L'auteur de ces lignes n'ignore pas que la grande majorité des ressortissants de l'Hexagone éprouvent, sans doute depuis des siècles, une grande réticence, que lui-même ne partage pas, vis-à-vis de l'Angleterre…
N'empêche qu'elle nous donne, une fois de plus matière à réfléchir sur le fonctionnement des institutions démocratiques. Elle en a tracé, au cours des siècles, l'un des principaux modèles. Churchill le désignait pour "le pire de tous, à l'exception de tous les autres, le régime parlementaire".
Ainsi ce Royaume nous a-t-il surpris, et nous surprend encore, par le résultat imprévu de son référendum de 2016 sur l'appartenance à l'Union européenne. Cette procédure consultative, sans valeur législative en théorie, n'en finit pas, en pratique depuis 3 ans, de faire des vagues.
Mais les difficultés du Brexit ne se comprennent pas sans référence à l'évolution du système bi partisan et aux mécanismes civiques si particuliers de ce pays aux campagnes si poétiques.
Un exemple nouveau vient de nous en être délivré.
Ça a commencé par une perte pour la démocratie britannique. La charmante Fiona Onasanya ne siégera plus à la chambre des Communes. La nouvelle était tombée, brutale, le 1er mai, à la suite d'une pétition révocatoire signée par 19 261 électeurs de Peterborough, soit 27,6 % des citoyens majeurs de cette ville de 180 000 habitants. Cette procédure n'a été introduite qu'en 2015. Elle permet désormais d'invalider un député par un référendum local demandé par 10 % de ses électeurs.
Compte tenu du scandale qui avait conduit à cette révocation, les tories comptaient bien reprendre ce siège.
Fiona Onasanya n'était pas n'importe qui. Née à Cambridge en 1983, elle avait été élue en 2017, avec une majorité de seulement 607 voix dans une circonscription tenue par les conservateurs depuis plus de 15 ans. Elle avait été nommée whip[1]du groupe travailliste et secrétaire privée du shadowministre de la Défense Nia Griffith.
Dans des affaires banales d'excès de vitesse en 2017 et 2018, et d'accidents de la route, cette avocate de 35 ans, avait cru, ridiculement, pouvoir plaider que quelqu'un d'autre conduisait sa voiture. Complètement déshonorée, elle avait été condamnée pour entrave à l'exercice de la justice.
D'abord exclue du groupe travailliste, elle a continué à siéger et à voter, y compris dans les scrutins très serrés autour des accords négociés entre Thérésa May et l'Union européenne.
Et, dans le contexte local, depuis le scrutin du 26 mai, le parti du brexit de Nigel Farage, avait, aux dires des commentateurs agréés, le vent en poupe, puisqu'il était arrivé en tête au plan national, avec 31,6 % des suffrages et, dans la circonscription de Peterborough, 16 200 voix soit deux fois les 7 300 du score du Labour[2] : 38 % des suffrages, plus que la moyenne nationale, largement devant les 17 % des travaillistes, les 15 % pro-EU des lib-dem, et les 11 %, à égalité, des conservateurs et des verts.
Nigel Farage était dès lors convaincu de pouvoir renverser le système bi partisan qui prévaut au Royaume-Uni depuis la fin du XVIIe siècle."Notre establishment politique a été mortifié", avait-il ainsi déclaré en investissant son candidat. "Mais d'une certaine façon, ce qui va se passer ici jeudi est encore plus grand": ce sera "l'occasion d'écrire le prochain chapitre de cette grande histoire", avait-il ajouté au sujet de l'élection partielle de Peterborough.
Sa position locale semblait d'autant plus forte qu'en 2016 la ville avait voté à 61 % pour quitter l'Union européenne.
Or, contrairement à toutes les prévisions, le nouveau parti s’est incliné le 7 juin face à son adversaire travailliste à l’issue du vote, échouant ainsi, une fois encore, à remporter un premier siège au Parlement britannique.
