Personne ne saurait douter du caractère utopiste de l'Écologisme érigeant la défense de l'environnement en secte politique. Personne ne devrait ignorer non plus l'évolution de toutes les utopies et de toutes les sectes vers les dérives totalitaires. Deux d'entre elles au moins ont endeuillé le XXe siècle. Une troisième, réactivant l'islamo-terrorisme, ensanglante le XXIe siècle depuis 2001.
Un des tournants les plus marquants de mon parcours intellectuel s'est effectué sans tambours ni trompettes, sans haine et sans violence, en 1991. L'Union soviétique venait de s'effondrer, dans la mare d'un sang noirci par 70 ans de dictature, de crasse et de pollution. Nous nous sommes retrouvés réunis autour de Jean Ferré pour évoquer la fin du régime communiste. Participait à cet entretien, ce jour-là, le physicien Georges Lochak[1]. Or, celui-ci, loin de se contenter platement de se joindre aux applaudissements universels du moment, formulait un vœu, dont manifestement il doutait de voir l'accomplissement immédiat : "je voudrais espérer, disait-il, la fin de l'Utopie".
Tel demeure bel et bien, aujourd'hui plus que jamais, l'enjeu : le marxisme se voulait scientifique. Et le Manifeste publié en 1848 brocarde ce qu'il appelle le socialisme utopique. Ce courant, influencé par l'humanisme et par le christianisme, l'avait précédé dans la première partie du XIXe siècle. Il avait été incarné par Robert Owen (1771-1858) en Grande-Bretagne, Claude-Henry de Saint-Simon (1801-1850), Charles Fourier (1772-1837), ou Étienne Cabet (1778-1856) en France.
En réalité, au fond de sa pensée Marx rejoignait les rêves utopistes de Fourier et de Cabet qu'il appelle les socialistes français[2].
Mais, en compagnie de son camarade et bienfaiteur Engels, prétendait raisonner de manière dialectique, sur une base qui se revendiquait du matérialisme historique et de l'économie politique. En gros, pour tous ceux qui, à bon droit, se sont dispensés de cette lecture, son propos consiste à vanter, tout au long de l'Histoire humaine les conséquences du progrès technique, lequel est supposé engendrer l'évolution sociale à partir des rapports de production.
Successivement l'irrigation, le collier de cheval, le moulin à vent, la machine à vapeur, etc. supposés déterminer les avènements de la monarchie orientale, de la féodalité, de la démocratie bourgeoise. Demain peut-être nous tâterons des impacts de la voiture électrique, de l'énergie éolienne ou du thermomix sur les rapports familiaux ou plus largement politiques etc.
Ne nions certes pas, a priori, que les progrès de la médecine, l'allongement de la vie humaine, la multiplication des générations, risquent de bouleverser, non seulement les données démographiques dans le monde, mais aussi les conceptions économiques, le droit de propriété, l'épargne, le mythe des retraites, etc.
Mais, contrairement aux rêves et aux discours des partisans de l'Utopie, de toutes les utopies, l'homme lui-même ne changera pas.
Au-delà des analyses du contenu détaillé du discours de politique générale prononcé ce 12 juin par le premier ministre, il semble dès lors utile de revenir sur la soi-disant priorité climatique invoquée par le gouvernement.
Celle-ci s'inscrit en effet, aussi surprenant que cela puisse sembler dans le contexte d'un gouvernement d'essence centriste, dans la foulée de l'Utopie la plus totalitaire, plus radicale encore, avant même d'avoir pu réaliser son programme, que ses devancières marxistes et nationales socialistes. La seule différence réside dans le fait que les précédentes ont exercé le pouvoir, et montré la réalité de leur programme. La troisième dans l'espace de temps où elle contrôla un territoire considéré comme État islamique, à Rakka ou à Tombouctou
Ce 12 juin Drieu Godefredi donnait à cet égard une passionnante conférence sur le thème de son livre "L'écologisme nouveau totalitarisme.[3]"
L'auteur et conférencier écarta d'abord l'argument, bien connu et mal venu en la circonstance, du caractère unique de l'hitlérisme. Ce refrain est supposé éliminatoire de toute comparaison avec le stalinisme ou avec l'islamo-totalitarisme. Une fois réfutée cette erreur de parallaxe, notre orateur rappelle les progrès, si l'on ose dire, dans les interdictions.
