Oui nous pouvons admirer la manière dont Elizabeth II a su présider au passage de son pays d'un siècle à l'autre de son pays.
À l'époque du confinement, du gouvernement par la peur et du ridicule "quoi qu'il en coûte" du citoyen Macron, L'Insolent du 14 avril 2020 titrait : "Je préfère la reine d'Angleterre".
Votre chroniqueur a aimé par exemple le Communiqué du Cercle Normand de l'Opinion qui rappelle, sous le titre "La Reine et la Normandie" :"Peu de régions en France doivent se sentir concernées par la disparition de la souveraine du Royaume-Uni et du Commonwealth autant que la Normandie. Le Cercle Normand de l’Opinion présente toutes ses condoléances à la famille royale et au peuple britannique, mais plus particulièrement aux habitants des bailliages de Jersey et Guernesey, nos cousins de la Normandie insulaire, ainsi qu’aux ressortissants britanniques habitant en Normandie. Malgré le Brexit, nous ne pouvons oublier que l’Angleterre nous est proche..."(cf. "Normandie terre d'actions et d'infos" du 9 septembre).
Votre chroniqueur a aimé également, et partagé, le sentiment de Guy-William Goldnadel qui "envie" la continuité des institutions parlementaires, symboliquement monarchiques et dynastiques du Royaume-Uni. (sur C News le 9 novembre)
La grande différence hélas, entre le régime britannique et celui qui prévaut en France, peut en effet se résumer à ceci : le chef de l'État, à Londres, comme à Edimbourg, est perçu comme le lien symbolique unificateur du peuple et de la nation, alors qu'à Paris il apparaît, particulièrement comme un signe de division.
Dans l'émotion extraordinaire de son deuil, comme dans sa règle de succession réformée en 2015, le Royaume-Uni trouve une force qui exaspère bien sûr tous nos destructeurs nationaux. Comment ne pas respecter, et même envier, cette force héritée de l'histoire ? Comment ne pas s'interroger sur la faiblesse de nos propres institutions, au moment même où l'on prétend maintenant les "refonder", dans l'indifférence générale ?
Sans se déchirer, nos voisins, – nos éternels rivaux aux yeux de beaucoup de Français, – ont vu se succéder, en effet au 10 Downing street; au cours des 70 ans du règne d'Elizabeth II, 15 premiers ministres, tous respectueux de leur souverain, auquel chaque semaine ils auront rendu compte de leur propre action.
Notons que cet équilibre s'est construit, outre-Manche, au fil des siècles. Il a fallu déployer un effort pas toujours facile : de bon sens pragmatique, de réconciliation et de synthèse. Cette continuité se poursuit de nos jours jusque sur le terrain religieux. Il fut au XVIIe siècle au centre d'une guerre civile terrible, puis au début du XVIIIe siècle il servit de principe à l'Acte d'établissement de 1701, au profit de l'électrice de Hanovre et de son mari, tendant à exclure durablement le catholicisme. L'anglicanisme se voulait alors réconciliateur et unificateur, il ne le fut qu'à moitié : eh bien, on se préoccupe aujourd'hui d'en amoindrir, au sein de cette société plurielle, le caractère unilatéral y compris dans les cérémonies séculaires du couronnement.
On notera ainsi que, selon les tabloïds britanniques, le couronnement de Charles III était prévu depuis plus d'une décennie. Or, on débat désormais sur la symbolique de cette cérémonie et sur l'importance de son caractère religieux. Celui d'Elizabeth en 1952 observait strictement les normes anglicanes, avec de l'huile et la Sainte Communion, une tradition que beaucoup veulent également voir dans ce couronnement. Mais, depuis 2018, et sur la base d'une réflexion de l'Université de Londres, on pense désormais que le couronnement, qui n'interviendra pas avant quelques mois devrait probablement rechercher un caractère plus rassembleur, étant donné la diversité du peuple britannique et le fait qu'une grande partie de celui-ci, c'est le moins qu'on puisse dire, n'exprime pas de fort sentiment religieux.