Son poulain Mike Greene était un entrepreneur local. Il n'est arrivé qu'en deuxième position, avec 29 % des voix, derrière le Labour, qui a obtenu environ 31 % des suffrages. Le parti travailliste, pourtant en déclin à Peterborough, donné perdant, parvient ainsi à conserver son siège à Westminster. Il reste la principale force d’opposition. Les conservateurs obtiennent 21 % des voix, les libéraux-démocrates 12 %.
Cette affaire qui semblait gagnée d'avance, mais Farage a perdu.
Chaque scrutin en démocratie fonctionne séparément.
Je sais que les lois de la pesanteur formulées par Isaac Newton, ne traversent pas plus la Manche que le nuage de Tchernobyll n'a osé violer la frontière du Rhin.
Mais je me demande quand même si tous nos très compétents experts politologues, sondeurs et prévisionnistes, ne gagneraient pas à réfléchir aux similitudes possibles entre le Royaume dés-Uni d'outre-Manche et notre république une et indivisible.
JG Malliarakis
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Apostilles
[1]Dans les pays anglo-saxons, lewhip(=fouet, cravache) est le responsable d'un groupe parlementaire veillant à la présence de ses collègues et à leur discipline de vote en fonction des consignes du parti.
[2]cf. "EU election results 2019: This is how Peterborough voted"
Deux livres pour comprendre les institutions britanniques
"Coningsby" par Benjamin Disraëli...
Coningsby par Benjamin Disraëli : Oui ! La direction secrète de l’Europe ! Quelle position ! Mais à quoi bon multiplier les exemples ? L’histoire des héros est l’histoire même de la jeunesse. — Ah ! dit Coningsby, je voudrais être un grand homme ! Paru en 1844, ce récit, sous un agréable habillage romanesque, décrit la re-fondation d’une véritable droite en Angleterre, après le bouleversement considérable introduit par la Réforme électorale de 1832. Au travers du personnage de Coningsby, dans lequel les contemporains identifiaient aisément l'animateur de la Jeune Angleterre [George Smythe], l’auteur exprime la volonté politique des jeunes conservateurs. — L’époque présente ne croit pas aux grands hommes parce qu’elle n’en possède pas. Pourtant l’esprit d’une époque est précisément ce qu’un grand homme peut changer. (...) ••• Un livre de 574 pages 29 euros, port compris, à commander sur le site des Éditions du Trident.
"Les Deux révolutions d'Angleterre" par Edmond Sayous.
Le public français ne dispose trop souvent sur l'Histoire de nos voisins d'outre-Manche que d'informations parcellaires, schématiquement fausses et caricaturales. Le livre très vivant d'Edmond Sayous restitue le XVIIe siècle anglais dans toute sa richesse fondatrice. Il met l'accent sur les questions et les doctrines religieuses et politiques, mais aussi sur l'essor scientifique, les mathématiques, la physique, la pensée expérimentale. Les noms de Hobbes et Milton d'un côté, de Bacon, de Halley ou de Newton de l'autre ne restent pas isolés. Or, le peuple anglais a conquis ses libertés de haute lutte au cours de ses Deux Révolutions qui se sont échelonnées au cours du XVIIe siècle. La première, violente, ressemblait à celle de nos horribles jacobins. Cromwell, sa religiosité en plus, préfigurait Robespierre. La seconde leur apporta une liberté que le peuple français n'a hélas jamais su stabiliser. ••• Un livre de 226 pages au prix de 20 euros ••• à commander sur le site des Éditions du Trident.
Je regrette bien de ne pas avoir déjà lu ces deux ouvrages publiés au Trident. Deux choses me plaisent depuis longtemps chez nos amis british, en plus d'être des Normands et des Vikings.
La première est d'avoir une couronne et non une constitution.
La seconde est de s'être débarassé de la papauté.
Ceci aussi fait que cela va , de loin, mieux chez eux que chez nous, y'a pas photo !
Rédigé par : Dominique | lundi 17 juin 2019 à 20:05
@ Dominique
"cela va , de loin, mieux chez eux [les "british"] que chez nous, y'a pas photo !"
Je regrette, mais je ne vois pas en quoi.
