En cette fête, que nos sociétés de consommation s'emploient à rendre de plus en plus profane, et à la désacraliser, on gagne à s'interroger sur la dérive de notions, originellement religieuses, et que le laïcisme rend effectivement folles.
Tout ce qui tourne autour des idées dites sociales porte ainsi la marque de cette décadence, de cette lecture en diagonale de l'Évangile chrétien.
Ainsi la construction rhétorique de la présentation de son programme, en date du 20 décembre par le [haut] commissaire au plan vient-elle à point nommé pour nous le rappeler. À l'entendre, en effet, s'il faut relancer en France la production industrielle c'est pour alimenter un modèle social qu'il qualifie de généreux, sans peut-être mesurer combien ce qualificatif est devenu illusoire : on oublie toujours, dans notre immense redistribution, qu'elle bénéficie peut-être à des étrangers qui n'ont jamais cotisé, et auxquels nous reconnaissons par principe tous les droits des nationaux, mais qu'elle laisse de côté, dans la pratique, les véritables indigents, plusieurs centaines de milliers de vagabonds et de sans-abri. En cela l'ancienne charité chrétienne, tant décriée, visait plus juste.
Plus largement encore, c'est bien la déformation de l'idéologie paupériste qui domine. Elle part de l'idée, effectivement chrétienne à l'origine, que les hommes sont spirituellement revêtus de la même dignité dans le regard de Dieu ; mais elle charge systématiquement dans un sens misérabiliste qui n'apparaît ni dans l'Évangile, ni dans l'Ancien Testament. Elle se sert d'interprétations discutables de certains Pères Latins, comme Ambroise de Milan, puis des nombreux hérétiques s'appropriant le message de saint François d'Assise, et bien plus encore de nos jours sous l'influence du "progressisme" nom donné abusivement au cours du XXe siècle aux sympathisants du communisme.
Certes, l'esprit de pauvreté, de dépouillement, d'humilité,est célébré comme une vertu, d'abord pour les moines et les prêtres, mais on a vu, au-delà, fleurir des ajouts absolument infondés sur les "mauvais riches", là où aucun texte ne les qualifie comme tels, le "pauvre Abot" propriétaire de sa vigne qui résiste au pouvoir au nom de son héritage, etc.
Idem pour la naissance du Christ dans une crèche : ce n'est pas la "pauvreté" de Joseph et de Marie, – tous deux d'extraction davidique – qui en est la cause. Le récit nous indique que Bethléem était bondée... Un entrepreneur charpentier ne se confond pas avec un prolétaire.
Aucune de ces inventions ne peut être considérée comme innocente.
Dans la France d'aujourd'hui cette idéologie paralyse encore les gens que l'on croit les mieux intentionnés. Prétendre redéployer une production industrielle pour satisfaire à la redistribution supposée "généreuse" relève évidemment, au mieux, du contresens. Sans poser le problème de l'entreprise et sans en baisser les charges fiscales et sociales, le redressement productif restera à l'état de velléité, tout simplement parce que tout entreprise suppose un entrepreneur, un investisseur... à moins d'imaginer des combinats étatisés sur le modèle soviétique. La planification et l'industrialisation staliniennes ont effectivement produit des armes, beaucoup d'armes, et des tonnes d'acier pour la rouille, et beaucoup de misère : est-ce cela que le retour du plan ambitionne ?
JG Malliarakis
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Bon Noël et belle année 2021. Egalement meilleure santé et le retour des conférences : nous pourrons alors nous retrouver et nous sourire . Amitiés .
Marie - Louise Dujol
Rédigé par : Marie - Louise Dujol | vendredi 25 déc 2020 à 20:46
Après avoir assisté à une messe, nous nous sommes vus infliger des intentions de prières rédigées par le père Ubu ou bien le directeur de conscience LREM.
C'est un plaisir de retrouver votre chronique qui tombe tout à fait à point.
Rédigé par : Pequod | vendredi 25 déc 2020 à 20:48
D'accord, mais aussi voir les causes plutôt que les conséquences des misères humaines? Taper sur les doigts des responsables, puisqu'on se permet des ingérences politiques, et les porter à traiter leurs peuples décemment? Un vœu pieu? Sans doute… Comme pour nos animaux, tourner l'interdiction de maltraitance en obligation de bien-traitance?
Rédigé par : minvielle | samedi 26 déc 2020 à 10:23
C'est très frappant, en effet. Le communisme était une religion, dont on pouvait se faire excommunier. Il a disparu dans sa forme stricte.
Mais ses avatars sont eux aussi des religions dévoyées : l'anti-racisme, le politiquement correct, le culte de la "planète", les "entreprises à mission", la foi environnementâââle et sociâââle qui a conquis les entrepreneurs milliardaires eux-mêmes...
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 26 déc 2020 à 15:50