Oui, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, l'Angleterre nous donne encore, comme elle l'a fait bien souvent dans l'histoire, un exemple remarquable.
Brexit ou pas, elle reste en effet une grande nation européenne.
Les commentaires fielleux de nos journaux hexagonaux ne doivent pas nous tromper. Ils préjugeaient encore, il y a quelques heures des difficultés que le nouveau gouvernement conservateur de Ms Liz Truss se prépare à affronter. Souhaitons lui plutôt de réussir et souhaitons longue vie au roi Charles III.
JG Malliarakis
Pour recevoir les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
[email protected]
Bel éloge de notre ennemi héréditaire auquel je ne l'associe pas. Chacun son avis... amicalement!
Rédigé par : Tonton Cristobal | vendredi 09 sep 2022 à 22:08
En nous débarrassant de l'abject tyran Napoléon Bonaparte, l'Angleterre a rendu à l'Europe et singulièrement à la France un service inestimable.
Et en tant que scientifique, je tiens à souligner l'immense apport en physique de l'école anglaise.
Rédigé par : RR | vendredi 09 sep 2022 à 22:59
Le long règne d'Elizabeth II aura vu le renforcement du pouvoir de la finance transnationale sur le pays, conformément au pouvoir conquis par les banques aux XVIe et XVIIe siècles, qui est la raison d'être de l'Angleterre ; le dumping social organisé au moyen d'une immigration massive contre les travailleurs britanniques (dans le meilleur style thatchérien) ; la casse indécente du service public et le triomphe de l'égoïsme ; le pourrissement culturel par la contamination américaine ; l'effondrement démographique ; et surtout la dilution des peuples autochtones dans une immigration massive, en fait une submersion raciale voulue, et imposée, par ceux qui dirigent le royaume.
Un souverain lucide, même sans pouvoir politique, se serait honoré de faire des remontrances sur cette évolution, et de refuser de servir plus longtemps de garant et de symbole à ce système. La reine a fait son métier, comme peut-être Charles fera le sien, comme toutes les têtes couronnées d'Europe accomplissent leur destin d'honorables potiches et de paravents consolatoires. Le système mondial en a besoin ; le peuple aime ça.
Les éminente qualités des Britanniques, et leur cuirasse de défauts, tournent maintenant à leur désavantage. Des transformations irréversibles s'accomplissent, mesurables, irrémédiables.
Nul doute que les tabloïdes britanniques ne nous donnent tous les détails sur le savant dosage cérémoniel qui tiendra compte de "la diversité du peuple britannique" (understatement). Nous consulterons avec intérêt la rubrique "Horoscope".
Rédigé par : Reynier | vendredi 09 sep 2022 à 23:33
Tout ça c'est bien beau mais ce que je vois moi, c'est que la situation de l'Angleterre n'est pas meilleure que celle de la France.
La famille royale apporte du rêve aux Anglais, mais au réveil c'est bel et bien le cauchemar (qui d'ailleurs à moyenne échéance aura raison du rêve).
Un célèbre homme politique anglais avait été particulièrement visionnaire en la matière.
Rédigé par : RR | samedi 10 sep 2022 à 00:24
La Reine est morte, vive le Roi !
Au fond, peu importe qui Charles III est, ou croit être : il lui suffit d'être le fils de sa mère pour fédérer son pays.
Ne serait-ce pas ce qui manque à la France ?
Rédigé par : Alain Charoy | samedi 10 sep 2022 à 06:29
Une certaine presse britannique diffuse le pronostic d'un prochain largage de la Couronne par certains des 14 royaumes ultramarins (realms) pendant la transition.
Comment leur faire comprendre qu'un chef d'Etat expérimenté et affectionné comme Charles d'Angleterre leur évitera de voir surgir aux affaires sans que rien ne les bride, les Papadoc de demain, un Chavez ou un Maduro, un Ortéga, toute racaille "révolutionnaire" montée par les urnes jusqu'au sommet, puis qui mutent en tigres féroces ?
Rédigé par : Catoneo | samedi 10 sep 2022 à 14:52