La victoire, très nette et très prévisible, du centre-droit dans les élections législatives grecques de ce 7 juillet doit, bien sûr, être saluée comme une bonne nouvelle à la fois pour ce pays lui-même et probablement aussi pour l'Europe. Tsipras laisse, après 4 ans de démagogie et de reniements, un pays où le taux de chômage est de 18 %, où l'insécurité et l'immigration illégale ont grimpé, cependant que les diplômés émigrent. Il est tout simplement stupéfiant que ce personnage ait été salué par tous les commentateurs parisiens, y compris des journaux comme Le Point ou L'Opinion.
Le parti victorieux a développé un programme très clair. Disposant de 158 députés sur 300, il doit pouvoir en appliquer les grandes lignes, sans craindre l'opposition du parti Syriza dont les seuls succès visibles se mesurent en kilomètres de tags impunis sur les murs des grandes villes, et qui ne compte plus que 86 députés. Certes on peut déplorer que le vieux parti communiste stalinien persiste à récolter 5,3 % des voix et obtenir 15 sièges, etc.
Il s'agira aujourd'hui pour ce pays, meurtri par plusieurs années de mémorandum, et de tutelle, aggravée par un gouvernement de renégats gauchistes :
1° de diminuer les impôts, car tout ce que les technocrates imposés par le FMI de Mme Lagarde ont su faire était de les alourdir dans des proportions désastreuses. François Lenglet rappelait, en glissant[1], que le taux d'excédent budgétaire primaire de l'État, certes surendetté, est aujourd'hui l'un des plus élevés d'Europe.
2° d'alléger la dépense publique, ceci a été fort bien expliqué par Constantin Mitsotakis qui conditionne la baisse de la fiscalité par les économies correspondantes.
3° d'assurer la sécurité des citoyens, ce qui ne peut que déplaire à l'idéologie du racisme antiflic en vigueur dans l'Hexagone, mais qui n'a jamais heurté la droite locale.
Si ce programme devait être trahi, certes, il se retournerait contre ceux qui n'ont été élus que pour l'appliquer.
S'il est effectivement mis en œuvre, il doit réussir.
Il se trouve d'autre part, conjoncture plutôt favorable, que l'Europe soutient, pour la première fois depuis 60 ans, la position grecque et chypriote, conforme au droit international, face aux ambitions, aux provocations incessantes et aux forages pétroliers de la Turquie en Méditerranée orientale et en mer Égée.
Grand vainqueur de ce scrutin populaire et national, le nouveau Premier ministre est, bien sûr, dénigré constamment et insidieusement en France. On le présente en tant que membre de l'une des grandes familles politiques du pays. En réalité cette dimension est plutôt ressentie comme positive. Les commentaires du Monde, toujours fielleux et biaisés par la sympathie gauchisante de ses rédacteurs, n'éclaireront pas le public parisien qui se croit informé sur la situation de la Grèce. Comme d'habitude.
Mais, pour l'ensemble du Continent, le résultat le plus intéressant de l'expérience réalisée au détriment de ce pays est l'évolution de ce qu'on appelle "populisme" et "dégagisme". Alliée à une tentation souverainiste, la fine fleur des adeptes du chaos avait largement conduit à la victoire de Tsipras et de son parti gauchiste en 2015. Pendant 4 ans ils avaient gouverné avec l'appoint d'une formation souverainiste de droite : les prétendus "Grecs indépendants" dirigés par son allié, ministre de la Défense le grotesque Panos Kammenos.
Or, ce parti et son chef sont désormais balayés.
Ont subi le même sort les fascistes déclarés de L'Aube Dorée qui disparaissent du parlement avec 2,9 % des voix.
Et les deux mouvements antieuropéens qui leur ont succédé, l'un à coloration ultranationaliste, se voulant "panorthodoxe"[2], à droite 3,7 % des voix et 10 sièges, l'autre à gauche créé par Varoufakis avec 3,4 % des suffrages et 9 députés[3] se trouvent donc eux-mêmes réduits à une marginalité sans appel.
Parallèlement, tous les observateurs attentifs ont donc pu noter que, plus encore que dans d'autres pays le mécontentement violent des classes moyennes était considéré comme la question sociale centrale de ces élections.
