Pour la grande majorité des Français, la revalorisation des pensions sur la base de l'indice des prix à la consommation devrait aller de soi. On a complètement oublié qu'en 1959 le ministère des Finances entreprit d’interdire les clauses d'indexation pour créer un nouveau franc. La stabilité monétaire ne fut balayée que par la crise de 1968 et les concessions faites à la CGT.
Le rôle irremplaçable des girouettes consiste à nous indiquer le sens du vent. Les perroquets et la plupart des enfants ne font que répéter ce qu'ils entendent dans la bouche des humains et des grandes personnes.
Observons par conséquent les propos d'une revendeuse de la pensée unique, Mme Aurore Bergé. D'abord soutien d'Alain Juppé, elle appartenait à son équipe de campagne lors de la primaire de la droite et du centre de 2016. Auparavant elle avait été formée, ou plutôt formatée, à l'école des cadres de l'UMP, joliment nommée Jeunesses populaires comme s'il s'agissait d'une organisation de masse du parti communiste d'autrefois. En 2017, après le fiasco des primaires, elle rejoignit Emmanuel Macron dans le cadre de la campagne présidentielle de 2017. Elle en fut récompensée aux élections législatives qui suivirent par un siège de députée de la 10e circonscription des Yvelines, dominée depuis 30 ans par la démocratie-chrétienne, Christine Boutin puis Jean-Frédéric Poisson.
À l'Assemblée nationale, on la retrouve membre de la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation.
Or, elle figure également dans l'organigramme du parti de La République en marche[1], en tant que en chargée de la "riposte". Le lecteur se pose peut-être la question : à quoi l'a-t-on chargée de "riposter" ? On va mieux le comprendre à la lecture de ses gazouillis[2]sur son compte twitter :
@auroreberge : "Le gel des pensions de retraite est une mesure de justice sociale. Dans ma circonscription je croise tous les jours des retraités qui prennent 3 repas par jour et parfois même un goûter. Ils doivent faire un effort, ils ont les capacités de le faire[3]".
On retrouve ici la subjectivité sous-jacente à la politique concrète des technocrates. Cette haine liberticide du bourgeois[4]est véhiculée en France depuis des décennies par le monopole idéologique et culturel de la gauche. Et elle est devenue pensée unique, commune aussi bien aux ex-marxistes restés "à gauche" qu'aux ex-banquiers classés "à droite". Pas si difficile donc de satisfaire à la fois les deux "en même temps".
Sur la question des retraites, coca-cola et pepsi-cola se confondent dans leur manière de considérer "la" retraite sous l'angle de l'étatisme, de l'envie et de l'égalitarisme, en tournant le dos à l'épargne personnelle et familiale. Le discours tenu par une Bergé, qui ne l'a pas inventé, va même ici jusqu'à gommer toute référence à des droits individuels, acquis au cours de 40 ans de cotisations. La boucle collectiviste est ainsi bouclée.
On se souviendra que les ministres de la citadelle Bercy, les ralliés venus au secours de la victoire macronienne de 2017, venus précisément du parti LR ont été qualifiés, ou se sont définis eux-mêmes, comme autant de "juppéistes". Cette épithète, si contraire à l'euphonie, convient parfaitement à Mme Bergé. D'ordinaire un tel étiquetage n'est pas exempt de ridicule, dans la mesure où l'emploi légitime d'un adjectif en "iste"requiert une pensée en "isme". Et l'on chercherait vainement les écrits philosophiques du sieur Juppé.
On ne ferait certes pas un gros volume en rassemblant les discours significatifs de ce personnage. En revanche on peut lui reconnaître une certaine continuité dans la nuisance depuis son ascension, dans le sillage de Chirac ; et s'agissant de la protection sociale, plus encore peut-être que dans d'autres domaines, où il est parvint aussi à réaliser d'assez gros dégâts, comme ministre des Affaires étrangères notamment. Il immortalisa en 1995 l'expression "droit dans mes bottes", on rappellera aux jeunes générations qu'il s'agissait alors de son "plan", annoncé en novembre à l'Assemblée nationale. Son caractère réformateur fut abandonné pourtant de jour en jour par lui-même[5]. Seule subsista en février 1996 la mainmise étatique sur la sécurité sociale.
Les conclusions du grand débat tendront-elles à faire de même ? On peut hélas le craindre.
JG Malliarakis
Apostilles
[1]cf. Les responsabilités personnelles sur le site du parti Larem.
