La semaine écoulée aura encore vu les gilets jaunes se rassembler pour un 33e samedi. Ceci s'est produit en dépit du sentiment général de leur déclin, et malgré l'absence de perspectives lisibles de leur mouvement. Si l'on en croit le ministère de l'Intérieur, à Paris 1 300 personnes ont manifesté dans l'après-midi du 29 juin, grand départ vacancier pour des milliers de familles. Pour l'ensemble de la France la statistique officielle, d'une précision ridicule, atteint un total de 5 769, contre un décompte à hauteur de 10 224 manifestants annoncés sur la page Facebook du Nombre jaune. De fins analystes ne manqueront pas d'observer un niveau moitié moindre par rapport à l'acte 32 du 22 juin et d'y voir la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.
Les gens qui n'ont jamais organisé de manif jugeront certainement ces chiffrages en baisse.
Ils gagneraient pourtant à les comparer à ceux de la CGT, la plus ancienne, la mieux dotée et théoriquement la plus puissante et/ou la plus menaçante des centrales syndicales.
Le 26 juin, en effet, prétextant la tenue d'un conseil d'administration de l'Unedic, gestionnaire de l'assurance chômage, ladite CGT organisait un rassemblement devant le siège de l'organisme. La date était fixée depuis longtemps. La réforme annoncée des allocations inquiète de nombreuses professions, et notamment les cadres. Depuis plusieurs jours une pétition en ligne associait les cégétistes à la CFE-CGC, habile opération pensent les observateurs et commentateurs agréés.
Or, l'AFP a pu constater qu'à peine une centaine de personnes[1] s'étaient déplacées pour manifester leur mécontentement, leur opposition à un accord qui prévoirait, notamment, la dégressivité des indemnisations et diverses mesures restrictives. On fait état de la colère de tous les syndicats. Ceux-ci, néanmoins, ne sont pas parvenus à trouver de date commune de mobilisation. La veille, près de 300 militants s'étaient rassemblés devant le ministère du Travail pour critiquer une réforme "injuste" qui "va faire payer les précaires" selon les dirigeants CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa et Fage.
La CGT assure, par la voix de sa secrétaire confédérale Catherine Perret ne pas avoir été conviée à ce rassemblement.
C'est donc devant le siège de l'Unedic, que son comité des travailleurs privés d'emploi et précaires CGT a déployé sa bannière. Plusieurs membres de fédérations comme la CGT intérim, Info Com' ou la CGT spectacle ont pris la parole pour dénoncer la réforme, qui tend à durcir les règles d'indemnisation. Mais la foule est restée clairsemée.
Cet échec total en 2019 vient après ceux des mobilisations contre la loi El Khomri en 2016, contre la réforme du Code du Travail en 2017, où associés à Sud-Solidaires, l'Unef et la FSU, les cégétistes pouvaient déposer 200 manifestations toutes stériles. La réforme de la SNCF en 2018 aurait pu voir une CGT-Rail, se croyant très bien relayée auprès de l'opinion médiatique, encore majoritaire dans l'entreprise avec l'appoint de Sud-Solidaires, mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. Il n'en a rien été.
Entre-temps : nouveau recul aux élections professionnelles où la centrale est dépassée par la CFDT dans le secteur privé. Le sentiment des autres militants syndicaux s'aligne de moins en moins sur l bureaucratie de Martinez et de ses apparatchiks. "On aurait pu s'unir", déclare ainsi le président de la CFTC Philippe Louis, "mais on ne veut pas de convergence des luttes : la CGT est contre toutes les réformes, pas nous."
Philippe Martinez théorise en effet une convergence que les autres organisations refusent. Sa collaboratrice Catherine Perret déplore donc de son côté : "Nous avons proposé à la CFDT de manifester avec nous. Ils n'ont pas voulu. Nous le regrettons."
Les gilets jaunes, eux, ont continué à défiler malgré la chaleur. Et sur des thèmes de plus en plus voisins désormais de ceux que les cégétistes revendiquent.
On ne parle même plus des mobilisations rivales car, quand on est passé au-dessous des radars, on s'expose à ne même pas faire l'objet d'une autopsie. La menace se précise pour la direction bureaucratique de la CGT.
Déjà en 1968, il me souvient d'avoir cherché à théoriser un regard neuf sur les "positions nouvelles" de la contestation : spontanéisme contre bureaucratie. On me pardonnera la lourdeur d'une distinction entre ce "spontanéisme" et la véritable "spontanéité", car à l'époque les mao-spontex comme on les appelait alors, accaparaient une scène où ils singeaient les gardes rouges de Pékin, un mouvement tout sauf spontané, puisque lancé par Mao Tsé-toung pour liquider Liou Shao-shi et autres rivaux au sein de la bureaucratie chinoise.
À l'époque, certes, nos voix criaient dans le désert, couvertes par le hurlement des chacals, étouffées par la lâcheté des capitulards. Il ne restait que la lutte physique face à l'intolérance et le diktat violente des adversaires, marxistes de tout poil. Avec nos camarades nous pensions, contre eux, en termes de révolte des classes moyennes qui commençaient à se dessiner avec le mouvement du Cid-Unati, hélas préhistorique en 1969, que nous allions saluer au stade de Colombes, etc. Votre chroniqueur ne regrette pas d'avoir mené ce combat avec les moyens du bord, et de le continuer aujourd'hui par voie de plume, pour la cause de la liberté.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. "Réforme de l'assurance chômage: une centaine de personnes devant l'Unédic à l'appel de la CGT"
https://www.bfmtv.com/economie/reforme-de-l-assurance-chomage-une-centaine-de-personnes-devant-l-unedic-a-l-appel-de-la-cgt-1720174.html
Des fois je regrette de ne pas avoir eu l'âge pour participer aux "évènements de 68" même si aucun des mouvements de l'époque ne correspond à mes aspirations - ceci dit on ne peut en réalité jamais savoir ce que l'on aurait fait à une période que l'on n'a pas vécu, prétendre le contraire est un mensonge (Occident trop "occidentaliste", MJR marqué OAS Algérie française, RN je ne suis pas royaliste, JCR et mao je ne suis pas communiste).
