La perspective du 5 décembre semble de jour en jour s'alourdir, par l'addition de mécontentements très divers. Aux cheminots et aux salariés de la RATP, qui n'accepteront pas de sacrifier sans contrepartie leurs régimes de retraites, se rallient les personnels aériens, les enseignants, les pompiers, une partie des forces de l'ordre, les mouvements étudiants ou encore les postiers appelés à se mobiliser, et bien entendu ce qui reste des gilets jaunes...
En face de quoi, la communication gouvernementale se complaît à accumuler d'étonnantes maladresses.
Ainsi, le président, en déplacement à Amiens les 21 et 22 novembre, reprochait-il leur pessimisme aux Français dans ce "pays trop négatif sur lui-même, on a l’impression si on s’écoute collectivement, si on branche la radio ou qu’on allume la télé, que tout est terrible". Comme si deux ans de macronisme n'y avait pas contribué.
Malgré leurs échecs les opposants de gauche retrouvent du poil de la bête. Figure montante de la France insoumise, un Ruffin se permet d'apostropher le chef de l'État, et de prétendre que "les gilets jaunes ont ramené sur terre Emmanuel Macron." L'arrogance macronienne a même remis en selle le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Apparatchik agressif, celui-ci développe à nouveau les revendications de la vieille centrale du parti communiste : "partir du régime de retraite que nous avons tous et prendre en compte la pénibilité pour tout le monde. C’est un droit et la question est de savoir comment on étend ce droit à plus de monde", réclamant un âge de départ à la retraite fixé "à 60 ans et plus tôt pour les métiers pénibles".
En haut lieu, on se plaît, pour employer un mot à la mode, à "stigmatiser" à bon compte toutes les critiques, alors que personne ne sait encore vraiment, après deux ans de discussions vaseuses de Delevoye avec les syndicats, si l'intention du pouvoir l'oriente vers ce que les technocrates appellent réformes paramétriques, –l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une pension à taux plein, – ou, au contraire, avant tout, un changement systémique marqué par un calcul de points.
On trouve même de bons et beaux esprits pour en rajouter.
Au premier rang montent au créneau ses voltigeurs de pointe, gardiens de la citadelle Bercy. Dès le 28 octobre Bruno Le Maire a désigné l'ennemi en déclarant que, "rien ne justifie le maintien de ces régimes spéciaux. (...) Ils ne sont plus défendables."
Autre transfuge de la droite, son ambitieux n° 2 Gérald Darmanin intervenait ce 22 novembre sur RTL[1]. Le ministre de l'Action et des Comptes publics imagine rallier la bourgeoisie, en affirmant d'abord que "jusqu'ici, personne n'a osé faire ce que fait le président de la République pour réformer les retraites"; et, en même temps, il fait miroiter une retraite minimum de 1 000 euros. "Plein de Français, découvre-t-il, ont travaillé, ont cotisé, mais n'ont pas ce minimum." Cette réforme "ne concernera pas les retraités d'aujourd'hui. "Nous parlons pour l'avenir", en confirmant une chose : "Il faudra travailler plus longtemps".
La CFDT son seul allié, se retire-t-elle de la discussion ? "C'est toujours dommage de ne pas venir aux réunions. Il faut bien sûr négocier."
Au premier rang des thuriféraires, sans surprise on retrouve dans son rôle habituel de boussole indiquant le pôle Sud, le Jacques Attali, l'homme que l'on doit consulter en sachant qu'il s'est toujours trompé. C'est bien lui qui, ayant conçu les nationalisations de l'ère Mitterrand, avait intronisé le jeune technocrate Macron comme rapporteur du groupe de travail chargé par Sarkozy de réformer l'économie française.
Anne Fulda lui fait dire[2] :"Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. À partir du moment où je l’ai mis rapporteur, où il y avait Tout-Paris et le monde entier et où je ne l’ai pas éteint, il s’est fait connaître. C’est la réalité objective."
Satisfait de sa créature il affirme aujourd'hui "globalement, le mandat de Macron est une réussite"[3]. Globalement positif, donc, comme les pays de l'est selon Marchais.
Le parti ministériel ne change pas. Il n'a jamais su gouverner correctement le pays. Ce parti c'est celui de ceux que Beau de Loménie[4]appelle dans ses "les grands habiles", les alliés centristes des radicaux de la Troisième république.
Ainsi, ce 24 novembre aurait pu servir, aux amis des commémorations et aux admirateurs de Clemenceau, à l'évocation du 90e anniversaire de sa disparition, en 1929. Celui que tant de combattants considérèrent si longtemps comme le Père la Victoire, ou que tant d'autres surnomment, aujourd'hui encore, le Tigre en souvenir des années où ministre de l'Intérieur il se définissait comme "le premier flic de France", mérite-t-il sa statue triomphale au bas des Champs Élysées ?
Un regard objectif sur l'Histoire fait apparaître hélas un tout autre bilan.
