La décision de ne plus rembourser les dépenses de médicaments homéopathiques se dessinait depuis plusieurs jours. Elle ne surprend à vrai dire personne. Pour commencer cette chronique on soulignera que son auteur ne se situe ni sur le terrain scientifique, ni sur celui de la médecine, un art qu'il se contente d'en respecter les acteurs et d'essayer d'en suivre les prescriptions.
La vraie question en effet consiste à savoir, au-delà de l'homéopathie, pensée et pratique remontant à la fin du XVIIIe siècle, au-delà de l'acuponcture, autre exemple non reconnu par la science occidentale, au-delà de la psychanalyse que les assurances maladie américaines concurrentielles ont cantonné au domaine de la littérature, du cinéma etc., si les thérapeutiques doivent dépendre des sentiments mouvants de l'opinion et des médias et des jugements de l'administration.
Cette décision de Mme Buzyn a été largement inspirée, en fait, par une velléité budgétaire de l'État. Elle va sans doute satisfaire, par ailleurs, la majorité des représentants des professionnels de santé et tous ceux qui ont acquis la conviction que cette famille de traitements relève de ce qu'on appelle l'effet placebo.
Voilà, enfin, se félicitera-t-on, des Français contents d'une décision de leur gouvernement.
En elle-même cela représente presque une deuxième bonne nouvelle cette semaine qui avait si bien commencé par la victoire claire et nette de la droite aux élections grecques, défaite de la démagogie et des mensonges politiciens qui ont fait tant de mal à ce pays depuis la mort de Périclès.
Le quotidien Le Monde, comme chacun devrait s'en convaincre, trace d'une façon toujours infaillible les frontières de la vérité. D'autre part, anticipant la loi, il combat vigoureusement la haine. cela va sans dire. Ce journal officiel de la bonne pensée, a publié un article[1] qui sonne le glas d'une condamnation définitive de l'homéopathie. On notera dans le titre de ce papier : "que dit la science ?". Il ne manque que le grand S à Science[2]. Mais comme cela vient de la rubrique des "décodeurs", on ne peut que dire amen.
La gauche pensante, pour appeler les choses par leur nom, prenait donc en septembre le relais d'un "appel de 124 professionnels de la santé contre les médecines alternatives" apparu pourtant dans le Figaro, journal supposé de droite, quelques mois plus tôt en date de mars[3]. On saluera volontiers l'absence de sectarisme.
L'union nationale est en bonne voie et les laboratoires Boiron et autre producteurs de granules inciviques n'ont plus qu'à bien se tenir.
Le Premier ministre, aussi transcourant en l'occurrence qu'il semble parfois transparent, les a, très humainement, avertis. Ils disposeront d'un délai de grâce pour s'adapter à une activité non-subventionnée. On pense à la grande scène, au coup de théâtre, du Tartuffe de 1669, où le policier justicier, l'exempt, rappelle "nous vivons sous un prince ennemi de la fraude". Ce ne sont plus, 350 ans plus tard, sous le règne de Jupiter Ier, les faux-dévots, les hypocrites que l'on stigmatise, et que l'on nous assure démasquer, débusquer, détrôner, ce sont les gens que l'on considère comme des charlatans.
Qui va donc les défendre ? en effet.
Certainement pas l'auteur de cette chronique qui reconnaît son incompétence scientifique, et médicale, totale.
Première question d'un naïf, assuré social, cotisant de gré ou de force, contribuable : s'il en est ainsi, pourquoi ont-ils été si longtemps pris en charge à hauteur de 30 % par l'assurance maladie ? Pourquoi s'apprête-t-on à continuer de les rembourser, cette fois à 15 % ? Tout cet argent a-t-il été gaspillé sans raison ? Existe-t-il d'autres secteurs relevant du même motif et donc de la même punition ?
Deuxième question : il existe des mutuelles, actives, et même désormais obligatoires, offrant une assurance complémentaire jouissant d'une toute petite liberté de concurrence, certes illusoire. Elles se voient contraintes de rembourser la part que ne couvre pas l'assurance monopoliste de base.
