Les préparatifs de la grève du 5 décembre confirment, au-delà de mécontentements qui parcourent tout le pays, un affrontement politique profond.
On croyait les vieilles murènes endormies pour toujours. Elles sortent du gouffre qui les abritait. On recommence à oublier les destructions de l'ère Mitterrand, Mauroy, Jospin, le désastre de présidence Hollande, l'élection de Macron en 2017 et l'échec de la CGT dans le cadre des conflits de 2018.
Les incertitudes du projet de fausse réforme des régimes de retraite par répartition attisent même, à l'évidence, ce réveil.
Comme il ne se produit jamais ce que les journalistes annoncent, on se gardera ici de tout pronostic.
Nul ne saurait prévoir ni la durée d'une grève qui, pour l'instant ne semble avoir été déclarée comme reconductible qu'à la SNCF, nul ne peut préempter le résultat des municipales de 2020. Elles se rapprochent sans se clarifier. Mais même à Paris ou Marseille où, pourtant, les municipalités sortantes se sont révélées plus que désastreuses, ni les fins de règne ni les successions ne profilent leurs scénarios.
L'idée même que la mégère Hidalgo puisse postuler à un nouveau mandat pour salir et déclasser un peu plus Paris devrait révulser toute personne sensée. Pourtant elle devrait préoccuper le contribuable assuré de devoir post-financer une gestion calamiteuse, sachant qu'on dénombre, dans la ville, 541 chantiers en cours à l’initiative de la mairie. La municipalité actuelle exaspère chaque jour un peu plus le piéton harcelé par une saleté galopante et une mendicité envahissante. Ne parlons même pas des automobilistes. Dans la Ville Lumière, on persécute l'artisan travaillant dans la capitale, mais résidant et votant dans des communes périphériques. On menace aussi la survie des familles.
Eh bien nous apprenons que sa campagne démarre impunément et qu'elle construit l'unité de sa mouvance idéologique serrant les coudes face à des adversaires archi divisés.
Certains évaluaient les pneus du socialisme définitivement crevés. S'ils s'apprêtent à se regonfler, n'en attribuons pas la nuisance au vieux métier disparu des vulcanisateurs…
Bien sûr, tout plaide en apparence contre l'hypothèse même de tels retours de flamme caricaturaux. Depuis des décennies la gauche semble s'être éloignée du marxisme et de l'étatisme pour se réfugier dans une bien-pensance, intolérante certes, voire tyrannique mais exclusivement adonnée à des modes libertaires, au mariage pour tous, etc. L'œuvre de destruction sociale violente s'était en effet, en gros pendant un demi-siècle, que les historiens pourraient faire commencer en 1968, progressivement réinvestie dans la corrosion décadente. Celle-c s'est d'ailleurs montrée aussi efficace que la violence ouverte, comme le temps des philosophes préparant la révolution jacobine.
Tournons-nous vers l'Angleterre. Depuis le XVIIIe siècle, ce pays, aux habitants si bien élevés, à la capitale si rayonnante, aux campagnes si charmantes, a toujours servi de chaudron où ont été préparées les recettes politiques, en bien comme en mal, régulièrement en avance de 10 ou 20 ans sur le continent.
L'actuelle campagne des élections législatives n'y est mesurée, depuis Paris, Berlin ou Bruxelles, qu'à l'aune du Brexit et des chances de victoire de Boris Johnson.
Or, elle vient de donner l'occasion au parti travailliste, principale force d'opposition et d'alternance, de cracher le 21 novembre à Birmingham le venin d'une plateforme. Avec Jeremy Corbyn et son entourage de trotskistes, on y revient à l'âge de pierre, au déclin des années 1970 et de la réhabilitation de Karl Marx qui n'en finit plus de hanter le British Museum.
