Les trois formes de périls islamo-terroristes évoquées dans notre précédente chronique[1] ne se séparent qu'en apparence. Toutes trois menacent, en effet, sinon d'une manière parfaitement égale, du moins d'une façon très actuelle et très convergente la France et l'Europe. Elles se manifestent sur les terrains sociologique, militaire et géostratégique : montée d'une violence intérieure intrinsèque et préoccupante ; affrontement direct en Afrique sahélienne avec les émules locales des réseaux internationaux ; confrontation en Méditerranée orientale avec un islamisme qui s'affirme et cherche à s'organiser en tant que puissance globale.
La première forme de cette menace se diffuse de jour en jour dans notre société. A la séquence dominée par le mouvement incontrôlé des Gilets jaunes, a succédé une phase de grèves et de blocages sans précédent. Bien évidemment, dans l'actualité immédiate, les jeux des moyens de la désinformation et de la stratégie de la communication officielle mettent l'accent sur le rôle de la CGT. Vieil épouvantail stalinien, dotée d'un porte-parole efficacement caricatural, celle-ci suscite une crainte et une répulsion légitimes. Mais, au bout du compte, la direction de cette centrale doit elle-même surmonter des évolutions et des remous intérieurs à la société. Au sein des quelques entreprises où se concentrent les lieux potentiels de thrombose, les appareils syndicaux craignent de se voir, à leur tour, dépassés par des groupuscules alternatifs. Et, au sein du dispositif la question ethnique ne peut pas être négligée. Faisant face à cette concurrence latente, et à l'expression d'une soif de violence, les chefs apparents de la révolte ne peuvent que chercher à précéder leur base afin de ne pas être balayés.
Une telle bolchévisation rampante ne se limite pas aux frontières. Entre Bamako et certaines villes communistes de Seine-Saint-Denis, les vraies extensions du Mali dépassent celles de la zone territoriale du Sahel.
On ne peut donc pas cantonner la lutte contre Daech à une seule zone géographique. Lors de l'irruption de son ersatz de Califat proclamé à Mossoul en 2014 le groupe fut d'abord ressenti et identifié en tant que spécifique au Moyen Orient. On a pu y voir une réaction à l'opération Irak de GW Bush. Et c'est effectivement à partir des métastases de l'armée et du régime de Saddam Hussein que s'est d'abord construite l'organisation. Très vite cependant elle a essaimé, en rivalité avec la stratégie d'al-Qaïda, dans d'autres pays, y compris dans des espaces où, face aux pseudopodes de cet autre réseau, intervenait déjà l'armée française (cf. opération Serval à Tombouctou en janvier 2013).
Sur cette prolifération s'est greffée une capitale qui s'est progressivement emparée de l'hégémonie sur l'islamisme politique international. Or, il s'agit précisément de celle dont on a voulu faire le bastion et le modèle d'une sorte de nationalisme jacobin laïc, prolongement de l'Europe et alliée de l'Occident : Ankara. A son sujet toutes les idées fausses et les préjugés périmés paralysent, aujourd'hui encore, l'analyse de nos décideurs ouest-européens, alors même que la montée en puissance d'un califat potentiel se développe plus vite que la réflexion de nos décideurs, précipitant l'urgence des prises de conscience.
Depuis l'échec et l'éviction en 2013 de la présidence Morsi en Égypte, la direction des Frères musulmans s'est ainsi placée sous la dépendance d'Erdogan. Lui-même, à partir de 2014, s'est ouvertement séparé puis s'est opposé d'une façon inexpiable à Fethullah Gülen. Il a donc éliminé, et, depuis le pseudo coup d'état de 2016 il a massivement persécuté ce qui représentait, avec le mouvement Hizmet, la seule influence susceptible d'aboutir à un modèle turc, certes original, mais convergent avec l'occident.
La cristallisation actuelle des événements en Méditerranée orientale, et dans la guerre de Libye se développant après celle de Syrie, rend cette question cruciale. La France de son côté se voit engagée aux côtés des pays riverains tous en butte à la double volonté néo-ottomane : d'une part propagation de l'islamisme et d'autre part manipulation de l'immigration, devenue instrument de chantage permanent, y compris dans la politique intérieure de certains pays comme l'Allemagne ou la Belgique, mais plus globalement vis-à-vis de l'Europe entière.
