Annoncé dans son discours de politique générale par Édouard Philippe le 12 juin, le projet de sauvetage de l'Unedic fâche sur plusieurs points. L'irritation à ce sujet se propage dans les classes moyennes, au sein de l'opposition et en particulier chez les cadres. Leur vieille centrale usée CFE-CGT s'est même associée à la CGT pour une campagne de pétition, aux résultats jusqu'ici modestes : 7 000 signatures en une semaine.
Deux idées semblent essentielles à la nouvelle tentative de redresser les comptes de l'assurance chômage :
- l'institution d'un malus frappant en particulier les secteurs corporatifs aux activités saisonnières. Leurs entreprises sont accusées de créer de la précarité alors que les deux principaux employeurs de contrats à durée déterminée, en France, s'appellent tout simplement La Poste et l'Éducation Nationale, en raison précisément du statut, dont bénéficient les titulaires.
- le second tend à plafonner les indemnités, ceci frappant la masse des cadres lesquelles cotisent pour quelque 45 % des ressources, tout en ne percevant en retour que 17 %.
Le troisième point : celui de la dégressivité des allocations. Réclamée de longue date par le MEDEF, l'idée est évidemment très inégalement appréciée. Elle tend, elle aussi, à un alignement, jugé insupportable voire ultralibéral, sur ce qui existe à l'Étranger.
Ajoutons que l'incorporation des travailleurs indépendants au régime de l'assurance chômage, promesse du candidat Macron en 2017 semble par définition absurde dans le contexte actuel.
Depuis 20 ans les finances de l'assurance chômage monopoliste, gérée par l'Unedic depuis 1958, ressemblent à ceux d'une entreprise en faillite.
À un détail près : cet organisme a été institué, par l'État, sous la forme d'une association selon la loi française de 1901. Ne disposant d'aucun actif, elle est aujourd’hui grevée d'un passif de 35 milliards d'euros. Celui-ci n'a cessé de s'alourdir avec les années.
Comme beaucoup d'autres, hélas, son endettement se trouve conditionné par une garantie de l'État. L'intervention des technocrates de Bercy, cornacs des budgets publics, est donc devenue au fil des années plus prégnante, plombée elle-même par l'omniscience arrogante qu'on leur connaît. Ce sont donc de plus en plus les ministres, en qualité de communicants de leurs administrations auprès du public, dont on écoute les interventions, et dont les commentateurs agréés dissèquent les oukases.
Avec les retraites complémentaires du système Agirc-Arrco, le chômage demeure cependant, en théorie, l'un des deux derniers bastions de la gestion paritaire mise en place entre 1936 et 1945, et progressivement démolie.
Plusieurs décisions et réformettes sont intervenues, au gré de 60 ans d'évolution de la société française, 60 ans d'alourdissement des réseaux de technocrates, 60 ans de fermetures d'usine, 60 ans d'importation de main-d’œuvre, puis de regroupement familial des immigrés, 60 ans d'échecs et de dégringolade du système éducatif, mais aussi 60 ans de mondialisation de la fabrication, 60 ans d'intégration commerciale et financière européenne, etc.
Au total, après 60 ans de fonctionnement de ce monopole, aussi bien le regard sur la question de l'emploi que les courbes des demandes non satisfaites ont totalement changé.
Mes souvenirs d'étudiant en économie puis d’économiste d’entreprise feraient sourire, 60 ans plus tard : on proclamait alors, et ceci, en gros, jusqu’au choc pétrolier de 1973 pour fixer une date, que le taux de chômage s'il dépassait 3 % provoquerait une explosion sociale.
Au moment où nous traçons ces lignes, le site de l'ancienne Agence nationale pour l'emploi, devenue Pôle emploi, titre sur sa page d'accueil : 688 186 offres d'emploi disponibles.
En 2008, en effet, le gouvernement Fillon fusionne l'ancienne ANPE et les Assédic. Cet établissement public à caractère administratif, est désormais considéré comme chargé de l'emploi en France, c'est-à-dire, massivement de faire avancer l'embauche.
Cette démarche tend à marginaliser un peu plus les filières traditionnelles de l'apprentissage et du recrutement direct des entreprises et à sous-estimer l'apport des 1 300 000 autoentrepreneurs.
Pôle emploi dispose de moyens beaucoup plus importants que ses devancières. Son budget qui se chiffrait à 1,3 milliard d'euros en 2012 est passé à 5,7 milliards d’euros en 2016. Dans les comptes de l'Unedic le débat existe de savoir si cette mission de placement doit être prise en charge par l'assurance chômage. Les administrateurs du système font remarquer que son coût avoisine ou dépasse celui du déficit.
