Réagissant à notre chronique sur la Dette, un amical correspondant américain me communiquait un article factuel, effectivement consternant, du Washington Post. Il s'agissait des finances délabrées de son pays. Et il le commentait en s'exclamant : "nous sommes foutus !"
Principale puissance militaire et économique mondiale, aujourd'hui encore, l'Amérique apparaît désormais bel et bien surendettée, en tant qu'État fédéral, vis-à-vis du monde extérieur. Pour la première fois depuis 1946 la dette étatique du pays aura surpassé en 2020 le périmètre de son économie. Le coût investi dans la lutte contre la pandémie aura ainsi dépassé de 4 000 milliards de dollars celui la deuxième guerre mondiale. Et l'année 2021 se présente comme plus désastreuse encore avec un programme de relance supplémentaire du parti démocrate à hauteur de 1 900 milliards de dollars. Au nom d'une inspiration néo-keynésienne, il tend à se justifier par la volonté de faire baisser le taux de chômage, officiellement de 6,3 %, mais qu'une évaluation opérée par le Congrès situe aux alentours de 10 %.
Or, son principal créancier, le système bancaire de Pékin, est contrôlé par le parti communiste chinois, premier ennemi de l'hégémonie occidentale sur laquelle, de son côté, l'Europe fonde encore sa propre sécurité.
Cet enchevêtrement de dépendances rend évidemment hypothétique notre capacité à faire face aux défis que nous lancent les adversaires de notre civilisation et de nos libertés.
Nous nous trouvons donc en présence, du fait de tous les intérêts coalisés de la finance mondialisée et des politiques néo-keynésiens, d'une autre forme d'adversaires. Il convient d'insister sur le "néo", car la pensée [brouillonne et obscure] de Keynes et ses équations mirobolantes de "l'équilibre" servent aujourd'hui d'alibi et de cache-sexe aux démagogies dépensières des étatistes de gauche comme de la pseudo "droite".
Le mondialisme financier se nourrit ainsi des surendettements qu'engendrent leurs déficits. Ceux-ci permettent aux banquiers créanciers de régenter les États. La parole de Mme Lagarde pèse plus que celle de Bruno Le Maire et même que celle du président Macron. Ne parlons même pas du chef du gouvernement, un certain Castex.
Et aujourd'hui même, à Rome, tout le monde, – à l'exception des nationalistes de Fratelli d'Italia – semble applaudir à l'arrivée au pouvoir de Mario Draghi issu de la présidence de la Banque centrale européenne...
Nous aimerions toujours, certes, n'avoir affaire qu'à un ennemi principal, pour ainsi dire unique. Ce serait tellement plus simple.
Mais déjà, la Chine communiste qui ambitionne d'établir son hégémonie sur l'Asie et sur quelques autres pays converge hélas, dans la pratique, avec un autre totalitarisme qui semble pourtant incompatible en théorie : l'islamisme.
Or, il n'existe pas seulement des adversaires aussi visibles et déclarés.
Aujourd'hui, si l'impérialisme chinois et l'islamisme tendent à détruire l'occident, d'autres forces le rongent de l'intérieur.
Quelle réponse apporter à cette double menace, sinon la voie étroite de la force de gouvernement, de la cohésion sociale, de la priorité au rétablissement des fonctions régaliennes, toutes conditions essentielles, pour un pays, de l'indépendance et de la véritable liberté.
Comment par conséquent lutter sur deux fronts ?
Quand Giscard appela Barre à Matignon, il crut pouvoir le présenter comme le meilleur économiste français[1]. L'intéressé rappela qu'à l'époque ce titre ne pouvait s'appliquer qu'à François Perroux, auteur par exemple du premier et lumineux Que sais-je sur le Capitalisme[2]. Or, il y a plus de 50 ans, en 1969 ce maître injustement oublié avait publié un essai fondamental sur L'Indépendance de la Nation.[3]Il y soulignait que, l'interdépendance étant universelle, il fallait définir l'indépendance comme une modalité forte de l'interdépendance.
Autrement dit les nations libres sont les nations fortes, et c'est cela qui leur permet de tenir tête à tous leurs adversaires, intérieurs comme extérieurs.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Tournant cette phrase en dérision, Mitterrand déclarait à son tour qu'il avait recruté en la personne de Rocard "le meilleur économiste de Conflans Sainte Honorine".
[2] Notons que cette remarquable édition (1962) a été remplacée, par les PUF, dans la fameuse collection d'abord par un substitut rédigé par Alain Cotta (1977) puis par Claude Jossua (2011).
[3] Publié en 1969 chez Aubier-Montaigne, ce livre connut une édition de Poche 10/18 en 1971. On le trouve aisément sur internet.
Vous écrivez: " son principal créancier, le système bancaire de Pékin ... "; or, l'actuelle stratégie de la Chine est de se défaire des bons du trésor américains, certes rémunérés à 2,53%, mais représentant une dette de 350 billions (soit 350.000 milliards) de $; relisez William Bonner. Qui détient les assignats ?