Rédigé par : RR | mardi 18 juin 2019 à 14:50
@RR
Regardez l'indice de liberté économique des pays de la planète que j'ai déjà indiqué ici. La France est classée très loin derrière ces trois pays.
Voir aussi les grands agrégats économiques et financiers et le faible taux de chômage de ces pays dont la GB comparés aux nôtres. Ce dernier point me parait être capital.
;-)
Rédigé par : Dominique | mardi 18 juin 2019 à 21:50
@ Dominique
Pour l'économie, je ne dis pas. Mais pour le reste (qui passe AVANT la question économique) ?
Rédigé par : RR | mercredi 19 juin 2019 à 13:40
@ RR
Eh bien ! pour le reste, les Britanniques aiment la liberté plus que nous. La preuve : l'opposition à l'immigration réunit des hommes politiques de droite comme de gauche. Ils ont voté pour sortir de l'UE, afin de restaurer leur souveraineté, et aussi, au premier chef, pour lutter contre l'immigration.
Leur justice est plus sévère, davantage motivée par le bien public, et n'hésite pas à afficher l'identité des suspects lorsqu'ils sont issus de l'immigration.
L'amour sincère dont bénéficie la famille royale témoigne de la persistance des valeurs traditionnelles.
Les valeurs libérales caractéristiques de l'Angleterre, rétablies par Margaret Thatcher, n'ont pas été remises en cause jusqu'à présent.
Elles sont tellement efficaces, qu'on entend couramment parler français à Londres dans la rue.
La politique étrangère est aussi plus saine que la nôtre. Elle défend de façon plus résolue, moins ambigüe, les valeurs de l'Occident libéral. Elle s'oppose frontalement à Pou-poutine et à sa mafia internationale.
A côté de cela, bien sûr, on peut dérouler une litanie de maux sociaux similaires aux nôtres. Mais la différence existe. Elle est bien là.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 19 juin 2019 à 19:56
@ Robert Marchenoir (et Dominique)
Pour ce qui est de la question migratoire, ils sont au moins
dans la même situation que nous. Et ça ne date pas d'hier, et Margareth Thatcher n'y a rien changé, bien au contraire. Ce n'est pas moi qui l'affirme, ce sont des Anglais qui me l'ont dit.
Quant à la famille royale anglaise, elle est décadente comme toutes les autres. L'avenir n'est pas dans la royauté qui d'ailleurs pour moi ne peut avoir aucune légitimité puisqu'elle n'émane pas du Peuple (et d'ailleurs n'est nullement un rempart contre les maux de nos sociétés contemporaines). Cela dit si les Britanniques veulent conserver ces inutiles, c'est leur droit.
Quant à la politique étrangère du Royaume Uni, elle s'aligne sur celle des États-Unis, elle même émanation des officines mondialistes, au détriment des peuples aussi bien anglais et assimilé (ressortissants de la Couronne) qu'américain.
La seule chose de positif par rapport à chez nous, c'est en effet visiblement (je n'ai pas approfondi) un certain libéralisme. Ce dernier préserve t-il les britanniques de la pression fiscale et d'un monopole de l'État sur l'assurance sociale, l'assurance chômage, les retraites ? Ça je l'ignore; il faudrait voir.
Rédigé par : RR | jeudi 20 juin 2019 à 01:00
Depuis 1998, les magistrats britanniques doivent déclarer leur appartenance aux frères trois points pour prendre leur fonction. De même pour les policiers. C'est fondamental.
En France : un quidam este en justice. Si son adversaire ou l'avocat de son adversaire et le président du tribunal sont FM, alors le plaignant est mort ! Idem dans la police, la politique, les affaires, les ministères, etc.
Exemple :
http://politiquedevie.net/Mafia-democratie/Recusation-Appel-Versailles-Cassation.html
Suite à la suppression en Italie de l'accès des FM à certaines fonctions publiques - dans le cadre de la lutte contre la corruption - la CEDH a interdit la déclaration d'appartenance maçonnique, sur des motifs qui paraissent tenir plus l'opinion politique des juges que du droit.
Rédigé par : Dominique | jeudi 20 juin 2019 à 13:09
@ RR
"Pour ce qui est de la question migratoire, ils sont au moins
dans la même situation que nous."
