À la veille du 30e anniversaire du renversement, le 9 novembre 1989, par le peuple berlinois du Mur de protection antifasciste érigé en 1961 par les communistes les commémorations s’amoncèlent Elles rivalisent de désinformation et d'hypocrisie.
Tout d'abord, on pourrait et on devrait donc s'interroger honnêtement sur les craquèlements du bloc soviétique qui ont précédé plus encore qu'ils n'ont accompagné la liquidation du régime est-allemand. C'est en effet d'abord l'épuisement interne de leur propre système ignoble et corrompu qui a conduit les dirigeants du Kremlin à renoncer à leur occupation de la partie de l'Allemagne que Roosevelt les avait laissés conquérir en 1945.
On doit se souvenir par conséquent de la chronologie proche précédant les événements de 1989 en Europe centrale.
Et, à cet égard il doit être rappelé, au besoin énergiquement, que ce qui s'est passé en novembre 1989 ne doit rien aux intellectuels germanopratins et aux dirigeants hexagonaux. Ni Mitterrand ni Giscard n'y ont jamais cru vraiment. Qu'on se souvienne du président élu par la droite française allant fleurir le mausolée de Lénine. Qu'on relise le message adressé par le soi-disant humaniste Mitterrand en 1991 aux putschistes de Moscou.
La libération de l'Europe de l'est n'a été possible que grâce à Solidarnosc en Pologne[1], grâce indistinctement au courage de tous les opposants, dans toutes les nations captives, y compris en Russie, grâce au virage représenté en occident par la présidence Reagan aux États-Unis, par l'élection du pape polonais Wojtyla en 1979. Les manifestations de Saxe en l'été 1989 font certes la première page du Spiegel : elles passaient pratiquement inaperçues à Paris.
Votre chroniqueur garde ainsi le souvenir très précis d'avoir traduit et présenté les informations du Spiegel chez son ami Serge de Beketch devant un auditoire qui les découvrait avec stupéfaction, et parfois n'imaginait même pas que le glacis pouvait fondre.
Qu'à Dresde et Leipzig en 1989 ou, bien plus encore à Bucarest lors de la liquidation de Ceaușescu ce soit l'appareil communiste lui-même, et sa nomenklatura, qui aient cherché à sauver leur domination en changeant l'apparence du régime on pouvait le savoir et il ne fallait pas chercher à le dissimuler.
Seulement voilà : tous ceux qui, détenant le monopole de la parole officielle, s'investissent 30 ans plus tard dans la célébration de ce qu'ils appellent chute du Mur s'emploient à présenter cet événement heureux comme une sorte d'accident aléatoire, sans aucune corrélation avec la faillite autant morale qu'économique du socialisme marxiste, et pas seulement celle du stalinisme. La période krouchtchevienne, puis celle de la stagnation brejnevienne ont fait autant et parfois plus de mal. Elles expliquent le "moment Gorbatchev"[2], cette fausse mort du communisme.
Hélas en effet le cadavre démoniaque de Marx bouge encore. Comme celui de son fils légitime Lénine, et du successeur de celui-ci Staline, ils se recomposent par nichées pullulante, sanguinolentes et destructrices. Il ne s'agit pas seulement des continuateurs avoués, les Castro, les Maduro, aux couleurs indianistes en Bolivie, africanistes au Zimbabwe, ou les Khmers rouges. On les retrouve en effet sous les masques et les visages trompeurs de l'économisme technocratique, de l'égalitarisme et du conformisme politiquement correct.
Tout cet univers prétend pouvoir récupérer jusqu’à ce qu'il rebaptise de cet euphémisme architectural "la chute du mur".
Ainsi sur le site quotidien Le Monde on pouvait lire, ce 5 novembre un docte entretien[3] avec Joachim Ragnitz, économo-statisticien du Land de Saxe. Le journal se permet d'imprimer tranquillement que "la République démocratique allemande [RDA] était considérée par les organisations internationales comme un pays fortement industrialisé, au même titre que certains pays occidentaux. En 1988, 35 % de la population active est-allemande travaillait dans le secteur manufacturier, contre seulement 28,5 % en République fédérale d’Allemagne [RFA]." Quelle réussite, n'est-il pas vrai ? Est-on sûr que le mur de protection antifasciste est bien tombé ? Du bon côté ?
Le regretté Vladimir Boukovski, qui vient de mourir après avoir, comme dissident soviétique, passé 12 ans emprisonné dans un hôpital psychiatrique de l'ère brejnevienne, prévenait les Occidentaux dans ces termes : "J’ai vécu dans votre futur et cela n’a pas marché… En URSS, nous avions le goulag. Je pense qu’on l’a aussi dans l’Union Européenne. Un goulag intellectuel appelé politiquement correct. Quand quelqu’un veut dire ce qu’il pense sur des sujets tels que race ou genre, ou si ses opinions sont différentes de celles approuvées, il sera ostracisé. C’est le début du goulag, c’est le début de la perte de votre liberté. »
Le 9 novembre devrait être fêté comme une Fête européenne de la Liberté. Le conformisme politiquement correct récupère cette commémoration, il la dénature et l'aseptise. Ne le laissons pas faire.
