Avouons-le : encaisser coup sur coup la même semaine les cafouillages bureaucratiques autour du vaccin, et l'affaire Duhamel, d'un tout autre ordre bien sûr, infiniment écœurante, laisse sans voix depuis plusieurs jours un chroniqueur qui voudrait encore pouvoir croire en son pays.
Quand le 28 avril 2020, Éric Ciotti, à la tribune de l'Assemblée nationale employa effet l'image rhétorique d'un "juin 1940 sanitaire" certains voulurent n'y voir qu'une formule polémique et parlementaire.
Quelques semaines auparavant cependant c'est sur tous les toits que nos chers gouvernants avaient déclamés l'antienne de la victoire annoncée, sur le ton de Daladier affirmant "en 1939 nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts", qu'il ne manquait "pas un bouton de guêtre". Comme en 1870.
Ainsi, en février Olivier Véran successeur d'Agnès Buzyn, aujourd'hui recasée à l'OMS, merci pour elle, déclarait sans hésiter : "je n'ai pas besoin de vérifier que la France soit prête."
En mars le chef de l'État allait adopter officiellement ce qu'il croyait ressembler au ton du chef de guerre. Un conseil de défense sanitaire, qu'aucune disposition constitutionnelle ne légitime, allait se substituer au conseil des ministres et raccourcir sa propre désignation en conseil de défense.
Puis les incohérences s'étaient encore amoncelées. De sorte qu'en avril, on n'avait encore rien vu ou pas grand-chose. À la carence et au mensonge à propos des masques, succéderait l'insuffisance des tests, aux changements arbitraires de doctrines, de réglementations, toujours décidées depuis Paris, autour du déconfinement, puis du reconfinement, à la volonté de sauver Noël, et maintenant d'accuser Noël, succède le retard du pays sur les vaccins.
Comment imaginer que l'on puisse entretenir une quelconque confiance dans l'État, dans son mépris des régions comme des corporations.
À cette terrible impression de déclassement en Europe on est tenté d'associer un autre sujet d'écœurement sans limite.
Car, depuis le 4 janvier c'est une autre affaire, une autre débâcle qui achève de nous indigner : l'affaire Olivier Duhamel.
Plus de 30 ans après les faits, l'intéressé est trop clairement accusé pour chercher à se disculper son crime : inceste sur la personne de son beau-fils, un garçon de 14 ans. Tout au plus cherchera-t-on à plaider la prescription.
Mais les faits sont les faits, et l'accusatrice est la sœur de la victime. Étant la compagne de Louis Dreyfus président du directoire du journal Le Monde depuis décembre 2010, Camille Kouchner fille de Bernard Kouchner parvient à surmonter le mur du silence au gré de la parution d'un livre ce 7 janvier, et surtout d'une série d'articles accablants d'Ariane Chemin et de Raphaëlle Bacqué, précisément dans Le Monde. Articles où l'on peut percevoir le grouillement, le réseau, le halo protecteur construit autour de ce président du fameux Siècle, de ce président de la Fondation nationale des Sciences politiques, de ce conseiller du président du conseil constitutionnel, etc. Toutes fonctions dont il a été amené à démissionner cette semaine séance tenante.
Oui mais cela a mis 30 ans, en raison d'une véritable conjuration du silence protégeant la gauche caviar. Où le lecteur retrouve le fameux "Riccie" [1], ce Richard Descoings décrit par Raphaëlle Bacqué en 2015, mais aussi le grand poète Strauss-Kahn et l'actuel directeur de Sciences Po, M. Mion, leur créature dont l'hypocrisie éclatante est ici démasquée : alerté officieusement dès 2019, il prétendait encore en début de semaine, tomber des nues.
Il semble temps par conséquent de dresser les responsabilités de ces destructeurs, tenant le haut du pavé à Paris sans doute, mais aussi premiers ennemis du reste du royaume.
Leur débâcle morale est éclatante, peut-être pire encore, plus humiliante pour le pays, que la débâcle administrative décrite plus haut.
JG Malliarakis
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Apostilles
"les cafouillages bureaucratiques autour du vaccin"
Une bonne démonstration de la malfaisance de l'étatisme et de la bureaucratie qui en est une conséquence, le tout sous un régime jacobin donc au pouvoir ultra-centralisé entre les mains de malfaisants affairistes et cosmopolites, bref, l'horreur absolue aux conséquences criminelles dans le cadre du vaccin anti-covid administré au compte-gouttes alors qu'il y a extrême urgence.