Qu'il ne se soit pas porté vers des mouvements uniquement contestataires ou extrêmes, mais vers une droite traditionnelle et responsable, qui ne cherche pas à dissimuler ses positions et ses perspectives, voilà ce que l'on peut tenir pour un résultat positif. Espérons qu'il ne sera pas gâché.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. sa chronique du 8 juillet sur RTL.
[2] Sous cette étiquette on désignait au début du XIXe siècle les sympathisants de l'empire des Tsars, dans un contexte évidemment très différent.
[3] Un beau succès d'estime... si on le compare à son allié français le camarade Benoît Hamon. cf. "Hamon et Varoufakis lancent un mouvement transnational européen" salué le 11 Mars 2018 par L'Humanité
"(…) l'idéologie du racisme antiflic en vigueur dans l'Hexagone, mais qui n'a jamais heurté la droite locale."
Le comportement d'un grand nombre de membres de la Police et de certains de la Gendarmerie à l'égard des Gilets jaunes a considérablement détérioré l'image des "forces de l'ordre" dans notre pays.
On ne peut tout de même pas laisser passer les Gilets jaunes blessés graves, et autres mutilés à vie (les vrais casseurs et les "cités", eux, s'en sont plutôt bien sortis comme d'habitude).
Connaissant bien l'Irlande (EIRE), je peux dire que là-bas les rapports entre la population et les forces de sécurité sont bien meilleurs que chez nous. Je ne sais pas en revanche ce qu'il en est en Grèce.
Rédigé par : RR | mardi 09 juil 2019 à 00:44
Bonjour! Votre dernière phrase est la plus importante. Merci pour eux.
Rédigé par : minvielle | mardi 09 juil 2019 à 14:04
Un peu d'espoir pour les grecs, certes, mais sans abandonner l'Euro ils ne peuvent pas s'en sortir.C'est aussi l'exemple réussi d'une droite qui s'assume comme telle et qui gagne les elections en balayant les "populistes" de tout bord. Peut être que Marion va y arriver en France.
Rédigé par : PAK | mercredi 10 juil 2019 à 08:50
@ PAK
"Marion" plus précisément Marion Maréchal Le Pen (je ne la connais pas personnellement, donc je ne peux l'appeler Marion) n'est que la petite fille du fossoyeur de la droite nationale française à qui elle doit sa "position" politique (tout comme sa tante Marine). M. Macron et surtout ceux qui sont derrière lui se servent habilement des Le Pen (Marine le Pen et Marion Maréchal Le Pen) pour construire une "opposition" fictive battue d'avance.
Croyez moi, si Marion Maréchal Le Pen représentait le moindre danger pour le "pouvoir macronien", elle ne bénéficierai pas d'une telle couverture médiatique que rien ne justifie puisqu'elle n'exerce aucune responsabilité politique ou syndicale, n'est élue nulle part (seulement ancienne députée comme des centaines d'autres) et n'est experte dans aucun domaine.
Disons-le clairement, Marion Maréchal Le Pen est promotionnée par le Système en prévision d'une possible sortie de sa tante.
Quant à la sensibilité politique de la personne:
https://lelab.europe1.fr/Pour-Marion-Marechal-Le-Pen-le-president-des-Jeunes-UMP-Stephane-Tiki-doit-retourner-dans-son-pays-en-attendant-sa-naturalisation-21220
http://www.lefigaro.fr/politique/2012/10/11/01002-20121011ARTFIG00579-marechal-le-pen-se-demarque-du-fn-sur-la-peine-de-mort.php
Goûts musicaux (très important pour se faire une idée de la personne):
https://www.lexpress.fr/actualite/politique/marion-marechal-le-pen-ecoute-maitre-gims-et-sexion-d-assaut_1692514.html
Sans commentaires.
Rédigé par : RR | mercredi 10 juil 2019 à 13:55
Les résultats que vous présentez sont très impressionnants. Notamment l'écroulement d'Aube dorée, qui eux, étaient de vrais néo-nazis.
Mais je m'interroge : les Grecs ont-ils réellement voté pour un programme libéral-conservateur ? Ou sommes-nous simplement témoins de l'usure du pouvoir en place ?
Après tout, les gouvernements précédents ont été élus sur la même base que les gouvernements français : faites-nous une chose et son contraire. L'idéologie jauniste avant la lettre, en somme.