JG Malliarakis
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La Sociologie du communisme
de Jules Monnerot.
Jules Monnerot avait décrit, dès 1949, au lendemain du coup de Prague, le communisme comme l'islam du XXe siècle.
À l'époque, on doit le rappeler, cette comparaison semblait osée. Elle peut, pour d'autres raisons, être contestée par les mêmes bons esprits politiquement corrects. Non que l'on puisse ignorer les crimes de "l'entreprise léniniste", ainsi que le qualifie l'auteur de la Sociologie du communisme. Tout ou plus cherchera-t-on à les minimiser, à les relativiser, et, tout doucement à les faire oublier.
Le léninisme d'hier fonctionnait déjà comme se développe aujourd'hui une certaine forme d'islamisme cherchant à faire renaître les conquêtes militaires de ses prétendus "pieux ancêtres".
L'un comme l'autre se ressemblent dans leur action implacable pour l'Imperium Mundi, l'empire du monde.
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Retenez la date : le Mercredi 27 novembre conférence de JG Malliarakis sur la Naissance de l'Illusion mondialiste à l'occasion de la réédition du livre d'Emmanuel Beau de Loménie "La Ratification du Traité de Versailles"
de 18 h à 20 h à la Brasserie du Pont Neuf 14, quai du Louvre M° : Louvre, Pont Neuf ou Chatelet
Apostilles
[1] Adam Michnik le soulignait dans Le Monde en ligne le 7 novembre : "C’est en Pologne, avec Solidarnosc, que le mur de Berlin s’est fissuré" car le syndicat ouvrier y a "décrédibilisé le Parti communiste" (question de votre chroniqueur : était-il crédible ???) et dans son sillage, des millions de Polonais ont exigé la liberté et le retour de leur identité nationale.
[2] Titre d'un livre hautement recommandable et prophétique de Françoise Thom publié en 1991 coll. Pluriel.
[3] cf. ses "Propos recueillis par Jean-Michel Hauteville"
Certes, le communisme méritait de mourir, mais le cadavre bouge encore.
Les systèmes durs et corrompus meurent dans la douceur.
Les systèmes mous et corrompus meurent dans la douleur.
Que pouvons-nous attendre de l'avenir dans notre situation?
Rédigé par : Alain Charoy | vendredi 08 nov 2019 à 20:01
Excellente analyse...
Rédigé par : Ronan | vendredi 08 nov 2019 à 20:35
En 2018, la Pologne, et la Hongrie, protestèrent lorsque J.C. Juncker président de l'U.E. fit un discours, à Trier en Allemagne, pour commémorer le 200ème anniversaire de la naissance de Karl Marx. Sans commentaire.
Et aujourd'hui, l'Ambassadeur des Etats Unis en Allemagne, a dévoilé une statue du président Reagan, installée à Berlin à l'endroit même où il prononça son discours, en 1887, adressé à Gorbachev :
“If you seek liberalization, come here to this gate. Mr Gorbachev, open this gate. Mr Gorbachev, tear down this wall.”
Le Secrétaire d'Etat M. Pompéo étant présent ; il est en Allemgne durant deux jours pour cet anniversaire.
Autres pays, et autres présidents que les nôtres.
Rédigé par : Dominique | vendredi 08 nov 2019 à 20:38
Voici la photo de la belle statue du président Reagan. Cette commémoration, par les USA, a donc été pensée très à l'avance.
https://www.breitbart.com/politics/2019/11/08/germany-statue-of-ronald-reagan-unveiled-to-mark-fall-of-berlin-wall/
Et personne dans nos palais gouvernementaux pour penser à commémorer la chute du régime communiste soviétique, en allant à Berlin, plutôt qu'à Pékin trinquer avec le dictateur communiste chinois ?
Rédigé par : Dominique | vendredi 08 nov 2019 à 21:28
Après Juncker, Merkel a osé dire, dans le cadre de ce 30ème anniversaire :
Traduction : " La vie était plus simple et presque confortable en République Démocratique Allemande Communiste."
https://uk.reuters.com/article/uk-germany-berlinwall-merkel/life-in-communist-east-germany-was-almost-comfortable-at-times-merkel-says-idUKKBN1XI288
Vivement d'autres dirigeants européens pour cette Fête européenne de la liberté que vous appelez de vos voeux. Un jour viendra !
Rédigé par : Dominique | vendredi 08 nov 2019 à 23:03
"On les retrouve [les cadavres de Marx et de ses continuateurs] en effet sous les masques et les visages trompeurs de l'économisme technocratique, de l'égalitarisme et du conformisme politiquement correct."
On ne saurait mieux dire.