En vue du scrutin du 12 décembre, en effet, Corbyn a décliné ses projets. Il proclame désormais "qu'il est temps pour un vrai changement". En fait un incroyable retour en arrière : de nombreuses nationalisations, dont celle du géant des télécommunications BT, mais aussi le rail, l’eau et la poste ; et puis encore plus de dépenses de l'État, dans le vieux système de soins irréformable du NHS, dans l’éducation (bien sûr), mais aussi les transports publics et la construction promise de 150 000 logements sociaux. Les entreprises seront forcées de créer un actionnariat salarial. Tout cela est évalué à quelque 55 milliards de livres. Et bien sûr les impôts seront lourdement augmentés, mais attention : seulement ceux des riches, de 5 % de contribuables les plus fortunés. Le paradis dont rêvent tous les adeptes de Piketty. Quant à la politique européenne, elle devient franchement secondaire[1]
Quand Corbyn a pris la tête du parti travailliste, en septembre 2015 la Royaume-Uni prospérait à l'époque du brillant gouvernement Cameron. Tout le monde considérait l'ascension de ce vieux militant comme l'assurance de futures victoires conservatrices.
A priori, d'ailleurs, sa défaite paraît encore probable, du moins pour cette année.
N'empêche que le New Labour de Tony Blair appartient désormais au passé. Un rien peut désormais faire basculer la Grande Bretagne. Mesurons bien que le déplacement de 2 % des voix dans les campagnes et les circonscriptions ouvrières, et une relative abstention à Londres et chez les jeunes électeurs, l'a conduite en 2016 à une courte majorité en faveur du Brexit.
À cent ans de distance on pourrait se demander si les expérimentations tragiques du XXe siècle ont servi à quelque chose.
En 1818 quand Chateaubriand, Villèle et Mathieu de Montmorency fondèrent Le Conservateur, ils s'inquiétaient de voir combien s'estompait le souvenir des horreurs de la Révolution jacobine[2].
Lors des débats de 1919, suivis du vote qui permit la ratification du traité de Versailles, la gauche française redoubla de considérations illusoires sur la Société des Nations, qui bien entendu ne put rien garantir.
Au moins l'échec de cette utopie, s'il pouvait se prévoir, si divers auteurs et intervenants ont mis les Français en garde, ne s'était pas encore réalisé.
Aujourd'hui, 30 ans après l'effondrement économique de l'Union soviétique, 100 ans après la mise en place des fausses garanties mondialistes et bancocratiques de Versailles[3], qui allaient inéluctablement faire faillite, comment rester indifférent à la reprise des mêmes illusions mensongères ?
JG Malliarakis
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Mercredi 27 novembre JG Malliarakis donnera une conférence sur la Naissance de l'Illusion mondialiste à l'occasion de la réédition du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "La Ratification du Traité de Versailles" de 18 h à 20 h au Café du Pont Neuf 14, quai du Louvre M° : Louvre, Pont Neuf ou Châtelet
Apostilles[1]cf. "Jeremy Corbyn restera neutre en cas de second référendum sur le Brexit."
[2]cf. "Le Moment conservateur."
[3]cf. "La Ratification du traité de Versailles.".
Si la Gauche cosmopolite (dans laquelle j'inclus évidemment LREM) est en forme, c'est avant tout parce que son "opposition" (les guillemets sont loin d'être superflus) est minable.
Quand on a en face de soi des Marine Le Pen, des Jordan Bardella, des Valérie Pécresse, des Xavier Bertrand, des François Baroin, et autres, on n'a pas grand chose à craindre.
Rédigé par : RR | mardi 26 nov 2019 à 12:34
Quand on lit les déclarations et programmes de la gauche européenne actuelle on a envie de leur dire :avec vous "l'histoire se répète et de façon bouffonne".
Rédigé par : Laurent Worms | mardi 26 nov 2019 à 14:58
suite du message précédent
On ne s'en sortira que lorsqu'il se trouvera un homme ayant de fortes convictions (allant évidemment dans le bon sens donc en opposition radicale par rapport à celles que nous subissons) et déterminé à les mettre en œuvre coûte que coûte (donc restant froid devant ceux d'en face).
C'est cela qu'attendent tous les Français qui veulent sauver leur pays et par la même occasion se sauver eux-mêmes.