Dans la réalité concrète des totalitarismes, certaines commodités de l'existence se trouvent freinées : en Union soviétique, par exemple, il fallait attendre un an pour acquérir une voiture de mauvaise qualité
Dans le discours des Khmers verts, il s'agirait en effet, d'interdire les véhicules individuels et tout ce qui déplaît à ceux qui posent la fameuse urgence climatique de partir en guerre contre le Co2.
À un tel titre l'Utopie écologiste entend combattre aussi bien les voyages aériens, la consommation de viande, la voiture, la possession des animaux de compagnie et même la procréation : cette dernière freine, comme les nouveaux bien-pensants nous le rappellent désormais, l’accueil des migrants, eux-mêmes futurs réfugiés climatiques.
L'écologisme ne fait donc pas seulement fonction d'utopie totalitaire intrinsèque à une sorte de "centrisme". Contrairement à ses concurrentes, elle risque moins de s'emparer du pouvoir que de constituer l'aile marchante et le parti charnière des majorités futures. À défaut de pouvoir interdire les nuisances qu'elle dénonce, elle justifie de les fiscaliser.
Contribuer, sans nécessairement diriger les gouvernements, à augmenter encore les impôts, et à légitimer le surcroît des règlements étatistes : voilà la vraie fonction de nos Khmers verts.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1] Auteur de "L'Objet quantique", 1989, ed. Flammarion.
[2] Très rapidement il prit, au contraire, Proudhon en haine. Leur correspondance est à cet égard prophétique.
[3] Auteur de "L'Écologisme, nouveau totalitarisme ?" 2019 ed. Texquis.
Comme naguère avec le Parti Socialiste, le bon score de EELV s'explique par un transfert de voix de LREM vers ces cosmopolites verdâtres.
Quand les "Verts" montaient (en général aux Européennes) le PS baissait, puis remontait à l'élection suivante au détriment des premiers qui retrouvaient leur habituel petit score.
On peut donc sans problème additionner LREM et EELV et les mettre dans la "macronie" cosmopolite.
Je conseille à ceux qui s'intéressent au socialisme français authentique la lecture de l'excellent ouvrage de Robert Aron "Le socialisme français face au marxisme" (éditions Grasset; sans doute épuisé mais probablement disponible en occasion).
Rédigé par : RR | dimanche 16 juin 2019 à 18:59
Ravi de vous voire ajuster, dans votre ligne de visée, cet autre totalitarisme, pas moins menaçant que les trois autres.
L'utopie écologique est une manifestation de plus de la pulsion suicidaire de l'Occident.
Et effectivement, il y a une funeste tendance, à "l'extrême-droite", actuellement, de ressusciter le socialisme utopique français, parfois sous couvert de "doctrine sociale de l'Eglise". A tel point que certains écrits "royalistes" se distinguent fort peu du verbiage marxiste.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 16 juin 2019 à 20:10
Vous avez tout dit. Ces Khmers verts sont des idiots et ceux qui les manipulent, des criminels.
L'activité humaine peut elle avoir un effet sur le climat : NON. Les variations des explosions de l'astre solaire : oui.
Le Co2 peut il augmenter la température de l'atmosphère : NON ( c'est le contraire. ) Or en 2022, l'occupant de l'Elysée veut taxer - toujours ces taxes - la brave molécule à 100 € la tonne !
Délirant et criminel : il assassine ce qui reste de notre industrie ( cf. l'avertissement de M. Tabarès le patron de Peugeot.) La Cop21 condamnerait de même les pays en voie de développement si elle y était appliquée. Heureusement elle est mort-née.
Chaque personne censée qui lit les livres ( dont un aux éditions du Trident ) et les publications scientifiques via internet sait qu'il n'y a pas de réchauffement. Au contraire notre planète est entrée dans une période de refroidissement.