Ça dépend de ce que vous entendez par là.
Concernant la progression du grand remplacement et de l'islamisation, on peut considérer en effet que le bilan est globalement équivalent. Avec des écarts dans les deux sens.
Sur certains points, la Grande-Bretagne est mieux placée. C'est ainsi qu'en pourcentage de musulmans, elle est probablement en retrait sur nous (il faudrait vérifier).
En termes d'implantation de la charia, elle est probablement dans une situation plus grave (par exemple, les jugements des tribunaux islamiques en matière familiale ont valeur légale depuis fort longtemps).
En matière de criminalité due à l'immigration, Paris ne connaît pas (pas encore ?) l'explosion de meurtres au couteau qui sévit à Londres (essentiellement commis par des Noirs).
En revanche, les agressions systématiques de policiers, de pompiers, de médecins et ainsi de suite, par des bandes issues de l'immigration, sont une spécificité française. De même que l'incendie volontaire de voitures. La police britannique est toujours dépourvue d'armes à feu (à l'exception d'unités spécialisées en petit nombre).
Cependant, les anti-corps sont beaucoup plus forts en Angleterre, comme je l'ai mentionné. L'opposition à l'immigration et à l'islamisation est une opinion légitime dans les milieux politiques, depuis fort longtemps. Les Britanniques n'ont pas le repoussoir du Front national. La justice est plus sévère. La presse ne pratique pas le "prénom modifié". Et ainsi de suite.
On pourrait faire la même remarque pour l'Amérique. Elle est certainement très "en avance" sur le politiquement correct, mais, de façon symétrique, elle dispose d'anti-corps beaucoup plus puissants pour y résister (liberté d'expression, etc.)
Dans un cas comme dans l'autre, la raison est simple : l'Angleterre comme les Etats-Unis ont une tradition démocratique et libérale beaucoup plus forte que la France, laquelle est vouée à l'autoritarisme et aux révolutions.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 21 juin 2019 à 20:20
suite à mon message précédent:
Et qu'en est-il au Royaume Uni pour ce qui est des héritages ?
Y a-t-il des droits de succession dont les héritiers doivent s'acquitter, ce qui n'est rien d'autre qu'un vol pur et simple par l'État de biens honnêtement acquis ?
Rédigé par : RR | vendredi 21 juin 2019 à 22:09
@ Robert Marchenoir
Vos informations recoupent les miennes.
"Elle [l'Amérique] est certainement très "en avance" sur le politiquement correct, mais, de façon symétrique, elle dispose d'anti-corps beaucoup plus puissants pour y résister (liberté d'expression, etc.)
Dans un cas comme dans l'autre, la raison est simple : l'Angleterre comme les Etats-Unis ont une tradition démocratique et libérale beaucoup plus forte que la France, laquelle est vouée à l'autoritarisme et aux révolutions."
C'est certain.
Le totalitarisme jacobin n'a jamais cessé en France.
Rédigé par : RR | vendredi 21 juin 2019 à 22:33
@RR vous oubliez semble-t-il que la France est imprégnée de communisme. L'absence de démocratie et de libéralisme font que la tyrannie y est ainsi devenue possible. Effectivement nous n'avons plus " d'anticorps" comme les Britanniques et les USA. Le terme est approprié. On pourrait dire que la liberté est génétique chez les Britanniques.
Pour la royauté. L'important est que la Reine sache tout. Le premier ministre doit lui rendre compte chaque semaine.
Pour le reste soyons concrets : regardons les chiffres.
Enfin je ne suis pas certain que Londres soit à la botte de Washington. Du fait que le premier groupe financier du monde reste anglais, créateur du Bildenberg et de la Trilatérale. Les noms sont sur le net.
Rédigé par : Dominique | samedi 22 juin 2019 à 01:08
@ Dominique
Bien sûr que la France est imprégnée de communisme (voir mon message dans "Discords franco-allemands"). La tyrannie est ceci dit antérieure au communisme (du moins dans son expression marxiste) puisqu'elle se situe dans l'héritage du Jacobinisme et du Bonapartisme (qui en est une version particulièrement extrémiste).