Une autre attente est celle de cette petite lionne qui est à la recherche d'un père adoptif:
https://www.parczoologiquedeparis.fr/fr/vie-du-zoo/premiere-sortie-des-lionceaux-2156
Rédigé par : RR | mardi 26 nov 2019 à 15:31
Corbyn essaye de tromper les britanniques en leur cachant que son programme économique et social est incompatible avec le Remain, qu'il refuse d'écarter, au contraire.
(Et comment faire confiance à quelqu'un qui envisage froidement de violer le résultat du référendum en en organisant un deuxième ?)
On pourrait dire aussi que le programme de Mélenchon est incompatible avec sa position sur le Frexit.
Marine Le Pen, au moins, a été cohérente sur ce point lors du débat d'entre deux tours. Comme elle avait renié sa promesses de sortir de l'Euro, elle était obligée aussi de renier celle de revenir à une retraite à 60 ans avec 40 de cotisations.
Il n'empêche que, ce faisant, elle a poignardé dans le dos les électeurs qui avaient voté pour elle au 1er tour.
Rédigé par : VIO59 | mardi 26 nov 2019 à 16:42
@ VIO59
"Il n'empêche que, ce faisant, elle [Marine Le Pen] a poignardé dans le dos [sur l'abandon de l'euro et la retraite à 60 ans] les électeurs qui avaient voté pour elle au 1er tour."
Il faut être sacrément naïf pour apporter un quelconque soutien à cette peu reluisante personne (et aux Le Pen d'une manière générale).
Cette femme (pas plus que sa nièce) n'a jamais incarné les valeurs "nationales" et ne les incarnera jamais.
Le "Rassemblement" "national" (tout comme l'était le Front national dès le milieu des années 90) est une immonde arnaque favorisée par les tenants du Système pour canaliser sur une voie de garage ceux qui souhaitent une alternative et empêcher l'émergence d'un mouvement d'opposition véritable tel que l'était le Parti des Forces Nouvelles (et le Front national avant que Jean-Marie Le Pen le bousille en trahissant le programme originel et en virant les meilleurs cadres sur fond de calembours débiles; quand je pense qu'il y a encore plein d'anciens de la Cause qui font des louanges de ce bonhomme, ça en dit long sur certains cerveaux incapables de rester froids et de faire un bilan objectif).
Il faut donc souhaiter l'échec du "R""N" en votant systématiquement contre lui aux élections ou de façon plus probable sa mise en liquidation judiciaire et la condamnation de ses dirigeants (en premier lieu de sa présidente) pour les nombreuses affaires dans lesquelles ils se sont rendus coupables.
Rédigé par : RR | mardi 26 nov 2019 à 23:10
Précisions sur les affaires du "R""N" (et du FN des dernières années):
https://www.franceculture.fr/politique/le-front-national-et-leurope-une-affaire-de-famille
Je me félicite d'avoir rompu tout lien depuis des lustres avec ce qui est devenu au fil des ans une véritable structure mafieuse.
Vivement un Fidel Castro pour nous en débarrasser ! (JE PLAISANTE, je répète JE PLAISANTE)
Rédigé par : RR | mercredi 27 nov 2019 à 23:32
Il était un temps (les années 80 notamment) où ce qu'on peut appeler pour simplifier la vraie Droite était à l'origine de publications à grand tirage de qualité: Minute (même si on pouvait être en désaccord sur certains points) ou encore Éléments; cette dernière, revue doctrinale de la Nouvelle Droite et d'un bon niveau, fournissait quantité de munitions intellectuelles et avait pour qualité aussi de se tenir à l'écart des choix politiques proprement dits par rapport aux partis.
On en est loin maintenant !
Minute est devenu une publication insipide sans intérêt totalement accrochée au "lepénisme" telle une mouche à une déjection canine.
Il semble bien qu'Éléments s'oriente désormais dans la même impasse glauque en nous faisant du "marinisme" à deux balles. Bref, l'univers fantastique de la tenancière du "R""N" remplace avantageusement les pensées de Zarathoustra. C'est particulièrement croustillant de la part de disciples d'Hans Eysenck.
Mais ces évolutions de la presse "nationale" ont tout de même un avantage, c'est qu'elles nous font faire des économies d'achat !
Rédigé par : RR | vendredi 29 nov 2019 à 00:49