Les flonflons de la fête révolutionnaire commémorant, aujourd'hui encore, la décapitation du gouverneur de Launay en 1789 ne doivent pas nous griser plus que nécessaire. Ancien et sanglant, ce fait d'armes s'estompe dans les brumes du passé. Il fut en son temps revendiqué par un certain Jourdan surnommé pour cela Coupe Tête, car il s'en glorifiait. Dans les années qui suivirent, ce personnage allait ensanglanter la révolution avignonnaise, laquelle annexa par la violence le Comtat Venaissin, jusque-là possession pontificale. Il revint à l'été 1792 à la tête des fameuses bandes qualifiées de "Marseillaises", qui popularisèrent le Chant de guerre composé pour l'armée du Rhin par Rouget de Lisle.
Il est vrai qu'aujourd'hui la flamme révolutionnaire passe beaucoup moins par Paris. On y cultive surtout un certain héritage du glorieux général Boulanger. Lors de son bref passage au ministère de la Guerre, il avait inventé la guérite tricolore et le concept d'un défilé militaire annuel chaque 14 juillet, au début à Longchamp, désormais sur les Champs Élysées.
Cette manifestation, qui nous renvoie aux origines du mouvement nationaliste du XIXe siècle, avait beaucoup plu, en 2017, à Donald Trump, qui se revendiquait lui-même d'une telle étiquette.
Admirant au contraire, dans l'histoire de France, le Jacobinisme et la Commune de Paris, l'Eurasie a pris le relais et s'est emparée du flambeau. Les statues de Lénine et les drapeaux rouges y maintiennent en effet la tradition des coupeurs de têtes.
C'est dans cet esprit que, le 13 juillet, la dictature communiste de Corée du Nord a donc reconnu les deux "républiques populaires" séparatistes de l'est de l'Ukraine considérées comme des États "indépendants". Une telle décision était rapportée le jour même par un dirigeant séparatiste et l'agence de presse russe TASS.
Ainsi la Corée du Nord devient le troisième pays, après la Russie qui a déclenché les hostilités en lançant cette reconnaissance le 21 février, et l'heureuse Syrie. Sur 193 pays membres de l'ONU, les "démocraties populaires" de Donetsk et Lougansk ont donc recruté 3 amis en 140 jours de guerre.
Dans un message sur son compte Telegram, le dirigeant de Donetsk, Denis Pushilin, a pu déclarer qu'il espérait développer une "coopération fructueuse" et de bonnes relations commerciales avec la Corée du Nord, exportatrice du ginseng.
Selon l'agence TASS, l'ambassade de Corée du Nord à Moscou a confirmé qu'elle reconnaissait l'indépendance des deux régions
L'ambassade de Donetsk à Moscou a publié une photo d'une cérémonie au cours de laquelle l'ambassadeur nord-coréen Shin Hong-choi a remis un certificat de reconnaissance à l'ambassadrice de Donetsk Olga Makeyeva.
On se souviendra aussi que Pyongyang avait déjà exprimé son soutien à la Russie pour l'annexion de la Crimée en 2014.
On ne peut que dédier cette information aux poutinolâtres qui subsistent encore à droite. L'Eurasie est en marche. À la veille de la Saint-Vladimir, leur idole n'est plus seule.
JG Malliarakis
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Il faut donc chercher dans le fond de poubelles dictatoriales les soutiens à la politique du Kremlin.
La Corée du Nord n'étant qu'une marionnette aux mains de la Chine, on pourrait également déceler dans cette reconnaissance un geste hypocrite et sans grande conséquences tant militaire que diplomatique de la Chine envers la Russie, un allié devenu quelque peu gênant et
auquel elle n'apporte pas le soutien que Poutine attendait.
Rédigé par : Laurent Worms | jeudi 14 juil 2022 à 20:56
Surprenant!
On était habitué à mieux...
La grande question est de savoir qui est l'aggressé depuis les années 2000....
Rédigé par : MENNESSIER Claude | vendredi 15 juil 2022 à 10:43
En échange du ginseng, Donetsk va donc exporter ses instruments de torture vers la Corée du Nord (gégène, perceuse...). Ou alors, quoi ? Des drapeaux rouges ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 15 juil 2022 à 11:40