Quelle va être leur rôle dans cette affaire ? Que vont-elles supporter ? Ont-elles effectué une recherche sur l'efficacité des pratiques ? À quoi servent-elles ? Le libre choix existe-t-il ?
La campagne en faveur de l'homéopathie a rassemblé 1,2 million de signatures nous dit-on. On parle aussi d'emplois. Autant d'arguments aussi dérisoires au fond que significatifs.
Dans ce jeu c'est l'administration qui gagne et les gens de Bercy.
Décidément la France ne semble pas encore mure pour le choix d'une plus grande liberté. Il va falloir gratter sur les murs des édifices publics la devise de la république et du grand-orient[4].
JG Malliarakis
Pour recevoir en temps réel les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
courrier.insolent@gmail.com
Apostilles
[1] "Efficacité de l’homéopathie : que dit la science ?" publié en septembre 2018 sous la signature de Gary Dagorn.
[2] Les puristes objecteront peut-être que "la" Science n'est pas la médecine, qui est un art, ayant elle-même recours à la biologie, à l'anatomie, à la chimie, etc qui sont "des" sciences.
[3] L’appel de 124 professionnels de la santé contre les «médecines alternatives»
[4] Rappelons au besoin que la devise de la franc-maçonnerie était à l'origine celle qu'ont popularisée les Trois Mousquetaires "un pour tous tous pour un". C'est le grand-orient de France qui a décidé de s'approprier "Liberté Égalité Fraternité".
Les gens sont en général pétris d'une certaine dose d'irrationnel. Ainsi, il se moqueraient de celui qui prétendrait sucrer son café en laissant simplement sa tasse un certain temps à coté du sucrier. En même temps, ils croient dur comme fer à l'efficacité de l'homéopathie qui fonctionne pourtant sur le même principe...
Rédigé par : Pierre-Ernest | mercredi 10 juil 2019 à 11:13
Bien sûr que l'homéopathie est efficace. La question ne se pose plus.
Il s'agit d'interdire la liberté - une fois de plus - de se soigner. Et d'élargir le boulevard de la sécu pour la pharmacie chimique. Comme pour la sur vaccination des nouveaux nés imposée aux parents au lendemain de l'élection. C'est cela la république en marche. 1793.
Rédigé par : Dominique | mercredi 10 juil 2019 à 13:33
Comme pour l'assurance chômage, la moindre des choses serait de permettre de contracter des "assurances santé" qui pourraient être tout simplement les mutuelles mais cette fois-ci pour une couverture complète, autrement dit sans recours à la Sécurité sociale. Les cotisations pour cette dernière étant dans ce cas bien entendu supprimées, bref, une évolution vers le salaire direct.
Voir "Pour une libération fiscale":
http://www.editions-du-trident.fr/catalogue#liberationfiscale
Par ailleurs l'homéopathie, je n'y connais rien, je ne sais pas si c'est ou non efficace.
En revanche, ce que je sais, c'est que nombre de vaccins désormais obligatoires pour les nourrissons peuvent avoir de graves retombées (celui contre l'hépatite B notamment, favorisant les scléroses en plaques).
Je n'ai donc pas particulièrement confiance en madame Buzyn.
On pourrait aussi évoquer l'affaire Vincent Lambert où un "médecin" fait mourir volontairement un de ses patients trahissant ainsi le Serment d'Hippocrate, tout cela en conformité avec les lois "républicaines" (on est loin de la res publica = bien commun)
Rédigé par : RR | mercredi 10 juil 2019 à 14:28
"Pourquoi ont-ils été si longtemps pris en charge à hauteur de 30 % par l'assurance maladie ? Pourquoi s'apprête-t-on à continuer de les rembourser, cette fois à 15 % ?"
Par manque de courage politique, par faiblesse, par démagogie. Ne boudons pas notre plaisir même si une certaine progressivité est assortie à la décision.
