Deux nouvelles concomitantes ces jours-ci doivent être rapprochées, car il semble bien que l'une soit la conséquence de l'autre. La première concerne la masse des titres d'emprunts que l'État central parisien va devoir émettre en cette année 2021, soit la somme colossale de 400 milliards d'euros. Elle est évidemment liée aux dépenses générées par le Covid-19, mais aussi à la charge de remboursement des emprunts arrivés à terme.
La seconde vient de l'insistance du Ministre des Finances Bruno Le Maire, qui se montre bien décidé à remettre à l'ordre du jour la réforme des retraites.
Ceci ne manquera pas de relancer une agitation syndicale, aussi bien de la part de la CGT que de la CFDT.
Et cette dernière perspective trouble grandement un éditorialiste tel que Nicolas Beytout, qui s'interrogeant, le 30 mars dans L'Opinion et dans sa chronique quotidienne sur Europe N° 1 : "Réforme des retraites que cherche Bruno Le Maire" ? avançait plusieurs motivations qui lui semblent plausibles.
Par exemple, il lui paraît ainsi vraisemblable, … l'idée d'une réforme dite "paramétrique", c'est-à-dire comportant un recul de l'âge ou une baisse des pensions, … constituant un marqueur supposé "de droite" … que l'élu ex-chiraquien de l'Eure s'attacherait donc à ...…mesures macroniennes dites "sociétales", d'inspiration clairement "progressiste"…
Un peu tiré par les cheveux ne trouvez-vous pas ?
Beaucoup plus clairement, il apparaît que les déficits structurels des comptes publics français, hors la situation exceptionnelle du Covid-19, sont largement occasionnés par un modèle social étatisé gravement et inutilement dispendieux. La sécurité sociale coûte plus cher que les dépenses classiques de l'État. Et sa branche vieillesse dépasse de très loin les dépenses en faveur des familles et des enfants français.
Comment ne pas s'inquiéter dès lors qu'aux yeux des investisseurs l'État central parisien peut hélas passer pour l'administrateur d'un pays surendetté et en voie constante d'appauvrissement.
Ainsi, jusqu'en 1981, date de l'arrivée au pouvoir de Mitterrand la dette de l'État français était demeurée inférieure à 25 % du produit intérieur brut. De 2010 à 2019, ce pourcentage est passé de 75 à pratiquement 100 %. C'est donc un État surendetté qui aura abordé en 2020 la crise du Covid-19 et dont l'endettement frise désormais 120 % de la richesse produite en 12 mois.
Les Anciens considéraient qu'il ne fallait pas entrer en guerre avant d'avoir engrangé la moisson. Vieilleries. Balivernes. Le monde d'avant étant révolu depuis l'élection jupitérienne miracle de 2017, voici le monde d'après où, quand on déclare, en mars 2020, une prétendue guerre à un virus bien réel, on affirme prendre des décisions "quoi qu'il en coûte".
Depuis plusieurs années la citadelle de Bercy laisse circuler, sans trop chercher à la contredire, la rumeur selon laquelle tout cela serait naturel. On laisse même entendre que cela se révélerait profitable au pays, selon l'adage absurde "qui fait des dettes s'enrichit". Et celui-ci trouve un regain paradoxal de popularité puisque les taux d'intérêt nominaux sont restés artificiellement très bas depuis quelque 10 ans, du fait de la réponse monétaire à la crise adoptée, aussi bien par la Réserve fédérale des États-Unis que par la Banque centrale européenne de Francfort. La perspective d'une hausse prochaine des taux semble encore évacuée des raisonnements.
Ainsi le coût, en charge d'intérêts, du recours à l'emprunt serait considéré comme techniquement nul.
Quant au principal, un certain nombre de démagogues, tel Mélenchon, et de glorieux économistes, en réalité des charlatans, tel Piketty, généralement de gauche mais pas tous, ont accrédité l'hypothèse du refus de rembourser les emprunts contractés par l'État central parisien.
Qu'un tel scénario entraînerait, s'il se voyait appliqué, des conséquences catastrophiques, ne fait évidemment aucun doute. Même pour acheter des vaccins ou des médicaments, un État en faillite se trouve paralysé. L'Argentine ou le Venezuela, pays autrefois prospères, aujourd'hui ruinés par la démagogie, nous en offrent de tristes exemples.
Sans en être encore arrivé à ce point de décrépitude, la France s'appauvrit de manière lente et régulière. En moins de 30 ans, son PIB par tête d'habitant est passé d'un niveau égal à 95 % de celui de l'Allemagne en 1992, à un étiage de 85 % en 2020.
