L'audition de la jeune Greta Thurnberg, à l'Assemblée nationale ce 23 juillet, confirme, après lecture, les réticences que cette séance appelait dès son principe. Ne revenons pas sur le mot d'ordre selon lequel cette adolescente suédoise s'exprimait au nom de la jeunesse. Écoutons en effet, puisqu'on nous y invite, le contenu global de son message. Vous devez, dit-elle, écouter la Science, un mot qu'en français on doit à l'évidence, ici, écrire avec une majuscule. En allemand Wissenchaft.
Dans mes années de lycée (1958-1961), on faisait grand cas d'une maxime chinoise : "savoir que l'on sait ce que l'on sait, et que l'on ne sait pas ce que l'on ne sait pas, voilà la véritable science". Pensée de Confucius[1].
La première chose à considérer nous enseigne que la Science avec un grand S, cela ne veut rien dire, ou pas grand-chose. Toute phrase commençant par "tous les scientifiques vont diront que", sonne ainsi particulièrement faux. Le plus redoutable argument contre la psychanalyse a été développé par le professeur Debray-Ritzen : cette démarche de l'esprit "n'est pas scientifique parce qu’elle est irréfutable".
Il ne peut exister et prospérer de connaissance organisée sans débat. C'est cette loi d'airain qui a condamné la pensée arabo-persane, à partir de la fermeture, ordonnée par les Califes[2] de "l'idjtihad" (un mot qui veut dire l'effort de réflexion) progressivement interdite au nom de la foi islamique. On peut apprendre, et c'est même recommandé, le Coran par cœur, récité en arabe, sans même parler cette langue.
Or, c'est bien l'interprétation des faits observés qui s'impose dans les sciences dites dures. Convenons que l'écologie politique actuelle peut difficilement revendiquer un tel statut.
Mais l'application la plus radicalement nécessaire concerne, de façon plus évidente encore, l'histoire.
Né en 1944, l'auteur de cette chronique appartient à cette génération à laquelle il fut interdit toute remise en cause de l'histoire officielle, franco-française en apparence, gaullo-communiste dans sa pratique épuratrice, de la seconde guerre mondiale. Qu'une étrange loi se propose d'interdire désormais la haine, et que par conséquent on nous contraigne à l'amour, ne peut, dans ce contexte, que donner une paradoxale satisfaction, hélas bien tardive, aux lecteurs du maréchal Rommel[3].
Aucune illusion en revanche quant aux progrès, pourtant désirables de la libre discussion. Chaque année, au nom de la mémoire, au nom du salut de la Planète, au nom de la République, du droit des minorités, de l'antiracisme à sens unique, etc. on invente, tout particulièrement en France, pays qui se réclame des droits de l'Homme, abusivement mais avec un grand H, une réglementation plus restrictive de la liberté d'expression. Le débat ? Entre persécuteurs : à peine. Avec ceux que l’on a rejetés une fois pour toutes comme réactionnaires, comme fascistes, comme ennemis du peuple : jamais. La liste devient de plus en plus longue. On ne débat pas, par exemple non plus, avec ceux qu'on appelle les ultralibéraux, avec ceux qu'on étiquette comme populistes. On ne parle plus de poujadistes et je le déplore : je monterais volontiers dans leur charrette.
En 1838 dans le gros ouvrage qu'il consacra au congrès de Vérone de 1822, Chateaubriand notait déjà que "la philanthropie est la fausse monnaie de la charité". Il s'agissait pour lui de critiquer l'hypocrisie du rapport de Wellington proposant de combattre la traite négrière. Car, 4 ans après le congrès de la Sainte Alliance à Aix-la-Chapelle de 1818, année du retour de la France dans le concert des nations, cette proposition d'interdiction du trafic des esclaves qui avait été portée par le représentant de la Russie, le comte Capo d'Istria, mais qui avait été écartée par l'Angleterre, était reprise à son compte par son représentant[4]. Mais bien évidemment en diplomatie comme en économie, la mauvaise monnaie chasse la bonne. Ainsi quiconque
Il est vrai que l'on n'accuse plus guère quiconque d'esclavagisme, de peur d'entacher la mémoire des musulmans de toujours et des communistes chinois d'aujourd'hui.
Là aussi, débat interdit…
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Cf. Lun-yu, "analectes" (un mot très chic à placer dans la conversation = entretiens) de Confucius.
[2] C'est-à-dire par les successeurs politiques de Mahomet s'étant arrogé le pouvoir spirituel.
[3] Dont les Carnets, on hésite à devoir le rappeler, ont pu être publiés, à partir de 1953, sous le titre "La Guerre sans haine" (Krieg ohne Hass)...
[4] En fait dans le seul but d'isoler les puissances catholiques, en particulier le Portugal qui refusait d'interdire la traite. La grande idée de George Canning (1770-1827), qui succéda à Castlereagh en tant secrétaire d'État aux Affaires étrangères en 1822, était alors de tourner, déjà, le dos à l'Europe, et d'empêcher, en Amérique du sud, que l'emportassent des forces politiques favorables à l'instauration de royaumes bourboniens, se substituant sans convulsions révolutionnaires aux empires espagnol et portugais en proie aux mouvements bolivariens. Cette stratégie de Londres insipra la fameuse doctrine américaine dite de Monroe, énoncée par le président des États-Unis en décembre 1823.
Pour la psychanalyse, prière de ne pas jeter le bébé avec (toute) l'eau du bain (par ailleurs effectivement très pollué), merci !
Rire.
Pour le reste, la pensée interdite est une évidence.