Rédigé par : Saint Surge | mercredi 10 juil 2019 à 15:33
On doit, bien sûr, se féliciter de cette décision. Ce scandale n'a que trop duré. L'homéopathie est une superstition vieille de deux siècles. La preuve de son inefficacité est établie et sur-établie.
Bien sûr, l'économie ne sera pas énorme. Mais outre que 150 millions, à la louche et de mémoire, c'est toujours bon à prendre par les temps qui courent, ce qui était important, sur ce point, était de brutaliser les Français.
Un sondage récent montrait la proportion effarante de nos concitoyens "croyant" à l'homéopathie (comme si c'était une religion...), la proportion effarante de ceux qui l'utilisent, et, surtout, la proportion effarante des médecins qui, eux aussi, y "croient".
Nous sommes, en la matière, probablement les champions du monde. C'est une exception française. De même que nous sommes les champions du monde pour la croyance dans la dangerosité des vaccins. Même les Africains nous font honte sur ce sujet. De mémoire, un tiers des Français pensent que les vaccins sont dangereux. Ce chiffre varie de 1 % à 5 % pour de nombreux pays africains. Il en va de même pour d'innombrables pays sous-développés. Devinez pourquoi...
La suppression du remboursement de l'homéopathie (qui sera complète en 2021, la réduction à 15 % n'est qu'une mesure de transition) est donc très importante sur le plan symbolique.
Jacques Attali, qui est réputé pour être favorable à Macron et qui le connaît bien, a récemment déclaré que son moteur, c'était la transgression. Soit la même chose que lui reprochent ses pires ennemis.
Nous sommes ici dans un cas où la transgression est une vertu. Zigouiller la vache sacrée de l'homéopathie au pays de Boiron, ça réclame un peu d'estomac. Tous les prédécesseurs de Macron se sont contentés de repousser le problème aux calendes grecques.
Autant se réjouir des bonnes nouvelles, elles ne sont pas si fréquentes.
La prochaine étape, bien sûr, est, sinon d'interdire l'homéopathie, du moins d'interdire son enseignement. A la rigueur, que l'on laisse ceux que ça amuse payer des cours privés dans des officines spécialisées. On manque déjà gravement de vrais médecins, il est scandaleux que les fonds publics soient gaspillés à enseigner une superstition à de futurs charlatans.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 10 juil 2019 à 22:23
Je l'ai dit, la solution la plus équitable pour tous est de permettre à chacun de contracter comme ce devrait être aussi le cas pour le risque de chômage une assurance; cette "assurance santé" couvrirait les soins selon les choix optés par l'assuré lors de la signature du contrat. Vous voulez être assuré 100 % pour vos soins dentaires, vous cochez la case; la cotisation dépendant bien entendu des remboursements souhaités. Il s'agirait en fait de laisser aux mutuelles la mission qui est actuellement la leur et l'étendre pour l'intégralité des remboursements sans plus passer par la Sécurité sociale à laquelle les assurés ayant opté pour cette alternative n'auraient bien entendu plus à cotiser.
La Sécurité sociale deviendrai une assurance par défaut destinée à ceux qui rejetteraient cet appel au privé.
Rédigé par : RR | jeudi 11 juil 2019 à 22:08
@ Robert Marchenoir
"Nous sommes, en la matière, probablement les champions du monde. C'est une exception française. De même que nous sommes les champions du monde pour la croyance dans la dangerosité des vaccins."
Certains vaccins sont à fort risque (celui contre l'hépatite B par exemple), d'autre non (celui contre le tétanos par exemple).
Certains sont inutiles (celui contre la rougeole par exemple).
Ce qui est certain, c'est qu'il est très risqué pour l'équilibre d'un bébé de lui injecter douze vaccins y compris certains à risques et d'autres parfaitement inutiles.
Rappelons que Louis Pasteur n'était qu'un médiocre biochimiste qui avait tout le Corps médical de l'époque contre lui (mais de bonnes relations politiques).
Rédigé par : RR | jeudi 11 juil 2019 à 22:19