Comparée à celle de la Grande Bretagne, la vie politique de Florence des XVe ou XVIe siècle peut paraître aujourd'hui d'une simplicité exemplaire. Essayons quand même d'y voir plus clair.
Pour les rares médias qui s'entrouvrent à ce qui se passe en dehors des frontières de l'Hexagone, la faillite de Thomas Cook et l'exclamation grotesque de Greta Thunberg à l'ONU ont sans doute éclipsé les méandres du Brexit. Reconnaissons à vrai dire que le brouillard de ce débat inextricable a, par ailleurs, de quoi lasser l'opinion, tel un assommant feuilleton télévisé.
Voici 3 ans, déjà, que les partisans du Brexit l'ont emporté par référendum. On éprouve depuis le sentiment d'un piétinement d'opéra. On entendrait "marchons, marchons" mais on ne verrait rien : impression fausse car beaucoup de travail a été effectué à Bruxelles et le sablier nous rapproche de l'échéance.
Dans le même temps, c'est toute la vie politique européenne dont on peut déplorer qu'elle demeure, sourdement mais largement, déterminée par l'incertitude britannique. On nous parle, presque tous les jours depuis 2016 de cette catastrophe annoncée, et aucune décision sérieuse ne semble pouvoir être prise, même urgente, en matière de défense ou même d'immigration, tant que l'abcès n'a pas été crevé.
C'est dans ce contexte que l'on doit apprécier la conférence annuelle du parti travailliste qui vient de se conclure à Brighton, ce 23 septembre, par un vote – en partie trafiqué - en faveur du duo gauchiste Corbyn-Mc Donnell ce que nous pressentions dans notre chronique du 22 septembre[1] et dont nous dénoncions le danger.
À la surprise des observateurs "rationnels", en effet, les deux compères, dont les analyses sur le Brexit ne diffèrent qu'en apparence, ont réussi à surmonter la fronde des survivants du New Labour. Ils s'appuient sur le vote des petits groupes de militants gauchistes qui ont pris en otage le parti en 2015. Les notables travaillistes, à commencer par le maire de Londres, Sadiq Khan, mais aussi probablement la masse des parlementaires, devront se plier à la règle de l'unité, à des votes en grande partie frelatés et à des décisions prises en tout petit comité.
La résilience du régime bi partisan britannique reste pourtant assez fascinante, comme incompréhensible pour un regard parisien gaullo-bonapartiste. Le recul d'audience des deux forces institutionnelles dominantes, aussi bien à droite qu'à gauche, a beau se mesurer dans les sondages mais aussi dans les pourcentages effectifs des suffrages. Le suffrage uninominal à un tour n'empêche pas non plus un certain émiettement au sein de la Chambre des communes avec l'élection de nationalistes écossais et gallois, ou d'unionistes nord-irlandais, ou de libéraux-démocrates.
Mais la logique qui l'emporte reste ce dualisme entre conservateurs et travaillistes, lequel s'est emparé du débat, au fil des années, sur l'appartenance à l'Union européenne.
Dans le camp conservateur, en 2015, le premier ministre conservateur était hostile au Brexit. Le camp du "Leave" était mené par un parti rival, le UKIP, que David Cameron voulait maintenir en dehors du parlement : pour cela il avait accepté une procédure référendaire… tout en se prononçant "personnellement" en faveur du "Remain", position qui, rappelons-le aussi, avait été assumée par sa ministre Theresa May. La victoire largement imprévue du "Leave" en juin 2016 allait certes chasser Cameron du pouvoir. Elle propulsa Theresa May, qui lui succéda, en gestionnaire d'un Brexit qu'elle n'avait pas voulu. Puis, à partir de 2017, elle se retrouva alliée des unionistes d'Irlande du nord. Et, enfin, la loi de la pesanteur imposa, à la tête du parti, plébiscité par ses troupes, Boris Johnson la figure de proue du Brexit.
En face, dans le camp travailliste, Corbyn, affreux crabe marxiste, ne commet pas les mêmes erreurs. Il semble godiller entre des positions contradictoires. Défenseur très mou de l'appartenance à l'Europe, il est tenu pour un complice sournois du Brexit par les partisans du "Remain". Mais sa préoccupation fondamentale est de s'annexer toutes les voix d'opposition en vue d'une alternance, si Boris Johnson échoue.
La perspective promise se révèle alors de plus en plus marxiste. On la mesure plombée d'idéologie étatiste et de noyautages d'extrême gauche. Si j'étais Anglais je n'en voudrais pas et je n'aurais d'autre choix sérieux que de soutenir les conservateurs. Il est vrai que je ne suis pas Anglais et que, peut-être je n'y comprends rien.
JG Malliarakis
Pour recevoir en temps réel les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
[email protected]
Un livre à redécouvrir :
L'Histoire du communisme avant Marx
Apostilles :
[1] cf. L'Insolent du 22 septembre "Si la gauche marxiste revient"
Vous comprenez et vous nous expliquez on ne peut mieux la situation ( notamment cette nouvelle de la “discipline de vote” imposée aux Travaillistes dans un chaos tonitruant par leur direction maudite ! )
Il y a une crise constitutionnelle grave.
