Beaucoup de bons esprits s'interrogent ces derniers temps, se sentant perplexes devant les contradictions de la parole gouvernementale. L'affaire de la réforme des retraites, et du désaveu infligé à Delevoye, ne doit pas être considérée à cet égard comme un phénomène unique.
Les désaccords affichés se multiplient, y compris quand il s'agit de montrer un îlot de fermeté dans l'océan du délire et des désordres immigrationnistes.
Ministre de la justice, investie de l'autorité, et à la tête de l'administration en charge de l'application des lois, la citoyenne Belloubet fait, par exemple, connaître ses divergences dans ce débat particulièrement sensible. Elle s'affirme clairement dans le camp du laxisme politiquement correct, dont le pouvoir cherche à se démarquer.
Or, on doit souligner qu'un des principes fondamentaux du fonctionnement d'une démocratie s'appelle la solidarité gouvernementale.
Jean-Pierre Chevènement résumait ainsi en 1983 cet impérieux devoir : "Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne." Il s'est appliqué la règle, non sans quelque panache, en deux circonstances, d'ailleurs cruciales. Quelque peu oubliées de nos jours, elles méritent d'être rappelées.
En mars 1983, il s'opposait au virage du septennat Mitterrand. Celui-ci avait débuté par les deux gouvernements Mauroy, sous les auspices de ce désastreux programme commun socialo-communiste, que lui-même, à la tête du CERES, avait rédigé. Les réalités économiques conduisant les socialistes à en rectifier désormais le tir. Il démissionne dès lors de ses titres ronflants de ministre d'État, ministre de la Recherche et de la Technologie.
En janvier 1991, ministre de la Défense, il se trouvait à nouveau en désaccord avec son florentin président. Il n'acceptait pas la participation de l'armée française à la coalition embarquée pour défendre l'émirat du Koweït annexé en tant que 19e province irakienne par Saddam Husseïn en 1990.
La Belloubet et tous ceux qui s'opposent au recentrage, hypocrite et contradictoire, affiché de la Macronie s'honoreraient donc, mais le verbe n'appartient peut-être pas à leur vocabulaire, en suivant cet exemple.
Outre la crise institutionnelle et morale que de telles fausses notes manifestent, on ne doit pas s'interroger trop longtemps, sur la raison profonde de leur recrudescence.
Le proverbe l'enseigne : "quand il n'y a plus de foin au râtelier les chevaux se battent". Les ânes aussi, dans une autre version. Les ministres également.
On apprend dès lors que tel ou tel d'entre eux a été "recadré". Significative expression : mais où se trouve le cadre ?
Dans un régime d'opinion, tournant trop vite à l'addition des démagogies, la dépense publique sert de lubrifiant aux popularités. On ne cherche plus à distribuer du pain et des jeux, comme dans la Rome impériale décadente. On prétend désormais investir, au nom d'un "keynesianisme" d'imposture, de l'argent qui n'existe pas, dans des projets sans véritable utilité. Quand, avec ironie, on qualifie, de "pas perdues pour tout le monde" les sommes souvent colossales englouties par nos décideurs politiques et nos omniscients technocrates dans de stériles éléphants blancs, la vérité économique les constate, hélas, évaporées pour l'ensemble des contribuables, à proportion des impôts qu'ils supportent.
Le cochon de payant grogne. Faut-il s'en étonner ? Mais les vraies victimes demeurent les assistés qui voient leurs ressources baisser du fait même de la ruine du pays. Quand il ne reste plus rien à voler, les malandrins et les cambrioleurs eux-mêmes crient famine.
L'addition de ces humeurs caractérise la France macronienne, car depuis deux ans, loin de s'améliorer la situation des finances publiques s'est dégradée. Les chiffres commencent à circuler. On ne les dissimulera pas bien longtemps.
La question de ses déficits persistants, place la France en très mauvaise posture au sein d'institutions européennes, où l'homme de l'Élysée cherche pourtant à nous faire croire qu'il exerce un rayonnement sans égal.
Quand un mauvais élève veut tromper son monde, il lui faut copier sur son voisin. Cette tricherie, venant de celui qui se donne pour la disciple de Paul Ricœur impacte donc, de plus en plus sérieusement, la cohésion de la fragile majorité issue des élections de 2017.
JG Malliarakis
Pour recevoir en temps réel les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
courrier.insolent@gmail.com
Mercredi 27 novembre Conférence de JG Malliarakis sur la Naissance de l'Illusion mondialiste à l'occasion de la réédition du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "La Ratification du Traité de Versailles"
de 18 h à 20 h à la Brasserie du Pont Neuf 14, quai du Louvre M° : Louvre, Pont Neuf ou Châtelet
Une publicité de bon goût pour les livres du Trident
François-René de Chateaubriand : "Le Moment Conservateur ".
Au gré de ces textes, choisis et présentés par JG Malliarakis, on découvre en Chateaubriand, au-delà de son génie littéraire inégalé, un penseur politique méconnu. Dans un contexte de reconstruction du pays, 15 ans avant que les Anglais s'emparent du mot conservateur, 20 ans avant La Démocratie en Amérique de Tocqueville, il définissait les bases d'un régime représentatif durable dans le cadre de la monarchie parlementaire.
••• Un livre de 104 pages au prix de 15 euros.
• à commander sur la page catalogue des Éditions du Trident
• ou par chèque en téléchargeant un bon de commande
"Or, on doit souligner qu'un des principes fondamentaux du fonctionnement d'une démocratie s'appelle la solidarité gouvernementale.
Jean-Pierre Chevènement résumait ainsi en 1983 cet impérieux devoir : "Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne.""
Il n'y a démocratie que lorsque le peuple est souverain. En démocratie représentative (délégation de la souveraineté), le représentant se doit d'appliquer une politique strictement conforme aux volontés du peuple. C'est exactement l'inverse qui se produit chez nous que ce soit entre autre sur la question migratoire comme sur celle du traitement des crimes et délits. La Hongrie dirigée par Viktor Orbán est l'un des rares pays où la démocratie représentative est conforme à ce qu'elle devrait être.
Quant à Chevènement, il ne valait pas mieux que les autres, c'était même un des pires, le "patriotisme" jacobin poussé à l'extrême, totalement à l'opposé du véritable patriotisme.
Rédigé par : RR | mercredi 13 nov 2019 à 14:30
Bien… mais aurons nous le plaisir d'entrevoir les videos de vos conférences à posteriori? Si tibi ago?
Rédigé par : minvielle | samedi 16 nov 2019 à 00:03
@ Minvielle
"(…) les vidéos de vos conférences [de J-G M.]"
Je crains que les conférences ne soient pas filmées ni même enregistrées en audio.
Petite réponse
Pas pour le moment en effet.
Rédigé par : RR | samedi 16 nov 2019 à 12:34
J’ ai particulièrement aimé cette rubrique
Armelle
Rédigé par : Armelle | samedi 16 nov 2019 à 23:25