En 2018, on découvre qu'il a été versé en 2017 un milliard d'euros en trop aux demandeurs d'emploi. Une nouvelle réforme est donc mise en œuvre durant l'été. On évalue entre 4 et 8 milliards supplémentaires les promesses présidentielles. En novembre 2018, 29 % des agents de Pôle Emploi se mettent en grève contre la suppression prévue de 800 emplois.
On a entrepris de rogner sur les abus du système, et plus seulement ceux du généreux régime des intermittents du spectacle.
En janvier 2019 un décret sanctionne les refus successifs d'offres raisonnables d'emploi. Il fait suite au contrôle des chômeurs. Les syndicats protestent. Ils dénoncent une précarisation rampante des demandeurs d'emploi.
Quand en ce beau mois de juin, Édouard Philippe, le 12, puis Mme Pénicaud, le 18, annoncent à la fois une réforme de l'assurance-chômage et le recrutement à venir de plus de 1 000 nouveaux collaborateurs à Pôle Emploi, le mécontentement fuse.
Il ne s'arrêtera qu'avec la suppression de ce monopole archaïque, et le retour à des assurances contre la perte d'emploi, conçues sur une base professionnelle, libre, régionalisée et concurrentielle.
JG Malliarakis
Pour recevoir en temps réel les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à
[email protected]
Pôle emploi - organisme administratif gêne les libres recherches des employeurs et des employés privés ou non d'emploi.
Et Philippe-Macron agravent le collectivisme et signent un plan habituel de Bercy : prendre plus pour donner moins. Au lieu de s'inspirer de systèmes à l'étranger.
Misères de l'anti-libéralisme.
Vous nous apprenez aussi l' incorporation de force, contre nature, des indépendants (commerçants, artisans, professions libérales, gérants majoritaires) dans ce système collectiviste. Ce sera une atteinte supplémentaire à leur liberté, puisqu'ils peuvent souscrire des assurances privées.
Et une cause de plus de faillites : le poids de leurs charges sociales atteint déjà 50% de leur bénéfice net ! Un indépendant qui gagne 20.000 aura payé 10.000 de charges sociales ( hors impôts et taxes et avant Irpp ). Pour un gain net de 50.000 : 25.000 de charges sociales ! Pour les mêmes prestations de médecine et de retraite a minima.
Tyrannie.
Une idée recueillerait leur admiration certainement : fonctionnariser tous les employés du secteur privé, les privés d'emplois, et les indépendants ! Et hop disparition du chômage ! Trop occupés à faire le beau, ils n'y ont sans doute pas pensé.
En fait je pense qu'ils s'en fichent. L'important ce sont leurs prébendes.
Trahison.
Rédigé par : Dominique | mercredi 19 juin 2019 à 16:31
Mêmr l'IFRAP reste dans une optique étatique au lieu de proposer - concrêtement - un système libéral :
https://www.contrepoints.org/2012/08/03/92620-pole-emploi-une-etude-de-lifrap-revele-le-cout-de-son-inefficacite
https://www.ifrap.org/emploi-et-politiques-sociales/pourquoi-il-faut-regionaliser-pole-emploi
Rédigé par : Dominique | mercredi 19 juin 2019 à 17:30
Le Lexique de l'ALEPS présente à travers ses lignes les solutions pour l'emploi dans l'économie libérales. En complément et évidemment à l'appui de votre chronique.
Dans : chômage - embauche - relance - et offre.
Avec un coup de chapeau à Margaret Thatcher - la Dame de fer qui a sauvé les Britanniques.
http://www.libres.org/abecedaire/Glossaire-1/C/
Rédigé par : Dominique | mercredi 19 juin 2019 à 17:52
simplement: bien vu et dit.
Rédigé par : Laurent Worms | mercredi 19 juin 2019 à 20:19
Il ne s'arrêtera qu'avec la suppression de ce monopole archaïque, et le retour à des assurances contre la perte d'emploi, conçues sur une base professionnelle, libre, régionalisée et concurrentielle
Oh que oui. Et la fin du système parasitaire des intermittents du spectacle, mais nous n'en prenons pas le chemin.
Rédigé par : Christiane CHAVANE | mercredi 19 juin 2019 à 20:56
Une précédente chronique faisait allusion à la CGC. La dérive de cette dernière méritait mieux. Elle illustre les difficultés de la Droite à maintenir son cap. La CGC d'Andre Malterre (1909-1985) a peu à voir avec celle du bonapartiste Paul Marchelli (1933-2016), agitateur dévoué au RPR et ami de Jacques Chirac. La CGC décide alors de renier sa spécificité pour "s'ouvrir" . Le terme "encadrement" est substitué à celui de "cadre". Les mots...
Rédigé par : LOTHAR | vendredi 21 juin 2019 à 13:43