Autre question : cette élection est-elle une bonne, ou une mauvaise nouvelle pour le Kremlin ? La Grèce était l'un des principaux soutiens de Moscou en Europe.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 10 juil 2019 à 22:33
Il faudra regarder de près leur politique (les faits pas les discours) sur la question migratoire.
C'est d'un Viktor Orbán français dont la France a besoin, tout comme c'est d'un Viktor Orbán grec dont la Grèce a besoin.
Rédigé par : RR | vendredi 12 juil 2019 à 01:50
@Robert Marchenoir.
Une dépêche AFP de ce 12.7 À 12h31 répond à votre dernière question.
C'est une rupture totale avec la politique étrangère de Tsipras :
Le nouveau gouvernement conservateur de Grèce a décidé le 12 juillet, cinq jours après son élection, "de reconnaître le Président de l'assemblée nationale élu démocratiquement, Juan Guaido comme Président par intérim du Venezuela".
"Le gouvernement grec soutient vigoureusement les efforts de l'Union européenne (...) dans le but de sécuriser une solution politique pacifique démocratique et négociée pour le bien du peuple vénézuélien", a annoncé le ministère grec des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Rédigé par : Émile Koch | vendredi 12 juil 2019 à 20:54
"de reconnaître le Président de l'assemblée nationale élu démocratiquement, Juan Guaido comme Président par intérim du Venezuela"."
Le Président élu démocratiquement par le peuple vénézuélien est Nicolás Maduro et non Juan Guaidó "président" autoproclamé (et soutenu par les mondialistes anglo-saxons).
On peut éventuellement ne pas approuver la politique menée par le président Maduro, mais si elle correspond au souhait des vénézuéliens, il n'y a rien à y redire.
Rédigé par : RR | vendredi 12 juil 2019 à 21:47
Merci Emile, intéressante information en effet.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 12 juil 2019 à 23:53
Je lis avec un peu d'étonnement, sous la signature d'un commentateur régulier de ce blog [RR], que le président légitime serait Maduro et que ce serait aux Vénézuéliens de choisir.
Les Vénézuéliens ont choisi avec leurs pieds : plusieurs millions ont fui le pays.
L'élection de cet incapable pour un deuxième mandat en janvier était totalement antidémocratique et truquée. L'opposition n'a pas présenté de candidat.
Guaido président de l'Assemblée n'a fait que constater une situation prévue par la Constitution du pays qui lui conférence la présidence par intérim.
Les pays qui soutiennent Maduro sont la Chine, la Russie, la Turquie, la Corée du Nord… et le gouvernement de Tsipras, seul sur cette position au sein de l'Union européenne. Que celui de Mitsotakis, constitué le 8 juillet ait rectifié dès le 12 juillet cette aberration significative, répond à la question que se posait légitimement un autre commentateur [Robert Marchenoir].
Rédigé par : Émile Koch | samedi 13 juil 2019 à 09:47
@ Émile Koch
Élection truquée, c'est à voir car dans ce cas ça peut aussi s'appliquer aux élections présidentielles de 2017 chez nous (promotion médiatique du candidat Macron par tous les médias publics - qui en tant que médias publics devraient rester strictement neutres -, "bousillage" du candidat Fillon - seul capable de l'emporter face à M. Macron - par une opportune accusation au bon moment de fraude révélée par un hebdomadaire délatoire, mise en orbite d'une candidate bidon battue d'avance).
Fuir le pays ? Si c'est ça l'opposition. Je préfère les Gilets jaunes.
Il est évident que Juan Guaido est le candidat des officines mondialistes. De fait, il est logique qu'il soit soutenu par tous les gouvernants qui sont soumis à ces mêmes officines parfaitement décrites par Jacques Bordiot ("Une main cachée dirige"). La Chine, la Russie et quelques autres refusent cette soumission.
Nous n'avons pas à interférer dans les affaires des Vénézuéliens tant qu'ils ne nous menacent pas, or ils ne nous menacent pas (pas plus que nous menaçait Fidel Castro à Cuba que les gouvernants US voulaient déloger pour y remettre Batista grand protecteur de la mafia locale).