Les maîtres du monde ont fait jouer - depuis longtemps - aux faux-écolos le rôle d'idiots utiles pour leurs banques, qui achètent et revendent les “droits à décarboner”. Bercy a vu une poule aux oeufs d'or dans le brave Co2 diabolisé et prend une partie (seulement) du vol.
C'est donc une histoire de gros sous. Comme les éoliennes, les panneaux solaires, très polluants, très coûteux et très inefficaces.
Avec en France, des règlementations d’état pour nous contraindre ils nous empêchent de vivre normalement. D'où le massacre des innocents Gilets Jaunes.
C'est tragique.
Ce qui n'empêche pas l'occupant du palais Matignon d'en rire : il s'engageait en effet dans son discours… à supprimer l'usage des gobelets en plastique dans les administrations. Risible.
Leur mensonge du réchauffisme fera long feu. La voiture Obama électrique a fait un bide aux USA ; la RPC vient d'annoncer l'abandon de l’auto tout électricité pour miser sur l’hydrogène.
En France il leur faudra inventer un autre mensonge… jusqu'à la chute finale ?
Rédigé par : Dominique | dimanche 16 juin 2019 à 21:30
JG Malliarakis, qd vs retrouverons ns sur RC? Vs manquez à la radio, souvenir de votre voix et communion de pensée
Rédigé par : Leveel Bernard | dimanche 16 juin 2019 à 21:42
"Et effectivement, il y a une funeste tendance, à "l'extrême-droite", actuellement, de ressusciter le socialisme utopique français, parfois sous couvert de "doctrine sociale de l'Eglise"."
S'il ne saurait être question de reprendre à notre compte le socialisme français (illustré par Proudhon notamment) dans sa globalité, on ne saurait ignorer certaines de ses analyses et de ses propositions (par exemple l'intéressement et la participation).
Quant à la Doctrine sociale de l'Église (qui a fortement inspiré le fameux "MPS" (Manifeste Politique et Social) du Colonel Château-Jobert - un des très rares haut gradé de l'Armée à avoir produit un travail de réflexion politique) elle n'est nullement non plus à rejeter en bloc, il faut simplement pragmatiquement faire la part des choses.
Rédigé par : RR | lundi 17 juin 2019 à 03:42
@ Robert Marchenoir
"A tel point que certains écrits "royalistes" se distinguent fort peu du verbiage marxiste."
Pourquoi ces guillemets à royalistes ? C'est vous maintenant qui décidez qui l'est véritablement et qui ne l'est pas ?
(je ne suis pas royaliste en ce qui me concerne)
Rédigé par : RR | lundi 17 juin 2019 à 03:49
Nouveau crime, nouveau châtiment!
Rédigé par : minvielle | lundi 17 juin 2019 à 13:20
Changement de couleur.
A mon avis les Khmers sont venus - comme l'indique le nom que leur donne notre chroniqueur - de la gauche, et se sont déguisés en vert. Le programme climatique est d'autant plus facile à enfourcher qu'il est répété sans cesse par les médias dominants. Et une fois élus, ils continuent de nuire comme avant : à gauche toute.
Rédigé par : Dominique | lundi 17 juin 2019 à 14:14
@ RR | lundi 17 juin 2019 à 03:49
"A tel point que certains écrits "royalistes" se distinguent fort peu du verbiage marxiste."
Pourquoi ces guillemets à royalistes ? C'est vous maintenant qui décidez qui l'est véritablement et qui ne l'est pas ? (je ne suis pas royaliste en ce qui me concerne)
***
Oui. C'est moi le chef du monde et de ses environs. Vous ne le saviez pas ?
Votre nombrilisme est fatigant. On peut évoquer des situations générales sans faire allusion à vous. Inutile de la ramener sans cesse.
Dans la langue française, les guillemets sont utilisés avec différentes significations. Les lecteurs ayant reçu une instruction minimum comprennent spontanément la signification qui s'impose, suivant le contexte.
Ici, les guillemets affectés au mot royaliste ont deux significations : premièrement, ils désignent des personnes qui se définissent elles-mêmes comme royalistes. Deuxièmement, ils désignent des personnes qui se définissent à tort, abusivement, de façon mensongère comme royalistes.
