Les bons esprits s'acharnent à évacuer une réalité, pourtant patente et permanente : celle de la survivance, et même la prospérité, au XXIe siècle, de l'ombre sanglante du communisme.
Responsable de la Chine et de l’Asie au sein de l'Institut des Études de Securité de l'Union européenne, Alice Ekman [1] remarque ainsi que l’hypothèse selon laquelle la Chine ne serait plus communiste "est tellement répandue qu’elle n’est plus questionnée. L’hypothèse inverse, qui considérerait que la Chine pourrait être, ne serait-ce qu’encore un peu, communiste, est souvent balayée d’un revers de main".
Depuis son ouverture économique de 1978, et le développement d'une sous-traitance massive d'une partie de l'industrie occidentale, sont apparus de nombreux et prospères soi-disant spécialistes de la question, experts surtout en désinformation.
Singulièrement, s'agissant des agissements du gouvernement de Pékin, ils prétendent n'y voir que l'expression d'une Chine supposée éternelle. N'importe, à vrai dire, s'ils ne connaissent de celle-ci, de sa culture et de son histoire, que quelques cartes postales convenues. L'important leur semble la puissance capitaliste, sans préjudice de la manière dont s'y accumulent la plus value des industries et les réserves financières de la banque centrale.
Parler aujourd'hui d'un régime capitaliste à propos de la Chine, comme s'il s'agissait de l'Amérique ou de l'Europe, c'est en réalité oublier les fondements même de nos sociétés qui reposent, en principe, sur le droit de propriété et la libre entreprise.
La mésaventure exemplaire qui vient de survenir à Jack Ma, fondateur d’Alibaba, pourrait servir de leçon de choses. Son entreprise de vente en ligne, concurrent mondial d'Amazon, remonte à 1999, date où cet entrepreneur réunissait quelque 17 associés dans un simple appartement de la ville de Hangzhou, à 190 km de Shanghai. Développement pharamineux. Le groupe est coté à la bourse de Hong Kong. La famille du fondateur en détient un peu plus de 7 % des parts. Une brillante réussite, d'apparence capitaliste.
Or, le 3 novembre 2020, Jack Ma disparaît mystérieusement, et une considérable opération boursière est annulée.
Et le 20 janvier, après 3 mois d'absence et d'interrogations à son sujet, une étonnante vidéo circule. Elle le montre dans la nouvelle mission que le pouvoir lui a confiée, auprès d'instituteurs de campagne... Le voici revenu au bas de l'échelle dans la plus pure tradition de la Révolution culturelle quand Mao envoyait aux champs les professeurs d'université et les artistes qui s'étaient éloignés de la plus récente expression de la ligne du parti.
Dans le cas de Jack Ma, sa faute correspond à un critère remontant plus loin encore, dès les années 1920 en Union soviétique et que l'Histoire confirme[2] : dans un régime communiste, quel qu'il soit, le crime le plus grave est d'ordre idéologique. Il se caractérise par n'importe quelle forme de désaccord avec la direction du Parti et la ligne du moment. Et le patron, aujourd'hui déchu, d'Alibaba avait osé critiquer le système bancaire de son pays...
Il faut une singulière ingénuité pour ne pas le comprendre, ou pour feindre de l'ignorer : le maître de la Chine communiste, Xi Jinping exprime non pas la survivance, mais le regain et la réactualisation du maoïsme et du stalinisme au XXIe siècle. Il exploite les nouvelles technologies pour renforcer sa dictature.
Fils d'un compagnon de Mao, Xi inaugure sa prise de pouvoir en 2012 comme secrétaire général du Parti, à l'instar d'un certain Joseph Staline accédant à la même fonction à Moscou en 1922, avant d'accéder à la direction officielle du gouvernement deux ans plus tard. Alors que les puissances libres de l'Asie et du Pacifique, et notamment le Japon, l'Inde ou l'Australie semblent, de leur côté, l'avoir compris, il serait temps que les démocraties occidentales, en Europe comme en Amérique en prennent conscience.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. son livre "Rouge vif, l’idéal communiste chinois" Ed. de L'Observatoire, 2020, 224 pages
[2] cf. particulièrement A. Rossi "Autopsie du stalinisme" pp.14 sq Horay, 1957, 296 pages
Il me semble qu'après l'ère Deng Xiaoping,initiant une sorte de super NEP, la direction actuelle reprend l'idéologie et l'économie en main. Moins de "capitalisme" à la chinoise et plus de communisme.De toutes les façons, la réindustrialisation de l'Occident au détriment de la Chine ne se fera pas, si elle aura lieu un jour, en quelques années.Alors le Parti Communiste chinois a encore de beaux jours devant lui.
