En ce 21 novembre, on apprenait à Paris que le syndicat CFDT-cheminots, supposé le plus raisonnable, menace désormais joint au mouvement de grève du 5 décembre. Et le nombrilisme des médias n'y voit, une fois de plus, qu'un seul aspect dysfonctionnement du système hexagonal et de ses soi-disant instances de dialogue.
Or, on ne peut comprendre la crise qui semble se précipiter en France sans l'observer dans son contexte international. Un tel regard ne conduit malheureusement pas à flatter le pouvoir macronien. Il aboutit au contraire à souligner son inconséquence et ses velléités, de plus en plus compromises, de redresser le pays.
Une récente évaluation de l'Institute of International Finance publiée ce 15 novembre à Londres mérite, cet égard, que l'on s'y attarde quelque peu. Certes elle aboutit au concept de dette mondiale. Et celui-ci appelle lui-même quelques interrogations. D'autre part, les agrégats statistiques internationaux reposent toujours sur l'addition d'approximations discutables, comme tous les outils dont les technocrates se servent pour imposer leurs vues.
À ces réserves près, on retiendra que la dette des États, selon cette étude, devrait dépasser, courant 2019, la barre des 70 000 milliards de dollars.
Une autre comparaison, établie par Bank of America Merrill Lynch, constate que, depuis la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, les États ont emprunté 30 000 milliards de dollars, les entreprises 25 000 milliards, les ménages 9 000 milliards et les banques 2 000 milliards.
Ces montants vertigineux reflètent le rôle grandissant de l'activité de la finance.
Doit-on la considérer comme nécessaire à l'industrie, au commerce ou à l'activité productrice de biens et services en général ? La question se pose.
Mais ce qui semble aussi poser problème résulte de la simple comparaison entre une France étatique surendettée, car de plus en plus incapable de maîtriser ses déficits, et un monde enserré dans les contraintes d'un échafaudage financier.
Ce matin les médias rappelaient la progression du taux d'endettement hexagonal en 10 ans : rapportée au PIB, qui rappelons-le n'appartient pas à l'État, la dette publique officielle de Paris est passée de 67 % à 100 %.
Mais il conviendrait aussi de se préoccuper des engagements qui se situent en dehors du périmètre et qui s'accroissent chaque année de plus de 360 milliards, soit plus de 3 fois le montant prévisionnel du déficit budgétaire, estimé pour 2019 à hauteur de 100 milliards.
Ceux-ci résultent des innombrables structures déficitaires dont la chronique agite l'actualité et que l'État renfloue chaque année :
- c'est le cas de la SNCF dont la dette n'est pas "comptabilisée Maastricht"
- idem pour les hôpitaux dont la réalité juridique reste floue
On les appelle pudiquement dette implicite. Au total on l'estime à plus de 4 000 milliards d'euros
Le seul provisionnement des futures retraites des agents publics se chiffrerait à environ 2 400umilliards d'euros.
À noter que l'État se garde bien de garantir les pensions de vieillesse des caisses auxquelles il contraint les Français de cotiser.
Aucun des ténors de la commission des Finances, du socialiste Boulloche dans les années 1970 jusqu'au gaulliste Carrez ou au centriste Charles de Courson n'a pu obtenir qu'un débat législatif tranche du sujet.
Ajoutons que dès les débats de 1919, sur la ratification du traité des Versailles basé sur l'hypothèse de paiement de faramineuses réparations, le parti ministériel en avait imposé l'échafaudage mondialiste : la Société des Nations allait tout garantir... l'Allemagne paierait, à en croire le ministre des Finances de Clemenceau l'escroc Klotz[1], et l'opinion était illussionnée par les "milliards"inventés par Loucheur et Tardieu. Tout cela se passait, me dira-t-on sous la troisième. Deux républiques plus tard, les choses n'ont guère changé. Ou plutôt elles ont empiré.
Vous qui aimez tant la république, et vous en gargarisez, en reprendrez-vous une sixième ?
JG Malliarakis
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courrier.insolent@gmail.com
Mercredi 27 novembre JG Malliarakis donnera une conférence sur la Naissance de l'Illusion mondialiste à l'occasion de la réédition du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "La Ratification du Traité de Versailles" de 18 h à 20 h au Café du Pont Neuf 14, quai du Louvre M° : Louvre, Pont Neuf ou Châtelet
Tout a été dit au long des débats de 1919 à la Chambre des députés...
TABLE DES MATIÈRES : Note de l'éditeur par JG Malliarakis -- Introduction de 1945 I. Les Préambules [Chappedelaine - Raiberti - Charles Benoist] II. Pour une politique d’après guerre [Maurice Barrès - Albert Thomas] III. Plaidoyer et Réquisitoires [Tardieu - Barthou - Franklin-Bouillon] IV. La prochaine guerre viendra par Dantzig [Marcel Sembat] V. Réparations et organisation économique [Bedouce - Klotz - Dubois - Auriol - Loucheur] VI. Le désarmement [André Lefèvre] VII. Un ténor : Viviani VIII. Travail et Colonies [Colliard et Simon] IX. Du socialisme à l’extrême-droite [Longuet et Marin] X. Clemenceau intervient et XI. Dernières interventions [Renaudel - Lefèvre - Augagneur] La conclusion de l'historien au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
Épilogue : Quelques dates. Quelques chiffrages à propos des réparations.
