Le discours de politique générale prononcé par Édouard Philippe le 12 juin devant l'Assemblée générale laissait légitimement perplexe. En particulier les manipulations chiffrées quant à des baisses de certains impôts, les plus visibles, ne pouvaient convaincre ceux que préoccupent à la fois la masse des déficits et l'accumulation des dettes. Globalement, le niveau record de la dépense publique reste évalué à hauteur de 57 % du produit national. Dépensière par essence, la classe politique, n'envisage toujours pas de diminuer vraiment ses largesses.
Beaucoup de bons esprits ont voulu voir, dans l'intervention du premier ministre le reflet d'une gauchisation culturelle. On a voulu y déceler la marque d'une deuxième phase de la présidence Macron. On s'est engouffré dans une telle hypothèse notamment en raison de l'annonce d'une avancée en faveur de la PMA pour toutes les femmes, y compris celles qui n'ont pas de mari. Ce projet, inimaginable il y a seulement 10 ans, révulse la partie conservatrice de l'opinion, celle qui vote plus volontiers en faveur de ce qu'elle perçoit comme la droite.
Parallèlement, au contraire, une étude publiée par Ipsos en date du 6 juin[1]fait apparaître que désormais 50 % des sondés considèrent En Marche comme un parti de droite. Ce pourcentage a fortement progressé en 12 mois, partant de 33 % en 2018. Conscience indéboulonnable de la petite gauche, Le Canard enchaîné, ironise en commentant : "c'est tellement inattendu", suggérant qu'il s'agirait là d'une sorte d'évidence biblique. À sa manière, si souvent oblique, Le Figaro, vieille entreprise de ménagement,flatte cette autre illusion.
Dans l'histoire, on sait que l'apparition des concepts de droite et de gauche remonte aux États généraux de 1789, quand ils se sont proclamés assemblée constituante. Et la réalité de la sociologie politique, a toujours constaté l'existence, au sein de l'électorat, d'une ligne de partage de cette nature. Elle s'est radicalisés avec le phénomène de la bipolarisation accentuée par les institutions de la cinquième république.
Mais, d'autre part, les marqueurs de séparation, dans le contexte de la vie politique légale n'ont jamais cessé d'évoluer. Par exemple, même le concept de laïcité des anticléricaux semble aujourd'hui passé à droite. Il dominait pourtant l'union des gauches de 1902, coalisant les radicaux et les socialistes qui imposèrent la loi de 1905. Hier dirigé contre l'influence catholique, il s'inquiète désormais du statut de l'islam en relation avec le seuil de tolérance de l'immigration.
La masse des votants a, d’un tel point de vue, toujours été victime des marchands d'illusion. Et cela vaut aussi bien pour ceux qui se prononcent en faveur des partis jugés, à tort ou à raison de droite, que pour leurs homologues de gauche.
À notre époque on peut soutenir, et l'auteur de cette chronique le pense, et s'est employé à le démontrer[2], que devraient considérées à juste titre comme de droite les politiques tendant effectivement à réduire la pression fiscale.
À cet égard, la présidence d'un Giscard d'Estaing, augmentant de 7 points en 7 ans, la part accaparée par la dépense publique dans le produit national aura représenté, de façon concrète, l'une des grandes phases de l'étatisation de notre société. Comme celle de Macron, sa brève majorité se voulait pourtant centriste.
Le 16 juin, le ministre de l’Action et des Comptes publics intervenait longuement dans le cadre de l'émission Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Or, sans jamais répondre sur la baisse du taux global de prélèvements obligatoires, Gérald Darmanin prétendit démontrer que"toutes les classes moyennes et les classes populaires qui paient l’impôt sur le revenu vont connaître cette baisse".
Cette assertion est complaisamment reprise par Loris Boichot dans Le Figaro[3]. Les chiffres avancés par le ministre, quant aux basses tranches de l'impôt sur le revenu, quant aux manipulations, pourtant incertaines voire peut-être anticonstitutionnelles, sur les tranches les plus basses de l'impôt sur le revenu, ou sur la taxe d'habitation, mettait en avant un total de 27 milliards d'impôts… d'ici 2023.
