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On fait semblant de débattre, ces temps-ci, dans les moyens de désinformations et les usines à décerveler, de l'avenir de l'assurance vieillesse.
Haut-commissaire en charge de la réforme des retraites, le chiraquien Jean-Paul Delevoye a encore claironné, dans le cadre d'un entretien au Journal du dimanche publié ce 24 mars, que l’âge minimum de départ restera à 62 ans. "Une certitude", à l'en croire.
Cette affirmation vient après une valse d'hésitation gouvernementale de quelques jours. Le doute, qu'il s'agissait de lever, avait été provoqué par les déclarations d'Agnès Buzyn en date du 17 mars. La ministre des solidarités et de la santé, en effet, osait alors envisager de "proposer un allongement de la durée de travail." Tollé.
Elle basait pourtant son propos sur une évidence démographique : l'allongement de l'espérance de vie et le vieillissement de la population française.
Dans le système de répartition monopoliste obligatoire, auquel nos technocrates et nos maîtres n'envisagent pas de toucher, on voit mal en effet comment maintenir le montant actuel des pensions sans reporter à 65, peut-être bientôt à 67 ans, l'âge moyen de la retraite, y compris pour les fonctionnaires, ceci "sans préjudice" comme aiment à écrire les enfumeurs, de la question du calcul des pensions et de leur alignement promis en 2017.
Puis, notre imprudente Pandore, après avoir ouvert sa boîte, s'était rétractée.
Autrement dit, on nous assure à nouveau que rien ne changera. On ne nous propose pas, dans cette affaire, d'acheter un diesel d'occasion : on nous l'impose, et au prix du neuf.
Au moins, avec l'omnicompétent personnage, lui-même multiretraité, choisi pour piloter l'évolution de la branche vieillesse, on peut présumer d'une chose : la réforme des droits à pension, annoncée à grand fracas lors de la campagne présidentielle de 2017, ne pourra pas aller bien loin et elle ne résoudra pas grand-chose.
Tout au plus servira-t-elle à gratter un peu plus de cotisations, au profit, nous dira-t-on encore une fois, des plus démunis, et au détriment, en fait, des classes moyennes supérieures et autres heureux contribuables.
Le régime de la répartition continuera, de la sorte, à se paupériser. Cette canalisation crevée persistera, au nom du Dogme, à assécher les capacités d'investissement de l'épargne française. Et on s'obstinera à écarter tout débat sur le sujet, et à faire le silence sur les inconvénients de ce système, en se barricadant derrière son caractère obligatoire. On empêchera même les Français de prendre connaissance des voies par lesquelles des pays aussi différents que la Suède, la Nouvelle-Zélande ou le Chili en sont sortis.
Pourtant cette répartition n'a pas été dictée à Mahomet par l'archange Gabriel. Se substituant aux principes anciens de protections corporatives venues du fond des âges, et aux capacités de l'épargne personnelle et familiale, la retraite conçue sur une échelle nationale, a été inaugurée, certes au départ avec succès en 1889 dans l'Allemagne de Bismarck[1]. Elle n'a été imposée en France qu'à partir de la charte du travail de 1941.
Ce qu'on appelle la répartition est ainsi apparu à cette date, dans un contexte évidemment exceptionnel et dramatique.
Il s'agissait alors, dans l'esprit de René Belin, auparavant dirigeant de la CGT[2], nommé ministre du Travail[3] dans le gouvernement Laval de juillet 1940, de protéger les ouvriers français. À l'arrivée des libérateurs [anglo-américains] du territoire, les gouvernements successifs De Gaulle, Gouin, Bidault, etc. ne remirent pas en cause le siphonnage des assurances sociales privées qu'avaient réalisé leurs prédécesseurs. Aux expressions de charte du travail et de corporation [pouah], ils substituèrent à partir d'une ordonnance propposée par Alexandre Parodi en octobre 1945, les appellations [sympa] de sécurité sociale et de paritarisme, pour désigner les mêmes institutions.
Et, dès les tentatives d'application de la loi Croizat de 1946, la généralisation de la Sécu s'est heurtée à des obstacles insurmontables.
Rappelons enfin, par conséquent, que jamais, ni le peuple français de manière directe, ni ses représentants, n'ont débattu, même de façon formelle, de l'institution et du dogme de ce qu'on appelle retraite par répartition.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] La préoccupation du chancelier "de fer", unificateur de l'Allemagne, lorsqu'il fait voter ses lois sociales par le Reichstag, relevait d'une double volonté : celle d'arracher la classe ouvrière au marxisme, alors en pleine ascension, [le Programme fondateur du parti social-démocrate allemand date de 1875, auquel Marx se rallie malgré sa fameuse Critique du programme de Gothaet ses élus parlementaires sont plus nombreux que ceux des socialistes français] : et celle de mettre en place sa propre conception, à la fois chevaleresque et piétiste, de la société.
