Le message est ainsi résumé, en date du 16 septembre : "Sondage : 77 % des Français espèrent l’arrivée d’un leader fort décomplexé, comme Trump, Salvini, Bolsonaro, Netanyahu ou Orban"[1].
Reproduisant platement ici les informations aimablement fournies par le site Wikipedia, il faut certainement commencer par rappeler ce qu'est Ipsos : "De 1981 à 2007, Ipsos sera le prestataire attitré de la présidence de la République française. En raison de ce monopole qu'il exerçait de fait, Jean-Marc Lech se présente comme 'le sondeur privé de MM. Mitterrand et Chirac'. Homme de gauche, il est proche de François Mitterrand dont il avance que personne avant lui n'avait utilisé les méthodes reposant sur l'analyse des études d'opinion de façon aussi systématique. Durant toutes les années 1980-1990, l'Ipsos travaille de concert avec Jacques Pilhan pour préparer les 'plans de communication' de la présidence bloquant la publication de sondages 'dont les résultats étaient navrants pour Fabius'. Pour la présidentielle de 1988, François Mitterrand va jusqu’à commander 'un sondage par jour' à l’institut collaborant avec son équipe de campagne. Jean-Marc Lech rapporte dans ses mémoires comment, payé avec l'argent des fonds secrets, il repartait de l'Élysée avec des valises de billets de banque."
Sachant cela, on admettra sans peine que le caractère scientifique des travaux produits par cette officine, certes richement dotée, relève à l'évidence plus des techniques d'intoxication que de l'empirisme organisateur.
Que cherche-t-on en l'occurrence à nous dire et à faire circuler ?
La chose se révèle beaucoup plus claire qu'on pourrait le croire
Le peuple français se situerait "en tête des pays en attente d'un leader fort pour casser les règles".
Si cela était vrai, mais je n'en crois rien, cela appellerait une remarque attristée : pauvre peuple, serait-on en droit de penser.
Souvenons-nous en effet qu'en 1900, dans son Roman de l'énergie nationale, Maurice Barrès consacrait déjà le tome II de cette sorte de bréviaire nationaliste à l'Appel au soldat.
Les anciens blanquistes, bonapartistes et autres autoritaires, antiparlementaires, etc. avaient alors vécu, 10 ans plus tôt, l'expérience d'un "sauveur". Ils s'étaient investis dans la popularité délirante du brave général Boulanger, inventeur des guérites tricolores et des défilés du 14 juillet.
Suicidé en 1891 sur la tombe de sa maîtresse, ce héros ne connut jamais le bonheur d'assister à la Revanche de 1918. Celle-ci comme chacun devrait le regretter, n'offrit d'ailleurs même pas, par la décision du génial et autoritaire Clemenceau, le loisir aux survivants de cette aventure "fraîche et joyeuse", vainqueurs certes, mutilés et gueules cassées en tête, défiler à Berlin unter den Linden. C'eût été grisant.
Je ne veux pas croire qu'une nouvelle expérience boulangiste puisse tenter un peuple qui se voulait intelligent, et qui, probablement l'a été, autrefois, mais qui, aujourd'hui, sans doute gâté d'égalitarisme, de jacobinisme et de laïcisme a, déjà, laissé depuis 40 ans, ses gouvernants, contre sa volonté, lui imposer des décisions préfabriquées aussi bien l'ouverture des portes à l'invasion étrangère, tout en beuglant sur les stades "qu'un sang impur abreuve nos sillons" que d'autres inventions bioéthiques contraires au bon sens.
Je veux croire que le moment n'est pas de faire appel à plus de présidentialisme, à plus de technocratie et plus de courtisanerie, mais au contraire à plus de liberté d'opinion, plus de libertés tout court.
Alors oui, une révolution conservatrice à la française deviendra possible.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Sur le site d'Ipsos
@ Mallet du Pan et à J-G M.
J'interviens si vous le voulez bien dans votre échange.
