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La mystification chiraquienne de 1995 n'a pas fini de développer ses effets pervers. Depuis cette escroquerie aux espoirs d'une alternative de liberté, la France n'a jamais cessé de subir l'empreinte du socialisme étatique. Et par conséquent de dégringoler. À l’époque, le pays venait de sortir de 14 ans de présidence Mitterrand, depuis 1981, et, dès 1983 la catastrophe était devenue si sensible et si mesurable que, disciple de Machiavel et lecteur du cardinal de Retz, le chef de l'État florentin s'était séparé de la vieille éponge à bière Mauroy. Et, par la suite, à chaque échéance électorale la gauche véritable perdait du terrain dans l'opinion populaire.
Cette courbe ne s'est guère infléchie. Aujourd'hui les intentions de vote pour les partis se réclamant ouvertement de cette vieille mouvance ne dépassent pas 24 %. Il ne s'agit plus d'ouvriers CGT qui votent socialo-communistes. Le PCF lui-même n'est plus crédité que de 2 %. Les derniers lecteurs de l'Huma se recrutent chez les enseignants du secondaire affiliés à la FSU.
Leurs victoires électorales alternatives, hélas bien réelles, ont dès lors résulté de la division systématique des droites.
Et ainsi la libération de la Pologne et de l'Europe danubienne, la chute du mur de Berlin et celle de l'Allemagne de l'Est, comme la faillite du Venezuela restent aux yeux de l’intellocratie parisienne des phénomènes lointains.
En France au contraire, on persiste à aggraver l'étatisme, et pas seulement d'un point de vue fiscal. Le danger d'une nouvelle branche en vue de la sécurité sociale incite la Une de l'Opinion à s'interroger : "qui va payer des milliards"? Un tel point de vue, économiste, ne doit pas nous faire oublier les racines du problème. On ne le résoudra ni à coups de subventions ni à coups de décrets.
La hausse des prélèvements fiscaux et sociaux résulte en effet d'abord de l'effondrement des principes et des institutions qui fondent les sociétés libres. On piétine le droit de propriété. On pense la retraite en fonction d'une répartition, en oubliant jusqu'au mot de l'épargne. On évacue en toutes circonstances la référence à la famille. On envisage une médecine sans médecins, entièrement pilotée par l'administration financière et fiscale. Le grand virage vient certes de loin, mais le plan Juppé adossé à la réforme constitutionnelle de 1996 a grandement et durablement appuyé sur l'accélérateur.
Car la première ruse des hommes de l'État et autre fiscalistes consiste à rendre le moins lisible possible les montants respectifs de ces différents tributs.
Ont ainsi contribué, depuis plus de 20 ans, à cette occultation, successivement :
- le basculement des cotisations maladie vers la CSG accompli par Juppé et Barrot en 1996 et 1997, achevé par Macron en 2018 ;
- le projet d'une fusion de l'impôt sur le revenu et de cette satanée cotisation sociale généralisée préconisée par Piketty depuis son [affreux et stupide] livre rouge se réclamant d'une révolution fiscale dès 2010[1], idée certes récusée par Moscovici sous Hollande, mais à nouveau remise en selle de façon périodique ;
- et, bien sûr, le prélèvement à la source, rêvé de longue date par nos technocrates et signé Darmanin à partir de l'an de grâce 2019.
En ce moment, certains commencent à s'inquiéter sérieusement de la prétention de créer, aussi, une soi-disant nouvelle "branche" du système. Ceux qui agitent un tel projet, encore mal défini, suggèrent que l'État puisse s'emparer des problèmes de la dépendance et du grand âge. Cette question est attisée par diverses craintes irrationnelles qui traversent notre société déboussolée. Gageons hélas qu'elle pourrait coûter très cher, avant d'avoir reçu la moindre légitimité.
Pour mieux comprendre la crise durable dans laquelle, sur ce dossier comme sur tant d'autres, la France patauge, sans doute faudrait-il donc opérer un petit détour du côté du ministère de la vérité.
Les gens qui acquittent l'impôt sur le revenu ne représentent en effet que 43 % des ménages français.
Il n'échappe donc à personne, et surtout pas aux princes qui nous gouvernent, qu'ils ne forment qu'une minorité.