Je suis pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes chez eux et à choisir qui ils veulent pour les diriger même si ces choix ne me conviennent pas forcément. Je n'ai aucune sympathie particulière pour Nicolás Maduro.
Je suis par exemple pour l'abolition de la monarchie en Angleterre (et partout ailleurs car pour moi les monarques sont des inutiles et je conteste le droit à l'hérédité successorale). Cela dit, si les Anglais souhaite la maintenir, ça ne me plait pas, mais je n'ai rien à y redire.
Rédigé par : RR | samedi 13 juil 2019 à 12:45
@ RR
"Élection truquée, c'est à voir car dans ce cas ça peut aussi s'appliquer aux élections présidentielles de 2017 chez nous."
Votre fausse équivalence est d'une mauvaise foi extrême. C'est un peu comme si vous disiez : oui oui oui, Hitler a peut-être buté six millions de Juifs, mais enfin De Gaulle arrachait les ailes des mouches quand il était petit.
Juan Guaido n'est pas le président "auto-proclamé", ainsi que s'échine à le faire croire la propagande russe. Il a été désigné président par l'Assemblée nationale de son pays, qui a constaté la violation de la constitution par le président en titre. Violation ancienne et répétée.
https://www.euronews.com/2019/01/27/is-it-legal-for-juan-guaido-to-be-proclaimed-venezuela-s-interim-president
D'autre part, Guaido n'est pas "le candidat des officines mondialistes". Votre emploi compulsif d'appellations propagandistes et diffamatoires de ce genre signe votre mépris des faits.
Guaido est, non pas le candidat, mais le président par intérim reconnu par une grande partie des pays du monde, et, surtout, il est le président reconnu par la quasi-totalité des pays d'Amérique latine. Petit détail lui aussi commodément omis par vos amis soviétiques.
A l'exception notable de Cuba, dont les agents dirigent en sous-main le Venezuela, et sont physiquement présents en grand nombre dans les institutions du pays.
D'ailleurs, vous prenez la défense de Fidel Castro : quel hasard ! quelle surprise ! heureusement que vous êtes d'extrême-droite, et non communiste ! on aurait pu confondre...
Guaido est aussi le président reconnu par une grande partie du peuple vénézuélien, qui n'en peut plus d'être réduit à mourir de faim par la dictature communiste au pouvoir. Léger petit détail, que vous omettez également.
Enfin, bien entendu que la France doit, non pas "interférer", comme vous le dites, mais prendre position dans ce conflit. C'est un truc, vous ne pouvez pas comprendre, ça s'appelle la politique étrangère.
La politique étrangère ne consiste pas à la boucler quand ça arrange Moscou, et les communistes maintenus dans votre genre à Paris.
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 13 juil 2019 à 18:05
@ Robert Marchenoir
Je le répète, c'est aux Vénézuéliens et à eux seuls de décider qui doit les diriger, donc ni à vous, ni à moi.
Par ailleurs Camille Bello, auteur de l'article dont vous avez donné le lien est une partisane active de Juan Guaido (elle relaie même ses tweets). C'est tout à fait son droit et elle est concernée, elle, puisqu'elle est Vénézuélienne. J'ai lu quelque uns de ses tweets.
Moi, personnellement, j'en ai rien à faire à la fois de Maduro et de Gaido, pas plus que je n'éprouvais une quelconque affinité avec Chavez; en revanche le monde entier en a assez de la volonté des gouvernants des États-Unis laquais des officines mondialistes de régenter le monde, et soutenus ce qui est un comble par tous les dirigeants occidentaux à leurs bottes.
Camille Bello prétend que Maduro est de mèche avec le crime organisé (en l'occurrence dans ce cas précis des narco-trafiquants). Je ne sais pas le crédit qu'on peut accorder à cette (grave) accusation. En revanche, ce que je sais, c'est que les dirigeants US ont tout fait (mais n'y sont heureusement pas parvenus) pour remettre en place la crapule Battista qui avait livré Cuba à la mafia avant que Fidel Castro (dont je suis loin de partager toutes les positions même si la société cubaine est très différente de la notre ce qui doit nous conduire à un certain recul et à éviter les avis trop tranchés) éjecte tout ce beau monde.
Rédigé par : RR | dimanche 14 juil 2019 à 01:25