"J'espère que la postérité se souviendra un peu de J.-G. Malliarakis comme prosateur et commentateur de la vie politique. Il a son point de vue unique et son style."
Je l'ai déjà dit. La meilleure façon en "démocratie" (peut-on appeler "notre" régime une démocratie ?) pour le Pouvoir en place de se débarrasser d'un véritable opposant est de l'ignorer. Il n'est donc pas surprenant que J-G M. soit depuis toujours boycotté par les médias officiels (alors que certains de ses livres qui sont des références incontestables devraient normalement être discutés avec une invitation à la clé lorsque les sujets en rapport sont évoqués dans des émissions télévisés ou radiophoniques ou encore dans la presse.
Sur le "modèle" maurrassien, s'il peut paraitre pour certains être la solution, il n'en demeure pas moins tout à fait théorique, utopique et … contraire même à l'évolution de la tradition capétienne. Ce n'est pas moi qui le dit mais Bertrand Renouvin, ancien maurrassien particulièrement érudit, qui via l'empirisme organisateur lui-même l'a prouvé ("La République au Roi dormant", éditions Hachette). Si la royauté était rétablie, ça ne pourrait être qu'une monarchie constitutionnelle (comme au Royaume Uni ou en Espagne). En ce qui me concerne, je n'y suis - c'est le moins qu'on puisse dire - pas favorable (ce qui ne m'empêche nullement d'être en très bons termes avec des royalistes dont je peux comprendre - même si je ne la partage pas - la nostalgie envers l'Ancien régime et les aspirations).
Enfin sur le bonapartisme: Oui, tous les dirigeants de l'Action française ont toujours à juste titre été hostiles à cet abject personnage qu'était Napoléon Bonaparte et au bonapartisme en général. Il semble que le seul dictateur qu'ait vraiment apprécié l'AF est Salazar au Portugal. Là encore Renouvin le démontre assez bien dans un autre ouvrage écrit alors qu'il était encore maurrassien ("Charles Maurras, l'Action française et la question sociale", éditions Le Lys rouge).
Le règne de Napoléon Bonaparte, c'est une dictature entérinant les pires mesures du jacobinisme (dont notamment la loi Le Chapelier), durcissant considérablement une condition ouvrière déjà lamentable, le travail des enfants,... Le Code civil, nous en souffrons encore plus de 200 ans après sa création (il a fallu attendre 1965 pour qu'une femme puisse ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de son mari !).
C'est aussi une "épopée" sanglante à travers l'Europe dans le but de détruire toutes les institutions traditionnelles alors encore debout chez nos voisins proches et plus lointains, placer les pays conquis et leur population sous le joug du tyran et de sa famille.
C'est la mise en coupe de la France et de l'Europe par les dynasties bourgeoises, les banquiers affairistes tels les Rothschild. On lira à ce sujet Emmanuel Beau de Loménie ("Les responsabilités des dynasties bourgeoises", éditions du Trident) et Jacques Bordiot ("Une main cachée dirige", éditions du Trident). Des millions d'hommes, Français en premier lieu mais aussi ressortissants des pays conquis qui étaient incorporés de force dans la "Grande armée", morts pour rien sur le champ de bataille sinon pour la gloire de ce pantin mégalomane. Il faut remercier les Anglais de nous en avoir délivré.
Et on pourrait parler de la Louisiane, cette immense et magnifique terre vendue pour financer cette entreprise diabolique.
On pourrait aussi parler de l'enlèvement crapuleux du Vicaire du Christ…
On n'en finirait pas.
Quand on pense que cette charogne a son tombeau bien exposé aux Invalides, qu'il est honoré par les plus hautes autorités de l'État, par des millions de Français, et par des touristes du monde entier, et que dans le même temps certains osent faire la leçon aux Italiens sur Prédappio, aux Espagnols sur la vallée de los Caídos ou encore aux Russes sur le mausolée à Moscou, je me dis qu'il y a là quelque chose d'anormal.
Rédigé par : RR | jeudi 03 oct 2019 à 15:01