Un an après le sommet de Pau de janvier 2020, les chefs d’Etat de Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso se concerteront les 15 et 16 février lors d’un sommet à N’Djaména, avec le président français Macron. Celui-ci a annoncée 19 janvier, que la France s’apprêtait à ajuster son effort au Sahel.
La période est donc cruciale.
Dans ce contexte le quotidien Le Monde semblait très satisfait de pouvoir publier ce 11 février un nouvel article de sa série préférée sur le thème de l’Armée française en accusation, vieille comme les guerres d'Indochine et d'Algérie.
En effet, Elise Vincent, Cyril Bensimon et Paul Lorgerie y écrivent de concert : "La polémique ne s’éteint pas depuis la frappe aérienne contestée menée par l’opération Barkhane près du village de Bounti, dans le centre du Mali, le 3 janvier. Cinq semaines après ce dimanche sanglant, et au lendemain d’un débat sans vote, au Sénat, le 9 février, sur les perspectives de l’engagement français au Sahel, les accusations de bavure demeurent tenaces, bien que de nombreuses versions se contredisent."[1]
Thèse des accusateurs de l'Armée française : cette frappe, cette bavure a atteint une gentille fête locale. Dès lors, selon l'article "les témoignages d’individus se présentant comme des rescapés ou de simples témoins et affirmant que cette frappe aurait visé un mariage ne cessent de se multiplier". À lire attentivement on regrettera certes que tous ces témoignages restent à anonymes. La clause de style, invariante, indique que leurs prénoms ont été modifiés. La guerre pouvant toujours en elle-même être tenue pour un grand malheur, comment ne pas en rajouter dans la déploration ?
La réponse de l'Armée va, on s'en doute, dans un sens radicalement différent. Le 3 janvier vers 15 heures, elle n’a jamais visé de rassemblement festif et la possibilité d’un dommage collatéral est exclue. L’état-major des Armées précise qu'elle a été menée par deux Mirage 2000, et trois bombes ont été larguées à 1,7 km au nord du village, loin des habitations.
Le 7 janvier, l'armée française fait savoir qu'étaient visés des jihadistes de la katiba Serma. Il s'agit de l’une des branches du GSIM, c'est-à-dire du "Groupe de soutien de l’islam et des musulmans", affilié à Al-Qaida. Une heure avant la frappe, un drone avait détecté une moto avec deux individus rejoignant une quarantaine d’hommes dans cette zone isolée. La frappe a permis de neutraliser une trentaine de djihadistes.
Certains détails éclairent le débat.
Le décompte des victimes par les accusateurs de nos soldats parle de lui-même.
Jeunesse Tabital Pulaaku, organisation propre à la communauté peule est toujours active pour dénoncer les crimes dont elle se dit victime. Tout en évoquant les noces d’Allaye Hama Iddara et d’Aïssata Alou Diallo, elle dénombre 19 morts et 7 blessés : tous de sexe masculin. Curieuses noces est-on tenté de penser.
Les blessés ont été pris en charge à Douentza par Médecins sans frontières. Or, sa directrice des opérations, Isabelle Defourny, confirme que MSF avait eu à soigner, après la frappe, 8 personnes : huit hommes[2].
L'objectif de l'engagement français au Sahel est aujourd'hui, en accord avec les dirigeants africains du Sahel de neutraliser les grands chefs de l’organisation RVIM, qui a prêté allégeance à al-Qaïda, et qui recrute chez les populations qui de tout temps se livrent à l'esclavagisme en Afrique subsaharienne. Ces hommes sont des assassins, comme l'a souligné, le 1er février à Orléans, le patron du Renseignement français M. Émié.
Petit à petit, depuis le déclenchement, sous la présidence Hollande de l'opération Serval en 2013, devenue opération Barkhane, une partie des responsables européens ont compris que l'armée française au Sahel est engagée dans une lutte qui concerne tous les Européens et qu’il est de leur devoir de la soutenir. D’ores et déjà plusieurs contingents ont été engagés dans cette lutte : des Estoniens, des Tchèques, des Suédois, des Britanniques, des Allemands. En mars des Italiens doivent les rejoindre. Au total, à ce jour, 2 800 Européens aux côtés de nos 5 100 soldats français.
Ceux qui accusent l'armée française cherchent à démoraliser et déligitimer ces efforts, pratiquement sans précédent.
Il me paraît au contraire nécessaire de les saluer.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf article "Au Mali, l’armée française en accusation, un mois après la frappe contestée de Barkhane » près du village de Bounti"
[2] cf. entretien publié le12 janvier par le Monde Afrique.
Le Monde reprend ses vieilles habitudes de diffuser la désinformation des ennemis de la France comme il le faisait du temps de la guerre d'Indochine ou d'Algérie. Une haine de soi ou une fidélité à l'idéologie anti-impérialiste marxiste?
Rédigé par : Laurent Worms | vendredi 12 fév 2021 à 11:09
Les règles d'engagement de l'Armée doivent être précisées dans cette conférence, ce qui ne sera hélas pas le cas ! On ne gagne pas une guerre en respectant les Droits de l'Homme, ce pourquoi on les perd toutes depuis le Viet-Nam. Quand des soldats se pointent dans un village où il n'y a que des femmes, des vieux et des enfants, c'est forcément une base arrière. Elle doit être détruite et sa population exterminée, on ne gagnera pas cette guerre autrement. Si on n'est pas prêt à faire ça, il est inutile et même absurde d'envoyer nos soldats se faire tuer pour rien !
Rédigé par : Françoise de Savigny | lundi 15 fév 2021 à 08:21