Aujourd'hui la survie de l'identité française et européenne suppose une défense bec et ongles de nos libertés.
Rien de plus urgent dans le contexte que nous vivons.
Hier soir, votre chroniqueur était invité à débattre autour d'un souvenir contradictoire, et qui mobilise Mme Hidalgo : l'anniversaire de la Commune de Paris.
Or, 150 ans après cet épisode tragique de notre histoire, il peut sembler paradoxal que des héritiers du combat nationaliste français d'hier puissent honorer encore les insurgés rouges de 1871. Paradoxal car désormais ceux qui accaparent ce souvenir sont les pires ennemis de l'identité et des libertés, les pires adversaires de l'idée même de Patrie.
On doit le dire clairement.
Et ceci pour plusieurs raisons.
D'abord si toute la gauche ne se reconnaît pas dans la Commune la plupart de ses militants voudraient faire semblant d'en brandir le drapeau en mémoire des morts de la semaine sanglante. Quand on se rend en effet au mur des fédérés on n'observe pas seulement les pierres tombales des dirigeants du parti communiste, on s'expose à côtoyer aussi des staliniens bien vivants, des marxistes-léninistes kurdes, etc. Des trucs à attraper des bêtes.
C'est donc à partir de cela qu'il convient réfléchir de nos jours.
L'idée nationaliste est apparue en France, avec Maurice Barrès, dans un contexte très particulier, au lendemain de l'échec du boulangisme, celui qu'on appelait le général Revanche. De ce mouvement qui prétendait dépasser le clivage entre la droite et la gauche, largement soutenu par la duchesse d'Uzès et les survivants du bonapartisme, Barrès expliqua qu'il échoua faute d'une doctrine.
Le gaullisme, l'ayant amplement récupéré, et pour transcender les vieux clivages, aimait à se souvenir du colonel Louis Rossel. Mû par le seul patriotisme, éphémère responsable militaire de la Commune, celui-ci ne portait lui-même aucune responsabilité dans les crimes et les incendies révolutionnaires qui ravagèrent la Capitale. Accusé par les dirigeants communards de préparer un coup d'État, destitué et démissionnaire, il sera néanmoins fusillé par les versaillais en novembre comme l'avaient symétriquement été, en mai, Mgr Darbois et les otages innocents capturés par les Rouges.
Les premières troupes boulangistes, qui vont à la duite de Barrès s'intituler "nationalistes" furent ainsi recrutées en partie dans les rangs des anciens blanquistes, l'une des composantes, sans doute la plus "patriotique" de la Commune insurgée.
À l’époque existait encore un peuple de Paris, reconnaissable à son accent parigot. Tout cela a disparu. On ne trouve plus d'usines à Paris, de moins en moins d’ateliers. Les artisans qui travaillent à Paris y résident et y votent de moins en moins. Les électeurs de Mme Hidalgo comme ceux du camarade Mélenchon son rival se recrutent chez les bobos et les fonctionnaires.
Quand Barrès, en 1897, écrivit son fameux roman Les Déracinés – déjà illisible dans ma jeunesse, reconnaissons-le, – il n'avait encore rien vu en matière de déracinement
Parallèlement, le socialisme français qui a fait la Commune ce n'est pas encore, et même pas du tout le marxisme.
Celui-ci n'est alors représenté par une des composantes, minoritaire de l'insurrection ceux qu'on appelle les Internationaux.
Mais même s'agissant de ces fameux "Internationaux", on doit se souvenir que la première revendication, de la première réunion, de la première Internationale, à Londres en 1864, demande l’arrêt de l’immigration qui à l’époque fait venir dans la métropole du capitalisme des Français et des Belges.
A la fin du second empire, les deux principaux courants socialistes français sont l'un blanquiste, l'autre proudhonien. Et aujourd'hui c'est surtout cette dernière composante qui se révèle intéressante, féconde et nécessaire. Visant à l'association libre des producteurs, professant le fédéralisme, elle va converger avec les doctrines corporatives de La Tour du Pin.