Face à de telles nouvelles dimensions de la Terreur islamiste, les ambiguïtés macroniennes ne sont plus permises.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1]cf.L'Insolent du 22 janvier : "Masques et visages du terrorisme"
http://www.insolent.fr/2020/01/masques-et-visages-du-terrorisme.html
Et n'oublions pas la terreur version "soft power", qui s'implante doucement chez nous : https://www.marianne.net/societe/mila-16-ans-menacee-de-mort-pour-avoir-critique-l-islam
Rédigé par : N. | jeudi 23 jan 2020 à 17:05
Ambiguité est bien le moindre mot. Et les responsables sont légion, passés et présents. A elle seule la situation intérieure de la France face à l'islamisation en cours nécessiterait l'état d'urgence.
Rédigé par : Dominique | jeudi 23 jan 2020 à 17:33
"Face à de telles nouvelles dimensions de la Terreur islamiste, les ambiguïtés macroniennes ne sont plus permises."
C'est pour cela qu'il faut impérativement que M. Macron soit battu en 2022.
Cela passe par la dénonciation vigoureuse de sa stratégie qui consiste à favoriser le "Rassemblement" "national" et en premier lieu sa chéfesse et la peu reluisante nièce de cette dernière, afin de se retrouver au second tour face à un "adversaire" battu d'avance.
Il faut absolument qu'émerge une personnalité hors "R""N", étranger à cette secte familiale qui ne sert qu'à canaliser les révoltes légitimes sur une voie de garage depuis des décennies, un homme apte à réunir un maximum de Français autour d'une plate forme de Salut Public tant sur les questions identitaires que sociales. Faute de quoi, inutile de se faire des illusions, M. Macron sera réélu en 2022, peut être même plus facilement encore qu'en 2017.
Rédigé par : RR | jeudi 23 jan 2020 à 18:26
Pour l'anecdote, je rencontrais beaucoup moins de problèmes, d'hostilité de part et d'autre quand je faisais circuler des tracts, journaux, autocollants du PFN, MNR, TV, Nouvelle Résistance que lorsqu'il s'agissait de documents de propagande Le Pen, pourtant souvent moins "radicaux". Les Le Pen en raison de leur personnalité détestable (arrogance, provocations), ça ne passe pas et ça ne passera jamais.
(je rappelle que si le MNR, TV, NR étaient peu connus, le PFN lui l'était au moins autant dans les années 70 et 80 que le FN)
Rédigé par : RR | jeudi 23 jan 2020 à 18:41
"Et n'oublions pas la terreur version "soft power", qui s'implante doucement chez nous : https://www.marianne.net/societe/mila-16-ans-menacee-de-mort-pour-avoir-critique-l-islam "
À propos de cette affaire, signalons le tweet de soutien de Nicolas Dupont-Aignan:
"Soutenons Mila, lycéenne de 16 ans insultée et menacée de mort par des milliers de fanatiques pour avoir donné son opinion sur l'Islam. Protégeons la liberté d'expression face au fascisme islamiste !" (sic)
L'intention est bonne, mais une fois de plus, IL NE FAUT JAMAIS ENTRER DANS LE JEU de "ceux d'en face", autrement dit reprendre à notre compte leurs travestissements de l'histoire (tout ce qui est mal réduit au fascisme).
Rappelons une fois de plus que le fascisme, c'est ça ET UNIQUEMENT ça:
https://www.youtube.com/watch?v=MA3gS-EABNY
https://www.insolent.fr/2019/03/du-desordre-et-de-la-dictature.html (édito de J-G M. + mes commentaires)
https://www.insolent.fr/2019/04/casseurs-sachant-casser.html (mes commentaires)
L'islam n'A RIEN À VOIR avec tout ça.
Prétendre le contraire, c'est tout simplement dire N'IMPORTE QUOI et faire le jeu d'encore une fois "ceux d'en face", se mettre une peau de banane sous le pied, quoi que l'on pense de l'expérience fasciste QUI APPARTIENT À L'HISTOIRE et qui n'a depuis des décennies PLUS SA PLACE DANS LE DÉBAT POLITIQUE.
Rédigé par : RR | vendredi 24 jan 2020 à 22:16