Une telle addition de carottes et de navets voulait certes impressionner, mais elle relevait de la poudre aux yeux et de l'enfumage.
Car le porte-parole de la citadelle administrative de Bercy n'équilibre ces baisses partielles promises, que par des suppressions d'exonérations. Elles étaient évoquées à hauteur de 4 milliards. Abroger des dispositions que l'on a baptisées péjorativement niches n'amoindrit pas la fiscalité mais l'accroît.
L'augmentation des taxes viendrait compenser la diminution des impôts directs.
Au total le mistigri demeure intact, et l'impression d'avoir été floués, enfumés, pris pour des idiots, se renforce.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] cf. Le Canard enchaînédu 12 juin dans sa rubrique minimares.
[2] J'y ai consacré en 2012, en réponse au livre rouge de Piketty, mon petit livre bleu Pour une Libération fiscale".
[3] cf. article "Pour Darmanin, le gouvernement de Macron est celui qui aura le plus baissé les impôts"
Excellente analyse de la situation.
Rédigé par : RR | mardi 18 juin 2019 à 14:57
D'autant plus que c'est uniquement le bas de la classe moyenne qui va profiter d'une petite baisse, renforçant encore le nivellement par le bas, et que l'on va sortir de l'IRPP environ 10% des contributeurs actuels, dans un pays où déjà 55% des foyers sont exonérés... et demandent toujours plus de dépenses sociales.
Rédigé par : Christiane CHAVANE | mardi 18 juin 2019 à 18:13
VARIA
La mystique est à la religion ce que la chimie est à la physique. (Frédéric Nef)
Plaisante justice qu'une rivière borne ! (Pascal)
(Parlant de Jésus, qu'il considère comme un « homme juste ») On en fit un prophète, et au bout de trois cents ans on en fit un dieu. (Voltaire, 1763)
Le philosophe français Pascal Engel (qui a un excellent blog :« La France byzantine ») va en Colombie. Au rayon philosophie des librairies, dit-il, prennent presque toute la place les Obras completas de...Michel Onfray.
Il faut toujours dire deux fois les choses, parce que de toute façon les gens n'écoutent pas. (Gide)
Crois, ou je te tue ! (disent certains, depuis toujours)
La prise de parole est une prise de risque. (Gérald Bronner, 2019)
David Douillet , judoka, et député (!) a écrit (hélas) dans un livre ceci : « Oui, je suis misogyne, mais tous les hommes le sont, sauf les tapettes ». La phrase a été citée à l'Assemblée nationale à l'époque.
Ne pas rire, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre. (Spinoza)
Le racisme actuel se manifeste à bas bruit. (Patrick Simon, démographe, 2019)
Fous-moi la paix avec tes paysages ; parle-moi des sous-sols. (Beckett)
La data-basification des savoirs...(Paul Mathias, président du jury d'agrégation de philosophie)
Le principe d'identité : Ce qui est, est ; ce qui n'est pas, n'est pas.
L'Allemand : de l'obéissance et de bonnes jambes . (Nietzsche)
Je préfère être professeur à Bâle que Dieu. (Nietzsche)
Le foot m'indiffère. J'apprends que la France a hurlé de joie en apprenant que l'équipe de France
avait écrasé celle de la principauté d'Andorre (85 000hab). La bière a dû couler à flots dans différents endroits de mon pays, pour fêter ça.
Tous les anti-philosophes sont des malades. (Un philosophe contemporain que je connais, mais dont je ne dirai pas le nom)
Donald Trump et l'Anglais Boris Johnson ont un peu la même tronche.Pas jolies.
J'ai ma thèse sur ce que veut dire « les héritiers » chez Bourdieu : c'est les Juifs .» (Jean-Claude Milner)
J'aimerais mourir en ne souffrant pas. (François Weyerganz, qui vient des mourir)
Rédigé par : Patrice Charoulet | mardi 18 juin 2019 à 18:36
Il m'apparaît que ces notions de droite et de gauche sont surtout utiles pour ces grands manipulateurs que sont les faux politiciens. J'écris faux car il sont guidés par leur égo et leurs intérêts,
et que le terme de droite n'a plus de guère de sens en France.