Celle ci a été créée de longue date.
Comme par hasard : - 1 - Tony Blair PM créa une cour suprême dont les institutions royales se passaient fort bien, puis - 2 - il fut retiré à la Reine le droit de dissoudre les Communes ! ( d'après ce que j'en sais, celle ci peuvent… s'auto dissoudre à une majorité des 2 / 3 ).
Qu'ils s'agissent des quelques Conservateurs manipulés par l'establishment britannique ou bien des groupes de Travaillistes qui veulent instaurer un régime néo communiste, leur trahison est un fait puisque le retrait de la Grande Bretagne de l'UE a été adopté par le référendum de 2016 et qu'ils empêchent l'Exécutif de le réaliser. Ce sont des fripons pour ne pas dire des canailles.
Idem des membres de la Cour Suprême créée par le fripon Tony Blair, dont la décision, politique et partisane, de ce mardi d'annuler la Prorogation usurpe le rôle de l'Exécutif ; dans le but de s'opposer à la délivrance du Breixit.
Le chaos sera complété par le fripon travailliste Bercow, speaker des Communes, qui voudra mettre fin à la Prorogation du Parlement.
Le Premier ministre Johnson a déclaré ne pas s'opposer à la décision de la Cour. Bojo, lui, sait que le Royaume existe et qu'il a une Reine… ce que tous ces fripons semblent oublier, tellement accaparés par leurs plans.
En effet s'il y a un moment où Sa gracieuse Majesté devrait intervenir c'est bien maintenant avec cette crise constitutionnelle avérée. La Reine sait aussi, inévitablement, qui sont les fripons dans cette crise... Son repère unique devrait, il me semble, être celui du vote exprimé par le peuple pour le Brexit et que le résultat de ce référendum puisse être accompli. Mais que lui reste-t-il de son pouvoir ?
Les juges de la Cour Suprême ont violé l'indépendance judiciaire et devraient être démis, et leur décision annulée. La Reine le peut elle ?
Le Parlement qui n'est plus en état de travailler devrait évidemment être dissout et des élections générales appelées. Or depuis 2011 la Reine ne peut plus dissoudre le Parlement…
On comprend comme vous que la situation est devenue compliquée. Une Reine forte, un Exécutif fort, et des Parlementaires (y compris travaillistes) qui se ressaissent et se révoltent contre la clique travailliste de Corbyn et l'establishnent, sont les clés d'une solution démocratique.
Rédigé par : Dominique | mardi 24 sep 2019 à 22:31
https://www.supremecourt.uk/index.html
Il s'agit du site de la Cour suprême créée à l'initiative de Tony Blair Premier ministre en 2009. Elle a donc 10 ans.
Jusqu'alors chacune des 3 juridictions : Angleterre et Pays de Galles, Ecosse, et Nord Irlande rêglait ses questions civiles et pénales.
Les conflits d'ordre constitutionel étaient réglés par un bureau de quelques Lords, de la Chambre des Lords. Ceci je l'ai appris en lisant une déclaration de Georges Galloway qui fut un élu du parlement durant 30 années.
G. Galloway estime, étant donné que les membres de cette cour sont nommés par des juges des 3 juridictions désignées ci-avant, ne sont pas élus ou désignés par l'exécutif ( comme aux USA ), que cette nouvelle institution a créé un biais très grave dans le systême politique britannique.
En effet, jusqu'en 2009, le Premier ministre était " la Reine dans le Parlement " mais depuis cette Cour nouvelle les décisions politiques importantes du Gouvernement sont susceptibles d'être in fine prises par des juges non élus. Comme cela vient d'être le cas pour la Prorogation décidée par la Reine sur proposition du Premier ministre, retoquée par les juges.
De plus, je lis (dans le site) que la C S se place sous l'autorité de la Cour de Justice européenne pour les domaines de la compétence de l'E U. La Cour déclare par ailleurs prôner l'égalité et la diversité.
De là à en déduire que cette Cour suprême fut créée á l'initiative des Globalistes ( Blair étant membre du Bilderberg ) pour pouvoir contrôler le Premier Ministre, dans des opérations importantes, il n'y a qu'un pas que je n'hésite pas à faire.
Sur le fond, remarquons qu'il est sidérant qu'une Cour Suprême se prononce dans un pays qui n'a pas de constitution écrite ! Et qu'elle se permette de retoquer le Premier ministre ( élu au R U ) sur le motif que sa proposition de prorogation, et donc la décision de la Reine, était " insuffisamment motivée."
Avec la privation de la Reine de son droit de dissolution du Parlement, en 2011 soit dans la foulée de la création de la C S, on comprend mieux le pouvoir soudainement très excessif des Communes, et du nouveau Judiciaire, affaiblissant considérablement ceux de la Reine et de l'Exécutif.