Deux sphères s'opposent autour de cet héritage, divisées par la ligne de partage de l'attitude vis-à-vis de la religion, un mot qui, à l'époque et en France, désigne le catholicisme. Les crimes commis par les éléments anticléricaux de la Commune de Paris vont accroître cette déchirure.
Mais désormais quand on parle de religion, on pense à l'islam.
Observons donc le caractère sinon accidentel, du moins artificiel de tout cela nos jours. Rappelons au besoin que la cause de la liberté et de la patrie doit rassembler aujourd’hui ceux qui croient la Terre comme ceux qui croient au Ciel.
On doit aussi se souvenir que Marx et Engels n'avait pas de mots assez sévères pour accabler de leurs sarcasmes et de leur mépris les malheureux Communards français réfugiés à Londres. La défaite de ceux-ci confortait la primauté de leurs thèses au sein du mouvement ouvrier. Leur disciple Lénine mit en pratique leur théorie selon laquelle l'échec de la Commune, comme celui de 1848, comme celui de Robespierre n'est pas imputable aux crimes et aux excès, mais au contraire à la modération des révolutionnaires français. On connaît la suite.
JG Malliarakis
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L'importance de la célébration de la Commune, tout comme celles du Front populaire et de la guerre civile d'Espagne en 2016, montre combien une partie, en premier la gauche, est tournée vers un passé révolu. En 2016, je me trouvais à Turin, ancien "bastion" ouvrier d'Italie jusque dans les années 70. Pas un mot sur la guerre civile espagnole et les brigades internationales, sauf une toute petite affichette A4 d'un micro groupuscule anarchiste qui organisait une réunion souvenir. A propos la production industrielle représente 13% du PIB français contre 19% de l'Italien et 25% de l'Allemand. Plus de classe ouvrière en France, plus de "bastion" tel l'Ile Seguin, alors la gauche ne vit que de souvenirs d'une époque révolue.
Rédigé par : Laurent Worms | mercredi 31 mar 2021 à 18:14
J'ai toujours été consterné par la propension française à célébrer la Commune, toutes tendances politiques confondues. Les Communards, ce sont d'abord des massacres d'ecclésiastiques retenus en otages, et la destruction délibérée, systématique, des joyaux de l'architecture parisienne par l'incendie volontaire.
Qu'est-ce qu'il y a de bien là-dedans ?
Il est très instructif de comparer les versions française et anglaise de Wikipédia sur ce sujet. La première minimise les crimes de la Commune et privilégie la version de l'histoire diffusée par la propagande. La seconde est beaucoup plus rigoureuse et respecte la vérité.
En fait, les Gilets jaunes rappellent beaucoup la Commune, par leur volonté de révolution, d'oppression, leurs destructions, leur dogmatisme, leur incapacité à s'unir et à accomplir quoi que ce soit de concret. L'utopie se résolvant en violence pure.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 31 mar 2021 à 21:29
Et Lénine a bien raison, les Gilets Jaunes ont été trop modérés et si Mr Marchenoir croit qu'on arrivera au pouvoir par les urnes, il se trompe. On a raté là, par la trahison de MLP notamment, une chance unique qui n'est pas près de se reproduire ! Quand à un coup d'état de l'Armée, rien à en attendre non plus, ne rêvez pas !
Rédigé par : Françoise de Savigny | jeudi 01 avr 2021 à 09:23
@ Françoise de Savigny
"Si Mr Marchenoir croit qu'on arrivera au pouvoir par les urnes, il se trompe."
Je ne sais pas bien qui est ce "on", ou plutôt, je crains de trop le savoir : je suis bien aise que "vous" n'arriviez jamais au pouvoir, ni par les urnes ni autrement.
Quant aux anonymes qui disent "nous" au lieu de dire "je", sur Internet, ils doivent susciter une méfiance immédiate. Ainsi qu'en atteste votre éloge de Lénine.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 02 avr 2021 à 02:45