De Gaulle passa pour être de droite. Giscard aussi se disait de droite. Pompidou également. Or aucun ne l’était véritablement.
Le président de la France tranquille ( selon son affiche ) se présenta à gauche. La gauche représentait et représente toujours le collectivisme, ennemi de la liberté et de la propriété individuelles. D'où les nationalisations et une inflation catastrophiques.
Mais la gauche en France reste la gauche, et ses idées sont désormais partout.
Le président corrézien endossa une dernière fois les vêtements gaullistes. L'homme au karcher s'y essaya un peu. L'actuel occupant de l'Elysée osa parler devant Jeanne d'Arc, pour allécher la droite catholique. (i)
Mais alors que la gauche est restée la gauche idéologique, collectiviste, sectaire, antichrétienne, et s'est enrichie depuis 1789 des idéologies marxistes, puis immigrationnistes, et réchauffistes, en un mot : globalistes,
la droite elle, s'est à mon avis figée dans une Histoire de France nationale et chrétienne mais s'est fourvoyée dans le collectivisme, avec son bras de fer : le fiscalisme que vous dénoncez. Impôts confiscatoires et redistributions sont devenues les deux mamelles de la droite, comme de la gauche.
La droite y reste engluée et ne sait plus ce que liberté et propriété signifient. Dans les moindres détails des programmes électoraux elle est collectiviste et interventionniste.
Notre chroniqueur préféré pourra nous dire quand cette rupture s'est opérée : après la chute du second empire ?
L'absence d'un parti libéral (au sens français ) et des idées libérales se font donc, à mon avis, cruellement sentir en France.
Ce n'est pas le cas en Suisse, Grande Bretagne, Etats Unis pour citer des pays emblématiques de liberté et de haut niveau de vie, où la pensée libérale domine la vie politique et surtout économique et sociale. Dans ces pays notre grand penseur du libéralisme : Bastiat, ( présent dans la bibliothèque du Trident ) est enseigné, et pas en France.
J'ose même déraper en écrivant que les partis de droite français sont irrémédiablement pétris d'idéologie collectiviste.
Mieux vaut donc dire à mon avis que la droite n'est plus de droite, et parler de libéralisme français et donc d'anti-collectivisme et d'anti-fiscalisme ( d'où votre combat contre le fiscalisme ), de patriotisme, de démocratie directe, de subsidiarité, et de spiritualité chrétienne.
Beaucoup de candidats dits de droite qui parlent et parlent dans les médias dominants, ont sans doute du mal à comprendre ces mots. Il faudrait leur mettre sous les yeux le dictionnaire en ligne de l'Académie, celui de Jacques Garello dans l'AEPS, et plusieurs ouvrages de la bibliothèque du Trident - encore une fois.
A l’école et jusqu'à l'ENA ils n'ont rien appris de cela. Mais lisent ils autre chose que les sondages de leur popularité, dans leurs courses aux prébendes ? Ne regardant jamais la petite lucarne, j'en oublie leurs noms.
Si je ne crois plus en la démocratie représentative à la française je crois encore moins à la droite dite conservatrice et catholique. Elle a vécue et il faudra reconstruire sur les décombres. C'est ma libre opinion dans cet espace de liberté offert par JGM :-)
Rédigé par : Dominique | mardi 18 juin 2019 à 20:22
( i )
Je me suis essayé à une appostille pour alléger mon commentaire ...
De Gaulle passa pour être de droite alors qu'il laissa faire des tribunaux illégaux qui assassinèrent des milliers de compatriotes coupables ou non. Puis il déroula le tapis rouge aux communistes dans son gouvernement ; il eut peut être mieux valu une occupation américaine.
Sur ce, des affairistes proches de ses Compagnons de la libération soutinrent longtemps les partis (changeant l'enseigne de l’UNR) se réclamant du gaullisme. Jusqu'à ce président karcher.