[2]Les messages sont appelés touites sur le site twitter: l'anglais to twist devrait se dire en français gazouiller.
[4]cf. L'Insolent du 14 septembre 2010 "La haine liberticide du bourgeois."
[5]on peut lire à ce sujet L'Insolent du 16 janvier 2016 : "Juppé 2016 et son image d’État fort."
"@auroreberge : "Le gel des pensions de retraite est une mesure de justice sociale. Dans ma circonscription je croise tous les jours des retraités qui prennent 3 repas par jour et parfois même un goûter. Ils doivent faire un effort, ils ont les capacités de le faire[3]"."
Non mais c'est dingue d'oser dire ça. C'est faire abstraction qu'il y a repas et repas. Comme si l'on pouvait mettre sur le même plan un repas composé d'un hors d'œuvre + plat de viande ou de poisson au détail + fromage + fruit le tout arrosé de bon vin, avec un autre composé d'un unique plat de pâtes issu d'une boite achetée au supermarché du coin, arrosé d'eau du robinet.
Ces gens-là vivent totalement en dehors du peuple, il s'agit d'une oligarchie autoproclamée d'élites qui est en fait composée de professionnels de la politique bons à strictement rien d'autre et qui ne servent en aucun cas leurs compatriotes dont ils tirent pourtant leurs salaires exorbitants. Nous savons qui sont ceux qui bénéficient de leur compassion.
Rédigé par : RR | samedi 13 avr 2019 à 16:29
Sa déclaration sur le gel est insensée, et effectivement idéologique. Les retraités devraient récupérer leurs versements majorés des intérêts, via des caisses privées.
Envoyons cette juppée-jeunette garder nos frontières pour devenir aquérir mature.
Elle a succédé aux chrétiens et compétents Boutin et Poisson : LaREMacron c'est bien la chute de la France.
La route du Vénézuéla est proche... À gauche toute !
Rédigé par : Dominique | samedi 13 avr 2019 à 16:31
Suite de mon précédent message:
Et d'ailleurs quand bien même tous les repas en question seraient composés de la première formule (ce qui évidemment est malheureusement loin d'être le cas), ils seraient payés pour l'immense majorité d'entre eux avec de l'argent dûment gagné. Bref, comme pour les droits de succession, l'État sous prétexte d'égalitarisme spolie ceux qui travaillent ou ont travaillé.
Oui en effet, c'est la vieille mentalité d'une certaine gauche qui s'est par ailleurs depuis quelques décennies cosmopolitisée. À noter tout de même que les promoteurs de cette politique dégueulasse, parasites dans le sens qu'ils n'apportent rien de positif tout en se sucrant sur le dos des contribuables, ne vont jamais jusqu'à s'appliquer pour eux ce qu'ils préconisent pour les autres. Ils trahissent tous sans vergogne la vraie république (res publica = bien commun) parfaitement définie par Bertrand Renouvin.
Rédigé par : RR | samedi 13 avr 2019 à 17:07
Encore une tête à baffes qu'il faudra redresser à la première occasion : j'aimerais bien savoir combien de fois elle bouffe par jour pour lui proposer de faire un effort.
Rédigé par : FRANCOISE GIRAUD | samedi 13 avr 2019 à 18:19
@ Dominique
"Les retraités devraient récupérer leurs versements majorés des intérêts, via des caisses privées."
Évidemment, mais cela ne pourra arriver que par l'avènement d'un nouveau régime authentiquement démocratique et authentiquement républicain, exempt de tout dogmatisme.
Les Français devront être correctement informés sur les différentes options possibles à propos de protection sociale, retraite, etc. Peut-être alors comprendront-ils que la "solution" étatiste est nuisible et se rangeront ils par un choix tout à fait démocratique sur celles proposées par le patron du blog et exposées notamment dans Pour une libération fiscale (toujours disponible, cliquez sur l'image du livre en question dans la colonne de gauche pour le commander si ce n'est pas déjà chose faite).
Rédigé par : RR | samedi 13 avr 2019 à 18:30
J'avais posé la question sociale à un membre du clan Sarkozy venu tenir une réunion publique près de chez moi. Il osa répondre "c'est ce que nous voulons faire mais avec l'accord de tous les Français"...
Tous sont complices du collectivisme français. De la gauche jusqu'à la droite. Complices aussi des parachutes de retraite doré, et des multiples retraites des politiciens et de fonctionnaires, qui constituent une rupture de l'égalité.