Rédigé par : RR | dimanche 10 jan 2021 à 00:03
Parlons clair : les années 70 et 80 furent des années de m..., sur bien des plans. L'affaire Duhamel n'en est que l'une des manifestations. Je suis persuadé que bien d'autres cadavres vont sortir des placards.
Soyons donc économes de notre mépris, car nous en aurons besoin.
Concernant la gestion de la pandémie, là aussi il faut relativiser.
La création d'un conseil de défense sanitaire ne me choque pas. Que la constitution ne le prévoie pas ne signifie pas qu'elle l'interdise. Et puis, on ne peut pas, à la fois, se plaindre d'un manque de pragmatisme, et s'indigner de la création d'une structure spécifique.
C'est plutôt l'absence d'un tel organe qui aurait été inquiétante. Que je sache, nous n'avons pas été confrontés à pareille menace depuis un siècle, presque exactement : avec la grippe dite espagnole de 1918, qui fut en réalité américaine.
Je suis plus ennuyé par l'appellation "conseil de défense", qui procède d'un amalgame de marketing politique assez grossier.
N'oublions pas, non plus, que la quasi-totalité des pays occidentaux touchés par la pandémie sont affectés par les mêmes difficultés.
Les seuls pays qui s'en sont bien sortis sont des nations asiatiques (plus la Nouvelle-Zélande), au prix de contraintes qui auraient déclenché les hululements de la totalité du spectre politique. Au regard de ce qu'imposent Taïwan ou Hong Kong, la prétendue "dictature sanitaire" d'Emmanuel Macron fait figure d'aimable foutoir ultra-libéral.
Quant aux causes spécifiques de la mauvaise gestion française, elles sont bien connues, et inévitables : c'est le mammouth administratif et fonctionnarial français. On aurait eu Jésus-Christ à la présidence de la République, qu'il n'aurait pas pu faire autrement vu le bestiau installé en-dessous.
Je ferai d'ailleurs remarquer que même dans un pays aussi "ultra-libéral" que la Grande-Bretagne, marquée par "l'horreur thatchérienne", on retrouve des aberrations administratives : les professionnels de santé qui se sont portés volontaires pour vacciner (médecins à la retraite, dentistes, etc.) se sont vu imposer une cascade de formalités délirante. Ils doivent, entre autres, justifier d'un stage d'initiation à la prévention de la radicalisation islamiste.
Les Britanniques hurlent tout autant contre leur gouvernement que nous, à propos de la gestion de l'épidémie.
Petite différence, tout de même : suite à ces critiques, Boris Johnson a fait appel à l'armée pour organiser le binz vaccinatoire.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 10 jan 2021 à 04:38
Vos deux exemples illustrent la double corruption des membres de ce qu'il est convenu d'appeler l'État des profondeurs. Si cette corruption financière et cette corruption des moeurs ne sont pas propres à notre royal pays, notre passé révolutionnaire a particulièrement porté atteinte aux qualités d'honnêteté et de vertu, et bien d'autres encore. Dès que l'on gratte un peu, la corruption apparaît.
Rédigé par : Dominique | dimanche 10 jan 2021 à 09:32
Il me semble, vu le bureaucratisme acquis au sein de l' E.N.A?, qu'aucun des hauts fonctionnaires actuels ne peut faire face à une pandémie, chose devenue inhabituelle grâce au progrès de la édecine. Une bonne décision aurait été de faire coordonner la lutte contre la covid-19 par un général qui seul a une formation donnant une vision globales d'un problème et des interactions entre chaque décision.
Quant au problème Duhamel, rien de nouveau dans les omertas familiales pour ce type de problèmes tellement plus nombreux qu'on le pense. Mais, ce qui est d'autant plus choquant, c'est qu'ici, cela concerne toute une brochette de donneurs de leçons d'éthique et, excusez du peu, en public.Une nouvelle leçon d'hypocrisie.
Rédigé par : Laurent Worms | dimanche 10 jan 2021 à 12:14
Vient à la lumière la coterie bourgeoise sur crédits d'Etat qui gouverne les carrières et les succès. C'est ce monde de l'entre-soi parisien en alcôves qui a construit la victoire de M. Macron.
Dynamiter leur réputation est faire oeuvre de salubrité publique, et accessoirement renvoyer au Touquet le fringant Zupiter et Maman.
Rédigé par : Catoneo | mardi 12 jan 2021 à 09:51