L'Occupation de la Rhénanie (1923-1930) → Pour en savoir plus sur ce livre, lire aussi "Les cent ans de la fausse paix de Versailles". ••• Ce livre de 204 pages paraîtra courant novembre. Il est proposé au prix de souscription de 18 euros franco de port jusqu'au 30 novembre. Paiement par carte bancaire sur le site de l'éditeur [ou par chèque en téléchargeant un bon de commande]
Apostilles
[1]Louis-Lucien Klotz ministre des Finances radical-socialiste dans le gouvernement Clemenceau de 1917 à 1920, énonciateur du mot d'ordre "l'Allemagne paiera" fut condamné en 1929, à la suite de spéculations boursières hasardeuses, pour chèques sans provision et escroquerie à deux ans de prison.
A lire ces chiffres qui donnent le vertige on se surprend à penser à "l'infini", cet espace sidéral qui, comme cette valse des milliards, me laisse sidéré!
Rédigé par : Tonton Cristobal | jeudi 21 nov 2019 à 18:00
Selon Lawrence KOTLIKOFF
( https://en.wikipedia.org/wiki/Laurence_Kotlikoff ), la seule dette des USA est estimée entre 290 et 350 billions de$ , soit 350.000 milliards de $ ; et plus un gramme d'or à Fort Knox , ce qu'avait découvert DSK , et qui et la cause de son éviction .
Rédigé par : Eschyle 49 | jeudi 21 nov 2019 à 19:01
"En ce 21 novembre, on apprenait à Paris que le syndicat CFDT-cheminots, supposé le plus raisonnable, menace désormais joint au mouvement de grève du 5 décembre."
La grève générale est la seule action qui paie; une manifestation peut être réprimée ou noyautée pour la discréditer (l'exemple est flagrant avec les Gilets jaunes) ce qui peut permettre au pouvoir en place de s'en sortir. En revanche une grève générale massivement suivie et illimitée ne laisse pas d'autre alternative aux gouvernants que de céder aux revendications ou de partir; les forces dites de l'ordre n'ont pas les moyens d'obliger les gens à travailler. Georges Sorel voyait en la grève l'outil par excellence de la Révolution, mais néo-marxiste, il soutenait la révolution menée de main de maître par Lénine en Russie. Et ce dernier point est important; c'est bien beau de faire grève et de vouloir renverser le pouvoir, mais encore faut-il avoir quelque chose pour le remplacer. Ce n'est ni le cas des Gilets jaunes, ni des candidats aux grèves programmées en décembre, M. Macron le sait parfaitement et c'est un atout pour lui considérable.
On en revient toujours et toujours au même problème: Il n'y a personne actuellement qui puisse le remplacer.
(j'ai appris récemment que Carl Lang éjecté du Front national par Le Pen père pour avoir refusé de laisser sa place à sa fille comme tête de liste aux Européennes de 2012 dans la circonscription dont il était l'élu sortant, et depuis fondateur et président du Parti de la France [un "Front national canal historique" en quelque sorte, resté fidèle à ses fondamentaux d'origine] allait quitter la présidence de son parti; dommage, Carl Lang est quelqu'un de très bien qui lui, n'a jamais trahi la cause; on imagine ce qui serait advenu si à la place de l'abjecte ou de la nièce aux belles cuisses, il était arrivé à s'emparer de la présidence du Front national; excellent orateur aux convictions inébranlables mais sans provocations inutiles, passant très bien aux yeux du public [on l'a vu lors de ses rares apparitions médiatiques], il y aurait eu quelqu'un; on peut encore dire merci à Le Pen père d'avoir opté pour le front familial et non pour le front national)
Rédigé par : RR | jeudi 21 nov 2019 à 19:03
Quelques chiffres tenant compte de ceux apportés par notre chroniqueur :
Dettes de l'Etat : 2.400 Mds
+ Dette implicite : 4.000 Mds
+ Provision pour retraites secteur public : 2.400 Mds
= Total endettement État : 8.800 Mds
/ Recettes annuelles de l’État : 229 Mds
= Ratio endettement / recettes annuelles : 38 années
Capacité de remboursement : 0 €
( le budget de l'Etat est en déficit de 100 Mds)
Or il n'y a que 15 millions d'emplois productifs pour rembourser ces dettes ! Soit une part de dette de 600.000 euros pour chaque emploi productif.
Alors si on ne peut plus dire " L'Allemagne paiera " comment va-t-on faire ?
*
Nota : aux USA il n'y a pas de TVA et les charges sociales sont de 15 % contre 100 % chez nous.
Rédigé par : Dominique | jeudi 21 nov 2019 à 21:14
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/greve-du-5-decembre-pour-philippe-martinez-le-rn-n-est-pas-le-bienvenu-7799529973
Visiblement, le fait que le "R""N" ne se situe nullement dans la lignée du Front national d'origine (avant les années 90) ne lui permet pas pour autant d'être accepté par les syndicats marxistes et cosmopolites qui exercent un monopole insupportable dans le syndicalisme grâce à De Gaulle qui a tout fait pour.
Ce monopole permet en effet à ces officines d'exercer une véritable dictature sur le monde des travailleurs qui se voient privés de se faire entendre librement comme ce devrait être le cas dans une démocratie digne de ce nom.
Rappelons enfin que Philippe Martinez actuel secrétaire général de la CGT se réclame ouvertement de l'héritage des Rouges espagnols dits Républicains, autrement dit d'une des œuvres les plus dégueulasses que l'humanité ait connue. Revenus en force après la trahison de Franco envers la Phalange et l'avènement voulu par ce dernier de la royauté incarnée par le tueur d'éléphants Juan Carlos de Bourbon, les perdants de la Guerre civile avides de revanche constituent désormais une réelle menace pour l'Espagne.
Rédigé par : RR | vendredi 22 nov 2019 à 21:10