Je pense qu'il faudra un effondrement du système(s) français pour reconstruire sur des bases libérales, c'est à dire de liberté. Répétez sans cesse un mensonge : "le système social que le monde nous envie" et il devient une vérité.
Nous n'avons pas de grands médias libres, et les rares qui sont à la marge sont incompétents sur ces questions. Ils préfèrent la politique c'est plus simple et plus vendeur.
Il faudrait former en faisant lire l'INSOLENT et le livre de G.LANNE aux Ed. du Trident sur la SÉCU. Quand je dis que les Ed. du Trident sont une mine d'or pour comprendre ce qu'est la liberté, c'est très exact.
En France on ne sait pas que la liberté individuelle est une condition de l'économie efficace et juste. Cela devrait être enseigné à tous les niveaux, de l'école à l'université. L'ESCP - EUROPE avait Philippe NÉMO, ce qui était remarquable. Mais une école ne fait pas un pays.
Aux USA des dizaines de "think tanks" font rayonner les oeuvres des grands penseurs libéraux d'hier et d'aujourd'hui, et d'une manière générale la pensée libérale. La société américaine est fondée sur cette conception de la liberté. Et ils ont des medias propres (OANN par exemple).
Des initiatives existent en France cf. la remarquable ALEPS dans la blogueliste, mais aux moyens moins importants.
Rédigé par : Dominique | samedi 13 avr 2019 à 20:45
J'hésite... vous avez bien compris que ce prétendu tweet d'Aurore Bergé sur les trois repas par jour est une invention, forgée par un site parodique ? J'ai failli m'y laisser prendre, et commenter sans suivre le lien...
C'est une parodie qui correspond cependant à un mouvement de fond de l'opinion, toutes tendances politiques confondues, y compris chez certains soi-disant libéraux.
Après la guerre des classes, la guerres des sexes, la guerre des races, nous avons maintenant la guerre des générations.
Il va de soi que, quand bien même la mal nommée retraite par répartition devrait être remplacée par la retraite par capitalisation, quand bien même l'un des grands vices de la première est qu'il n'y a aucun contrat garantissant aux retraités la contrepartie de leurs cotisations (contrairement à la croyance qui soutient la foi en ce régime), la société possède une responsabilité morale de garantir cet engagement aux vieux, qui, contrairement aux jeunes, n'ont plus la possibilité de pourvoir à leur avenir.
Le temps d'assurer, bien sûr, la transition vers une système par capitalisation, seul, à la fois, viable et avantageux pour ses bénéficiaires.
L'arnaque qui se dessine, bien évidemment, c'est que sous prétexte de vertu libérale ("on ne peut plus continuer comme ça, il faut être réaliste"), on fera exactement l'inverse.
Il y aura quelques gesticulations pseudo-libérales pour donner le change, mais non seulement on n'instaurera pas une vraie retraite par capitalisation, mais on tirera le tapis sous les pieds des vieux, en leur diminuant leur pension par tous les moyens.
Spolier les vieux précisément au moment où ils n'ont plus le moyen de se défendre, c'est l'ultime avatar du communisme à la française, qui a toujours besoin de se venger sur une catégorie sociale pour trouver à se nourrir de l'argent gratuit des autres.
Partout, dans tous les bords politiques, on entend dire que les retraités ont eu une vie trop facile, qu'ils en ont trop profité -- et que, par conséquent, il convient de les punir.
Non seulement les prémices sont fausses, non seulement le raisonnement est odieux, mais c'est l'ultime avatar de la déchristianisation de la société.
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 13 avr 2019 à 21:26
Dominique a écrit:
"Je pense qu'il faudra un effondrement du système(s) français pour reconstruire sur des bases libérales, c'est à dire de liberté. Répétez sans cesse un mensonge : "le système social que le monde nous envie" et il devient une vérité."
En effet.
Et il y a bien mensonge sur le système social que le monde nous envie puisqu'aucun pays ne l'adopte !
Rédigé par : RR | dimanche 14 avr 2019 à 02:14
@Dominique- a propos de la presse en France : Le rapport de la Cour des Comptes https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/12-aides-presse-ecrite-Tome-2.pdf vise : « Le secteur de la presse écrite regroupe environ 3 350 entreprises, emploie 59 000 personnes dont 21 000 journalistes, et publie 8 000 titres. Son chiffre d’affaires qui dépassait 10 Md€ en 2000 n'atteint plus aujourd’hui que 7,5 Md€. La dégradation apparente de sa situation s'explique principalement par la diminution de la vente de journaux imprimés : alors qu’il s'élevait en moyenne à 7 milliards au cours de la décennie 1990, le nombre annuel d’exemplaires diffusés est actuellement de 4,3 milliards, tandis que les recettes publicitaires sont passées dans le même temps de 3,8 Md€ à 2,4 Md€. En regard de ces chiffres, le montant total des aides dont bénéficie le secteur est élevé en valeur absolue et représente une part croissante de son chiffre d’affaires.