Objectivement les prévisions concernant l'avenir pourraient être on ne peut plus optimistes : les conditions moyennes de vie sur terre vont encore s'améliorer considérablement, plus vite, avec des inédits actuellement inconcevables.
La situation globale quand ceux qui naissent maintenant auront notre âge sera plus inimaginable (en conditions d'existence moyennes positives) par nous tous que ne l'était la situation moyenne actuelle des humains pour les gens nés en 1944 ou 1949.
Clin d'œil.
Rien que le nucléaire, le libre-échange sans frein abusif, et l'abandon de pratiques agricoles millénaires pour des solutions pratiques déjà disponibles, saines, économiques, rendrait la terre à la terre et la nature à la nature et effacerait progressivement le réchauffement climatique d'origine humaine.
Le grand obstacle c'est l'ignorance, la mésinformation bien davantage que la désinformation, les limites cognitives collectives et la quasi souveraineté des grandes tendances de l'opinion publique, laquelle est fonction de la systémique informative et de la mode du prêt à penser médiatiquement acceptable.
Rédigé par : Ronald | jeudi 25 juil 2019 à 10:01
Toutes nos félicitations pour ce billet..
l'homocoques.fr
Rédigé par : Robert Sablong | jeudi 25 juil 2019 à 10:26
Le débat scientifique sur le changement climatique a déjà eu lieu il y a une dizaine d'années, et l'immense majorité des spécialistes reconnaît à la fois la réalité du dérèglement et la responsabilité de l'activité humaine.
Le vrai débat, aujourd'hui, porte plutôt sur la nature des réformes à accomplir pour limiter le réchauffement climatique et notamment sur la politique énergétique à suivre : place des énergies renouvelables, utilisation ou non du nucléaire, etc.
Rédigé par : N. | jeudi 25 juil 2019 à 14:58
Ici la loi limite la liberté d'expression ... pourtant constitutionnelle ! Alors que la Constitution des USA interdit précisément à la loi de limiter la liberté d'expression.
Encore une fois la loi française opprime la liberté. Et l'occupant de l'Elysée en rajoute à l'arsenal juridique repressif.
Premier amendement à la Constitution des Etats-Unis, 1791 : « Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l'établissement d'une religion ou interdisant son libre exercice, de limiter la liberté de parole ou de presse, ou le droit des citoyens de s'assembler pacifiquement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour qu'il mette fin aux abus ».
Ce qui permet aux Américains de toujours pouvoir traiter de tout, en privé et en public : pas de pensée interdite ! Tout peut être dit ! Pas de procès et pas de condamnation ni pénale ni civile pour outrage, diffamation etc. !
Même si depuis peu des universités gauchistes tentent de bâillonner le "free speech" des étudiants conservateurs. Si les Antifas sont de plus en plus violents dans la rue ... mais un projet de loi prévoit de déclarer les Antifas comme organisation terroriste.
Et si Google Facebook Twitter etc. expulsent les libres conservateurs ... mais c'est parti : le Département de la Justice démarre une action contre ces géants - le contraire de la censure qu'a négocié l'Elysée avec eux - et d'autres réseaux numériques sont apparus qui respectent la libre expression.
Rédigé par : Dominique | jeudi 25 juil 2019 à 15:19
Ah bon ? il est admis que le climat change à cause des activités de l' Homme ? il est vrai que Dieu a fait la terre en sept jours avec un climat édénique invariable à travers les temps. les périodes glacières sont sans doute à mettre au compte de heu... ? de qui donc ? Surpopulation effrénée, déforestation, pollutions diverses n' arrangent rien, mais en tirer des conclusions hasardeuses et classer le CO2 dans les polluants il fallait oser! CETA, MERCOSUR, la globalisation en marche!
Rédigé par : Tonton Cristobal | jeudi 25 juil 2019 à 15:42
et l'immense majorité des spécialistes ... a décidé que ! Le "débat" est clos.
@N c'est ainsi que le débat est tué, par ce genre d'expression qui est employée pour tuer les avis différents du mensonge politiquement correct. "L'immense majorité des spécialistes" permet de ne plus débattre mais de condamner à priori et sans appel les scientifiques qui ont démontré le contraire, et ils sont légions :
1 - il n'y a pas de réchauffement climatique. Les modèles mathématiques sur lesquels s'appuient les politiciens du GIEC sont erronés, et invalidés d'après les années passées.
2 - les activités humaines n'ont aucune influence sur le climat. C'est un bobard anti civilisationnel pour en revenir à une société qui vivrait de cueillette et de chasse ! Le mythe du bon sauvage de Rousseau.
2 - l'élévation de la "teneur en carbone" ne pourrait hausser la température. Car c'est le contraire qui est vrai (la chaleur est nécessaire à la création de carbone). En fait l'innocente et bienfaisante molécule est une coupable facile. Après le trou de la couche d'ozone voici le carbone muet, inodore, invisible .. souffre douleur idéal !
Ainsi l'ignorance veut chasser la vérité. A quand une loi pour criminaliser les scientifiques qui nient ce bobard ? Cela se fait pour le moment par la fiscalisation évoquée déjà par notre chroniqueur.
Il y a un hic mais qu'à cela ne tienne : notre bonne vieille planète est bel et bien entrée dans une période de refroidissement !
Rédigé par : Dominique | jeudi 25 juil 2019 à 17:59
Le triptyque Pythie au dysfonctionnement mental, Jeanne d'Arc, et la vérité sort de la bouche des enfants, tous ces exemples me permettent d'affirmer : c'est dans les bonnes vieilles gamelles que l'on fait les meilleures tirelires!
Rédigé par : minvielle | vendredi 02 août 2019 à 20:42