Ni vraiment radical-socialiste, mais jacobin, autoritaire, il avait été, dans sa jeunesse l'un des deux principaux disciples de Blanqui[5] C'est bien lui, et ses principaux collaborateurs Tardieu, Klotz et Loucheur qui portent la responsabilité de l'enchaînement de la France victorieuse au schéma des réparations et des dettes, qui empêchèrent toute entente avec l'Allemagne, et conduisirent à la guerre.
À côté de ces géants historiques de l'erreur, le parti ministériel d'aujourd'hui relève de la dérision. Est-ce consolant ?
JG Malliarakis
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Mercredi 27 novembre JG Malliarakis donnera une conférence sur la Naissance de l'Illusion mondialiste à l'occasion de la réédition du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "La Ratification du Traité de Versailles" de 18 h à 20 h au Café du Pont Neuf 14, quai du Louvre M° : Louvre, Pont Neuf ou Châtelet
Tout a été dit au long des débats de 1919 à la Chambre des députés...
TABLE DES MATIÈRES : Note de l'éditeur par JG Malliarakis -- Introduction de 1945 I. Les Préambules [Chappedelaine - Raiberti - Charles Benoist] II. Pour une politique d’après guerre [Maurice Barrès - Albert Thomas] III. Plaidoyer et Réquisitoires [Tardieu - Barthou - Franklin-Bouillon] IV. La prochaine guerre viendra par Dantzig [Marcel Sembat] V. Réparations et organisation économique [Bedouce - Klotz - Dubois - Auriol - Loucheur] VI. Le désarmement [André Lefèvre] VII. Un ténor : Viviani VIII. Travail et Colonies [Colliard et Simon] IX. Du socialisme à l’extrême-droite [Longuet et Marin] X. Clemenceau intervient et XI. Dernières interventions [Renaudel - Lefèvre - Augagneur] La conclusion de l'historien au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
Épilogue : Quelques dates. Quelques chiffrages à propos des réparations.
L'Occupation de la Rhénanie (1923-1930) → Pour en savoir plus sur ce livre, lire aussi "Les cent ans de la fausse paix de Versailles". ••• Ce livre de 204 pages paraîtra courant novembre. Il est proposé au prix de souscription de 18 euros franco de port jusqu'au 30 novembre. Paiement par carte bancaire sur le site de l'éditeur [ou par chèque en téléchargeant un bon de commande]
Apostilles
[1] cf. "Le ministre de l'Action et des Comptes publics a assuré que le gouvernement ira jusqu'au bout de la réforme, malgré les contestations."
[2] cf. son livre "Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait", 2017, ed. Plon
[3] cf. L'Opiniondu 21 novembre
[4] cf. notamment le Tome IV des "Responsabilités des dynasties bourgeoises"Du Cartel à Hitler pp 28 sq.
[5] Maire de Montmartre pendant la Commune de 1871, il partageait la qualité de fils spirituel de "L'Enfermé" avec Gustave Tridon. Celui-ci fut le signataire du livre "Du Molochisme juif" publié à Bruxelles en 1884. Dans ce curieux ouvrage , probablement écrit par Blanqui lui-même en page 11 : "Depuis la fixation des nomades hébreux sur la terre de Chanaan, des relations s'étaient ouvertes entre la Judée et le puissant empire d'Assyrie. Là dominaient les races Aryennes et Conschites, bien supérieures aux Sémites par le caractère, les mœurs et les lumières. Là nourissait une religion plus douce et plus humaine,celle de Zoroastre."
"La CFDT son seul allié [du gouvernement]"
Rien d'étonnant, la CFDT est un syndicat jaune.
"C'est bien lui [Clémenceau], et ses principaux collaborateurs Tardieu, Klotz et Loucheur qui portent la responsabilité de l'enchaînement de la France victorieuse au schéma des réparations et des dettes, qui empêchèrent toute entente avec l'Allemagne, et conduisirent à la guerre."
C'est aussi lui qui donna l'ordre de tirer sur des travailleurs (ce que le père adoptif de la petite lionne ne fit jamais), devenant ainsi un dirigeant politique parmi les plus immondes et criminels qu'ait connu notre pays.
https://aujourdhui.pagesperso-orange.fr/draveil/pages/pagesgreves/modernite.html
Curieux disciple de Blanqui; plutôt un bon disciple de cette pourriture de Napoléon Bonaparte.
Sinon pour les retraites: salaire intégral et chacun fait comme il l'entend.
Rédigé par : RR | lundi 25 nov 2019 à 01:22
D'un côté, un géant historique de l'erreur, de l'autre un " état profond " qui avance un programme globaliste et, finalement, néo communiste. Dans ce programme le pouvoir d'initiatives de monsieur Macron est infinitésimal puisqu'il est un pion, et que c'est tout un système qui avance, avec ou sans lui, en modifiant toutes les parties constituant la société humaine.
J'en déduis que le système du globalisme est encore plus dangereux pour nos libertés que celui qui permit le traité de Versailles. C'est dire !
Rédigé par : Dominique | lundi 25 nov 2019 à 17:09
A propos du globalisme, néo communiste tel que je l'apprécie :
La globalisation des échanges, historiquement normale, a-t-elle été détournée par la Chine pour en faire le “ globalisme “, instrument - au sein des pays non communistes - de la conquête chinoise et communiste mondiale ?