Les commentaires de G. Galloway :
https://www.rt.com/op-ed/469574-boris-johnson-supreme-court-brexit/
Rédigé par : Dominique | mercredi 25 sep 2019 à 20:12
Votre chronique m'a fait beaucoup réfléchir s'agissant de la mise en mode pause d'un des systèmes politiques les plus démocratiques au monde, sinon le plus démocratique. D'autant que ses institutions devraient être un exemple pour nous.
Mais finalement est ce une victoire travailliste ? En effet le Labour sous Corbyn et la Chambre des Communes sous Bercow ne réussissent qu'à s'opposer en toutes choses à l'Exécutif dans sa réalisation du “ Brexit “ la sortie de la Grande Bretagne de l'Union Européenne. Et bloquer toute la gouvernance législative du pays. Les membres du Labour crient aussi sur les bancs des Communes pour créer le chaos, mais ils ne progressent pas d'un pouce alors que l'Exécutif gouverne.
Car le Brexit émane de la volonté du peuple, et l'Exécutif émane aussi de la volonté du peuple ! Puisque en Grande Bretagne le Premier ministre est le Leader choisi par le parti majoritaire, alors les Conservateurs. Et que le Premier est nécessairement un élu membre du Parlement.
La crise provient du changement de majorité de la chambre basse, maintenant travailliste. Elle peut donc être aisément résolue, et elle doit l’être en principe, par de nouvelles élections.
Que la majorité travailliste à la Chambre des Communes exerce un chantage sur le Premier ministre en lui proposant de “ lui accorder des élections à la condition qu"il ait demandé au gouvernement de l'U E un nouveau délai supplémentaire " ( selon la déclaration de Corbyn ) ne change rien à l'affaire. Sinon que ce chantage est un abus de pouvoir, odieux dans cette démocratie de qualité et propre aux minorités marxistes que vous avez détaillées, qui bloque l'Exécutif et le rend impuissant à agir.
J'en viens aux dispositions qui, de longue date, auraient permis de sortir aisément de la crise :
La possibilité pour la Reine de proroger le Parlement, afin de permettre à l'Exécutif de délivrer le Brexit décidé. Ce que la Reine a fait et qui a été annulée par une Cour créée en 2009, qui n'a en matière politique de suprême que le nom.
La possibilité pour la Reine, à nouveau visée, de dissoudre le Parlement afin d'appeler à des élections générales. Ce qu'elle ne peut plus faire depuis 2011.
Ces deux possibilités ont été supprimées, l'une de facto avec la création d'une Cour dite Suprême, dont les juges ne sont ni élus ni désignés par des élus ( soit le Parlement soit l'Exécutif ) ou par la Reine. Cette Cour, à la composition suspecte puisqu'ouverte à des manipulations cachées, permet de préparer des mini-coups d'état, en quelque sorte. ( Le ministre de la justice Cox vient de demander que le Législatif se préoccupe de cette “ anomalie “).
L'autre avec la privation du Souverain - la Reine - de son pouvoir de dissolution du Parlement !
Quelle est la “main cachée” derrière ces modifications constitutionnelles ?
Les auteurs de ces 2 atteintes au régime politique britannique réussiraient leur coup si le Shadow gouvernement de Corbyn devait hélas succéder à celui de Johnson. Mais la ténacité de Johnson et de ses ministres - qui tiennent leur résilience à leur élection par le peuple, à leurs caractères et compétences forgés, et certainement l'amour de leur patrie (1) - pourrait aussi avoir raison de l'opposition de la Chambre, puisque le Labour n'ose pas démettre le gouvernement… par peur de perdre les élections qui suivraient !
J'en déduis, évidemment avec un point de vue complotiste comme disent les bien-pensants, que cette bien “ étrange victoire “ est moins celle des Travaillistes - qui n'est qu'une honteuse opposition par défaut et provisoire - que celle des Globalistes sur le système démocratique britannique. Les Globalistes ont grâce á leur agent le fripon Tony Blair alors Premier ministre, dégradé la souveraineté la plus haute du système politique : les pouvoirs de la Reine, jusque là garante des institutions et arbitre ultime.
Cette " démocratie couronnée ", que vous honorez souvent et à juste titre ici, et par des livres du Trident, a été victime d'un sabotage, un véritable coup d’état sur les institutions. Désignons l'ennemi des démocraties : le Globalisme, au même titre que le marxisme et l'islamisme.
( 1 ) Alexander Johnson américain de naissance puis binational a renoncé a sa nationalité américaine.
Rédigé par : Dominique | jeudi 26 sep 2019 à 09:14
À la fin, mais ce n'est pas la moindre atteinte aux royales institutions :
Depuis le 2011 Fixed Term Parliaments Act, le Gouvernement a besoin des deux tiers des 434 élus à la Chambre des Communes pour décider de sa demande d'élections nouvelles.
Tout a été prévu dans ces années 2009 à 2011 pour donner le pouvoir aux Communes sur l'Exécutif et la Reine.
Rédigé par : Dominique | jeudi 26 sep 2019 à 19:30