"Pour la royauté. L'important est que la Reine sache tout. Le premier ministre doit lui rendre compte chaque semaine."
C'est davantage symbolique qu'autre chose (monarchie constitutionnelle). Quoi qu'il en soit, l'institution royale héréditaire est anti-démocratique; au nom de quoi une famille (en l'occurrence la famille royale) devrait-elle avoir un Pouvoir quelconque plus que n'importe quelle famille du Pays ?
Je n'ai pas dit que Londres était sous la botte de Washington, mais que la première s'alignait sur la seconde quant à la politique étrangère dictée par les officines mondialistes (que ces dernières aient été fondées en Angleterre ou aux États-Unis n'a de ce point de vue guère d'importance justement de par la nature mondialiste de l'idéologie qu'elles prônent).
Rédigé par : RR | samedi 22 juin 2019 à 18:19
@RR Ne voyez pas les systèmes politiques qu'à travers des concepts. Il y a les réalités dont il faut tenir compte, et l'histoire. Les royaumes ont existé en Europe et sur des continents où l'on vivait en paix. Pendant longtemps.
Un roi tient parfois sa légimité du Ciel ; ce fut le cas de la France où le roi allait à Reims pour y être oint. Et cela fonctionna fort bien puisque la France fut le plus puissant pays d'Europe et peut être du monde, jusqu'à être renversé par le complot des franc-maçons anglais. La France royale avait ses parlements régionaux. Les dernières guerres (Louis 14 - et il les regretta) ne firent que quelques milliers de morts.
Les britanniques ont mieux évolué, c'est ce qu'explique notre chroniqueur (et éditeur) préféré. La reine et son Parlement exécutent aujourd'hui leurs fonctions dans un système infiniment plus démocratique que le nôtre. Occupant de l'Élysée et ses députés, amenés au pouvoir par des d'élection-bidons, nous devons à ces déplorables institutions et système électoral d'être sous une réelle tyrannie.
Chez nous les Fiona Onasanya sont légion et ils gardent leurs postes !
Une démocratie (réelle) couronnée pour la France. Pourquoi pas ? Lorsque viendra le chaos républicain intégral dans notre malheureux pays, je souhaite que ce symbole puissant nous sauve alors de la guerre civile.
En 1940, président, gouvernement, parlementaires fuyaient Paris, et une honteuse armistice faisait déposer les armes à une armée mal préparée par la faute des politiciens, présidents y compris depuis longtemps. Près de 300.000 y avaient laissé leur vie, pour rien. 2 millions de soldats furent envoyés, prisonniers, vers des pays occupés par le Reich. A leur retour ils ne reçurent pas un franc pour ces 5 années de travail forcé, décidé pourtant par le gouvernement français !
A Londres la famille royale resta, et la reine allait secourir les blessés sous les bombardements allemands. C'est aussi cela la force d'un symbole : par l'exemple, montrer le chemin.
Mais ne croyez pas que la Reine reçoive le Premier ministre pour seulement boire le thé : elle a ses conseillers et le MI6 l'informe. Elle a la durée ; pas d'élections pour elle. Donc pas de possibilité pour les arrivistes d'atteindre le sommet, chez les Britanniques. Cela aussi change tout.
Les Suisses ont un autre système. Jusqu'à peu, Dieu - qui n'est pas un symbole non plus - présidait leur constitution, ce qui les gardait de commettre un crime comme l'euthanasie (assistée). Il y ont perdu à mon avis en modifiant la constitution.
:-)
Rédigé par : Dominique | dimanche 23 juin 2019 à 00:11
@ Dominique
Que la royauté ait été à maints égards bénéfique pour la France, je crois qu'il faudrait être de mauvaise foi pour le contester. Comme l'écrit Bertrand Renouvin dans "La République au Roi dormant", elle s'est ensuite démocratisée (nettement dès Louis XVI - ce qui n'a pas empêché ce dernier d'être assassiné par les révolutionnaires les plus extrémistes). Il n'en reste pas moins - et là je suis en désaccord aussi bien avec vous qu'avec le patron du blog et Bertrand Renouvin - que pour moi il s'agit d'un régime daté.