C'est l'opinion de The Epoch Times
Voici deux articles susceptibles de vous interesser, par The Epoch Times, consacré au détournement de la mondialisation par la Chine communiste, avec l'appui d'institutions internationales qui effacent les nations et leurs traditions culturelles, et des néo communistes des pays occidentaux.
A propos de Epoch Times : “ Epoch Times a été fondé aux États-Unis en 2000 en réponse à la répression communiste et à la censure en Chine. Nos fondateurs, des Américains d’origine chinoise qui avaient eux-mêmes fui le communisme, ont cherché à créer un média indépendant ...
Epoch Times a reçu de nombreux prix pour ses reportages ...
Le réseau d’Epoch Times couvre 33 pays en 21 langues ... dont le français, le chinois, l'anglais. ”
Attention : il n'est pas écrit qui finance ce e-journal et quel est son modèle économique. Donc attention aux biais éventuels.
Petite réponse
SVP : assez avec "globalisme". Le mot français : mondialisme.
Rédigé par : Dominique | lundi 25 nov 2019 à 19:10
https://fr-mb.theepochtimes.com/capitalisme-communiste-chinois-monstre-cree-mondialisation-1075152.html. En français
Dans cet article l'auteur montre comment “ la mondialisation de l’économie a assombri le monde entier. Car le PCC parti communiste chinois s’est joint à cette mondialisation, il l’a transformée en un outil pour arriver à la domination communiste mondiale.”
C'est la stratégie de Kissinger qui disait vouloir libéraliser la Chine, en la faisant entrer dans l'OMC, qui aurait ainsi été retournée par le PCC.
Constat que nous constatons souvent en commentant les politiques des globalistes, en France ( immigrations, ventes à la découpe de nos industries, déculturations, ...) en Europe, et dans le monde.
Petite réponse
SVP : assez avec "globalisme". Le mot français : mondialisme.
Rédigé par : Dominique | lundi 25 nov 2019 à 19:19
D'après Johhka Fischer l'idée que les allemands auraient été désespérés par les injustes conditions du traité de Versailles est un mythe, une intox du lobby militariste allemand. En réalité les allemands avaient imposé des conditions beaucoup plus dures aux russes juste avant dans le traité de Brest-Litovsk.
https://books.google.fr/books?id=wUX-AAAAQBAJ&pg=PT67&lpg=PT67&dq=interview+Joska+fischer+trait%C3%A9+de+brest-litovsk&source=bl&ots=1tWwi8kvj8&sig=ACfU3U1b2BD5RphJdGuFxTPrqrHiCGqU7w&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiqxLeguYbmAhUIBGMBHT1BDboQ6AEwDXoECAsQAQ#v=onepage&q=interview%20Joska%20fischer%20trait%C3%A9%20de%20brest-litovsk&f=false
Petite réponse
Merci de votre objection. Le point de vue de Fischer est intéressant, presque décapant. Ce que je considère ce n'est pas "l'injustice" du traité, mais : d'abord son absurdité sectaire, ce que relèvent aussi bien les deux angles de regard de Keynes (l'économie) que de Bainville (la géopolitique de l'Europe centrale) ; ensuite, et surtout, ce sont les fausses garanties dont le parti ministériel s'est alors gargarisé sur la base de l'illusion mondialiste.
Rédigé par : VIO59 | lundi 25 nov 2019 à 23:55
Effectivement j'ai employé cet anglicisme, au lieu de mondialisme, à tort, d'autant que j'utilise le mot français de mondialisation. Merci de m'avoir corrigé.
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9M2602
MONDIALISATION nom féminin
xxe siècle. Dérivé de mondialiser.
Le fait de se répandre dans le monde entier, de concerner toute l’humanité. La mondialisation d’un conflit. Mondialisation des échanges économiques. Absolument. La mondialisation, nouveau concept désignant la généralisation des relations internationales dans les domaines politique, économique et culturel.
✻MONDIALISME nom masculin
xxe siècle. Dérivé de mondial.
Doctrine ou tendance politique visant à l’unité de tous les peuples, considérés comme formant une communauté unique.
Rédigé par : Dominique | mardi 26 nov 2019 à 02:11
En marge de ces études sur la Chine communiste ayant éradiqué plus de 2.000 ans de civilisation chinoise, et sur l'emprise du spectre commumiste sur la mondialisation dans les pays occidentaux,
il convient d'évoquer la complicité de politiciens occidentaux, et puisque nous sommes en France particulièrement celle d'un ancien ministre :
https://fr-mb.theepochtimes.com/lex-premier-ministre-jean-pierre-raffarin-anime-une-emission-chinoise-de-propagande-pro-regime-et-justifie-le-controle-strict-de-linternet-en-chine-1127275.html
J'écrivais dans un commentaire que ces hommes là ont été et sont les nouveaux Clémenceau.
Rédigé par : Dominique | mardi 26 nov 2019 à 20:25