Rédigé par : Laurent Worms | lundi 08 fév 2021 à 09:33
Nous avons assisté sans nous en rendre compte au développement d'un projet capitalo-communiste en RPC dont l'origine est occidentale. Pendant longtemps j'ai cru que les entreprises françaises se délocalisaient en Chine pour échapper aux charges sociales et fiscales françaises, et que c'était là la cause du développement des usines chinoises. Je ne voyais que la partie facilement visible.
Il m'apparaît aujourd'hui qu'il s'agit d'un projet des Mondialistes, les financiers de Wall Street. Ils ont pris le relai de ceux de la City ( avec leur l'empire britannique) depuis 1920. Sans cette formidable puissance financière, et les pouvoirs qui vont avec - comme ceux d'accorder la clause de " pays favorisé " par les EUA et de faire entrer la RPC, donc le PCC dans l'OMC - jamais, jamais la Chine communiste n'aurait connu un tel développement économique, et qui fut fulgurant. J'en veux pour preuve que l'URSS fut au contraire mise à genoux par les EUA, et que le système communiste s'y effondra. CQFD.
Les grands banquiers Rockefeller, Rothschild, Morgan, Loen etc. ( il faut bien les nommer) rejoints par les oligarques états-uniens, sont maintenant propriétaires de la quasi totalité des entreprises chinoises 50/50 avec des membres du PCC, et le véritable capitalisme ( réclamé par Jack Ma lorsqu'il demanda que des " petites rivières et des lacs " apparaissent dans le système financier centralisé) est donc hors sujet pour la Chine. Soyons conscients que sans ces moteurs financiers et industriels états-uniens l'économie de la RPC ne durerait pas : on ne fait pas travailler un peuple d'esclaves autrement qu'en le privant de ses libertés. Et sans libertés il ne saurait y exister les conditions nécessaires pour un développement économique autonome.
Nous sommes, en plus du risque d'être dans les conditions actuelles dominés économiquement ( c'est en cours) et militairement par la RPC, également soumis à ces banquiers. Ils tiennent l'Etat profond des EUA et les innombrables organisations transnationales privées ( Bilderberg, Trilatérale, Forum Économique etc.) et publiques ( ONU FMI OTAN etc. et j'y ajoute : UE et BCE ). En France, ils ont même placé avec une facilité innouie et jamais vu dans notre royal pays un cadre d'une de leurs banques à la tête de la république...
Les forces financières (anglo)américaines dirigent, à mon avis, le monde occidental et avec leurs alliés communistes en Chine leur puissance est considérable. Ils n'abandonneront pas d'eux-mêmes leur projet de New World Order, annoncé par Bush en même temps que la guerre.
Les peuples d'Europe doivent en prendre conscience, oui, car les dirigeants y sont majoritairement les pantins de ces Maîtres du Monde. Ce fut certainement cette prise de conscience qui fit le succès du mouvement populiste et conservateur incarné par Donald Trump. Ce Jack Ma à l'échelle américaine a montré que l'espoir reste permis.
Rédigé par : Dominique | lundi 08 fév 2021 à 19:41
@Dominique,
Y a-t-il une division mondiale du travail qui ferait que la production industrielle serait assurée par l'industrieuse Chine, ayant passé un accord avec l'Occident consumériste, universaliste et et idéaliste, et la Chine communiste ne vivrait-elle pas sous un capitalisme d'Etat puisque 50 % de ses entreprises sont détenues par les magnats américains, pays que la Chine tient par la barbichette, puisque "les marchés" sont le mot qui cache la Chine, et qu'autant que les capitaux chinois, sinon plus de la dette américaine, est entre les mains des Chinois?
Quand bien même la Chine ne vivrait pas une phase dialectique capitalistique de son communisme avènementiel, je crois que la finance (la détention chinoise de la dette américaine) l'emportera toujours sur l'économie (la détention des entreprises chinoises par des capitaux américains), et que la souveraineté (publique) importe plus que la propriété (privée). Demandez à Nasser, qui n'a pas hésité à nationaliser le canal de Suez, imaginé par Ferdinand de Lesseps et construit sur des fonds français en plein scandale du Panama...
