La Bataille actuelle des retraites est entrée dans une nouvelle phase ce 3 février, à la fois par l'inauguration du débat parlementaire, par lequel on aurait dû commencer, et par la mobilisation de professions qui, habituellement, ne descendent pas dans la rue.
C'est en effet à l’appel du collectif SOS Retraites, que 15 000 personnes manifestaient ce jour-là Paris. Suivant la consigne de 16 syndicats et organisations corporatistes, la marée noire des avocats et la vague blanche des diverses professions de santé côtoyaient les personnels du transport aérien, en attendant pour le lendemain les experts comptables. Tous se montrent conscients désormais du danger que représente le projet actuel de régime universel. Ils resteront mobilisés.
Les rassemblements de ce 3 février, dans le cadre de la protestation contre le projet gouvernemental de régime universel, faits sous l'égide de SOS Retraites solidaire prouvent exactement le contraire. Dès la fin décembre 2019, les organisations représentatives des professions libérales avaient déclenché des grèves sectorielles d'une ampleur sans précédent. En ce début de février, par exemple, le mouvement des avocats bloque gravement le fonctionnement des tribunaux.
Toutes ces corporations dénoncent un futur système de retraites qui, court-circuitant leurs libertés professionnelles, ne peut que les pénaliser.
"C'est la première fois qu'il y a une telle unité dans l'opposition à une réforme (…) 16 professions, majoritairement libérales, ont un point commun : leur régime autonome. Nous avons des régimes qui sont autogérés, ne coûtent pas un euro aux citoyens, nous finançons nous-mêmes cette caisse, nous avons pris les mesures contraignantes pour garantir sur l'avenir le montant de pension", déclarait en janvier Christiane Féral-Schuhl, représentante du collectif SOS Retraites et présidente du Conseil national des barreaux.
Par la diversité des formes juridiques comme des métiers la liste des organisations et professions ainsi regroupées mérite en effet réflexion[1].
Ajoutons que leurs régimes autonomes, eux-mêmes enfermés dans la culture monopoliste, sont astreints à payer pour la solidarité dans des compensations financières interrégimes. Ils coûtent donc fort cher à leurs cotisants : le régime universel ne leur garantira que ce que vaut la parole de l'État, c'est-à-dire pas grand-chose et il coûtera encore plus cher. Ce surcoût s'accompagnera d'une réduction de pensions que les experts évaluent à 35 %, sachant que l'étude d'impact gouvernementale de plus de 1 000 pages ne démontre rien d'autre que le peu de pertinence du Régime Universel, ce dont est convenu le conseil d'État.
Inutile d'épiloguer quant à la bataille à retardement commencée à l'Assemble nationale par le dépôt de 22 000 amendements. Cantonnée à un rôle de chambre d'enregistrement sous la coupe de ceux qu'on appelait "mamelouks" sous le second empire ou "godillots" aux grandes années du gaullisme triomphant, la majorité macronienne "en marche" manœuvrera sans doute au coup de sifflet.
Ajoutons, par surcroît, que fort avec les faibles, mais lâche sur le fond le gouvernement reconnaît une à une les exceptions à son "universalité" dès lors que l'animal ne se laisse pas faire.
Les phases précédentes ne doivent pas être omises dans cette chronologie. Elles éclairent singulièrement la situation inextricable dans laquelle se retrouve notre système de décision.
De longue date la CFDT avait érigé en doctrine sa conception d'un régime universel par points, idéalement supposé lisser les différences entre les statuts, les carrières, les différents degré de pénibilité des métiers.
Le programme du candidat Macron lors de l'élection présidentielle de 2017 avait ainsi repris l'idée. Cette revendication était esquissée par 5 lignes à peine, noyées dans une brochure de 30 pages. Elle était assortie de la promesse de ne toucher ni à l'âge de départ en retraite, ni au montant des pensions...
S'en est suivie une double erreur politique, l'un des signes de l'aventurisme et de l'outrecuidance de l'équipe victorieuse, évidemment fort inexpérimentée et pour qui, comme pour Giscard d'Estaing, "son problème c'est le peuple", dixit De Gaulle.
Première erreur : ne pas avoir préparé de façon précise l'ossature du projet de loi que l'on allait déposer deux ans plus tard. L'expérience des régimes démocratiques prouve en effet que les bonnes réformes doivent être accomplies rapidement, en début de mandat. Ronald Reagan suggérait une échéance de 100 jours. Ce laps de temps sonne mal dans la mémoire historique française, gardons-lui sa signification approximative. Un délai de 3 ou 4 mois, sur une mandature de 4 ou 5 ans permet à la fois de profiter du contrecoup de la défaite qui démobilise et divise le camp adverse
Or, un tel impératif requiert, à l'évidence, une préparation.
Deuxième erreur, avoir confié pendant deux ans la maturation du projet à l'endormeur chiraquien caractéristique Delevoye.
Depuis le 5 décembre, on connaît la suite. L'avenir reste ouvert.