La soupe gaullienne fut longtemps bonne pour les élus aux municipales, cantonales, et parlementaires, sans qu'il leur soit nécessaire d’être de la vraie droite. C'est pourquoi la diabolisation de JM Lepen fut si facile ( il n'y eut qu'un seul Charles Millon.)
Et le suffrage universel de la Vème constitution - auquel je suis opposé pour élire président, et députés dans la foulée - permet encore d'emballer n'importe qui comme un paquet cadeaux : "demain ce sera mieux" !
Pompidou, premier président rothschildien abandonna le privilège de la Banque de France, pour doter lrs baques, et il avait fait céder le pays - dans les faits - à mai 68 : cet homme là non plus n’était pas de droite à mon avis.
Giscard aussi se dit de droite alors qu'il voulut imposer la décroissance du Club de Rome, et comme vous le mentionnez il démarra l'augmentation des charges étatiques. A son seul crédit : Kolvézy.
Mitterrand reçut la Francisque de l’État français confié au maréchal de France Philippe Pétain, et se présenta néanmoins comme étant de gauche, pour assouvir son ego et briguer la présidence ! Il réussit grâce au suffrage universel à mon avis. Le parti communiste fit le reste.
Sa gauche représentait et représente toujours le collectivisme, ennemi de la liberté, de la responsabilité, et de la propriété.
Le président corrézien endossa les vêtements gaullistes pour plaire aux électeurs, mais fit une politique sociale très à gauche, et immigrationniste en allongrant la foulée de Mitterrand. Voilà donc une double présidence de droite ... à gauche avec envol des charges sociales et des impôts confiscatoires.
Le président au karcher inaugura en plus la pratique des reniements nationaux, obéissant aux maîtres du monde de plus en plus pressants. Mais il reste classé à droite.
Enfin l'actuel occupant de l'Elysée mit successivement tous les costumes possibles, en peu de temps, y compris celui de sainte Jeanne pour attirer des lecteurs de droite et catholiques. Il continue en bon caméléon : rouge, vert, gauches, droites, centres. A la soirée de la musique de l'Elysée (idem à Matignon) ce sera Rn'b etc. exclusivement des chanteuses noires. Toutes les voix sont bonnes !
Il avait déclaré pendant sa campagne : “le programme on s'en fiche, ce qui compte c'est la vision.“ La tyrannie des maitres du monde ( le C.F.R des deux empires bancaires mondiaux ) n'a plus besoin en France de partis : elle en crée un en tant que de besoin !
Les droites n'existent plus. Le RN est patriote mais pas libéral pour un sous.
Ce sont des faits il me semble.
Rédigé par : Dominique | mardi 18 juin 2019 à 21:22
Le site de l'Aleps est conseillé par JG M dans la blogueliste. Je ne résiste pas à reporter un avis de J. Garello sur L. Wauquiez - énarque, après une prestation télévisée en janvier 2018, il y a plus d'un an et que j'ai découvert ce soir.
Voici la conclusion de l'économiste libéral et chrétien :
"Le bilan intellectuel, même ambigu, est gravement négatif, et peu de libéraux y auront trouvé leur compte. Ce bilan pourra s’améliorer quand Laurent Wauquiez aura appris quelques rudiments de libéralisme. Il est réputé pour apprendre vite. Il doit se presser : les élections européennes arrivent. Voter à droite, cela ne signifie rien – sinon le rejet de la gauche. Un jour peut-être Laurent Wauquiez nous invitera au vote libéral : c’est la seule voie pour les Français et la France."
Son analyse complète :
http://www.libres.org/actualite/4146-laurent-wauquiez--le-meilleur-et-le-pire.html
Rédigé par : Dominique | mercredi 19 juin 2019 à 00:29
Dans cette revue de la Vème j'ai carrément oublié l'occupant hollandais de l'Élysée. Oubli significatif de ce président "normal" qui s'avéra nul et malfaisant.
Le passeur de l'illusion de la démocratie à la réalité de la tyrannie.
Rédigé par : Dominique | mercredi 19 juin 2019 à 17:18