S'il doit y avoir un Sauveur, celui-ci ne pourra venir que du Peuple et élu par lui en toute légitimité démocratique. On est bien loin à l'heure de la déchristianisation des Français (que je déplore) et d'un pape hérétique de pouvoir envisager une légitimité du Ciel (le souverain temporel n'étant que le Lieutenant du Christ qui est vrai roi de France). La Révolution qui a renversé le roi n'a pas été due à un simple complot de franc maçons. Le patron du blog dans un remarquable cahier doctrinal (que vous ne pouvez hélas pas vous procurer car il est épuisé depuis longtemps) l'a fort bien expliqué, reprenant la thèse d'Emmanuel Beau de Loménie exposée dans "Les responsabilités des dynasties bourgeoises" (lire au moins le tome 1).
Pour ce qui est de la royauté britannique, il n'est pas du tout certain qu'elle puisse se maintenir après Elisabeth II. Si le fascisme est daté, la royauté l'est encore davantage, et encore une fois ne peut aujourd'hui avoir une quelconque légitimité.
Rédigé par : RR | dimanche 23 juin 2019 à 14:27
« À l’origine de toutes les révolutions, il existe la confluence de deux oppositions radicalement différentes. (…) le mécontentement des privilégiés – réaction nobiliaire et oppositions des Parlements dans la France de la fin du XVIIIe siècle en constituent un exemple – se conjugue à celui du peuple dans ses profondeurs. (…)
Toutefois les racines du problème sont en Europe de l’Ouest, et plus précisément dans l’héritage détourné de la révolution française, la première révolution qui souffre de s’être vue accaparée par les profiteurs sanguinaires de la Convention, figés dans les nouveaux privilèges des dynasties bourgeoises. Il n’y a pas sur ce point à revenir sur les travaux décisifs de Beau de Loménie. (…)
(…) Nous devons considérer que si l’Ancien régime a succombé ce n’est pas seulement qu’un complot ait été ourdi contre lui. Des complots, il en existe dans toutes les périodes de l’Histoire : l’État qui ne parvient pas à triompher de la conjuration de quelques sociétés, même secrètes, et de quelques intrigues étrangères, n’est pas capable de défendre la Nation, voilà tout. (…)
En définitive, puisque la révolution s’est déroulée en France avec la violence, les crimes mais aussi l’enthousiasme que l’on sait, reconnaissons qu’il y eut autre chose qu’un complot, car les complots qui réussissent sont autre chose que des complots.
Dans la mesure même où nous constatons, rétrospectivement, que la Société française d’Ancien régime était vermoulue, incapable de se défendre, en proie à des contradictions qu’une dynastie fatiguée n’était plus en mesure de résoudre, nous nous écartons naturellement de la thèse dite du complot.
(…) les loges sont les lieux où se fermentent les idées nouvelles, dont la Révolution est évidemment la fille. (…) Ceci ne saurait être tenu pour une conjuration : d’autres sociétés de pensée auraient pu jouer le même rôle. Les clubs, par exemple, l’ont fait dans les années 1950-70, alors que la Franc-maçonnerie en France était largement démonétisée. D’autre part, il a existé une conjuration européenne : celle de l’Illuminisme. (…)
Un complot bien réel, quoique plus prosaïque, et plus cynique, fut celui fomenté contre la branche ainée par la faction d’Orléans. (…)
Dans sa dimension historique véritable, la Révolution française fut une affirmation biologique du peuple français. Elle est en cela pré-fasciste. (…) Via le risorgimento du XIXème siècle et le garibaldisme, la révolution des chemises noires est la fille légitime de celle des bonnets rouges. »
Cahier Troisième Voie, « La Seconde Révolution française », n°6 (mars-avril 1989)
extraits
Rédigé par : RR | dimanche 23 juin 2019 à 19:36
@ RR merci
Si la révolution française est pré-fasciste, comment en est on arrivé à la suppression des corporations ?
Rédigé par : Dominique | mercredi 26 juin 2019 à 23:41