JG Malliarakis
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[1] Outre le Conseil national des barreaux représentant les avocats ; l'ACK et le Syndicat Alizé représentant les masseurs-kinésithérapeutes ; Convergence infirmière ; Union Nationale des infirmiers Diplômés d’État Libéraux ; ; le Groupe Facebook de la Manifestation du 16 septembre ; l'IFEC, Institut français des experts-comptables et Commissaires aux comptes ; le SNGAF, syndicat des Navigants du groupe Air France ; le SNPL Syndicat national des pilotes de ligne ; le SNPNC, Syndicat FO du personnel navigant commercial ; le SNPNAC, Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civil; le SNUP -Syndicat d’Union des Psychomotriciens ; et, enfin, dans le contexte de la crise de l'hôpital public divers syndicats médicaux tels que l'UCDF, Union des chirurgiens de France et médecins spécialistes libéraux ou l'UFMLS, expression syndicale de l’Union française pour une médecine libre UNIDEL, la FMF, Fédération des médecins de France ; la FOF, Fédération des orthophonistes de France ainsi que l'ORA groupe d’orthophonistes engagés, libéraux ou salariés, apparu en 2015 dans la même profession.
A en lire les communiqués du Council of Foreign Relations pour l'Europe, en 2017 et 2019 et toujours en ligne, j'en déduis que la tâche confiée par les Mondialistes au candidat Macron était de faire barrage aux nationalismes européens afin de forcer la marche vers plus d'intégration europeénne. Point.
https://www.ecfr.eu/publications/summary/vfc_views_from_the_capitals_reactions_to_macrons_victory
https://www.ecfr.eu/publications/summary/vfc_views_from_the_capitals_macrons_appeal_to_citizens_of_europe
Effectivement il s'est attaché à remplir cette tache, plus prompt à s'adresser aux Européens qu'aux Français et à s'opposer violemment aux chefs d'états nationalistes et chrétiens, populistes comme il les appelle.
Rien d'étonnant donc, à mon avis, qu'il n'ait rien accompli dans les premiers mois et après, et qu'il ait traité les futurs retraités par dessus la jambe, car cela n'était pas dans sa " feuille de route " et ne l'intéressait pas. Seulement, il fallait bien écrire quelque chose dans son programme présidentiel.
D'ailleurs il déteste les Francs : le massacre des Gilets jaunes l'a montré, comme ses tirades assassines sur l'oeuvre de l'Algérie Française. C'est peut être pour cela que le Bilderberg le choisit comme candidat...
Ce que vous appelez une erreur politique : cette absence d'action pour le bien des Français pourrait alors être plutôt une faute. Et il ne les mesure absolument pas à en juger par son attitude : avoir confié cette question si importante à un incapable ( qui se ressemble s'assemble ? ) et rester autant immobile que silencieux devant l'échec du projet.
Il y aurait de quoi déclencher une sérieuse procédure d'empêchement, car la situation de la France nécessite d'excellents dirigeants qui aiment les Français !
Rédigé par : Dominique | mercredi 05 fév 2020 à 00:49
Nous avons en France des solutions optimales en matière de retraite qui ont déjà été élaborées par des sociétés de pensées, et pas que, je pense notamment à notre chroniqueur préféré.
C'est l'acte de Marion Maréchal qui m'a amené à cette espérance.
En effet, LeSalonBeige publie le message de M M qui s'est jointe, à l'étranger, à un colloque politique conservateur, chrétien, et nationaliste organisé en Europe par plusieurs sociétés de pensée conservatrices et responsables politiques européens.
https://www.lesalonbeige.fr/marion-marechal-au-colloque-national-conservatisme-dieu-honneur-patrie/
Pourquoi à l'étranger ?
Sans entrer dans le discours et la stratégie politiques de M M qui a découvert le mouvement conservateur, profitons en pour souligner combien que nous avons en France d'excellentes sociétés de pensée conservatrices ( cf. la blogueliste de l'Insolent ) !
Elles pourraient se réunir sous cette bannière lors d'un acte conservateur français ou franco-européen. Mais elles n'ont pas les moyens financiers importants apportés ailleurs, par des fondations et des donateurs surtout aux USA.
Or, nos sociétés de pensées conservatrices ont toutes les idées et toutes les solutions de qualité pour résoudre les grands problêmes français : les retraites, les soins médicaux, l'enseignement, l'entreprise, la fiscalité, par exemple ; idées et solutions opérationnelles pour libérer notre pays des misérables politiques socialo-communistes qui l'ont détruit.
L'intelligence est là, prête à l'emploi ! Il ne manque que la communication de masse pour permettre... de bien voter.
Aux USA ( pardons de les citer à nouveau) les sociétés de pensées ont les moyens pour diffuser sur les gross médias par voie de spots publicitaires. Elles disposent aussi souvent de leurs propres moyens d'informations : médias écrits, audiovisuels, internet, colloques, formations.
Cela peut venir chez nous ( par la création de fondations ? ) peut être à partir d'actes comme ceux de M M, laquelle a déjà créé un petit institut de formation politique.
Petit détail : il conviendra que les fondations de nos sociétés de pensée soient bien dotées financièrement, comme aux USA, soit par des donateurs fortunés ( grands industriels... ) soit par les cotisations de très nombreux membres. On en revient toujours au nerf de la guerre.
Rédigé par : Dominique | mercredi 05 fév 2020 à 18:44