Et, en démocratie on pose en principe que la majorité décide. On l'estime dès lors seule fondée à élire, et à imposer, sinon ses décisions, du moins celles que les démagogues concoctent pour lui plaire.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] La première constatation par laquelle l'auteur de la présente chronique commençait son [joli et intelligent] petit livre bleu "Pour une Libération fiscale" en 2011 partait du constat que "tout le monde en France paye trop d'impôts". Même ceux qui pensent ne pas en payer. De même pour les cotisations sociales.
Merci, c'est plus clair désormais...
Rédigé par : minvielle | vendredi 29 mar 2019 à 14:24
Tout est fondé, sauf toujours le même point : aucun système, qu'il soit fondé ou non sur l'épargne ne résoudra le problème des retraites si les entreprises manquent de personnel, et les « vieux » d'aides qualifiées. Il faudra un peu d'immigration et un fort relèvement de l'âge de la retraite. C'est sûrement parfaitement possible politiquement si on explique clairement les enjeux. Le blocage actuel est purement intellectuel : https://www.yvesmontenay.fr/2019/03/17/le-repli-identitaire-europeen-genere-ce-quil-veut-eviter/ (passez les premières 2h56 de la vidéo)
Rédigé par : Yves Montenay | vendredi 29 mar 2019 à 14:54
Petit livre bleu = "Pour une Libération fiscale" 2012" (disponible aux éditions du Trident)
On ne le répétera jamais assez: à lire et À FAIRE CONNAITRE (notamment si on en a parmi ses relations à ceux qui ont des responsabilités politiques).
Petite réponse
Il en reste quelques-uns. Merci pour la pub... J'essaye de ne pas en faire trop moi-même.
Rédigé par : RR | vendredi 29 mar 2019 à 15:11
"Le blocage actuel est purement intellectuel"
Moi je le trouve plutôt réaliste. Lorsque la nature humaine entre en jeu comme c'est ici le cas, on n'est pas dans la résolution froide d'un problème de traitement du signal faite de calculs et de statistiques ! Je le prétend d'autant plus que je suis moi-même de formation scientifique.
Rédigé par : RR | vendredi 29 mar 2019 à 16:28
Une minorité, 43 % ? Une si forte minorité en intentions de vote réjouirait n'importe quel candidat ! Si l'impôt sur le revenu (impôt démagogique et inutile voté par le cartel des gauches en 1914) était supprimé, ces 43 % de Français pourraient investir massivement dans l'économie nationale, tous les exilés fiscaux reviendraient au bercail et l'État n'y perdrait rien en récupérant son "cadeau" par le biais d'une TVA florissante. Tous les avantages de cette opération figurent dans cette pétition :
https://www.mesopinions.com/petition/politique/supprimons-impot-revenu/48554
Rédigé par : Pierre LANCE | samedi 30 mar 2019 à 00:19
"La hausse des prélèvements fiscaux et sociaux résulte en effet d'abord de l'effondrement des principes et des institutions qui fondent les sociétés libres."
En effet. Le problème est la communisation des esprits -- et, maintenant, leur poutinisation. Le poutinisme fournit aux Français une justification pour ce refus d'accepter leur responsabilité dans l'établissement d'un régime communiste de fait, en France, depuis 1945.
Ni la France, ni la Russie n'ont renoncé au communisme. Le faire nécessite d'abord de reconnaître le caractère essentiellement communiste des institutions françaises, puis d'en admettre la nocivité, puis (très important) de faire repentance pour les avoir soutenues depuis 70 ans, et enfin de se résoudre à les éradiquer.
Ça fait beaucoup de choses, mais de nombreuses nations ont fait l'équivalent en beaucoup moins de temps : l'Europe de l'Est, l'Allemagne nazie, le Japon allié d'Hitler...
Hélas ! Le gaullisme, en France, a servi d'anesthésique et de drogue hallucinatoire pour masquer la réalité (et les effets) du communisme national. C'était le cas du vivant du Général, ce fut le cas avec ses successeurs "gaullistes", ce l'est encore avec leurs avatars "souverainistes" style Dupont-Aignan.
Qui arrachera la perfusion gaullo-communiste du bras de la France, piquouzée de partout comme un vieux drogué qui fait deux fois son âge ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | samedi 30 mar 2019 à 00:33