Or, dans le même temps, la dette publique française, rapportée au PIB national, partant d'un niveau égal à celui de nos cousins germains, lui est désormais supérieure de 40 points.
L'urgence des réformes de redressement national par le Travail et la Liberté devrait donc s'imposer à tous nos hommes politiques, et pas seulement au ministre en charge des Finances.
JG Malliarakis
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" "qui fait des dettes s'enrichit" "
Cela peut être exact au niveau de l'entreprise qui va s'endetter pour investir dans des immobilisations telles par exemple des machines et ainsi accroître sa production avec au final un réel bénéfice et enrichissement une fois les immobilisations amorties et les dettes remboursées.
Mais tout cela ne s'applique évidemment pas à l'État (le plus souvent d'ailleurs comme en France parasitaire). Que des hommes politiques prétendent le contraire n'est cependant guère surprenant. Le non-regretté Valéry Giscard dit d'Estaing n'avait-il pas déclaré qu'il dirigerait la France comme l'on dirige une entreprise ? On en voit le résultat.
Rédigé par : RR | vendredi 09 avr 2021 à 22:20
Trois chiffres illustrent bien cette chronique:l'industrie française ne représente plus que 13 % du PIB contre 19 % en Italie (et certainement plus si on regarde que le nord de ce pays) et 25 % en Allemagne.
Le parc industriel français vieilli et obsolète n'ayant pas été modernisé à temps a été remplacé par le tourisme, loisirs et service; des activités peu productives et d'une grande fragilité comme le montre la crise sanitaire et ses conséquences sur l'économie de l'hexagone.
Rédigé par : Laurent Worms | samedi 10 avr 2021 à 09:12
Malheureusement, cela n'a rien de spécialement macronien, ni même français. La "new monetary theory" est très en vogue dans les cercles financiers internationaux, et en gros, c'est la finance à la Marine le Pen (ou Mélenchon, c'est pareil) : non seulement la dette c'est pas grave, mais il est vertueux de créer de l'argent gratuit, puisque ça ne coûte rien.
Bien entendu, ce genre d'illusion est plus grave à entretenir pour la France, avec son déficit et sa dette déjà prodigieux. Mais enfin le FMI a applaudi au déluge d'argent magique décrété par Joe Biden pour "réparer les ponts", ce qui montre à quel point les temps ont changé.
En fait, il est vertigineux de constater à quel point les délires financiers de Marine le Pen (ou Etienne Chouard) ont été adoptés par leurs pires ennemis : la "finance anglo-saxonne cosmopolite et dérégulée".
Curieusement, je n'ai jamais entendu Marine le Pen se vanter de sa victoire -- ni, d'ailleurs, les économistes officiels se vanter d'être devenus des "fachos" et des "racistes" rappelant les heures les plus sombres de notre histoire.
Heures les plus sombres de notre histoire qui étaient largement dues à la politique économique dirigiste d'un socialiste nommé Hitler, on a tendance à l'oublier. Un peu de lecture :
https://www.contrepoints.org/2012/10/06/99648-le-socialisme-en-chemise-brune
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 10 avr 2021 à 18:03
@ Robert Marchenoir
"Heures les plus sombres de notre histoire qui étaient largement dues à la politique économique dirigiste d'un socialiste nommé Hitler, on a tendance à l'oublier. Un peu de lecture :
https://www.contrepoints.org/2012/10/06/99648-le-socialisme-en-chemise-brune"
Oui. C'est aussi la thèse d'Hermann Rauschning (La Révolution du nihilisme).
Il faut bien avouer par ailleurs comme vous l'avez d'ailleurs souligné ici- même que "l'extrême-droite française" n'a jamais été en reste elle non-plus dans l'adhésion au socialisme (même si le royalisme de l'Action française excluait l'étatisme forcené des nationaux républicains et des quelques "fascistes" français).
Quant au "Rassemblement" "National", ce n'est qu'une secte familiale qui change de discours comme de chemise au grès du vent (et pas seulement sur la question économique).
Rédigé par : RR | samedi 10 avr 2021 à 19:39
Quand on a vendu son âme à l'€urope ,mon cher Insolente je vous dis que la France est foutu. Bien entendu la France tout seul a toujours son CGT et milles autres organisation parasites mais au moins en moins Bruxelles en dix fois pire
Rédigé par : Carel Wijngaards | lundi 12 avr 2021 à 00:23