Ainsi que la phrase elle-même l'indique de façon évidente : si certains écrits royalistes se distinguent fort peu du verbiage marxiste, c'est à l'évidence qu'ils ne sont pas vraiment royalistes.
Quant à "décider" de ce qui est royaliste de ce qui ne l'est pas, oui, "c'est à moi de le faire", comme vous dites avec une mauvaise foi à trancher les montagnes.
C'est un truc, vous ne pouvez pas comprendre, ça s'appelle la liberté de pensée et d'expression. Mais en tant que crypto-marxiste, je comprends tout à fait que cela vous échappe.
Il semble vous échapper que le fait, pour moi, d'exprimer mon opinion, n'induise nullement l'impossibilité, pour autrui, d'exprimer des opinions différentes. Bien au contraire.
Mais comme tout bon communiste (malgré votre posture de gros facho poilu), vous mettez la vérité sur la tête, et vous prétendez que le simple fait d'exprimer une opinion qui, apparemment, vous déplaît, équivaut à brider les opinions des autres.
Il est difficile de mentir de façon plus outrancière. C'est vous qui tentez de faire taire les opinions contraires, pas moi. Ainsi que le prouve cette autre citation de vous :
RR | lundi 17 juin 2019 à 03:42
"S'il ne saurait être question de reprendre à notre compte le socialisme français dans sa globalité..."
A votre compte ? C'est à dire ? A nous, RR, Roy de Frônce ? A nous, Parti Communiste Reconstitué sous une défroque d'extrême-droite, qui seuls avons le droit de faire la pluie et le beau temps dans le pays ?
Et c'est vous qui me reprochez de "décider maintenant qui est royaliste et qui ne l'est pas" ? Ça vous dérangerait de dire "je", quand vous exprimez votre opinion, et uniquement votre opinion ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 17 juin 2019 à 18:58
@ Leveel Bernard
"JG Malliarakis, qd vs retrouverons ns sur RC? Vs manquez à la radio, souvenir de votre voix et communion de pensée"
Ça remonte à loin, ça !
C'était l'époque des heures de gloire de cette radio dirigée par le regretté Serge de Beketch (ça me rappelle des souvenirs, le décadaire, la place Franz Liszt, le chien dans l'escalier,...).
Ça a bien changé depuis.
Je n'écoute plus cette radio depuis longtemps (même s'il s'y dit certainement encore des choses intéressantes de temps à autre).
Il aurait peut être fallu en faire une radio un peu moins conservatrice et parler un peu plus social.
Petite réponse
Point factuel : Serge de Beketch n'a jamais "dirigé" cette antenne.
Rédigé par : RR | mardi 18 juin 2019 à 01:03
"Petite réponse
Point factuel : Serge de Beketch n'a jamais "dirigé" cette antenne."
Oui, j'ai fais une confusion due au fait que comme beaucoup, son Libre journal était en général la seule émission que je suivais régulièrement.
Rédigé par : RR | mardi 18 juin 2019 à 14:07
@ Robert Marchenoir
Je sais bien que le terme royalistes placé entre guillemets ne s'adressait pas à moi puisque j'ai déjà dis maintes fois que je ne l'étais en aucune façon; si je l'ai une nouvelle fois précisé à la fin du message, c'était pour d'éventuels lecteurs n'ayant pas lu mes messages précédents. En revanche, j'ai de fortes raisons (un de vos précédents messages) de penser que vous visez entre autre Bertrand Renouvin. Et là, je trouve ça très malvenu étant donné le passé et le présent militant de cet homme au service de cette cause, d'autant plus que visiblement il n'a pas connaissance de vos messages et donc ne peut pas y répondre.
"votre posture de gros facho poilu"
Merci de ne pas tomber dans des expressions aussi vulgaires et désagréables. Traitez moi de fasciste si vous voulez (même si j'ai déjà dis que le fascisme était daté et de fait qu'on ne saurait s'en réclamer), aucun problème, mais tout de même un peu de tenue !
Rédigé par : RR | mardi 18 juin 2019 à 14:32