin des communistes soviétiques. Et parfois un authentique agent du KGB.
Au passage, la revue Conflits de Jean-Baptiste Noé affichait explicitement, il y a peu, son "Manifeste pour une géopolitique réaliste". Comprendre : nous sommes le porte-voix français du poutinisme.
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 24 oct 2022 à 06:01
Merci Jean Gilles pour ce rappel historique et totalement exact des bienfaits que notre civilisation occidentale a apportés aussi bien dans nos ex-colonies que pour la pensée éclairante de certains de nos.penseurs et écrivains que l'on redécouvre enfin après des années d'oubli volontaire du à une dictature de la pensée unique d'une gauche Apatride et sans sens moral.jl
Rédigé par : Peigues | lundi 24 oct 2022 à 11:37
@Robert Marchenoir
J'ai déjà dit ce que je pensais de votre bêtise de "gros facho poilu" libéral, complice de tous les coups tordus de l'OTAN, et que je ne m'abaisserai pas à polémiquer avec vous. Donc je me tiendrai à cette ligne de conduite.
Rédigé par : Realpolitik | lundi 24 oct 2022 à 14:46
@Emile Koch
Pourquoi faudrait-il les blâmer pour cela? Il y a beaucoup de choses à reprocher au régime communiste chinois, mais pas ça.
Vous avez intériorisé le concept et le chantage idéologique féministe-multiculturaliste selon lequel il est absolument indispensable d'avoir dans tout gouvernement la "parité" parfaite homme-femme, et la "diversité", avec le plus possible de non-blancs. Je ne vois aucune raison de faire ça.
Ça ne ne me dérangerait pas du tout si le gouvernement français était composé exclusivement de mâles blancs. A mes yeux les derniers gouvernements français à peu près décents étaient ceux du président Pompidou, avec des gens comme Raymond Marcellin, Pierre Messmer, Michel Jobert, Jean Royer, Olivier Guichard, etc. Des vrais ministres.
Personnellement, je ne conçois pas un gouvernement qui ne soit pas composé d'une majorité d'hommes, ayant tous été officiers supérieurs dans l'armée ou du moins porté les armes pour leur pays, et appartenant tous ou presque tous au groupe ethnique majoritaire du pays. On peut très bien se passer des péronnelles à la Florence Parly (ministre de la défense en jupons qui n'a jamais touché un fusil) ou des Marlènes Schiappa. On peut aussi se passer des Pape Ndiaye & Cie.
Rédigé par : Helveticus | lundi 24 oct 2022 à 16:25
@ Realpolitik / Helveticus / Chépaquoi
Non, bien sûr. Vous êtes suffisamment généreux pour partager avec nous votre propagande fasciste et communiste pro-chinoise et pro-russe, mais sitôt que j'en démonte les contradictions, vous vous retirez sur vos sommets car vous êtes un personnage trop important pour vous "abaisser" à "polémiquer" avec moi.
Bouffon, va.
On notera votre usage successif et même simultané de pseudonymes différents, ce qui est, aussi, la marque des trolls du Kremlin.
Les gens honnêtes prennent un pseudonyme et s'y tiennent.
C'est curieux que vous affichiez une nationalité suisse, tout en faisant l'éloge de ministres français des années 60.
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 24 oct 2022 à 17:20
No comment.
Rédigé par : helveticus | mardi 25 oct 2022 à 00:32
@ Robert Marchenoir
"votre propagande fasciste et communiste pro-chinoise et pro-russe"
Vous tenez le langage des cosmopolites.
Qu'est-ce que le fascisme (1922-1945) vient faire là ?
Si ne pas s'aligner sur les dirigeants américains, leur mondialisme, leur cosmopolitisme pervers, leur volonté de dominer le monde pour y implanter leur pourriture woke, c'est être fasciste (!) et/ou communiste, alors j'accepte d'être à la fois fasciste (!) et communiste.
La décadence n'a jamais été ni d'origine fasciste, ni d'origine communiste.
Rédigé par : RR | mardi 25 oct 2022 à 12:03