Selon le périmètre et les conventions retenus, leur montant total en 2017 oscille donc entre 580 M€ (documents budgétaires) et 1,8 Md€, dont un peu moins de 130 M€ d’aides budgétaires directes »
Si je m’arrête à des ratios simples 59.000 / 3.350 = 17,6 personnes par entreprise de presse dont 6,27 journalistes en moyenne ! Les subventions de 580 M€ à 1,8 Mds€ soit 9.830 € à 30.508 € par personne ! Ils n’ont plus besoin de travailler puisqu’il s’agit de l’équivalent d’un salaire.
Rédigé par : goufio | dimanche 14 avr 2019 à 07:56
@ goufio
Impressionnant. Ces subventions maintiennent des journaux qui font partie de " l'État Profond ". Ils produisent les fausses nouvelles qui manipulent les électeurs.
Le journal PRÉSENT ne perçoit pas de subvention : étant le quotidien catholique et de droite.
Rédigé par : Dominique | dimanche 14 avr 2019 à 16:55
@ goufio | dimanche 14 avr 2019 à 07:56
"Si je m’arrête à des ratios simples 59.000 / 3.350 = 17,6 personnes par entreprise de presse dont 6,27 journalistes en moyenne ! Les subventions de 580 M€ à 1,8 Mds€ soit 9.830 € à 30.508 € par personne ! Ils n’ont plus besoin de travailler puisqu’il s’agit de l’équivalent d’un salaire."
Votre calcul est démagogique, et démontre votre illettrisme économique. Il prouve aussi le besoin viscéral de chercher un bouc émissaire : les journalistes. Lesquels finissent par se faire attaquer physiquement, à force de tirades telles que la vôtre.
Votre calcul suppose que les seules dépenses d'une entreprise sont les salaires (plus, à la rigueur, un minuscule pourcentage pour les "frais").
Figurez-vous qu'un quotidien, ou une chaîne de télévision, ont d'énormes dépenses de papier, d'équipement techniques, de services de télécommunications, de déplacements, etc.
Mais non : il faut absolument que vous insinuiez que les journalistes se mettent ces subventions dans la poche, alors que la plupart d'entre eux sont très médiocrement payés -- à l'instar de toutes les professions à la fois intellectuelles, créatives et attirantes. Bien sûr, le bon peuple s'imagine, et fait croire, que tous les journalistes sont payés au même tarif que quelques vedettes de l'écran.
Cela n'est nullement un plaidoyer de ma part en faveur des subventions. En tant que libéral, je suis opposé à toutes les subventions. Celles aux médias comprises.
Je remarque cependant que l'hostilité aux subventions est à géométrie variable, au sein de la gauche comme parmi le réactionnariat. On dénonce beaucoup celles dont bénéficie la presse, on s'indigne beaucoup moins, par exemple, de celles dont bénéficient les "paysans".
D'après le rapport que vous nous citez vous-même, les subventions à la presse écrite s'élèvent à 1,8 milliard (la plus grande partie consistant, non en des subventions à proprement parler, mais en des tarifs postaux préférentiels, des taux fiscaux et sociaux spécifiques, etc.).
Les subventions aux Saints Paysans Français de la Terre qui ne Ment pas s'élèvent à 33 milliards d'euros, soit 100 € par ménage et par mois ! (source IREF). Mais ce chiffre-là, vous ne l'avez lu nulle part, parce que les "paysans" sont une classe protégée par la gauche comme par la droite, par l'extrême-droite comme par l'extrême-gauche.
Cent euros par ménage et par mois... vous vous rendez compte de ce que cela représente, au regard des lamentations des Gilets jaunes sur le prix de l'essence, ou de la différence que représenterait, sur le budget alimentation, la différence entre la TVA actuelle à 5 %, et celle à 0 % qu'ils réclament ?
Mais taxons les riches, ça vaut mieux ! Rétablissons l'ISF dans son assiette complète ! Taxons le kérosène, le méchant kérosène qui ne permet à aucun classe-moyenniste de partir en vacances pour quelques dizaines d'euros en Tunisie ou en Espagne !
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 15 avr 2019 à 15:38