"(…) le mouvement du Cid-Unati"
Salutaire de même que plus tard le CDCA.
"(…) l'assurance chômage"
La SEULE solution ÉQUITABLE pour TOUS est le salaire intégral; au salarié ensuite de contracter une assurance de son choix dans le privé et aux conditions mutuellement acceptées.
C'est ce qui est salutairement proposé dans "Pour une libération fiscale".
http://www.editions-du-trident.fr/catalogue#liberationfiscale
Rédigé par : RR | lundi 01 juil 2019 à 01:09
Pour revenir au CDCA, rappelons que son principal responsable Christian Poucet a été assassiné et que les responsables de ce crime (exécutants et commanditaire(s?)) n'ont jamais été retrouvés.
Christian Poucet gênait certains, il représentait un danger réel pour le Système ou en tout cas pour des gens en place. Nous n'en saurons malheureusement sans doute pas plus, tout comme pour le "suicide" de Robert Boulin ou l'assassinat de Joseph Fontanet.
Mais il y a aussi (heureusement pour les concernés) un moyen moins brutal qu'emploie le Système pour se débarrasser de ceux qu'il craint à moindre niveau: le boycott de l'opposant par les médias qu'il contrôle. C'est tout aussi efficace (et de plus sans risque) qu'une élimination brutale. Cela a par exemple parfaitement fonctionné pour l'Opposition nationale et nationaliste (Front national, PFN, Mouvement nationaliste révolutionnaire,...) jusqu'en 1983, date à laquelle pour des raisons opportunistes le Président de la République de l'époque François Mitterrand a décidé la médiatisation de Jean-Marie Le Pen (au détriment de tous les autres responsables nationaux/nationalistes), connaissant visiblement et paradoxalement mieux le personnage - qui allait en effet se révéler être un provocateur doublé d'un escroc politique - que nous mêmes. Le résultat a été au-delà à mon avis de tout ce que pouvait espérer le président socialo-communiste puisque l'escroquerie perdure encore jusqu'à nos jours via sa fille Marine.
Alors quand je vois certaines personnalités de la "droite nationale" voire même ouvertement nationalistes, qui sont persuadés que Marion Maréchal Le Pen fait peur au Système et singulièrement à M. Macron, je me dis que ces personnes ont un niveau de réflexion tellement nul qu'il vaudrait mieux pour le bien du pays qu'elles consacrent leur temps à autre chose que la politique.
Car enfin quoi, Marion Maréchal Le Pen que je sache n'exerce pas la moindre responsabilité politique ou syndicale, n'est élue nulle part, n'est experte en aucun domaine, ne fait que "diriger" une "école" bidon; il n'y a donc pas la moindre raison qu'elle soit omniprésente et même simplement présente dans les médias écrits et audio-visuels, pas plus qu'elle soit l'invitée d'une quelconque organisation.
Pourquoi donc alors le Système la médiatiserait t-elle ainsi, risquant de lui apporter une popularité, alors qu'il n'a aucune raison de le faire, si elle représentait le moindre danger pour lui ?
La vérité est qu'il s'agit précisément de la manœuvre inverse de celle de l'élimination des vrais opposants qui sont eux ignorés des médias; ici "on" cherche à nous refiler une "opposition" factice (le Colonel Château-Jobert décrit très bien cette manœuvre de diversion dans son M.P.S. - Manifeste Politique et Social), et pour cela on lui ouvre en grand les mêmes médias.
Beaucoup sont malheureusement trop idiots ou/et trop focalisés sur le physique (somme toute banal, et quand bien même d'ailleurs serait t-elle la plus belle femme du monde pour certains, qu'est-ce qu'on en a à faire en politique) de la (très) jolie femme blonde.
Rédigé par : RR | lundi 01 juil 2019 à 16:22
L'exemplaire Bardella, la nouvelle icône des "nationaux" (il fallait lire les messages enthousiastes à son égard de ces abrutis sur les forums) et la "loi Taubira":
https://www.lesalonbeige.fr/le-rassemblement-national-ne-reviendra-t-il-pas-sur-la-loi-taubira/
C'est ce qu'on appelle l'effet cliquet: la "Droite" et depuis des lustres déjà le FN puis désormais le "RN" qui lui a succédé se refusent de remettre en question les lois adoptées par la Gauche (inutile de préciser que cette dernière, elle, n'a pas cette "pudeur" vis à vis des timides initiatives de la "Droite").
"Marion est sans doute l’exception qui confirme la règle."
T'inquiète mon pote, la (très) jolie femme blonde a déjà fait ses preuves en la matière:
http://www.lefigaro.fr/politique/2012/10/11/01002-20121011ARTFIG00579-marechal-le-pen-se-demarque-du-fn-sur-la-peine-de-mort.php
https://www.europe1.fr/politique/Stephane-Tiki-merite-la-naturalisation-pour-Marion-Marechal-Le-Pen-771042
Et après on me dira que j'exagère. Le problème pour mes détracteurs est que l'actualité légitime en permanence mes positions.
Rédigé par : RR | mardi 02 juil 2019 à 14:31