Droits de succession (traduire vol par l'État des biens acquis par le travail), imposition des revenus (traduire verser à l'État les fruits de votre travail), monopole de l'État sur le système des retraites, sur le système de santé, système d'assistanat permanent pour les non-travailleurs.
La dictature de l'égalitarisme obligatoire se porte plutôt bien dans la France jacobino-bonapartisto-républicaine héritière des révolutionnaires voleurs de biens décrétés nationaux et du gaullo-bolchevisme.
Pas un, je dis pas un des partis politiques présents aux élections ne propose la moindre remise en question de ces dogmes. Ah, il est loin le temps où le Front national (le vrai, celui des années 70-80) proposait une alternative salutaire.
Rédigé par : RR | samedi 09 nov 2019 à 01:21
Comparer le communisme à l'islam était peut-être osé en 1949 ; mais le fait même que Monnerot ait utilisé cette comparaison incite à penser qu'à l'époque, du moins parmi le public instruit qui était le sien, il allait de soi que l'islam était une idéologie détestable.
Ce d'autant plus que, sauf erreur de ma part (je n'ai pas fini le livre), Monnerot parle fort peu de l'islam dans La Sociologie du communisme.
Nulle "islamophobie" à l'époque : le concept n'avait pas été inventé par les musulmans, ni relayé par leurs idiots utiles à l'Ouest.
Il paraissait tout naturel, à la fois de se méfier de l'islam, de le tenir à distance, et d'en penser fort peu de bien.
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 09 nov 2019 à 01:26
"Votre chroniqueur (…) chez son ami Serge de Beketch"
"SdB" était un des journalistes les plus talentueux, un polémiste d'exception du Minute de la grande époque (toujours les années 70-80 !).
Son Libre Journal de la France Courtoise, décadaire (!) fondé après son départ de Minute devenu insipide reprenait le flambeau, constituant en quelque sorte un "Minute canal historique".
Rédigé par : RR | samedi 09 nov 2019 à 12:28
L'occupant actuel de l'Élysée se croit omniscient et se ravit de tenir des auditeurs durant des heures. On se souvient du Grand débat.
Il a réitiré en répondant le 27 octobre aux journalistes de The Economist, en d'interminables réponses. Voir le texte intégral ( en anglais ici) :
http://www.informationclearinghouse.info/52507.htm
De l'ordre de 850 lignes et 7.000 mots ! Pour dire quoi ?
Non pas pour faire un point géopolitique sérieux, 30 ans après l'effondrement de l'URSS et la naissance de l'Union Européenne ; mais surtout pour tirer sur tout ce qui existe, qui bouge, et qui compte, malgré lui : " l'OTAN... en mort cérébrale, la Russie... de la taille de l'Espagne, et les USA... que nous Européens finançont avec les économies que nous faisons." Etc.
Mais pour, finalement, créer une armée européenne. ( Un projet qui a 70 ans.) " Pour porter l'humanisme jusqu'en Afrique. Etc. "
En pleines crises françaises (et européennes) - crises économiques, financières, et monétaires, invasions, etc. - il pratique à mon avis une fuite en avant ! Il partirait bien la fleur au fusil. Pour aller où affonter qui ? Les USA, après les Gilets jaunes ?
Cet homme montre qu'il n'est pas sérieux, pour ne pas dire plus, et notre France tombée si bas ( qu'il enfonce et endette encore plus) devient par ses attaques tout azimut, la risée des pays qui comptent dans le monde. Nous isolant de plus en plus.
Comme ose-t-il aborder des sujets qui dépasse sa compétence, comme il le montre ici, une nouvelle fois ?
Lorsque les taux de nos dettes extérieures de 2.600 milliards remontent : que fera le Mozart de la finance !
Rédigé par : Dominique | samedi 09 nov 2019 à 22:57
Puisqu'on est dans les souvenirs:
https://www.youtube.com/watch?v=n8Ib6h5Hwcc&list=OLAK5uy_nlwxJqJup8a7r4OpwiA8ScHHrbtmBhvk4&index=6&t=0s
https://www.youtube.com/watch?v=FLm9NMuFHWE&list=OLAK5uy_nlwxJqJup8a7r4OpwiA8ScHHrbtmBhvk4&index=1
Et n'oublions pas, il y a 63 ans, Budapest...
https://www.youtube.com/watch?v=hQi764vbiUA&list=OLAK5uy_nlwxJqJup8a7r4OpwiA8ScHHrbtmBhvk4&index=4
Rédigé par : RR | samedi 09 nov 2019 à 23:55
Avec Merckel, n'est-ce pas plutôt la RDA qui a absorbé la RFA que l'inverse ?
Rédigé par : Michelle Ibanian | mercredi 20 nov 2019 à 12:28
Excellente lecture d'été :
thespecterofcommunism.com/fr/
Rédigé par : Minier René | samedi 25 juil 2020 à 23:55