Petite réponse
La "stratégie" chinoise n'a pas encore abouti à revendre toutes les créances que Pékin détient. La dette américaine reste colossale et catastrophique à terme de toute manière.
Elle sape la confiance dans le dollar, monnaie mondiale.
Rédigé par : Eschyle 49 | lundi 15 fév 2021 à 12:41
Bravo encore une fois pour votre capacité à dire l'essentiel en peu de mots.
Je souhaite bien du courage au peuple américain qui grâce à Biden va se trouver un peu plus dans le caca que si la réelection de Trump avait été validée.
Le forcéné Z. Brzezinski doit avoir du mouron à se faire là où il est, lui qui a été l'inspirateur du désastre américain.
Rédigé par : TANAZACQ Vincent | lundi 15 fév 2021 à 12:48
Le système financier américain fut bouleversé en 1971 lorsque la monnaie américaine, le dollar, fut découplée de l'or. ( À la même époque les États européens, dont la France, décidèrent de recourir aux emprunts bancaires et non plus à la “planche à billet” : le Trésor perdit, discrètement, son privilège d’émission du franc).
Cette volonté des grands banquiers américains leur fut possible car ce sont eux qui émettent le dollar depuis longtemps. De nombreux Américains payèrent de leurs vies pour avoir lutté afin que l'Etat fédéral redevienne le détenteur et l'émetteur de la monnaie, ( JFK fut le dernier en date ).
Donc lorsque le hommes-de-l'état, à Washington, lancent de gigantesques dépenses alors que le peuple ne voudrait les financer par des impôts : grands travaux, armeets, guerres, subventions écologiques, subventions aux immigrants, etc. actuellement folles dépenses mondialistes de toutes sortes sous le prétexte de lutter contre le virus, ce sont les banquiers qui octroient des lignes de crédit au Trésor àméricain, par l'intermédiaire de LEUR banque, la Fédéral Reserv Bank qui centralise les lignes de crédits "généreusement" accordées par toutes les banques américaines qui sont les actionnaires de la FED. La FED est privée.
Cela n'interdit pas que l'Etat fédéral emprunte par ailleurs à des tiers, comme la RPC par exemple.
Finalement, ce sont les grands banquiers qui tiennent les cordons de la bourse de l'Etat fédéral, et ils sont généreux dans la mesure où les hommes-de-l'état se prêtent à exécuter les politiques des banquiers. L'exécutif fédéral et le législatif fédéral ne sont plus que les pantins ( le Deep State) des grands banquiers.
Notons que cette situation explique la baisse des taux d'intérêts demandés par la FED au Trésor, afin que la croissance de leurs prêts ne soient pas bloquée par l'énormité des intérêts.
En Europe, le système est finalement identique sur le fond. Les actionnaires de la BCE, qui émet la monnaie européenne euro, sont les banques centrales des États, et ces banques centrales empruntent aux banques privées. Et ainsi, adieu l'orthodoxie monétaire des premières années de la BCE !
Avec ce principe de privation de la monnaie ( dollar et euro ) associé à l'abandon de la convertibilité de la monnaie en métal précieux existant ( l'or auparavant ), les banquiers peuvent financer les États sans aucune limite, et ils dominent par conséquent les politiciens. Ils en achètent évidemment de nombreux, et cela fait partie de leur système. En retour, les pantins qui nous tyrannisent peuvent dépenser sans limite : d'où le trop facile " quoi qu'il en coûte ".
Notons que si cette fausse monnaie ne coûte absolument rien aux banquiers, ( elle est comme un bitcoin ) leurs créances sont réelles et ils peuvent mettre à genoux un État en difficulté puisque celui-ci a besoin de nouveaux crédits pour pouvoir nourrir le peuple ! Ce système durera tant que les peuples ne reprendront pas leur liberté et leur indépendance. La solution est là, comme le souligne notre chroniqueur préféré.
( L'Irak et la Libye promettaient de se passer du dollar en fondant leurs futures monnaies sur leurs avoirs pétroliers. cet "or noir". Des projets qui ne furent pas du goût des maîtres du Nouvel Ordre Mondial.)
Rédigé par : Dominique | lundi 15 fév 2021 à 16:05
J'ai fait un séminaire financier en Autriche en 1979 et un des conférenciers, Mr Bliss, patron d'American Express, parlait déjà d'assignats. L'emprunt forcé américain ne tient que par la confiance et l'hégémonie mondiale du dollar. Il est trop tôt pour affirmer son effritement car la "race" est réactive en diable. Et les validations de paiements par carte bancaire passent toujours par Houston (Texas) ; ce qui fait que Carrie Lam touche son traitement en cash.
Rédigé par : Kardaillac | mardi 16 fév 2021 à 11:34
Rien n'est fichu : très peu d'actifs sont morts et il n'y a pas eu de destructions matérielles. Donc redressement se fera d'une manière ou d'une autre (je ne suis pas prophète) sauf si on tombe dans une dictature bloquante type Corée-du-Nord.
Quelque soient les défauts de la France, des États-Unis etc., on en est quand même loin !
Rédigé par : Yves MONTENAY | mardi 16 fév 2021 à 17:31