<[2] Rappelons que les syndicats, tant ouvriers que patronaux, furent dissout en 1940. La CGT n'est passé sous le contrôle des communistes qu'à la faveur de la clandestinité.
[3] Le fameux Larroque, présenté aujourd'hui comme une sorte de saint du paradis, comme "le père" de la sécurité sociale "en 1945", alors qu'il avait commencé son œuvre cen tant que membre du cabinet de Belin, n'a jamais été élu nulle part.
Oui, mais qu'en est-il des défauts de gestion? Parlerez-vous plutôt des dépenses inutiles du système? La sécu n'en est-elle point un exemple? Je ne sais, n'ayant de formation éco...
Rédigé par : minvielle | lundi 25 mar 2019 à 10:48
"Jamais, ni le peuple français de manière directe, ni ses représentants, n'ont débattu, même de façon [in ?]formelle, de l'institution et du dogme de ce qu'on appelle retraite par répartition."
J'hallucine. Tout cela est fort instructif...
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 25 mar 2019 à 14:13
Répartition et capitalisation ont des avantages et des inconvénients, mais aucune des deux ne change les (mauvaises) données démographiques.
Donc il est un peu agaçant de voir les partisans de la capitalisation la présenter comme une solution : https://www.yvesmontenay.fr/2019/02/10/retraites-un-probleme-demographique-avant-detre-financier/
Rédigé par : Yves Montenay | lundi 25 mar 2019 à 17:04
Au moment de l'institution de la retraite par répartition de M. Bismarck, la différence entre l'âge moyen de décès et l'âge de départ à la retraite était de… 2 ans !
Les annonces successives de Mme Buzyn puis d'un secrétaire d'État dont j'ai oublié le nom ne sont probablement que des ballons d'essai" destinés à mesurer la réactivité des différentes parties prenantes.
Rédigé par : Pierre Allemand | lundi 25 mar 2019 à 18:17
La capitalisation est le seul système efficace et honnête.
La Répartition n'a de répartition que le nom. En fait on ne cotise pas, on verse ses "cotisations" dans un baquet et immédiatement votre argent part dans des tuyaux pour aboutir dans n autres "baquets" où des fonctionnaires prendront des sommes pour les attribuer à des retraités actuels.
Par suite votre argent versée disparait immédiatement et vous ne le reverrez plus.
Plus le chômage augmente plus ce système va à sa perte. Evidemment.
D'où les problêmes actuels, SANS solutions !
La Capitalisation permet de mettre de côté ses cotisations, de les faire FRUCTIFIER (par des fonds de pensions), et de les RETROUVER le moment venu de la retraite. Tous les pays modernes et non collectivistes ont choisi ce système.
C'est aussi simple que cela.
Rédigé par : Dominique | mercredi 27 mar 2019 à 20:55
Et voilà pourquoi - entre autres causes positives et sympathiques - les Américains peuvent s'offrir les gros 4x4 FORD-125 au prix de 25.000 dollars SEULEMENT et abreuver son moteur de 4 Litres de cylindrée avec de l'essence au prix de 60 centimes de dollar au litre SEULEMENT !
(prix de l'essence identique en Russie)
Chez nous notre argent gagné est détruit surtout par les charges sociales ; ainsi que les impôts et les taxes confiscatoires :-(
Dans d'autres pays leur argent gagné fait des petits :-)
C Q F D
Ce que ce Bulletin démontre au fil des années : J-G M en expliquant les sources, les auteurs, les dates de ces mille maux collectivistes qui ont ruiné la France. Ces faits découverts par notre Chroniqueur préféré sont autant de pistes pour une contre-politique sociale qui sera juste et enrichissante.
Pour ma très très modeste part j'ai indiqué ici les liens de sites d'information où trouver quelques données chiffrées de notre débacle sociale ... car ils sont bien cachés (toujours ce "secret"). A ceux qui sont intéressés de chercher sur le net ... tant que ces infos y sont encore publiées.
Par ailleurs la table de lecture de L'Insolent présente des sites qui documentent souvent très bien.
Rédigé par : Dominique | mercredi 27 mar 2019 à 22:00
Une baisse des prélèvements fiscaux et des cotisations retraite permettraient de prendre des "assurances retraites" dans le privé et/ou de faire des investissements qui nous rapporteraient et ne seraient pas perdus à notre décès; nos enfants en hériteraient (à condition évidemment d'abolir ce racket opéré par l'État que sont les droits de succession).
Rédigé par : RR | mercredi 27 mar 2019 à 23:17