La Chine éternelle est-elle communiste? C'est aussi chimérique que de demander, ou pis encore que de prétendre que l'Allemagne de Göthe serait crypto-nazie, que l'Europe serait la même, qu'elle soit inventée par Hitler ou par Robert Schumann, ou que la sainte Russie a eu Staline pour dernier tsar et que Poutine est son successeur, comme le vend très bien Vladimir Fedorovski, qui émerveille le même genre de cercle de vieilles dames, éventuellement dirigeantes de "Radio courtoisie", qu'Alain Peyrefite en son temps faisait le plein des librairies du seizième arrondissement, rapportant des propos apocryphes plus ou moins frelatés de feu le général De Gaulle (on ne prête qu'aux riches), dont il était le ministre très informé de l'information, qui commit Xavier Walter en tant que nègre pour écrire "Quand la Chine s'éveillera" sous les applaudissements de Jean-Pierre Raffarin, jeune giscardien (et Peyrefite a failli devenir premier ministre de Giscard) qui n'en est jamais revenu (Raffarin).
Rédigé par : Julien WEINZAEPFLEN | mardi 09 fév 2021 à 21:35
Ajoutons un point crucial à la participation américaine au développement économique chinois : l'accord monétaire de 1983 entre États-Unis et Hong Kong aboutissant à une parité de change entre leurs deux monnaies. Le dollar de Hong Kong ayant lui-même une parité fixe avec le yuan, la monnaie chinoise continentale inconvertible, de facto la Chine rentrait dans la zone Dollar (US). À l'époque, il s'agissait d'empêcher les Japonais de faire du Yen la monnaie hégémonique de la zone Asie-Pacifique. Le duopôle économique sino-americain date de là.
Rédigé par : nikita zix | jeudi 11 fév 2021 à 08:35
@ Dominique
Hier, le communisme soviétique était la faute des Juifs. Aujourd'hui, le communisme chinois est la faute des Juifs.
Il n'y a que la bêtise antisémite qui ne change pas.
"Il m'apparaît aujourd'hui que..."
Vous avez des visions, en plus.
"Les grands banquiers Rockefeller, Rothschild, Morgan, Loen etc. ( il faut bien les nommer) rejoints par les oligarques états-uniens, sont maintenant propriétaires de la quasi totalité des entreprises chinoises 50/50 avec des membres du PCC."
Directement tiré de votre imagination.
Rédigé par : Robert Marchenoir | jeudi 11 fév 2021 à 14:44
@ Julien WEINZAEPFLEN
Le développement de l'économie chinoise n'est pas dû à une division internationale du travail ni à des idéaux occidentaux. Des banquiers new-yorkais immensément puissants sont installés aux EUA ; à l'exemple des banquiers londoniens qui, en leur temps, eurent tous les pouvoirs au Royaume-Uni et sur le Commonwealth. Ces banquiers américains connaissent par ailleurs une seule règle : faire de l'argent.
Il était donc logique pour eux d'aller implanter des usines dans un pays peuplé par des centaines de millions d'individus maintenus en esclavage. Et peu leur importait les dégâts sur les populations américaines et européennes. Leur projet d'alliance avec le PCC a pleinement réussi.
Les grands banquiers garderont la main sur leur projet en Chine tant que le gouvernement des EUA autorisera leurs investissements, et tant que les 60 millions de membres du PCC maintiendront leur poigne de fer sur tous les autres Chinois. Car le gouvernement du PCC n'est pas pleinement souverain : il a besoin des sciences et techniques américaines pour faire progresser ses industries, ses esclaves ne pouvant y suffire.
Pour le moment, le CFR et le PCC ont le pouvoir dans leur pays respectif, et ils veulent dominer le monde. Leur alliance durera-t-elle ? Elle n'est pas que de fait : le système mondialiste né aux UEA devient, en Occident, un système tyrannique.
Dans ce cas, ce nouveau modèle, capitalo-communiste, serait celui du monde de demain, le mondialisme du Nouvel Ordre Mondial tant annoncé.
Dans son tour du monde, Phileas Fogg parcourt heureusement bien d'autres pays que les EUA ( et de l'UE ) et la RPC. 😊
Rédigé par : Dominique | vendredi 12 fév 2021 à 09:39